Les yeux exorbités...
Pour aujourd'hui, Météo-France prévoyait que le temps allait changer.
Et de fait: depuis le matin, on se trouvait avec une épaisse grisaille plombant le ciel... mais il était prévu que cela devrait se lever en cours de journée... avec vent forcissant et virant au Sud-Ouest.... précédant la traditionnelle arrivée de la pluie en pareil cas.
Mais l'info "vent de Sud-ouest" était tout de même intéressante. Suffisait de guetter la fenêtre.
C'est pas à un vieux singe...
Je me mets donc en devoir de guetter le ciel, mais les nuages bas tardent à foutre le camp...
Lorsque vers 15 heures, le soleil finit par transpercer le voile de brume, et voilà que tout se dégage presque instantanément.
Vite, je "jette" de quoi faire voler dans le coffre de la voiture, et je pars vers ma pente nommée La Roche. Après avoir garé la voiture, j'emprunte le petit chemin creux qui me conduira vers mes futurs exploits.
Cependant, j'entends le vent qui hurle dans les branchages... Hum... N'ai-je pas été un peu présomptueux?
Mais j'ai pris des modèles adaptés à la baston!!!
C'est pas à un vieux singe...
Après 800 mètres de marche, je débouche dans la prairie, et il faut reconnaître que ça ventile un max.
Le petit HD 01 étant tout monté, j'allume la radio et je le lance.
Je ne tarde pas à comprendre: les quelques 300 grammes de mon moustique se font chahuter un maximum. D'une aile sur l'autre, et presque en vol tranche, et que je te prenne 20 mètres d'un coup... pour les reperdre tout aussi brutalement quelques secondes plus tard.
Bof, vaut mieux poser.
L'atterro est sportif... mais sans anicroches. Durée du vol: 2 minutes 18 secondes...
Je passe à l'autre modèle, un Vény plus "costaud" appelé à se défendre dans le vent.
C'est pas à un vieux singe...
J'assemble, vérification des gouvernes, et je lance.
Malgré la masse plus importante, ce Vény se fait pareillement bousculer, tel un fétu de paille.
Et le pilotage ne m'est pas agréable du tout.
Pourquoi alors s'entêter?
D'autant que le vent souffle de plus en plus fort, qu'il s'engouffre derrière mes lunettes, que cela me sort des larmes qui tourbillonnent derrière les carreaux, et que j'y vois de moins en moins clair.
J'ai beau me positionner la tête de travers afin de provoquer un courant d'air qui assècherait mes pleurs, rien à faire. Et pour "arranger" le tout, j'ai le soleil juste dans l'axe de vol: il est de plus en plus bas sur l'horizon, et il s'amuse à me faire coucou pour bien m'enquiquiner...
Et c'est ainsi que j'ai l'impression d'avoir les yeux qui me sortent de la tête...
Ce qui me fait faire la grimace...
C'est pourtant pas à un vieux singe...
Mais intérieurement je me marre quand même, en pensant au dessin qui figure sur la dérive de mon planeur.
Jamais il n'avait collé à la situation avec autant d'acuité!!!
De guerre lasse, j'ai entrepris de poser.
C'est là que les aérofreins "crocodiles" très efficaces m'ont rendu un grand service.
Durée du vol: 6 minutes 20 secondes.
Si vous faites le calcul, j'ai piloté moins de dix minutes.
Et ça, c'est plutôt surprenant en ce qui me concerne...
Exorbitant, non?
Car en général, quand je sors, j'en prends pour une heure environ...
Mais, là, franchement, j'ai trouvé que la situation était in-te-na-ble!!!
"On fera mieux la prochaine fois..."
Dixit le vieux singe!!!!
J'ai rencontré le Petit Prince
En cette période où le Monde ne sait plus très bien où il va…
Où les économistes s’arrachent les cheveux…
Où notre planète Terre ne tourne plus très rond…
Il est des petits plaisirs bien loin des préoccupations bassement matérielles.
Que je vous raconte :
Je me trouve dans un grand magasin, symbole de notre société de consommation ; ma femme est à la recherche d’un objet décoratif… Moi, essayant de tuer le temps, je déambule dans les allées…et tel le « grand » gamin que je suis resté, j’arrive fatalement au rayon des jouets.
Il faut dire que nous sommes mi-octobre. Des vendeuses s’affairent à déballer des cartons, disposer les boîtes de jouets sur les étagères, poser les étiquettes.
L’effervescence qui précède Noël.
Dans cette caverne d’Ali Baba, des gens vont « craquer »
des sommes rondelettes(1) afin d'acquérir un affreux King-Kong en peluche, ou le dernier gadget à la mode...
Et je suis quelque peu effrayé par la laideur des monstres et autres
robots qui peuplent abondamment cet astéroïde desjoujoux.
Le nez en l'air vers les boites situées tout en haut, je me plais cependant à penser malicieusement que le carton d'emballage servira peut-être plus longtemps de jouet que le contenu
lui-même.
Quand, sur cette planète où le plastique est roi, j’entends, sortie de nulle part, une petite voix qui m’apostrophe :
« Dis, Monsieur, tu sais
où sont les billes ? »
Je baisse le nez, et là, je découvre à mes côtés, un charmant bambin, haut comme trois crêpes, qui s’adresse à moi avec la candeur du Petit-Prince.
M’aurait-il pris pour un vendeur ? Ou peut-être pour le père Noël ???
Il est vrai que je possède en ce moment une barbe blanche très fournie.
Emu et enchanté par cette demande fort amène, je réponds sur un ton rieur:
« Ben non, mon bonhomme,
je ne sais pas où sont les billes...
Mais regarde là, à quelques mètres devant nous : il y a une vendeuse. Demande-lui, elle doit
savoir. »
Tout en se précipitant vers la jeune dame, le gamin me lance :
« Merci M’sieur ! »
Puis s'adressant à l'employée du magasin:
« Dis, Madame, tu sais où sont les billes ?
- Oui, bien sûr, tu avances un petit peu, et tu tournes juste après les pères Noël escaladeurs. Tu vas trouver les billes à cet endroit.
- Merci Madame. »
Tel du vif-argent, le gamin a disparu au coin du rayonnage, et je ne l’ai pas revu.
Apparition furtive d'un petit renard, que je n'ai pas eu le
temps d'apprivoiser(1)...
« Dis Monsieur… »
A chacun son Petit Prince, n’est-ce pas ?
(1) Le Petit Prince, chapitre XXI intitulé "Le
renard":
"Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître.
Ils achètent des choses toutes faites chez des marchands..."
Oxymore
Qui n'a jamais entendu cette expression, couramment utilisée dans le Midi?
"Il est grand, ce petit!'
Méridionnal bon teint, mon père en était friand...
Tout comme il était friand des pièces de Pagnol, dont il citait des tirades ou des répliques, à la manière de Raimu qu'il essayait d'imiter...
"Mais tout le monde le sait bien que c'est dans la Marine française qu'il y a le plus de cocus... quarante!"
Ainsi donc, tel Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, mon géniteur ne savait pas, le bougre, qu'il utilisait une tournure de style que l'on
nomme "un oxymore".
Bigre!!!!
Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne le savais pas non plus, jusqu'à ce matin!
En effet, écoutant avec attention ma chaîne de radio favorite, j'entends prononcer "oxymore" dans la bouche de deux journalistes différents, à quelques minutes d'intervalle. Tout
ça pour évoquer la parole de madame notre ministre de l'Economie, à propos d'une "croissance négative".
Une croissance, c'est dans le sens positif, non?
J'imagine mal une croissance négative...
Il faut cependant avouer que mes talents d'économiste sont asymptotiques à... zéro! (Ne serait-ce pas là un pléonasme? Tout comme le serait sans doute une "croissance positive"!)
Mais quelle élégance dans le style...S'exprimer par oxymore...
Dans le clair-obsur...
Il faut dire que certains "grands" de la littérature ont apporté leur contribution à la chose:
« Ne l'entendez-vous pas, cette cruelle joie, » (Racine, Berenice)
« La clarté sombre des réverbères » (Charles Baudelaire, Les Paradis artificiels)
« Un affreux soleil noir d'où rayonne la nuit » (Victor Hugo)
Citations extraites de Wikipédia (adresse URL en fin de page)
"Croissance négative..." Tout ça pour ne pas prononcer le mot "récession" à propos de l'économie!
(Puis-je vous faire une confidence? Il paraîtrait que le mot récession aurait tendance à épouvanter le Monde).
Plagiant alors notre Ministre (j'aime bien m'inspirer des "grands" de ce Monde*), je me plais à imaginer ce que pourrait être une... décroissance positive.
Madame le Ministre, je tiens à vous remercier de m'avoir enrichi. D'autant plus que cela ne vous a pas coûté un centime... Plus exactement, je vous remercie d'avoir indirectement
enrichi mon vocabulaire par le truchement de journalistes amoureux de la langue française.
J'espère tout simplement que je ne serai pas taxé sur cette plus-value!
En attendant, je crois au moins avoir compris une chose: pour "communiquer" savamment en ce début de XXIème siècle, il faut maintenant posséder une vocabulaire que sort de
l'ordinaire...
Un vocabulaire ordinairement littéraire et recherché!
Vive l'oxymore!
Qui permet d'enfumer les abeilles que nous sommes.
Et sur ces bonnes paroles... je me casse*!
*toute référence à "Kivousavé" ne serait que pure coïncidence! Ou une fortuite certitude!!!
http://fr.wikipedia.org/wiki/Oxymore