L’horreur est humaine…
Si vous exercez une responsabilité au sein d’une association de quelque nature que ce soit, vous savez que vous aurez tôt ou tard à intervenir face à du public.
C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles la structure dont je fais partie propose à ses adhérents des heures de formation sur différents thèmes.
Et je me suis tout naturellement inscrit un jour afin de suivre le cycle « Prise de parole en public ».
Je peux vous assurer que ça aide… mais ça ne fait pas tout… vous verrez !
Depuis quelque temps, nous préparons une réunion au cours de laquelle sera présenté un diaporama.
Et pour mettre toutes les chances de notre côté, nous prenons soin d’effectuer des essais « live » une semaine auparavant.
Le jour venu, toute la partie technique est installée,
vérifiée.
Nous avons également pris la précaution de disposer d’un second vidéo-projecteur.
Hé ! On ne fait pas dans l’amateurisme, n’est-ce pas ?
Avec le même souci, j’ai préparé mon « discours de bienvenue ».
Que j’ai répété chez moi… devant mon ordinateur… en faisant bien attention à ne pas dire un mot pour un autre.
Et le soir convenu, je me retrouve au pupitre… devant une salle composée d’environ 350 personnes.
« Bonsoir mesdames… bonsoir mesdemoiselles… bonsoir messieurs. »
Tout s’enchaîne parfaitement selon les usages et les rites locaux.
Je poursuis :
« J’ai également grand plaisir à accueillir Madame P . Maire de Bais, ainsi que Madame M. Conseillère Générale du canton, qui nous font l’ho…… »
Et allez donc savoir pourquoi, mes yeux sont en avance sur mes paroles, ma pensée semble hésiter, il ne faut pas que je me plante… Mais ma langue fourche, et avec application, je dis :
« J’ai également grand plaisir à accueillir Mme P. Maire de Bais, ainsi que madame M. Conseillère Générale du canton, qui nous font l’horreur de… »
…qui nous font l’horreur !…
Et merde!
Je me retrouve désarçonné, dans la même situation qu’un cavalier effectuant un steeple-chase, alors que son cheval vient juste de se dérober devant l’obstacle.
Inutile de dire que la salle éclate de rire.
Et moi, déshonoré, tout con…fus…
Bien évidemment, je me perds en plates excuses, et tout en prenant la chose avec le sourire, je tente de me ressaisir.
Je recommence donc ma phrase:
« J’ai également grand plaisir à accueillir Madame P. Maire de Bais, ainsi que Madame M, Conseillère Générale du canton, qui nous font l’honneur…… »
En appuyant bien sur chacune des syllabes du mot honneur.
"Voyez, cette fois, je l'ai dit très correctement! N'est-ce pas?"
Rires à nouveau...
A la fin de mon speech, je propose aux deux élues de prendre la parole, comme je le fais habituellement. Mais je m’attends pourtant au pire !
C’est alors qu’avec le plus grand naturel, elles ne manquent pas, l’une comme l’autre, de me chambrer gentiment à propos de mon horrible erreur.
L'humour a fait passer la pilule....
Vous pouvez pourtant constater que l’on peut avoir préparé consciencieusement sa soirée, personne n’est à l’abri d’un impondérable ou d’un obstacle que l’on ne va pas franchir correctement.
Le lendemain de ma funeste bourde, j’ai croisé dans mon village plein de gens ayant assisté à la réunion.
Tous m’ont accueilli avec un large sourire !
Y compris les deux dames qui m’ont dit en substance : «C'était pas grave. Votre erreur a au moins eu pour effet de « détendre l’atmosphère »…
Je m’en serais passé bien volontiers.
Ai-je besoin de vous expliquer pourquoi j’avais intitulé ma rubrique :
L’horreur est humaine…
Mais au-delà de cette remarque... que peut bien cacher un lapsus?
Lapsus Linguae:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lapsus
Symphonie pastorale
Ce lundi après-midi, je décide de filer à pied vers le Montaigu.
Sur mon téléphone Nokia 5800, je mets en route deux applications:
- Endomondo, qui va m’enregistrer le parcours,
- et le lecteur audio…
Pour m’accompagner, je choisis Beethoven, l’étonnante Symphonie n° 6 « Pastorale » aux 5 mouvements.
Musique « champêtre ».
1. Éveil d'impressions agréables en arrivant à la campagne
2. Scène au bord du ruisseau
3. Joyeuse assemblée de paysans
4. Tonnerre - Orage
5. Chant pastoral. Sentiments joyeux et reconnaissants après l'orage
Au milieu du du 2ème mouvement, je rencontre deux promeneurs. Partis de Vaugroux, ils m'expliquent leur parcours via l'Hermangerie, la Basse-Beucherie, les Ormeaux...
Andante molto grosso.
Dans le 3ème mouvement, je longe un champ qui a été parfumé… au lisier !... Lourdes senteurs...
Allegro...
J’attaque le raidillon au pied de la Caillardière… Un peu plus haut, franchissant la barrière de mes écouteurs, les rafales d’un pivert. Nous sommes au 4ème mouvement : Tonnerre, orage…
L’oiseau semble situé dans le petit bois à gauche. Courtes rafales…
Trrrrr Trrrrr Trrrrr
Je m’approche du talus, et je vois soudain une boule verte s'envoler vers le cœur du bosquet…
Vivace...
Je bifurque alors à droite en direction du refuge, où
les pensionnaires du Foyer Blanche
Neige sont en train de collationner.
Dans la montée qui va au parking débute le 5ème mouvement.
Chant pastoral…
Allegretto...
Puis je débouche dans le virage d’où je peux maintenant embrasser tout le paysage sur la plaine d’Evron.
Arrivé au parking, je m’assois sur un banc…
Que pourrais-je maintenant programmer ?
Mozart ! Concerto pour clarinette...
Adagio...
Assis sur mon banc... le regard perdu vers l’horizon, je savoure.
Je voudrais pouvoir revenir avec un souvenir visuel.
C’est alors que je sors le stylet du Nokia afin de prendre une vidéo. Mais l’appareil bippe: « batterie faible »… Le GPS, plus le lecteur audio, plus le bluetooth que j'ai oublé de déconnecter... Tout ce petit monde a tapé généreusement dans la batterie, qui ne devait pas être pleine lors de mon départ...
C’est à ce moment qu’arrive la voiture de Pierre G... accompagné de son épouse. Je m’approche de la portière… On discute. La pluie, le beau temps, la santé, les travaux d'élagage sur le Montaigu...
Puis ils repartent…
Je reste encore un peu afin de profiter du panorama… et de Mozart.
Comme enfin rassasié du spectacle, je reprends mon cheminement.
Quand soudain, mon Nokia « bippe » à nouveau: batterie faible.
Scherzando...
Je sors l’appareil de ma poche… et je m’aperçois que j'ai perdu son stylet.
Demi-tour pour quelques centaines de mètres...
Sans trop de difficulté, je retrouve le fugitif tapi dans l'herbe, à l'endroit même où je me trouvais près de la portière.
Mais devant l'insistance de mon bidule qui piaille « batterie faible », je suis contraint de tout éteindre: je vais devoir me passer de musique...
Qu’à cela ne tienne ! Car dans le chemin creux, ce sont les oiseaux qui prennent le relais, continuant à
leur manière la symphonie pastorale.
Allegro vivace….
Peu après le carrefour des pommiers, je dois contourner d’importantes flaques d’eau générées par les dernières pluies.
Plus loin, quelques arbres aux branches cassées obstruent presque le passage.
Graduellement, mes narines sont titillées par l’odeur de plantes qui évoquent l'huile solaire... et la plage en été!
Curieux, non ?
Suite de montées et de descentes courtes.
Petit à petit, la vue se dégage en direction du Montaigu.
Toujours sur ma gauche, j’aperçois un chêne orné d’innombrables gros points noirs. Sans doute irrités par mon intrusion dans leur territoire, des corbeaux criards s’éparpillent soudain, avant de revenir se poser prestement sur les branches quittées quelques instants auparavant.
J’arrive à la Haute Beucherie. J’y rencontre ses occupants anglais assis à leur terrasse, un « mug » à la main. Mais bien sûr , c’est l’heure du thé !!!!
Ils jouissent d’une vue imprenable vers Jublains, Mayenne, le bois du Tay, les collines d'Hardanges... et contemplent leurs chevaux qui paissent en contrebas.
Largo...
Ils me saluent chaleureusement en agitant leur bras libre, accompagnés qu’ils sont par leurs chiens qui aboient joyeusement.
Je plonge alors dans le chemin couvert.
A ma droite, le ruisselet gazouille joyeusement sur les cailloux.
Tiens, un autre pivert.
Staccato...
Dans la cour de la Beslière, une poule en liberté s'ébroue au bord d'un talus poussiéreux. Puis elle s'éloigne et se trémousse à nouveau, dégageant un nuage de poussière d'autant plus impressionnant que son effet est accentué par le contre-jour.
Avec pour musique de fond celle d'un coq tonitruant qui s'égosille non loin de là.
Allegro con brio...
J’aperçois le bulbe du château de Montesson…
Virage à droite.. Descente vers le lotissement du Montaigu.
Rue Henri Quentin et son lavoir, l'église...
Retour à la maison…
11 km...
D’une promenade pastorale…
Si une hirondelle ne fait pas le printemps….
Vous connaissez tous ce vieux proverbe qui affirme :
« Une hirondelle ne fait pas le printemps. »
En ce vendredi 1er avril, nous étions partis ma femme et moi faire une virée à pied, direction les Grandes Batailles.
L’air est doux, la brise fort calme.
En arrivant du côté des Tertres, nous avisons un agriculteur qui entretient la haie d’une de ses parcelles.
Nous engageons la conversation. Quelques banalités d’usage, sur la pluie, le beau temps…
Et justement, l’homme de la terre nous annonce :
« Ben ça y est, les hirondelles sont revenues. Ce matin, elles avaient retrouvé leurs nids dans mon étable… »
Et immédiatement resurgit dans ma mémoire le vol de ces bolides qui entraient en trombe dans les étables de mon enfance. Avec une précision diabolique, elles franchissaient la porte et finissaient leur course folle pile poil au nid où les attendaient souvent leurs oisillons avides de becquées.
« Au revoir, bonne journée à vous ! nous dit le paysan
- Egalement. »
Et nous poursuivons notre promenade.
Mais si une hirondelle ne fait pas le printemps… on peut tout de même
penser qu’elle l’annonce.
Figurez-vous que le lendemain samedi, je m’en vais seul du côté de La Roche avec la ferme intention de faire évoluer un de mes planeurs en vol de pente.
Arrivé dans la cour, je descends de ma voiture et je salue les occupants du lieu.
C’est alors qu’un marmot d’à peine deux ans pointe son petit doigt vers le ciel. En ce qui le concerne, ce n’est pas le sens du vent qui l’intéresse, lui… Ni la course des nuages.
Mais qu’a-t-il donc bien pu remarquer ?
Je lève le museau, et là, que vois-je ?
Un magnifique Vé, composé d’une bonne quinzaine de volatiles.
A la vision du cou bien allongé vers l’avant, on pourrait penser qu’il s’agit là de cigognes.
Poussés par un bon flux de Sud , les oiseaux filent droit vers le Nord.
Le gamin balbutie quelques paroles que je ne peux décrypter. Ses frères et sa mère arrivent…
Et la maman d’expliquer :
« Ces oiseaux s’en vont sans doute en Alsace, au pays des cigognes. »
J’ai mis mon planeur sous le bras… Je me suis glissé dans le chemin creux qui mène au site de vol.
Et tout au long du petit kilomètre que je dois consacrer à la marche avant de lancer mon planeur vers l’azur, je me suis dit :
« Si une hirondelle ne fait pas le printemps…. Peut-être qu’un vol de migrateurs ??? »
PS: un de mes correspondants me dit qu'il s'agirait
sans doute d'un vol composé de grues cendrées.
Sans doute a-t-il raison.
Quoi qu'il en soit, des oiseaux migrateurs qui remontent vers le Nord... ça doit quand même annoncer le printemps, non?