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Droit au but

21 Mars 2013 , Rédigé par Bernardino Publié dans #Humour et modélisme

Les adeptes du football auront sans doute reconnu la célèbre devise adoptée par l'Olympique de Marseille.droit-au-but.jpg

Mais dans mon cas, il ne sera pas question de football... même si le terrain sur lequel se déroulèrent les faits aurait pu s'apparenter à une pelouse dont la destinée est de subir l'assaut des crampons.

Dans un temps relativement reculé, celui où j'exerçais le noble métier de Maît' d'école, j'avais introduit l'aéromodélisme dans l'établissement qui m'avait accueilli.

Chaque mardi après-midi, les élèves de CM1 et CM2 qui en avaient fait le choix en début d'année scolaire se retrouvaient dans une classe que l'on transformait en atelier, et où l'on construisait des planeurs de vol libre.

D-UN-kit.jpg

Lorsqu'ils étaient terminés, la suite logique était de les faire voler.

C'était l'occasion de rencontrer d'autres établissements scolaires ou foyers socio-éducatifs du département affiliés au CLAP (Centre Laïque d'Aviation populaire)

Le but du jeu était alors de treuiller le planeur à la manière d'un cerf-volant en utilisant un fil nylon de 30 mètres.

Quand le fil était largué, un chronométreur attendait que le modèle se pose pour arrêter son chrono et inscrire le temps de vol sur une fiche propre à chaque concurrent.

Passons rapidement sur le reste des modalités de ces concours.

Mais une fois que le planeur s'était affranchi de son câble, il évoluait à sa guise, même si au moment des indispensables réglages préliminaires on avait fait en sorte qu'il imite les buses en décrivant  de jolies  orbes dans le ciel.P1060125 (FILEminimizer)

Pour la plupart, les enfants se mettaient sous le modèle et le suivaient consciencieusement, scrupuleusement, parcourant ainsi une distance qu'ils auraient pu facilement raccourcir.

Et comment me direz-vous ?

Pour illustrer mon propos, voici donc  les consignes que j'avais l'habitude de prodiguer : 

« Ne suivez pas votre planeur en effectuant des ronds au-dessous de lui !

Regardez bien la direction dans laquelle il s'en va, et effectuez une ligne droite qui correspondrait aux centres des cercles qui se décalent... »

Plus facile à dire qu'à faire, même si j'accompagnais mes directives d'un schéma !

Surtout quand plus rien ne vous relie au bel oiseau qui a demandé tant d'heures à construire, et que l'on tient absolument à récupérer.

 

C'est ainsi qu'un mercredi après-midi de printemps, nous devions batifoler dans une prairie du côté de Martigné.

Un gamin treuille son planeur, qui se décroche, et entame la séquence « vol libre ».

Top chrono !

Son propriétaire le suit, accompagné de l'habituel équipier.

Parce qu'en effectuant le travail de récupération à deux, cela me semblait plus pertinent et sécurisant que d'envoyer un gamin esseulé. Et puis le travail d'équipe...

Mes deux compères s'en vont donc en suivant le modèle qui, poussé par le vent, effectue des « ronds » se décalant à chaque tour.

Mais au bout d'un certain temps, je commence à m'inquiéter de ne pas voir revenir cette équipe.

Quand  je l'aperçois soudain à l'autre bout de la prairie, brandissant fièrement le planeur qui avait fait un vol très satisfaisant.

Mais lorsque mes deux gaillards se furent suffisamment rapprochés, je pus constater que leurs vêtements arboraient une couleur... comment dire... une couleur très « campagnarde »... style « camouflage ».

C'est alors que je leur posai la question :

« Mais d'où sortez-vous pour être dans cet état ? »

Et leur réponse fusa d'un même élan :

« Ben M'sieur, vous nous avez dit de pas suivre bêtement le planeur et d'aller en ligne droite. On a fait ce que vous nous avez dit...

- Oui, mais alors ?

- Ben un moment le planeur est arrivé vers un tas de fumier, et comme vous nous aviez dit d'aller tout droit, on n'a rien contourné, et on est passé au milieu!»

 

« Droit au but ! » qu'il avait dit le Maît' d'école !!!

Même quand il s'agit de franchir un tas de fumier !


Hilarant spectacle (Mais je fis pourtant en sorte de ne pas en rire).

Odorant spectacle... (Là, je ne pus m'empêcher de me pincer les narines!)


Il faut dire que mes deux lascars ressemblaient presque à des petits cochons maculés de boue et de lisier.

Et je ne vous ai  pas encore vraiment parlé de l'odeur.


Odeur pestilentielle qu'il fallut subir dans la voiture lors de notre retour vers Bais.

(On avait pourtant ouvert les vitres en grand!)

Odeur dont les parents « bénéficièrent » ensuite quand ils récupérèrent leurs petits monstres.


Quelques jours après cette mémorable aventure... je revois encore les mamans de ces deux gosses, qui ne manquèrent pas de me faire remarquer combien elles avaient eu de difficultés à nettoyer les vêtements de leurs très sages et … obéissants bambins !

Qu'elles laissèrent macérer un bon bout de temps dans la baignoire !


« Droit au but » qu'il avait dit le Maît' d'école !!!

Article Ouest France Concours CLAP013 (FILEminimizer)

 PS : quelques décennies plus tard, je me pose toutefois la question de savoir comment se terminerait une telle histoire de nos jours ? Ne serais-je pas traîné devant les tribunaux pour avoir laissé des enfants... traîner dans le lisier de cochon ?

Autre temps... Autres moeurs...

A une époque où la parole des instit's , ben c'était quelque chose !

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