scenes de la vie rurale
Si une hirondelle ne fait pas le printemps….
Vous connaissez tous ce vieux proverbe qui affirme :
« Une hirondelle ne fait pas le printemps. »
En ce vendredi 1er avril, nous étions partis ma femme et moi faire une virée à pied, direction les Grandes Batailles.
L’air est doux, la brise fort calme.
En arrivant du côté des Tertres, nous avisons un agriculteur qui entretient la haie d’une de ses parcelles.
Nous engageons la conversation. Quelques banalités d’usage, sur la pluie, le beau temps…
Et justement, l’homme de la terre nous annonce :
« Ben ça y est, les hirondelles sont revenues. Ce matin, elles avaient retrouvé leurs nids dans mon étable… »
Et immédiatement resurgit dans ma mémoire le vol de ces bolides qui entraient en trombe dans les étables de mon enfance. Avec une précision diabolique, elles franchissaient la porte et finissaient leur course folle pile poil au nid où les attendaient souvent leurs oisillons avides de becquées.
« Au revoir, bonne journée à vous ! nous dit le paysan
- Egalement. »
Et nous poursuivons notre promenade.
Mais si une hirondelle ne fait pas le printemps… on peut tout de même penser qu’elle l’annonce.
Figurez-vous que le lendemain samedi, je m’en vais seul du côté de La Roche avec la ferme intention de faire évoluer un de mes planeurs en vol de pente.
Arrivé dans la cour, je descends de ma voiture et je salue les occupants du lieu.
C’est alors qu’un marmot d’à peine deux ans pointe son petit doigt vers le ciel. En ce qui le concerne, ce n’est pas le sens du vent qui l’intéresse, lui… Ni la course des nuages.
Mais qu’a-t-il donc bien pu remarquer ?
Je lève le museau, et là, que vois-je ?
Un magnifique Vé, composé d’une bonne quinzaine de volatiles.
A la vision du cou bien allongé vers l’avant, on pourrait penser qu’il s’agit là de cigognes.
Poussés par un bon flux de Sud , les oiseaux filent droit vers le Nord.
Le gamin balbutie quelques paroles que je ne peux décrypter. Ses frères et sa mère arrivent…
Et la maman d’expliquer :
« Ces oiseaux s’en vont sans doute en Alsace, au pays des cigognes. »
J’ai mis mon planeur sous le bras… Je me suis glissé dans le chemin creux qui mène au site de vol.
Et tout au long du petit kilomètre que je dois consacrer à la marche avant de lancer mon planeur vers l’azur, je me suis dit :
« Si une hirondelle ne fait pas le printemps…. Peut-être qu’un vol de migrateurs ??? »
PS: un de mes correspondants me dit qu'il s'agirait sans doute d'un vol composé de grues cendrées.
Sans doute a-t-il raison.
Quoi qu'il en soit, des oiseaux migrateurs qui remontent vers le Nord... ça doit quand même annoncer le printemps, non?
Vous avez dit « Savoir vivre » ?
Pourquoi donc ce matin aborder un sujet qui ne semble pas soulever l’enthousiasme des foules ?
Pour deux très petits détails de la vie quotidienne.
Scènes de la vie courante.
La première, c’était hier soir.
Je dois assister à une réunion… Arrive une femme que je connais, elle s’avance vers moi, et avant même qu’elle ne me tende la main, j’ôte ma casquette.
Elle esquisse un sourire.
Survient une seconde femme. La scène se renouvelle. Et voilà les deux dames en train de me « charrier » gentiment… surprises qu’elles sont de ma réaction.
Ce à quoi je réponds que, tout petit, mes parents m’ont inculqué un certain nombre de préceptes, des règles du savoir vivre qu’ils qualifiaient d’élémentaires. Et que je n’ai pas l’intention de déroger.
Mais elles me demandent de ne pas me méprendre, et disent apprécier mon geste.
Second épisode, ce matin.
Je descends dans le bourg, afin de proposer à certains commerces ou administrations des affichettes concernant une animation locale…
A chaque fois, je présente ma démarche… jusqu’au moment où j’entre dans…
Non je ne vous dirai pas où… cela risquerait de revenir aux oreilles de celui qui m’a aimablement reçu. Tout comme cela pourrait compromettre son plan de carrière!
L’homme est assis derrière son bureau.
Il est visiblement occupé à manier une grande paire de ciseaux avec laquelle il... se taille soigneusement les ongles!
Absorbé par une tâche qui requiert apparemment une attention très soutenue.
Est-ce que je le dérange ?
Visiblement, il ne me connaît pas. Je décline donc mon identité, et la raison pour laquelle j’effectue ma démarche.
Mon interlocuteur ne se départit pas de son « boulot »…
Quand il daigne enfin jeter un œil sur l’affiche… il pose avec nonchalance la pointe de ses ciseaux sur le bas de mon feuillet... et lève un œil furtif afin de parcourir très rapidement mon papier.
Mais très vite, il reprend son labeur de manucure.
Devant son peu d’intérêt, je lui précise alors que s’il ne veut pas de mes documents, je ne serais pas vexé…
Mais, à ma grande surprise, il me coupe la parole (toujours avec ses ciseaux à la main) pour me dire :
« Bon, ben, j’vais l’afficher toute de suite! Au moins, ça sera fait !»
Je dois avouer que j’avais une envie folle de me marrer, de lui dire à quel point il aurait irrité mes parents s’ils avaient été témoins de cette scène.
Mais j’ai essayé de rester digne.
N’empêche…
Suis-je un vieux con pétri de vieilles manières ?
Mes principes sont-ils carrément démodés ?
Tant pis, je continuerai de laisser le haut du trottoir aux gens plus âgés que moi…
Je continuerai de maintenir la porte ouverte dans les magasins le temps que les personnes qui me suivent puissent effectuer leur manœuvre.
Je continuerai de m'arrêter en bagnole pour laisser passer les piétons(1)…
Je continuerai…
Même si je dois passer pour un vieux schnock !
(1) mon père, qui m'a initié aux subtilités de la conduite automobile, ne disait-il pas: " Bernard, savoir conduire, c'est avant tout savoir SE conduire."
Près d'un demi-siècle plus tard, je pense avec force qu'il avait bigrement raison!
Complètement « givré »
Pour ce lundi matin 31 janvier, la météo annonçait un soleil radieux dans une atmosphère plutôt frisquette.
Mais le brouillard tarde à se lever.
On devine pourtant le Grand Réchauffeur… qui éprouve toutes les peines du monde à s’extirper de la gangue brumeuse…
Il faudra attendre vers 10h30 pour qu’à l'issue de son duel il puisse enfin prendre le dessus.
Vite, je chausse mes godillots, et je décide de faire le grand tour des « Batailles » en virant à gauche dès la sortie de mon lotissement.
Cheminant au fond du boyau qui gravit la colline, je suis émerveillé par les rayons du soleil jouant avec les paillettes de givre déposées sur les branches. A la moindre brise, elles se détachent et virevoltent en scintillant… Nombreuses sont celles qui finissent leur course sur mon blouson rouge, tout saupoudré de blanc…
J’arrive au croisement du « Carrefour ». Je vire à gauche en direction des « Batailles ». Le bourg de Bais est tout en bas, pelotonné dans son cocon de ouate que le soleil caresse paresseusement.
Féérique.
Les arbres sont comme agrémentés au sucre glace. On aurait presque envie de les croquer.
Je consulte alors mon téléphone équipé de Endomondo, petit logiciel qui permet d’enregistrer le parcours, puis de le visualiser sur l’écran du PC, d’établir des statistiques....
Distance 2 kilomètres, temps 23 minutes, vitesse 5.8km/h…
Juste à cet instant, la sonnerie retentit...
C’est Manu, qui a besoin d’un renseignement modéliste.
« T’es où ? questionne-t-il ? (Vous aurez remarqué qu’avec ces fichus portables, on ne dit plus Allo, mais T’es où ?)
- Sur la route qui monte vers la Batailles.
- Par ce temps-là, mais t’es complètement givré !
- Tu crois pas si bien dire, Manu… Le spectacle est magique… »
Arrivé presque au point culminant de mon périple, j’aperçois deux faisans qui tentent de se cacher parmi des « chaumes » de maïs. Ils partent en courant, puis finissent par décoller tout en volant au ras du sol, et disparaissent au contour d’une haie.
Un peu plus loin… deux « sicots » de maïs semblent bouger… Quelques dizaines de mètres encore, et soudain je vois un lièvre détaler à toute allure vers le bas du champ. Trahi par ses oreilles !
Je parviens au chemin du « Tertre ».
Là encore, la végétation est comme nimbée de blanc, et mon regard se perd vers le Nord en direction des collines de Crennes.
Un voiture se profile au loin. Lorsqu’elle me croise, une main s’agite derrière le pare-brise afin de me saluer.
Puis je retrouve le silence. Qui va juste être rompu par un quadriréacteur laissant derrière lui un long sillage blanc dans le ciel tout bleu. Il pique droit vers le Sud… vers des pays plus chauds.
Et à nouveau le silence.
Descendant vers la Noë Fèvre, j’aperçois le gros chien qui vient à ma rencontre en aboyant. Il gambade autour de moi, comme à chacun de mes passages.
Une camionnette apparaît au détour d'un virage... Tiens, c’est Vincent, qui revient d’une visite dans ses herbages: il m’adresse un signe de main.
Près de la Chauvière, un petit cheval semble comme pétrifié par le froid.
Je passe devant un minuscule calvaire de granite… Et au croisement de la Loirie, je découvre un gobelet « Mac Do » qu’une main facétieuse( non non, ce n'est pas la mienne!) a posé sur un piquet de bois… « A moi la fraîcheur » clame-t-il "innocemment" sous l’oeil complaisant des bovidés !!!
Plaisanterie facile, puisqu’il fait moins trois degrés !!!
Au bas de la descente, je tourne vers la supérette Shoppi. Tiens, une antique Dauphine fait le plein d’essence. Ma première voiture achetée d’occasion au sortir de l’Ecole Normale ! Elle était rouge... Souvenirs, souvenirs...
Rue des Anciens Combattants…Foyer Blanche-Neige… Le silence est soudain troublé par le rapide cliquetis que provoque un bec de pivert. Plusieurs autres brèves rafales… Saccadées....
Sur ma droite, le chateau de Montesson extrait à grand peine sa masse sombre des brumes qui flottent encore sur l'horizon...
Puis j’arrive à la pale du plan d’eau pris par les glaces. La pancarte indiquant la direction de la piscine me sourit malicieusement… Ouais, c’est pas vraiment la saison, ce serait plutôt celle du patinage !
Je débouche à l’entrée du stade, et je bifurque vers la rue Henri Quentin.
C’est là que je croise « P’tit Georges ».
Il a quelques années de moins que moi…et il se promettait de bien profiter de sa retraite. C’était sans compter sur une attaque cérébrale qui l’a condamné au fauteuil électrique. Je le salue, il me répond par quelques mots inintelligibles.
C’est alors que j’éprouve comme un sentiment d’injustice, et je savoure bien davantage la chance qui est la mienne de pouvoir encore trotter dans mon bocage.
Quelques dizaines de mètres…
Le lavoir installé sur l’Aron… où l’eau glougloute en s’engouffrant sous le petit pont de pierre.
Passage près du porche de l’église. Un petit coucou à Sabrina et Johann du restaurant le « Lion d’Or »…
Puis la rue de Oy, et retour au bercail.
Etais-je si givré que cela d’avoir entrepris cette sortie ?
Pour ma part, je ne le pense pas.
J’en ai pris plein les yeux… et je souhaite à chacun de pouvoir bénéficier de plaisirs aussi simples.
Le patois Mayennais
EUN' BON COUP D'CIT' Pour écouter ce texte, cliquer ici: link A tandis que l'pér' Zidor y faochait l'bié, sa bonn' fom' a rel'vait les randins. A n'en feusait des javelles ô sa faocille et les meutait sus les yens que leu gâs, le p'tit Meunuel. y couchait d'vant lé. L'feurmier y s'arrêtit d'faôche'.
« Dis don, la patronne ? T'as t'y point envie d'bèr' un coup ? Ma, j'eu teulement seu que je n'pieux pus creuche' ; appeul'don l'petit Meunuel qu'y nous apporte à bèr'.
- « Meunuel ! que jupit la feurmièr , va don qû'ri' l'cit'. Ton pér il' a seu. - Euyou qu'tu l'as queuché ? - Amont la hâ, ao pied d'l'eumouss', à coûté d'l'échayer, d'sour eun' brassée d'bié pou qu'y seuje à l'abri du sola. »
L'pér' Zidor qu'avait bourde' d'faôche' y prit la piérr' dans son coye' et s'mit à affûte' sa faô pendant c'temps-là.
Pis, y sortit sa touine de sa poucheute... et y s'servit eun' bonn' prise qu'y r'nifia en deux fa, à gaoch' pis à drèt' dans ses deux trous d'nez. L'gars Meunuel qu'avait couru à grand' pattées, rarivit ô la carafe qu'i donnit à sa mér'. La patronne a'servit eun' grand'verrèe d'cit' à son bonome, pis côr' eun' aôt' qu'il avalit à grandes goulées, y secouit l'vérr' et l'donnit à sa bonn' fome ; a'remplit à son tour pour lé, pis à meutie' pour le p'tit Meunuel.
L'pér'Zidor, y s'torchit les moustaches ô l'dos d'sa main drèt', y s'lichit ô la langue et y dit :
« Çà feu du bien par euyou qu'ça passe ! Çà vaô mieux que de r'cevar un coup d'pieud dans l'cul pari ! ! !... Min, c'est pas tout ça. Fao point s'endormi' su' l'ouvreuge si on vieut fini' à d'souèr'. »
Et y se r'mirant teurtous à travaille'.
Texte extrait de l'ouvrage collectif "Parlers et traditions du Bas-Maine et du Haut -Anjou, Le Patois Mayennais" édité par le Cercle Jules Ferry en 1980 Avec l'aimable autorisation de son président. Le 21/12/2010
Cet ouvrage est en vente librairie Siloë à Laval.
Voir ci-contre---------->>>> |
UN BON COUP DE CIDRE (Voici mon interprétation ...) Tandis que le père Isidore fauchait le blé, sa femme relevait les andains(1). Elle en faisait des javelles(2) avec sa faucille et les mettait sur les liens (ficelle de lieuse) que leur fils, le petit Manuel, couchait devant elle. Le fermier s'arrêta de faucher.
« Dis-donc, la patronne? Tu n'aurais pas envie de boire un coup? Moi, j'ai tellement soif que je ne peux même plus cracher; appelle donc le petit Manuel afin qu'il nous apporte à boire.
- Manuel! Appela la fermière, va donc chercher le cidre. Ton père a soif. - Où est-ce que tu l'as caché? - Le long de la haie, au pied d'un émousse, près de l'échalier, sous une brassée de blé pour qu'il soit à l'abri du soleil. »
Le père Isidore, qui avait arrêté de faucher, sortit sa pierre à aiguiser de son étui de corne (attaché à la ceinture) et il se mit à affûter sa faux, pendant ce temps-là.
Puis, il sortit sa blague à tabac de sa pochette... et il se servit une bonne prise qu'il renifla en deux fois, à gauche puis à droite, dans ses deux trous de nez. Le gars Manuel, qui avait couru à grandes jambes, ar riva avec la carafe qu'il tendit à sa mère. La patronne servit un grand verre de cidre à son homme, puis encore un autre qu'il avala à grandes gorgées. Il secoua le verre et le donna à sa femme; elle remplit à son tour un verre pour elle, puis à moitié pour le petit Manuel.
Le père Isidore s'essuya les moustaches avec le dos de sa main droite, il se lécha les lèvres avec sa langue et il dit:
« Ça fait du bien par où ça passe! Ça vaut mieux que de recevoir un coup de pied au derrière, pardi!!! Mais c'est pas tout ça. Il ne faut pas s'endormir sur l'ouvrage si on veut finir ce soir. »
Et ils se remirent tous à travailler.
(1) L'andain est une bande continue de fourrage laissée sur le sol après le passage d'une faucheuse http://fr.wikipedia.org/wiki/Andain
(2)Une javelle: quantité de céréales que le moissonneur coupe en un coup de faux, et qu'il met en petits tas sur le sillon avant le liage.
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Les douces saveurs de mon enfance
Après plusieurs longs jours d'intempéries, j'ai profité du soleil matinal pour faire prendre l'air à mon VTT.
Je suis parti en direction de Champgenêteux, avec l'intention de m'offrir un circuit de 15 km... ce que je juge suffisant pour la remise en forme.
Curieusement, la trêve imposée par la météo ne semble pas avoir affecté ma condition physique. J'avale la grimpette sans trop d'effort, et cela me surprend.
C'est pourquoi devant l'église de Champgenêteux, je décide une modification du parcours: au lieu de tourner à droite vers Trans, je bifurque à gauche vers la Chapelle au Riboul.
Le ciel est d'un bleu rare dans nos contrées. Arrivé sur un point haut, je peux bénéficier d'un panorama grandiose en direction de Mayenne. La ville semble étrangement sous les nuages et dans la brume.
J'en aurai confirmation un peu plus tard....
Et c'est là qu'égoïstement je savoure encore davantage mon plaisir.
Sous les rayons du soleil, le moindre talus se met à « fumer », les toitures en font autant. Et chaque contrejour est un délice.
En vue de la Chapelle au Riboul, j'emprunte l'ancienne voie ferrée maintenant dédiée aux randonneurs de tous poils. Sous la voûte des arbres, mes roues s'enfoncent dans un véritable tapis de feuilles mortes aux couleurs très diverses, et cela produit un curieux chuintement.
Par endroits, les branches qui étaient enrobées de givre se délestent, et une multitude de gouttes froides me chatouillent le cou. Brrrrrr..........
Je passe devant le centre équestre, d'où émanent de puissantes odeurs.
Quelques kilomètres encore, puis j'abandonne l'ex- voie ferrée.Virage à gauche.
Je franchis un petit pont sur l'Aron. Je laisse sur ma droite le château de la Cour (XVIème siècle), et je remonte vers le bourg de Grazay.
Je croise alors la D35, et la plupart des véhicules venant de Mayenne ont les phares allumés... Là-bas à l'ouest, ils sont effectivement dans la brume, et moi je bénéficie d'un soleil resplendissant!
C'est alors que des cris caractéristiques me parviennent. Quelques dizaines de mètres, et je découvre une cour de récréation fort animée. Voilà qui réveille en moi bien des souvenirs; rappelons que j'ai "fréquenté" l'école... bien au-delà de mes années Lycée!!!
Je longe maintenant le château de Grazay-le-Bois... son parc... ses arbres imposants.
Et j'arrive à l'orée du petit bois de la Guesnerie.
Le spectacle est magnifique...
Les rayons du soleil jouent avec un voile de brume qui se faufile entre les branches des arbres.
Je m'arrête pour prendre quelques clichés.
Et je savoure l'instant présent.
Longuement.
Au loin, le clocher de Jublains-la-gallo-romaine égrène ses onze coups.
Continuant mon chemin, je vire à droite sur la D129 vers le hameau de Doucé et sa petite chapelle. Arrêt, pour admirer.
Puis direction le chemin de traverse qui va me ramener vers les Trouaillères, le point le plus bas de mon périple.
J'entame alors une série de montées et de descentes; ce que mes jambes semblent trouver de plus en plus difficile.
Mais dans un virage près du Bois-Cabot, j'aperçois un petit pommier sur ma gauche.
Providentiel!
Il est vrai que je commence à avoir soif et faim.
Je m'arrête alors pour « croquer la pomme ».
Au toucher, ces jolis fruits rouges pleins de rosée et de givre sont d'une fraîcheur indicible.
Et dès la première bouchée, c'est une bouffée de souvenirs qui remontent immédiatement à la surface!
Exactement le même goût que « les pommes de la Mauguinière! »
Celles dont le toucher, la saveur, les senteurs sont gravés à jamais en moi.
Etonnantes sensations.
Cela me fait exécuter un bond en arrière de presque 60 ans, du temps où je fréquentais le CE1 à l'école de Chérancé et où, devant accomplir 1 km entre mon domicile du Moulin Neuf et le bourg, je longeais le verger de la Mauguinière 4 fois par jour...
Les mêmes pommes!
Je suis comme un gamin...
Je n'ai pas de mots pour décrire...
Après m'être quelque peu retapé, je remonte en selle. Je passe devant l'exploitation de la carrière...
Un autre dure montée... descente... re-montée...
Et j'arrive dans le bourg d'Hambers.
Des parents attendent leurs enfants à la porte de l'école.
Le clocher leur distribue généreusement ses douze coups de midi.
Et puis, de bien tentants fumets me parviennent aux narines: ici, une envoûtante odeur de frites; là, on dirait un civet; un peu plus loin, l'aigrelet oignon frit...
Et dire que j'ai l'estomac dans les talons!
Je sors d'Hambers, j'attaque maintenant la côte de Beausoleil.
Mais il se trouve que mes pauvres jambes sont dépourvues de tonus.
Encore quelques efforts.
Je longe maintenant le château de Montesson et ses douves.
J'entre dans Bais, le pittoresque lavoir de la rue Henri Quentin, la place de l'église.
Virage à droite, puis immédiatement à gauche sur la rue de Oy-Mittelberg.
Petit plateau/grand pignon... et le compteur affiche péniblement 8 km/h...
La maison est en vue.
Depuis la cour, je sens comme une odeur de sauce au vin... Miam!!!
Une grande rasade d'eau.
Un "ouf" de soulagement.
Et je peux attaquer mon repas.
Je suis à la fois crevé, et ravi de mon parcours.
Mais cette fois, j'ai présumé de mes forces...
« On n'est pas sérieux quand on a 17 ans » disait le poète.
Ben... je me demande si ça n'est pas le cas, même beaucoup plus tard!
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Reportage en photos:
http://picasaweb.google.com/Bernardino53/PetitesPommesDeMonEnfance?feat=directlink
Le parcours avec Endomondo:
Au Pays du bocage
En me promenant sur le Montaigu, (dont la photo de la chapelle se trouve sur le cliché à gauche), j'ai eu le plaisir de découvrir des panneaux à l'intention des randonneurs.
L'un d'eux expliquait ce qu'est le bocage.
Il m'a semblé suffisamment intéressant pour que je l'insère dans ce blog, où j'évoque très souvent "mon" bocage.
En voici la retranscription:
Au cœur du Massif des Coëvrons, le Montaigu culmine à 290mètres. Il offre un panorama superbe sur la campagne bocagère alentour.
Le bocage est le nom donné par les géographes au paysage qui s’étend à perte de vue sur les pentes du Montaigu.
Caractéristique des pays d’élevage, ce maillage de haies vives plantées sur les talus couvrait jusqu’au milieu du 20ème siècle la majeure partie des façades occidentales de l’Europe.
En échappant aux opérations massives de remembrement des années 1960-1980, le Montaigu est devenu un site témoin de première importance.
Parcourez ses chemins creux, découvrez la diversité du bocage…
La haie bocagère est d’une grande richesse
Elle joue un rôle fondamental :
1- Sur le climat et ses effets, exemples : création d’un micro-climat favorable aux animaux, protection des sols contre les méfaits du vent.
2- Sur l’écoulement et la qualité des eaux, grâce à leurs racines, les haies facilitent tantôt l’infiltration de l’eau dans les nappes phréatiques, tantôt la rétention, tantôt le drainage des sols. Elles contribuent à l’amélioration de la qulaité des sols en réduisant les risques d’inondation, d’érosion. Elles jouent un rôle d’épurateur naturel en ralentissant, filtrant l’écoulement des substances polluantes vers les cours d’eau.
3- Sur la biodiversité, qui elle-même favorise la production agricole.
4- Sur l’élevage : abri pour les animaux dans les prairies.
5- Source de revenus : son entretien produit du bois d’œuvre et du bois de chauffage.
6- Dans le paysage, elle structure et contribue à sa beauté.
Les arbres du bocage
La qualité de la haie bocagère traditionnelle est liée à la grande variété des essences locales qui la composent, ainsi qu’à son entretien régulier.
Les essences caractéristiques du bocage sont : le chêne pédonculé, le châtaignier, le noisetier, l’érable champêtre, l’aubépine, le prunellier, le sureau.
Crédit photographique: Bernard Munoz
Les deux premiers clichés (Chapelle et bocage) ont été réalisés à partir d'un avion modèle réduit radiocommandé
http://bernardino.over-blog.net/article-camera-embarquee-45869307.html
Le temps des cerises...
L'autre jour, nous avons rencontré notre fils qui nous glisse à l'oreille: « Si le coeur vous en dit, venez donc faire un tour chez moi... Les cerises donnent à plein! »
Nous avons répondu favorablement à l'invitation, bien sûr.
Et en arrivant, nous avons d'abord eu droit à la visite du jardin, dont mon fils peut être légitimement fier.
Des courgettes, des haricots, des pommes de terre, de la rhubarbe, une vigne fraîchement plantée...
Et tout ça, sans avoir recours aux trucs chimiques.
Ajoutons que sur ce petit bout de terrain perdu dans le bocage mayennais, ma femme et moi avons trouvé en effet des cerisiers croulant sous les fruits.
Les branches basses permettaient déjà d'effectuer une abondante récolte.
Ce que nous avons fait, non sans omettre d'en déguster au passage!!!
Nos doigts étaient tout poisseux.
Et comme la soirée s'avançait, nous avons eu droit à un petit apéro bien frais.
Puis dans la mesure où nous semblions tous heureux d'être là, on nous a proposé de prolonger la soirée autour d'un repas vite fait... bien fait.
Un peu de saucisson, une rondelle d'andouille en entrée.
Et des courgettes « bio » produites à quelques mètres se sont retrouvées dans la poêle. Assaissonnées avec des aromates du jardin.
Une salade... un petit morceau de fromage...
Et pour le dessert?
« Ici, c'est self-service! »
Car nous avons eu le bonheur d'aller le prendre « sur le tas »!
Quelques framboises cueillies sur pied: directement du producteur au consommateur.
Un peu plus loin, nous avons dégusté des fraises, dont certaines minuscules avaient la saveur des fraises des bois.
Et en nous déplaçant un peu, nous sommes revenus aux fameux cerisiers, que nous avions déjà visités.
Pensez qu'il y a sur ce site pas moins de 5 variétés de cerises, avec un dégradé de couleurs allant de la blanche pas encore trop mûre à la noire très juteuse.
Mais comme il commençait à se faire tard, nous sommes rentrés dans nos pénates, presque à regret, avec notre stock de cerises, dans lequel nous puisons maintenant notre dessert quotidien...
Et en prime, ma femme a confectionné quelques pots de confitures ainsi qu'un clafoutis.
Petits plaisirs de la vie rurale...
Mais ne comptez pas sur moi pour vous dire où est situé cet Eden! Vous risqueriez de débarquer en trop grand nombre!
Scènes de la vie rurale : au royaume des sens
En ce matin de juillet où le soleil s’annonce encore très généreux, j’hésite à enfourcher mon fidèle VTT. C’est pourquoi j’ai décidé d'attaquer le bitume avant 9 heures: il est encore tiède... mais pas pour longtemps!
J'ai alors choisi d'aller en direction de l’ouest, vers Jublains, par des petites routes: le hameau de Marche, la Louvetière, le bois du Tay, la chapelle de Doucé...
Sur ma droite, un champ vient d’être fauché. Encore «à la galette» (étalé en vrac sur le sol), le foin exhale une douce senteur.
Un peu plus loin sur ma gauche, enveloppée d’un nuage de poussière, une moissonneuse effectue bruyamment son labeur. Elle laisse derrière elle une longue traînée de paille à l’odeur caractéristique pleine de sécheresse.
J'arrive dans la capitale des Diablinthes, je contourne les thermes romains, et je bifurque à gauche vers Evron.
Longue ligne droite monotone avec, de part et d’autre, une alternance en champs de céréales ou de maïs, des prairies à la pelouse style paillasson... et des pâtures tout aussi pelées.
On rencontre encore quelques parcelles à foin toutes tondues, dans lesquelles restent parfois de gros «ballots» enveloppés dans des poches de plastique.
Et dans d'autres champs, d'autres types de « rouleaux » contenant de la paille compressée...
Au carrefour du Consent, je vire à gauche, en bordure du bois d'Hermet, direction Hambers. La petite route longe alors le ruisseau de Bias, qui dégage une âcre odeur de vase… J'abandonne sur ma droite le sentier de randonnée dénommé «La pierre, l'eau, la forêt et le fer», que j'ai déjà emprunté il y a quelques semaines.
Au sommet d’un longue montée, ce sont les relents de fumier qui m’agressent: un agriculteur a «égaillé» sous le soleil sa production de « parfums naturels ».
Puis c'est le moulin de Lingé et son écrin de verdure...
En vue d'Hambers, je suis averti de la présence d'un cheval rien qu'à l'odeur. Quand je le découvre, le pauvre animal tente de se débarrasser des mouches qui forment un volumineux nuage autour de son museau. Il gesticule, en vain. Pour se "moucher", il n'a d'autre ressource que d'enfouir son nez dans la terre sèche et souffler un grand coup... bruyamment! Cela dégage un immense nuage de poussière évacuant très momentanément les diptères... qui reviennent aussitôt à la charge.
Mais pourquoi donc son propriétaire ne lui a-t-il pas adjoint un compagnon? En se mettant tête-bêche, les deux équidés auraient pu s'émoucher mutuellement.
Combien de fois ai-je eu le plaisir d'assister à une telle scène d'entraide!
Jouxtant le champ au cheval, juste au bord de la route, se trouve un magnifique cerisier, avec des fruits à portée de main! Des cerises blanches!!!
J'en chaparde quelques poignées, et je remonte en selle,
Sur ma droite, un champ avec des épis mûrs, blonds et immobiles, et le Montaigu en arrière-plan.
J'arrive dans Hambers, où je longe un talus dont les nombreuses roses parfument l'air qui commence à être surchauffé.
Je m'arrête quelques instants au plan d'eau... fort bien aménagé pour qui veut pique-niquer.
Mais le goudron de la route commence à puer fortement sous l'effet du soleil. Il est d'ailleurs prêt à fondre!
J'en profite pour me glisser dans le chemin creux qui file vers la Chesnaie.
Je savoure l'ombre. Mais je dois soudain faire face à une situation peu banale. Des nuées de mouches tournicotent en « vouzounant » dans les trouées ensoleillées. Je comprends alors très vite qu'il est préférable de respirer par les narines, car si on laisse un tant soit peu la bouche ouverte, on est certain de gober une flopée de bestioles qui vont racler la gorge. Et plutôt que de "gober les mouches", mieux vaut appuyer sur les pédales.
Les mouches
Le long du chemin, je découvre encore de nombreux cerisiers... des guignes que l'on peut préparer à l'eau de vie. Ah, les fameuses roupettes à queue de nos grands-mères!
Puis la lourde senteur des vaches me prévient que j'approche d'un herbage. Les pauvres bêtes n'ont pas grand-chose à croûter, et à l'odeur aigrelette qui me parvient doucement, je devine qu'on leur a déjà fourni de l'ensilage en pâture.
Je débouche au pied du Montaigu. La route est bordée de châtaigniers dont les longs chatons dégagent comme une odeur de miel.
Un peu plus haut, cela sent la vase. C'est vrai que sur la gauche jaillit une source captée dans une sorte de réservoir.(lire le
commentaire que m'a adressé René Mareau). Le trop-plein s'évacue à même le fossé, et cette odeur de terre humide tranche durement avec la sécheresse environnante.
Puis je bifurque à droite dans le circuit VTT qui va me conduire au carrefour des Pommiers.
Là encore, je suis à l'ombre, et je navigue dans un chemin creux qui ressemble à un véritable boyau.
Sur ma droite, un champ de maïs semble avoir été peigné par l'épandeur à pesticides...
Un peu plus loin, je m'arrête pour contempler une toile d'araignée trahie par un rayon de soleil; ses fils semblent d'argent, et la bête trône au milieu de son piège... immobile.
Puis les roues émettent soudain un bruissement curieux. Des feuilles sèches parsèment déjà le chemin, dégageant une odeur annonciatrice de l'automne. Déjà!!!
Quelques kilomètres encore... pendant lesquels je suis bercé par le chant des oiseaux que l'été rend un peu fous.
C'est alors que des fougères à l'odeur acidulée signalent leur présence.
Puis c'est la Colousière, et le petit chemin très verdoyant qui redescend vers Bais.
Un source jaillit sur sa droite. Ne l'aurais-je pas vu qu'elle est perceptible rien qu'au gazouillis émis par son filet d'eau sautillant sur les cailloux. Un ruisselet s'est formé, qui longe le chemin, et qui apporte une touche de fraîcheur bienfaitrice dans cette atmosphère devenant de plus en plus torride.
Je débouche à la Beslière. En plein soleil. Ebloui...
S'ouvrent alors des perspectives sur la plaine de Mayenne. J'aperçois Jublains, le bois du Tay, les buttes d'Hardanges.
Je roule encore un peu, et je découvre la toiture caractéristique du château de Montesson qui, dans son oasis de verdure, semble lui aussi chercher la fraîcheur.
Je me laisse alors glisser dans la descente vers Bais. Je passe devant le pittoresque lavoir fleuri de la rue Henri Quentin.
L'église et ses étonnantes gargouilles...
Puis je remonte la rue de Oy-Mittelberg... où je m'arrête pour admirer MES roses trémières. (voir leur histoire sur ce même blog)
Quelques dizaines de mètres encore, et ma virée s'achève.
Cet après-midi, je suis terré dans mon atelier situé au sous-sol... bien au frais, où je rédige ce texte. Dont je voudrais partager les impressions... les perceptions, les odeurs, les images...
Avec cette banale réflexion « Bernard, quelle chance tu as de pouvoir encore pédaler, et d'habiter un tel havre de paix! »
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Album photo de cette virée ici:
http://picasaweb.google.fr/Bernardino53/AuRoyaumeDesSenteurs?feat=directlink
Scènes de la vie rurale : chez le médecin
Il est 7h40.
En ce lundi brumeux de juin, j’entre dans la salle d’attente du cabinet médical.
Une dame avec deux fillettes, un septuagénaire... ils finissent de se réveiller.
Quatre personnes, déjà…
Je salue ce petit monde, et je m’assois.
Au travers la cloison, on perçoit sans comprendre les échanges entre le toubib et le patient en cours d’examen.
Afin de tuer le temps, je sors un bouquin… Daudet, « Contes du lundi »… Titre de circonstances, vous verrez !
Quand, poussant la porte de la salle d'attente, un nouveau « client » entre en scène.
Nous l’appellerons Gaëtan…
Il salue… et l’ambiance feutrée va alors subitement changer.
Il adresse un petit mot à chacun d’entre nous… entame la conversation sur la pluie et le beau temps, le maïs qui a besoin d’eau, ces orages qui lâchent leur pluie au petit bonheur la chance.
Arrive ensuite un trentenaire, qui boîte. Aussitôt Gaëtan l’interpelle en lui disant : « Ah, forcément c'est lundi; hier, y'avait un match de foot... Ah, le foot… c’est dangereux c’truc-là ! »
Et l’autre de lui répondre : « Mais pas du tout, j’ai horreur du foot. Non, j’sais pas, ma cheville a enflé… » Et de relever le bas de son pantalon tout en baissant prestement sa chaussette afin de nous montrer une cheville gonflée par une sorte d'oedème !
Gaëtan vient de se faire sèchement tacler dans la "surface de réparation". Il tente alors de se "relever" en y allant de son diagnostic : « C’est un moustique…Sûr... c'est une piqûre de moustique... D'abord, j’ai entendu dans le poste que le chikungunya était arrivé en France… »
Autant vous dire que j’ai refermé mon bouquin depuis un bon moment… Et je n’ai pas même atteint la fin du premier chapitre !
On entend alors la porte d’entrée s’ouvrir, mais on ne voit personne pénétrer dans la salle d’attente.
Gaëtan nous dit alors : « En v’là core un qu’est trop pressé, y va rester dans l’couloir… y veut s’faire consulter sans attendre ! Y n’a qu’à faire comme nous ! »
Et il se lève, ouvre la porte de la salle, et s’adressant à l’homme qui se trouve en coulisse: « Y’a core d’la place, tu sais… Tu peux ben v’nir t’asseoir à côté d’nous !
- Oh, j’sais ben, mais j’vas point vous prendr’ vot place ! C’est l’docteur qui m’appelé, pasque j’s’uis v’nu sam’di, et j’ai oublié d’lui donner ma carte vitale pour mettre dans sa machine… Faut ça pour qu’la sécu ell’ m’rembourse…
- Ouais, y disent tous ça ! Ou ben qu’c’est pour une signature… Et pis y nous passent tous sous le nez… Viens donc t’asseoir… »
Entre alors en scène celui que nous appellerons Clothaire, l'homme à la carte vitale qui, afin de se justifier, exhibe dans sa main droite le précieux sésame vert qu'il montre à tout le monde... Il nous salue, mais reste debout, près de la porte.
C'est alors qu'il m'aperçoit. L'aubaine! Grâce à moi, il va pouvoir tenter de détourner la conversation. En effet, il évoque avec emphase les roses trémières que j’ai disséminées le long du mur de la rue Oy-Mittelberg. http://bernardino.over-blog.net/article-34148692.html
Dites-le avec des fleurs, cela adoucit les mœurs… n'est-ce pas?
Clothaire pense avoir retourné la situation à son avantage, et il ajoute qu’il va demander au « champêt’ » (comprenez: l’employé communal, autrefois garde-champêtre…) l'autorisation de poser lui-même des tuteurs afin que les hampes ne se brisent pas sous l’effet du vent.
« Ce serait dommage qu’elles se cassent, vos fleurs… J'aime ben les trémières, et dire qu'elles veulent pas pousser chez moi!!!»
Mais Gaëtan ne veut pas se laisser déposséder du rôle principal. Il reprend la parole pour me demander: « Ousque vous les avez trouvées ces graines-là ?… »
Je réponds alors que si certaines viennent de Bais, pour la plupart elles ont été prélevées à Oléron, Noirmoutier ou sur l’île de Ré...
Quelques échanges encore…
Puis on comprend que le le toubib s’apprête à lâcher son client: il ouvre la porte de la salle d’attente et, apercevant Clothaire, lui demande de passer dans son cabinet afin de régulariser la situation.
Gaëtan vient de se faire tacler une nouvelle fois! Il tente à nouveau de se "relever" en y allant de son appréciation sur la dure vie des toubibs… la difficulté de faire venir de jeunes médecins dans nos campagnes… Et pourtant, "les sous qu’ils doivent gagner", et "le percepteur qui doit être content de leur en piquer un paquet".
Un petit quart d’heure plus tard, c’est au septuagénaire de se faire ausculter, immédiatement remplacé dans la salle d’attente par un nouveau patient.
Cela n’empêche pas Gaëtan de conserver le premier rôle, c’est toujours lui le personnage principal de la « pièce »… Il questionne, donne son point de vue, réoriente la conversation…
Mais cela va bientôt être mon tour. J'en arrive presque à le regretter. J'aurais bien encore profité un peu du spectacle!
Et dire que j'ai pourtant à peine entamé mon bouquin, dont je vous rappelle le titre: « Contes du lundi »…
Non, je ne l’ai pas lu !
Mieux : je l’ai vécu !!!
Un grand merci aux différents acteurs de cette pièce improvisée !
Post Scriptum en date du 14 juin: je suis passé hier rue de Oy-Mittelberg, et les trémières ont reçu un aménagement à l'aide d'une ficelle qui les plaque un peu contre le mur. Qui a fait le travail? Clothaire ou l'champêt'...?