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Faut pas perdre le Nord Tchârlesssse

2 Juin 2008 , Rédigé par Bernardino Publié dans #Humour et modélisme

Dieu, fallait-il donc qu'il aime le maïs sous toutes  ses formes, notre ami Charles ! Enfin, ne me  dites pas que vous ignorez tout des  habitudes alimentaires de nos amis  britanniques... Vous savez bien que le petit déjeuner, chez eux, c'est sacré. Et que j’te mette des flocons de ceci et des flocons de cela. Ils disent aussi que le popcorn, c'est extra pour la santé. Mais de là à pousser le vice comme notre ami Charles... C'est vraiment exception­nel. Car la gourmandise a ses limites.
Ah, mais j'ai oublié un petit détail : Charles est l'un des membres du club anglais de Hertford. Club avec lequel nous entretenons des échanges ami­caux depuis 1988. Une année nous passons la Manche; l'année suivante, ce sont les Britanniques qui viennent nous rendre visite et traversent le  Channel.
Fin août 1994, le match se déroulait sur notre stade... Panneau d'affichage : 0 à 0. Balle au centre.
II faut dire qu'à chacune de leurs visites, nos amis  déploient une débauche de créativité pour nous présenter des modèles différents, voire exotiques...
Mais, là, non : un modèle banal décolle sous la houlette de notre ami Charles.
Un détail, pour recréer l'ambiance : dès à présent, il va vous falloir prononcer son prénom à l'anglaise. Ecoutez bien, il faut dire "Tchâaarlsse". Après moi, répétez :

"- Tchâaarlsse ! "
OK, c'est parfait.

Mais pendant qu'on discute, notre pilote a déjà conduit son modèle réduit bien au-delà du bout de la piste... Le moteur ratatouille, de son pot d'échap­pement émanent quelques hoquets... puis plus rien, silence total : il vient de caler.
Affolement, et manque d'habitude de piloter dans la campagne mayennaise, ou tout simplement réflexe conditionné : Tchâaarlsse vire à gauche. Le plané s'effectue normalement. Enfin, que je vous dise : personnellement, en pareil cas, je vire à droite, vers le Nord, parce que sur la gauche, se trouve un magnifique champ de... un champ de ? Mais voyons ! un champ de ma... un champ de maï... un champ de maïs, bien sûr ! (Heureusement que je vous l'ai souf­flé, parce que je sens que vous n'auriez pas trouvé.) Le modèle s'en va donc joyeusement se poser dans des maïs dont la hauteur me dépasse allègrement. Et comme, en plus, le champ est en dévers, nous n'avons pas pu localiser avec certitude le point d'impact. Même les plus pessimistes pronostiquent pourtant un modèle réduit intact. Sympa, non ? C'est alors que les plus grands (dont je ne fais pas partie) pénètrent à l'intérieur de la végétation. S'engage ensuite un dialogue surréaliste dont les protagonistes ont été entièrement avalés par le maïs. "J'te dis qu'c'est à gauche ! Mais non, c'est tout droit !"

Au bout d'un certain temps, toujours pas de modèle réduit.
Alors différentes tactiques vont être utilisées. Jean-Pierre, un très grand, escalade un poteau téléphonique... Mais il ne voit rien. Christiane pro­pose qu'on prenne un drapeau rouge fluo, qu'il suf­fira de brandir à bout de bras, afin de localiser celui qui le portera. J'en passe, et des meilleures. Le temps passe, lui aussi, et le modèle n'est toujours pas retrouvé.

Quand tout à coup, Michel, qui revient son drapeau à la main, crotté, griffé et découragé, Michel "tombe" par hasard sur l'avion fugueur. "Je l'ai trou­vé !" crie-t-il avec joie.

Le champ de maïs commence alors à régurgiter un à un tous les modélistes qu’il avait avalés auparavant. Physiquement, ils sont dans le même état que Michel. Tous, sauf un ! Et oui, il manque... Tchâaarlsse ! On était parti chercher un avion ; c'est le bonhom­me qu'il va falloir récupérer maintenant.

Ceux que la nature a dotés d'un organe vocal puis­sant se mettent à hurler : "Tchâaarlsse ! reviens !" (En secret, les plus sadiques, intoxiqués par la pub télé, murmurent : Léon, reviens, on a les mêmes à la maison !) Mais le temps passe, et on nous attend au restaurant.

II faut pourtant se rendre à l'évidence : Tchâaarlsse s'est perdu. Je ne sais si vous avez été confronté à un tel problème, mais un champ de maïs devient un vrai piège. On suit les sillons, jusqu'à ce que brusque­ment, ils changent d'orientation. Par temps couvert, en l'absence de soleil, aucun point de repère possible. Et quand en plus une légère brise fait bruire les feuilles, on n'entend même pas les appels des copains, et il est facile de perdre le Nord...

Ce n'est qu'après de longues minutes que Tchâaarlsse sortit à l'autre bout du champ. Mais dans quel état ! Nous lui montrâmes son avion... intact, lui ! Et notre ami tint à se changer  pour aller au restaurant, où nous arrivâmes en retard, bien évi­demment. Notre crainte à tous pendant le trajet, c'est qu'en entrée, on ne nous propose... du maïs. Ce qui ne fut heureusement pas le cas.
Et Tchâaarlsse se vengea, sur un steak ! Quant à la serveuse qui lui demandait ce qu'il voulait comme légume pour accompagner sa viande, il lui répondit, fort aimablement : "Des frites ! Please !"

 Comme quoi il n'avait pas tout à fait perdu le Nord !

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