L'encre verte ou "éloge de l'erreur"
23 Juin 2013 , Rédigé par Bernardino Publié dans #Billet d'humeur
http://www.editions-lepommier.fr/ouvrage.asp?IDLivre=615
Un petit(?) livre qui devrait paraître en 2014... et qui s'intitulera "Chroniques d'un instituteur original".
Mais à ce stade de mes confidences, il est nécessaire que je vous explique pourquoi "original", n'est-ce pas?
Voici donc l'ébauche du chapitre qui devrait voir le jour dans mon livre de souvenirs:
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Certain(e)s de mes élèves m'ont souvent dit qu'ils m'attribuaient ce "titre"... original...
Vous savez tous que « dans le temps », les élèves utilisaient une plume d’acier, qu’il fallait tremper dans un encrier de porcelaine rempli d’encre de couleur violette.
J’ai pour ma part connu cette pratique au début de ma carrière.
Petit à petit, la plume fut supplantée par le stylo à bille, voire le stylo plume, puis le stylo feutre.
Ce qui permettait de sortir d’une certaine uniformité en disposant d’une palette de couleurs un peu plus variées.
C’est dans ces mêmes moments que j’ai dû opérer un changement radical.
Vous savez fort bien que le Maître avait l’usage exclusif du rouge, avec lequel il notait, annotait, raturait, soulignait… sanctionnait…
Bien qu’ayant été ce qu’on appelle un bon élève, avais-je été moi-même traumatisé par cette encre rouge ?
Je ne saurai répondre.
Toujours est-il que je décidai un jour d’abandonner le rouge, et d’opter pour le stylo vert.
Pourquoi le vert ?
Cette question m’a été posée de très nombreuses fois tout au long de mes années d’exercice.
C’est vrai que je le trouve moins agressif.
A mes yeux, même si le rouge est une couleur chaude, il symbolise aussi l’interdiction ou la sanction. Au hasard, je prendrai l’exemple du feu tricolore rouge, ou encore celui du fameux carton rouge des footballeurs, synonyme d’expulsion.
J’annotais donc les cahiers en vert.
Expliquant à mes élèves que le vert était pour moi la couleur de l’espoir, et qu’elle permettait de ne pas se sentir sanctionné, mais qu’elle incitait à corriger le tir afin d’améliorer les choses.
Le discours n’eut guère de mal à passer je pense.
Mais puisque j’aborde le douloureux problème sur la façon de « corriger »… il me faut évoquer LE monument de l’école, cette pratique à la fois décriée et emblématique du système scolaire… cet exercice qui pouvait recaler un postulant au Certificat d’Etudes Primaires Elémentaires.
Je veux bien évidemment parler de la dictée
Ah, la dictée !
Cinq « fautes », et adieu le certif !
J’avais pour ma part aménagé l’exercice.
Je proposais assez souvent des dictées «commentées», à savoir que lorsqu’ils pressentaient une difficulté, certains élèves levaient la main… c’est alors que, sans donner la réponse, ils mettaient leurs petits camarades en éveil, leur rappelant une éventuelle règle de grammaire, leur suggérant de vérifier dans le dictionnaire, ou bien de recourir à une fiche mémento que nous élaborions à la demande de chacun, spécifique à chaque « cas ». Cette forme de dictée avait ainsi pour but de les rendre actifs, et de mettre en place des mécanismes qui, à terme, devaient devenir réflexes.
Et puis, je trouvais carrément inutile de faire poursuivre les pauvres malheureux qui s’essoufflaient au bout de quelques lignes dont mon stylo vert aurait eu à pâtir.
Je les faisais débrayer avant les autres. Ce qui me vaut aujourd’hui le plaisir de vous transmettre ce que l’un des élèves m’a laissé sur le livre d’or le jour de mon départ à la retraite:
« Merci de m’avoir racourcie les dictées, surtout que cela ne changeais pas la note et que la correction était surtout plus courte. alors cela arrangeais tout le monde » sic ! en français dans le texte !
Et pour en terminer avec l’exercice dictée… j’eus souvent droit à cette autre question : «M’sieur, pourquoi que dans la marge vous mettez pas notre nombre de fautes, mais que vous écrivez erreurs ?»
Ah, ça me direz-vous, pourquoi donc cette coquetterie?
J’ai systématiquement retourné la question à l’envoyeur, que j’aiguillais parfois sur les raisons de mon choix.
En fait, le mot « faute » évoque pour moi comme un pêché, une sorte de tache…
J’y préfère le mot « erreur », car on peut toujours corriger une erreur, et elle ne me paraît pas punissable. Elle est source de rebondissement, de prise en compte de ses lacunes. Elle fait partie d’une démarche intellectuelle…
D’ailleurs, qui n’a jamais procédé par la méthode des essais et des erreurs ?
Que ceux-là lèvent la main !
Et s’ils sont capables de me le prouver, je leur cède bien volontiers un gros paquet de Caranougats!
Ces fameuses friandises qui, elles aussi, ont sans doute contribué à faire de moi, un "instituteur original!"
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