Les roses trémières
Etes-vous parfois allé vous promener dans les ruelles de l'île de Ré?
Si ce n'est pas le cas, vous êtes passé à côté d'un plaisir subtil.
En effet, dès la fin du printemps, on peut admirer les nombreuses roses trémières qui ornent les murs ensoleillés. Avec des nuances dans les couleurs allant du blanc au rouge vif, en
passant par le jaune, le pourpre, le violet, l'orange ou le rose.
A ce propos, saviez-vous que la rose trémière est aussi appelée passe-rose, ou bien primerose ou encore bâton de Jacob?
Rapportée d'Orient par les croisés du Moyen-Age, aux XIIème et XIIIème siècles, elle devrait son nom à une altération de « rose d'Outremer ».
Allez savoir pourquoi, mais j'adore cette plante!
C'est la raison pour laquelle, il y a de cela quelques lustres, j'avais chiné des graines à mon amie Françoise, et je les avais disséminées le long des murs ensoleillés de ma maison.
Et un beau jour, j'eus la grande surprise de voir sortir de terre des petites feuilles qui grandirent bien vite. Coincées entre des cailloux, les tiges poussèrent avec vigueur, et je vis fleurir «mes » premières roses trémières!
Tous les ans, elles sont fidèles au rendez-vous. (voir photo ci-contre)
Celles-ci ont pourtant quelques ennemis.
Le vent, qui finit par coucher les hampes atteignant parfois 2 à 3 mètres de haut; il est bon de tuteurer avant qu'elles ne cassent.
La rouille et les pucerons, qui attaquent également les feuilles, et je n'ai guère trouvé de moyen naturel pour les combattre.
Oserais-je vous faire un aveu?
Cela fait bien longtemps que, au cours de mes marches quasi quotidiennes, je longe certains murs de ma commune, en regrettant qu'ils ne soient pas ornés de roses trémières.
Et parfois, à l'automne, quand mes roses ont défleuri et qu'elles ont produit de la graine, j'en mets dans mes poches, et appliquant au pied de la lettre la
devise du dictionnaire Petit Larousse, je « sème à tous vents »!
C'est ainsi que pendant plusieurs années, j'ai ventilé des graines de trémières, en particulier le long du mur de pierre longeant la rue de Oy Mittelberg.
Et jamais je ne vis rien pousser...
Jusqu'à ce printemps 2009, où enfin, je vis sortir quelques pieds. (voir photo ci-dessous)
Pourquoi mes efforts sont-ils restés vains pendant si longtemps?
Je pense plutôt que "mes" roses ont eu la permission de pousser parce que la municipalité actuelle
applique une politique « bio ». Les rues ne sont plus désherbées avec des bidules du genre Round-Up...
Et quand on sait qu'un trémière peut pousser dans la plus petite anfractuosité qui soit, mes roses ont saisi l'occasion de se montrer. (Du moins, je me plais à croire naïvement que ce sont
"mes" roses...)
Chaque matin, quand je passe devant les quelques pieds qui restent debout, je me félicite d'avoir été tenace.
Mais lorsque je vois
quelques tiges qui gisent sur le sol, je regrette qu'elles n'aient pas été davantage respectées.
C'est pourquoi j'ai décidé de fonder le CoDéRosTre.
J'en suis actuellement le seul et unique membre.
Pas de président, pas de trésorier, pas de secrétaire, pas de cotisation. L'adhésion est tacite, et peut se manifester par la promotion des roses trémières.
Ah! J'ai simplement omis de traduire le curieux nom de mon association CoDéRosTre: Comité de Défense des Roses Trémières. Banal, et pas bien joli! (Je veux bien accepter des propositions plus poétiques...)
Mais si vous voulez adhérer...
Il suffit de suivre ma démarche.
http://picasaweb.google.fr/Bernardino53/RosesTremieres
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rose_tr%C3%A9mi%C3%A8re
La cigale et les moineaux
Qui ne connaît la célébrissime fable de La Fontaine
intitulée "La Cigale et la Fourmi"?
Mais qui a déjà vu "pour de vrai" une cigale?
Il faut dire que cette fichue bestiole n'a pas son pareil pour se "fondre" avec l'écorce des arbres sur laquelle elle se pose. Il faut presque un oeil de lynx pour la discerner.
Toujours est-il que, en cette fin juin 2009, je me trouvais dans le Midi.
Traversant les pinèdes avec mon VTT, j'étais à chaque fois comme "saoûlé" par le concert tonitruant de ces orchestres à cordes caractérisés par une mélodie
très répétitive.
Un jour, alors que je roulais dans une descente, l'une d'elles vint me percuter le bras!
Je freine instantanément, et je la retrouve groggy sur le petit chemin. Elle a l'aile droite un poil vrillée, sans doute l'effet du choc!
Je la ramasse, et je l'emmène au camping, où elle va faire la joie de mes nombreux voisins qui ont entendu, mais jamais vu de cigales.
Ravis par ma trouvaille, ils vont alors détailler la bestiole, et me faire remarquer que de face, une cigale ce n'est pas très élégant! On dirait un chevalier en armure, avec un masque de
samouraï!
Après qu'ils aient pris des photos sous tous les angles, je rends la liberté à mon insecte en le déposant dans un arbre... et en lui souhaitant bonne chance...
Mais j'ai des doutes sur ses aptitudes à re-voler!
Quelques matins plus tard, le crincrin d'une cigale se fait tout proche de ma caravane...
A pas de Sioux, je me dirige vers le tronc, mais lorsque je suis un peu trop près, ma chanteuse cesse de manier son archet. Je note qu'elle se tait aussi à chaque fois
qu'un moineau vient se poser sur une branche de l'arbuste qu'elle occcupe... bizarre, non?
Mais à force de patience, je finis par trouver MA "chanteuse"...
Je sors alors l'appareil photo, et je mitraille.
Je préviens mes voisins, qui en font autant... Puis on discute.
Je reviens quelques instants plus tard, et là, j'ai
une magnifique surprise!
Car au même endroit, je découvre MA chanteuse, en plein accouplement!!!
Attiré par le chant de la belle, un mâle a dû "succomber"... et arrivé sans doute trop tard, un autre semble attendre sur la branche juste au-dessus!!!
A nouveau, je sors l'appareil photo...
J'aimerais cependant pouvoir prendre des clichés sous un angle différent...
C'est pourquoi, me munissant d'une branchette, je viens déranger le couple afin qu'il bouge un peu.
Mais cette fois, je ne vais malheureusement pas parvenir à mes fins. Jugez plutôt!
Car uni dans le même vol nuptial, le couple va soudain s'envoler, avec un froufroutement d'ailes qui s'entrechoquent.
Et c'est alors que va se produire l'imprévisible.
Sur ma gauche, je vois brusquement débouler un "gentil" moineau, qui descend du ciel à une vitesse prodigieuse. Il percute violemment de son bec les deux
amoureux. (J'en ai encore le bruit sec dans les oreilles.)
Puis, bien qu'emporté par son élan, il parvient à changer de cap afin d'éviter la caravane qui se trouve juste devant lui, et il repart en sens inverse, avec au moins une cigale dans son
bec. (Il me semble toutefois que l'un des deux insectes a pu s'enfuir.)
Mais tout s'est passé tellement vite!
Je reste là, complètement abasourdi par le spectacle auquel je viens d'assister.
Regrettant profondément mon geste idiot....
Je m'en vais alors au devant de mes voisins, et je leur explique la scène étonnante à laquelle je viens d'assister...
"Alors les moineaux se nourrissent de cigales?
- Sans doute... Ne sont-ils pas insectivores"
Le lendemain matin, je vois se précipiter vers moi la dame anglaise installée sur l'emplacement d'en face. Puis, dans un subtil mélange de français et de british, elle me
dit que, se rendant aux sanitaires, elle a vu un "little bird" en train de manger une cigale sous un petit pin.
Elle semble presque choquée de la situation.
Au fil des jours, nous avons entendu de moins en moins de cigales sur le camping.... et puis... le concert a fini par s'arrêter.
Totalement.
Etait-ce la fin de la saison dédiée aux amours?
Pourtant, me promenant à vélo dans les pinèdes, j'avais nettement l'impression que le volume sonore des concertistes n'avait pas baissé d'intensité. Loin de là!!!!
J'ai donc continué à entendre la symphonie des cigales.
Mais pas sur le camping.
Dès lors, quelle explication pouvions-nous apporter au silence de notre terrain?
Nous avons beaucoup bavardé... et nous avons fini par supposer, à tort peut-être, que les résidentes de notre camping avaient toutes servi de repas aux
moineaux...
Drôle de fable!
Dont j'emprunterai volontiers la "morale", à mon Anglaise, qui me fit comprendre:
"Le monde est cruel... Monsieur, n'est-il pas?"
Et avec un grand soupir, elle s'empressa d'ajouter:
"...mais pas simplement chez les animaux!"