Le cri du cœur
Il fait doux. Le soleil rit dans un ciel sans nuages.
Après être monté à pied jusqu'aux « Grandes Batailles » j'en termine avec mon parcours.
Environ 7km.
Il est quasiment midi.
Je suis revenu dans le centre bourg où j’ai donc presque terminé ma promenande.
Mais une surprise m'attend.
Juste devant moi, tenant son petit-fils par la main, une Mamie sort de la boulangerie.
Même si je ne prête pas attention, je suis obligé de capter leurs paroles.
Et là, j’entends le gamin, âgé d'environ 5 ans, qui s'adresse à sa grand-mère:
(Veuillez dès à présent noter que les points de suspension dans le dialogue sont à prendre comme des périodes de silence, plus ou moins longues...)
« Dis, mamie, tu fumes, hein ?
- Oh, oui, mon chéri… mais… pas beaucoup !
- Oui, mais… tu fumes…
- D’accord, mais beaucoup moins que je n’aie pu le faire… tu sais.
- Peut-être, Mamie. Mais Maman, elle m’a dit que même pas beaucoup, c’était quand même dangereux.
- Ah, c’est vrai…elle a raison, mais pour le peu que…"
Il ne la laisse pas continuer, et lui coupe gentiment la parole.
" Et Maman, elle, ben… elle a arrêté de fumer…
- Je sais…Je sais… Elle a eu du mérite. »
Silence… puis le gamin reprend :
« Tu sais, Mamie, j’aimerais bien que tu arrêtes de fumer… ça me ferait rudement plaisir ! »
C’est à ce moment qu’ils se sont tous les deux engouffrés sous un porche, et qu’ils ont disparu…
Complètement « givré »
Pour ce lundi matin 31 janvier, la météo annonçait un soleil radieux dans une atmosphère plutôt frisquette.
Mais le brouillard tarde à se lever.
On devine pourtant le Grand Réchauffeur… qui éprouve toutes les peines du monde à s’extirper de la gangue brumeuse…
Il faudra attendre vers 10h30 pour qu’à l'issue de son duel il puisse enfin prendre le dessus.
Vite, je chausse mes godillots, et je décide de faire le grand tour des « Batailles » en virant à gauche dès la sortie de mon lotissement.
Cheminant au fond du boyau qui
gravit la colline, je suis émerveillé par les rayons du soleil jouant avec les paillettes de givre déposées sur les branches. A la moindre brise,
elles se détachent et virevoltent en scintillant… Nombreuses sont celles qui finissent leur course sur
mon blouson rouge, tout saupoudré de blanc…
J’arrive au croisement du « Carrefour ». Je vire à gauche en direction des « Batailles ». Le bourg de Bais est tout en bas, pelotonné dans son cocon de ouate que le soleil caresse paresseusement.
Féérique.
Les arbres sont comme agrémentés au sucre glace. On aurait presque envie de les croquer.
Je consulte alors mon téléphone équipé de Endomondo, petit logiciel qui permet d’enregistrer le parcours, puis de le visualiser sur l’écran du PC, d’établir des statistiques....
Distance 2 kilomètres, temps 23 minutes, vitesse 5.8km/h…
Juste à cet instant, la sonnerie retentit...
C’est Manu, qui a besoin d’un renseignement modéliste.
« T’es où ? questionne-t-il ? (Vous aurez remarqué qu’avec ces fichus portables, on ne dit plus Allo, mais T’es où ?)
- Sur la route qui monte vers la Batailles.
- Par ce temps-là, mais t’es complètement givré !
- Tu crois pas si bien dire, Manu… Le spectacle est magique… »
Arrivé presque au point culminant de mon périple, j’aperçois deux faisans qui tentent de se cacher parmi des « chaumes » de maïs. Ils partent en courant, puis finissent par décoller tout en volant au ras du sol, et disparaissent au contour d’une haie.
Un peu plus loin… deux « sicots » de maïs semblent bouger… Quelques dizaines
de mètres encore, et soudain je vois un lièvre détaler à toute allure vers le bas du champ. Trahi par ses oreilles !
Je parviens au chemin du « Tertre ».
Là encore, la végétation est comme nimbée de blanc, et mon regard se perd vers le Nord en direction des collines de Crennes.
Un voiture se profile au loin. Lorsqu’elle me croise, une main s’agite derrière le pare-brise afin de me saluer.
Puis je retrouve le silence. Qui va juste être rompu
par un quadriréacteur laissant derrière lui un long sillage blanc dans le ciel tout bleu. Il pique droit vers le Sud… vers des pays plus
chauds.
Et à nouveau le silence.
Descendant vers la Noë Fèvre, j’aperçois le gros chien qui vient à ma rencontre en aboyant. Il gambade autour de moi, comme à chacun de mes passages.
Une camionnette apparaît au détour d'un virage... Tiens, c’est Vincent, qui revient d’une visite dans ses herbages: il m’adresse un signe de main.
Près de la Chauvière, un petit cheval semble comme pétrifié par le froid.
Je passe devant un minuscule calvaire de granite… Et au croisement de la Loirie, je
découvre un gobelet « Mac Do » qu’une main facétieuse( non non, ce n'est pas la mienne!) a posé sur un piquet de
bois… « A moi la fraîcheur » clame-t-il "innocemment" sous l’oeil complaisant des bovidés !!!
Plaisanterie facile, puisqu’il fait moins trois degrés !!!
Au bas de la descente, je tourne vers la supérette Shoppi. Tiens, une antique Dauphine fait le plein d’essence. Ma première voiture
achetée d’occasion au sortir de l’Ecole Normale ! Elle était rouge... Souvenirs, souvenirs...
Rue des Anciens Combattants…Foyer Blanche-Neige… Le silence est soudain troublé par le rapide cliquetis que provoque un bec de pivert. Plusieurs autres brèves rafales… Saccadées....
Sur ma droite, le chateau de Montesson extrait à grand peine sa masse sombre des brumes qui flottent encore sur l'horizon...
Puis j’arrive à la pale du plan d’eau pris par les glaces. La pancarte indiquant la direction de la piscine me sourit malicieusement… Ouais, c’est pas vraiment la saison, ce serait plutôt celle du patinage !
Je débouche à l’entrée du stade, et je bifurque vers la rue Henri Quentin.
C’est là que je croise « P’tit Georges ».
Il a quelques années de moins que moi…et il se promettait de bien profiter de sa retraite. C’était sans compter sur une attaque cérébrale qui l’a condamné au fauteuil électrique. Je le salue, il me répond par quelques mots inintelligibles.
C’est alors que j’éprouve comme un sentiment
d’injustice, et je savoure bien davantage la chance qui est la mienne de pouvoir encore trotter dans
mon bocage.
Quelques dizaines de mètres…
Le lavoir installé sur l’Aron… où l’eau glougloute en s’engouffrant sous le petit pont de pierre.
Passage près du porche de l’église. Un petit coucou à Sabrina et Johann du restaurant le « Lion d’Or »…
Puis la rue de Oy, et retour au bercail.
Etais-je si givré que cela d’avoir entrepris cette sortie ?
Pour ma part, je ne le pense pas.
J’en ai pris plein les yeux… et je souhaite à chacun de pouvoir bénéficier de plaisirs aussi simples.