Les chaussures




Mais quand je rentrais certains samedis, mes parents s’étonnaient de ne pas voir mes jolis après-skis! Et pour cause, ils étaient restés bien sagement rangés au fond de mon placard. Et comme je n’avais pas suffisamment d’argent de poche, je ne pouvais envisager de faire procéder à une réparation chez Ouin-ouin! Réclamer de l’argent à mes parents? Il aurait fallu expliquer pour quelles chaussures ils devaient payer.
Au détour du chemin
Le fait de ne plus être « aux affaires » modifie parfois profondément le comportement des êtres humains. Du moins en ce qui me concerne.
J’aime donc prendre mon temps. Surtout depuis que je suis « inactif » … vous l’aurez compris.
C’est ainsi qu’en voiture je ne cours plus après le temps à rattraper…
Mon carnet de rendez-vous est aussi aéré que possible…
Et ce « nouveau temps » qui est le mien m’offre l’opportunité d’effectuer des promenades à mon rythme, sans grand souci de l’heure d’arrivée.
Il faut dire que j’ai la chance d’habiter une région de bocage, et que le premier chemin creux se trouve à 50 mètres de mon domicile.
Dois-je vous dire
également que j’ai fait un adepte ?
Dès qu’il a eu la capacité d’avaler quelques centaines de mètres à pied, mon petit-fils a emboîté le pas… ce qui me ravit profondément.
« Papy, on va faire une petite balade ? »
Combien de fois avons-nous posé nos fesses le long d’une haie pour embrasser du regard le paysage qui s’offre à nous ?
Combien de fois avons-nous arrêté notre marche pour observer un défilé de fourmis traversant le chemin creux ?
Combien de fois avons-nous modifié notre itinéraire afin de bifurquer vers une haie où l’on pourrait trouver des mûres, des noisettes, des prunes, des pommes… ? Et revenir les poches pleines de provisions.
Heureux moments !
Lorsque l’on se promène à pied, ou à vélo, l’œil a le temps de fixer des détails parfois inattendus.
J’en veux pour preuve certaines rencontres avec des pancartes qui ne manquent pas de surprendre.
Ainsi celle que je vis récemment pas très loin d’Etretat, à l’entrée d’une propriété entourée de hauts murs et bien à l’abri derrière un immense portail métallique.
En gros caractères et sur quelques mètres de long s’étalait ce message : « Interdit aux cons ! »
Voilà qui interroge sur les intentions du propriétaire et sa façon de vivre ! N’est-ce pas ?
Parmi les panonceaux qui m’amusent –parfois-, figurent ceux destinés à mettre en garde un éventuel intrus.
Vous avez tous rencontré le classique des classiques : « Attention, au chien ! »
Et le non moins classique « Je monte la garde… »
On franchit un degré lorsque l’avertissement devient « Attention chien méchant ». Ou encore "Chien vache!".
Avec quelquefois cette mention « Vous entrez ici à vos risques et périls… »
Grrrr, voilà qui ne me donne guère envie de rencontrer le maître des lieux.
Mais il arrive qu’on
trouve nettement plus « folklorique ».
Ainsi celui que je vis dans une petite rue à Champeix en descendant du château…
« Chien lunatique »
Le jardin qui se trouvait derrière laissait supposer que l’on avait affaire à un propriétaire quelque peu fantasque. J’aurais volontiers poussé la porte…
Dans une domaine un peu semblable, il faut noter ce panneau, bien en évidence à l’entrée du château de Fougères sur Bièvre : « Attention ! Chien marrant ».
Je n’avais jamais vu…
Et dans le parc gambadaient des poules naines, des coqs chamarrés, des pigeons au jabot rebondi… Pas de chien!
Là encore, j’aurais volontiers poussé la porte…
Parmi les surprises figurent également les noms de rue. C’est ainsi que sur l’Île d’Oléron, je me trouvai face à un carrefour avec cette mention sur un mur : « Impasse de la Paix ». Il ne me serait jamais venu à l’idée d’associer la Paix à une impasse. Bien au contraire !
Autre exercice de style, cette pancarte à l’entrée d’un pré : sur la première ligne on pouvait lire « Attenti » et sur la seconde : « Taurea » Le « peintre » avait dû fort mal calculer la taille de ses lettres, et il avait été contraint d’abréger la fin de chaque mot. J’avais malgré tout compris le sens du message, surtout à la vue du monstre se trouvant derrière la clôture : il ne me serait jamais venu à l’idée d’aller tailler une bavette avec lui !!!
Mais je ne voudrais pas oublier de signaler la toute dernière de mes découvertes. Elle se trouvait dans la vallée de la Loire, à l’entrée d’un village qui baignait littéralement au milieu des vignes :
« Chemin des gosiers secs ! »
A croire que les vignerons du coin n’avaient pas de quoi se désaltérer.
En ce moment c’est le temps des vendanges.
Le soleil pointe le bout de son nez.
L’automne a incendié certains arbres dont les couleurs rutilent.
Les feuilles s’amoncellent dans le creux des chemins.
Au fond du vallon, je vais pouvoir trouver quelques noix.
J’abandonne sans regret mon clavier afin d’aller prendre un bain de Nature.
Et trouver au détour du chemin, qui sait, une pancarte inattendue !