billet d'humeur
Entre nous soit dit...
Au détour du chemin
Le fait de ne plus être « aux affaires » modifie parfois profondément le comportement des êtres humains. Du moins en ce qui me concerne.
J’aime donc prendre mon temps. Surtout depuis que je suis « inactif » … vous l’aurez compris.
C’est ainsi qu’en voiture je ne cours plus après le temps à rattraper…
Mon carnet de rendez-vous est aussi aéré que possible…
Et ce « nouveau temps » qui est le mien m’offre l’opportunité d’effectuer des promenades à mon rythme, sans grand souci de l’heure d’arrivée.
Il faut dire que j’ai la chance d’habiter une région de bocage, et que le premier chemin creux se trouve à 50 mètres de mon domicile.
Dois-je vous dire également que j’ai fait un adepte ?
Dès qu’il a eu la capacité d’avaler quelques centaines de mètres à pied, mon petit-fils a emboîté le pas… ce qui me ravit profondément.
« Papy, on va faire une petite balade ? »
Combien de fois avons-nous posé nos fesses le long d’une haie pour embrasser du regard le paysage qui s’offre à nous ?
Combien de fois avons-nous arrêté notre marche pour observer un défilé de fourmis traversant le chemin creux ?
Combien de fois avons-nous modifié notre itinéraire afin de bifurquer vers une haie où l’on pourrait trouver des mûres, des noisettes, des prunes, des pommes… ? Et revenir les poches pleines de provisions.
Heureux moments !
Lorsque l’on se promène à pied, ou à vélo, l’œil a le temps de fixer des détails parfois inattendus.
J’en veux pour preuve certaines rencontres avec des pancartes qui ne manquent pas de surprendre.
Ainsi celle que je vis récemment pas très loin d’Etretat, à l’entrée d’une propriété entourée de hauts murs et bien à l’abri derrière un immense portail métallique.
En gros caractères et sur quelques mètres de long s’étalait ce message : « Interdit aux cons ! »
Voilà qui interroge sur les intentions du propriétaire et sa façon de vivre ! N’est-ce pas ?
Parmi les panonceaux qui m’amusent –parfois-, figurent ceux destinés à mettre en garde un éventuel intrus.
Vous avez tous rencontré le classique des classiques : « Attention, au chien ! »
Et le non moins classique « Je monte la garde… »
On franchit un degré lorsque l’avertissement devient « Attention chien méchant ». Ou encore "Chien vache!".
Avec quelquefois cette mention « Vous entrez ici à vos risques et périls… »
Grrrr, voilà qui ne me donne guère envie de rencontrer le maître des lieux.
Mais il arrive qu’on trouve nettement plus « folklorique ».
Ainsi celui que je vis dans une petite rue à Champeix en descendant du château…
« Chien lunatique »
Le jardin qui se trouvait derrière laissait supposer que l’on avait affaire à un propriétaire quelque peu fantasque. J’aurais volontiers poussé la porte…
Dans une domaine un peu semblable, il faut noter ce panneau, bien en évidence à l’entrée du château de Fougères sur Bièvre : « Attention ! Chien marrant ».
Je n’avais jamais vu…
Et dans le parc gambadaient des poules naines, des coqs chamarrés, des pigeons au jabot rebondi… Pas de chien!
Là encore, j’aurais volontiers poussé la porte…
Parmi les surprises figurent également les noms de rue. C’est ainsi que sur l’Île d’Oléron, je me trouvai face à un carrefour avec cette mention sur un mur : « Impasse de la Paix ». Il ne me serait jamais venu à l’idée d’associer la Paix à une impasse. Bien au contraire !
Autre exercice de style, cette pancarte à l’entrée d’un pré : sur la première ligne on pouvait lire « Attenti » et sur la seconde : « Taurea » Le « peintre » avait dû fort mal calculer la taille de ses lettres, et il avait été contraint d’abréger la fin de chaque mot. J’avais malgré tout compris le sens du message, surtout à la vue du monstre se trouvant derrière la clôture : il ne me serait jamais venu à l’idée d’aller tailler une bavette avec lui !!!
Mais je ne voudrais pas oublier de signaler la toute dernière de mes découvertes. Elle se trouvait dans la vallée de la Loire, à l’entrée d’un village qui baignait littéralement au milieu des vignes :
« Chemin des gosiers secs ! »
A croire que les vignerons du coin n’avaient pas de quoi se désaltérer.
En ce moment c’est le temps des vendanges.
Le soleil pointe le bout de son nez.
L’automne a incendié certains arbres dont les couleurs rutilent.
Les feuilles s’amoncellent dans le creux des chemins.
Au fond du vallon, je vais pouvoir trouver quelques noix.
J’abandonne sans regret mon clavier afin d’aller prendre un bain de Nature.
Et trouver au détour du chemin, qui sait, une pancarte inattendue !
Bluetooth et livebox
Que je vous entretienne de mes démêlés avec WanadOrange.
Je possède un Pocket PC, sur lequel est installé un logiciel de navigation GPS (TomTom) et plein d'autres trucs.
Cet appareil (aussi nommé PDA) est équipé d'une liaison bluetooth (pas Wifi) qui me permet de le faire communiquer avec mon téléphone portable, mon PC portable. Et tout marche nickel!
Mais en lisant la notice de ma livebox, j’apprends que cette dernière peut communiquer aussi via bluetooth. Essayons pour voir... Curieux le gars!!!
Mettant alors les mains dans le cambouis, je constate en effet que mon Pocket reconnaît parfaitement la livebox qui apparaît sur l'écran du mini-ordinateur avec son identifiant…
Je me mets donc en route afin de paramétrer tout le cinéma.
Mais je bute sur la façon d’appairer les deux appareils…
Je finis par téléphoner à l’assistance Orange, où je suis accueilli par un type au prénom très français, parlant avec un accent manifestement originaire d’une région nettement plus au Sud que Perpignan, Alicante... Guadalajara, voire même Gibraltar!
Pour les besoins de la conversation, nous l'appellerons Maurice.
J’expose mon problème… disant que tout fonctionne correctement sur le PC de bureau, sur le PC portable, que le Wifi est nickel ; mais que je voudrais paramétrer un pocket PC afin de surfer sur le Net en utilisant la liaison bluetooth de la livebox .
"Mais non, je vous dis que je ne suis pas en panne... je veux paramétrer..."
Ce qui semble provoquer chez mon correspondant comme une sorte d'inquiétude. Et lui de me questionner:
« Heu, que me dit Maurice… mais c’est quoi une poquette Pécé? (sic!)
- Ben c’est un petit ordinateur de poche !
- Ah, ça existe ça… ? Non, c’est un ordinateur portable, hein ?
- Oui et non ; c’est ce qu’on appelle aussi un assistant personnel équipé de Windows. Ou un PDA.
- Ah bon… (un temps de réflexion, puis…) Ben... (Sur un ton péremptoire) Vous pouvez pas le connecter à la livebox!!!.
- Et si moi je vous dis qu’on peut ? Je l’ai vu sur des forums. D'ailleurs, dans le paramétrage de la livebox figure un onglet bluetooth… et en plus, mon pocket reconnaît la livebox ; il me fournit son N° ! Alors ? Hein?»
Je sens le mec agacé au bout du fil, confronté à un problème que son logiciel de dépannage n’a apparemment pas pris en compte…
Il hésite, puis me dit, embarrassé:
« Une ‘tite minute, je me renseigne ! »
Pendant ce temps-là, le compteur tourne, mais contrairement au temps d'attente gratuit, on m'offre du 0.39Euros la minute, et on me diffuse une musique à la noix, le tout entrecoupé d’interventions faites d’une lancinante voix féminine qui me rappelle qu’on va bientôt reprendre contact avec moi.
Longues secondes de solitude…
Puis Maurice refait surface… pour me dire que, après consultation de gens fort compétents, il apparaissait que ce « dépannage » n’entrait pas dans le cadre des interventions liées à la livebox.
Ce que, entendant, j’ai pas bien digéré du tout.
Grrrrrrrrrrrrrr!
J’ai été fort peu aimable, j’en conviens, et j’ai raccroché sèchement au nez de Maurice.
Fort marri, je suis alors retourné sur des forums, où j’ai épluché des pages et des pages. Pour découvrir enfin un tutoriel qui expliquait assez clairement la démarche à suivre.
J’ai appliqué.
Et maintenant ?
Ben mon pocket se connecte à la livebox via bluetooth tout à fait normalement.
"C'est pas possible! qu'il avait le gars de l'assistance!"
Ah bon?
Je peux maintenant surfer sur Internet, lire mon courrier électronique… même à partir du Pocket PC.
Bon, j’en ai conscience : l’écran du pocket s'avère fort limité en taille, et la consultation des pages Internet n’est pas vraiment agréable: faudrait presque avoir une loupe ; c’est tout de même nettement mieux sur mon écran plat 19 pouces !!!! Avec un vrai clavier et une vraie souris… le confort bourgeois !!!…
Il n’en reste pas moins vrai que je suis très fier de moi (si, si !) d’avoir réussi à me dépatouiller tout seul.
Cette possibilité ne me sera pas vraiment utile, mais j'ai satisfait ma curiosité intellectuelle! C'est déjà pas si mal!
Moralité de l'histoire?
Je retiens le service assistance de chez WanadOrange, pour sa grande compétence sur ce coup-là.
Et comme dit le vieil adage : aide-toi, le Ciel t’aidera.
Parce que, si tu lui poses des questions sortant de celles posées par l'utilisateur lambda, WanadOrange te laissera dans la ….
Ah ! Les voix de l’Internet sont (parfois) impénétrables… Mais elles ne me laissent pas muet!
PS: la liberté d'expression ne s'use que quand on ne s'en sert pas! (Canard Enchaîné)
Mieulx est de ris que de larmes escrire
« Mieulx est de ris que de larmes escrire
Pource que rire est le propre de l’homme.
Vivez joyeux »
C’est ainsi que le bon François Rabelais termine la préface du « Livre Premier » qu’il a consacré à son géant Gargantua…
Mieulx est de ris…
Mais revenons à nos moutons… comme dirait Panurge !
Dans une récente rubrique intitulée « Vive le camping », je vous disais toute ma passion pour cette activité, qui permet de faire d’agréables rencontres.
Tout comme celle que je fis dernièrement.
Que je vous narre :
Profitant d’un calme soir d’été, je sors un ch’tiot modèle d’avion électrique que je m’amuse à faire voler au bout du camping. Un petit groupe de spectateurs se forme. Et parmi eux, un élégant Hollandais, qui commence à me poser tout un tas de questions.
La conversation allant bon train, elle déborde très vite de l’aspect purement aéromodélisme.
Et mon interlocuteur de me dire dans un français très correct tout l’amour qu’il porte à notre pays. Ajoutant avec joie qu’il séjourne en France tous les ans depuis 1985…
Plus de 20 ans de fidélité infaillible ! Et comme notre homme est à la retraite, il précise qu’il a bien l’intention de profiter le plus longtemps possible des délices que propose la France…
D’ailleurs, à l’entendre évoquer ses souvenirs « françois », je me dis qu’il a une solide connaissance de nos régions, de nos paysages, et aussi de nos produits locaux.
Ne me quitta-t-il pas sur ces mots : « Bon appétit ! Moi, je vais déguster une bonne choucroute d’Alsace ! »
Nous n’étions pourtant pas au pays des cigognes, mais bien sur les bords de Loire…
Par la suite, chaque fois que nous nous croiserons, nous échangerons quelques mots…
Lorsqu’un soir, je le vois s’approcher de mon campement. Il a l’air un peu « excité »… « fun »… Il a visiblement quelque chose à dire :
« Bonsoir. Avec ma femme, nous sommes allés à Chambord ! Que de monde ! Mais c’est merveilleux… je n’ai pas assez de mots pour expliquer… »
De mon côté, il se trouve que ce jour-là, je suis allé visiter le château de Cheverny, celui dont Hergé se serait inspiré pour dessiner Moulinsart, la demeure du capitaine Haddock. Là aussi, une queue impressionnante à l’entrée du château.
Mais revenons à nos moutons…
Chambord avez-vous dit ?
Voilà qui me rappelle quelques vieux souvenirs.
Que je m’empresse de raconter à mon ami hollandais :
« Il y a de cela quelques années, ma femme et moi, nous avons visité Chambord. Et nous avions été surpris par la rapidité avec laquelle les groupes de japonais effectuaient la visite. Puis clic-clac ! Ils prenaient rapidement une photo souvenir avec le château en arrière-plan échangeaient mutuellement leurs appareils, et remontaient précipitamment dans le bus qui les conduirait vers un autre haut lieu de notre patrimoine…
Nous en avons bien ri ! »
C’est alors que je vois le visage de mon interlocuteur faire la moue…
Un temps de flottement dans la conversation… Tel un alpiniste mal encordé, il semble avoir « dévissé ».
Puis se ravisant, il me demande : « Vous avez dîné à Chambord ?»
Cette fois, c’est moi qui « dévisse »…
« Non, non, nous n’avons pas dîné à Chambord… pourquoi ?
- Mais…les Japonais, le riz… »
Ah… bon sang, mais c’est bien sûr !
Traîtresse langue française… qui mêle les sonorités propres à faire trébucher une oreille pas tout à fait aguerrie. Face à des mots qu’elle juge incongrus, la pensée tente de s’accrocher à ce qu’elle peut, essayant de reconstituer un puzzle dont elle n’entrevoit pas l’image finale… ce qui l’amène à s’égarer parfois dans une errance fatale.
Mon compagnon avait fait l’amalgame entre les petits hommes jaunes et leur nourriture, à cause du « nous en avons bien ri ! »
Ce soir-là… Incompréhension réciproque… bien évidemment.
Lorsque j’eus moi aussi remis les pieds sur terre, je me mis à expliquer que mon ri n’avait rien à voir avec le riz tant apprécié des Japonais…
Et rassemblant mes souvenirs scolaires afin de bien assurer le coup, j’essayai de traduire « nous avons bien ri » par « we laughed well » ou « wir haben gut gelacht ».
Le visage de mon ami s’éclaira à nouveau.
Nous venions de lever le quiproquo.
Nous sommes alors partis tous les deux dans un grand éclat de rire.
Nous avons bien ri…
Suivant ainsi à la lettre l’ordonnance du bon docteur François Rabelais :
« Mieulx est de ris que de larmes escrire
Pource que rire est le propre de l’homme.
Vivez joyeux »
Ce que je vous souhaite à tous.
Heureux qui comme Ulysse
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Vive le camping
Les « jolis » ( ?) mois d’été constituent une merveilleuse opportunité pour sortir de chez soi et découvrir un environnement à la richesse insoupçonnée !
J’en veux pour preuve « LE » choc éprouvé un matin de juillet sur un terrain à Saint Pierre d’Oléron, lorsque je me trouvai face à un « camping-car » à la taille démentielle. Pensez à une semi-remorque que l’on voit parfois lors des séances « collecte de sang ». Avec des extensions amovibles sur les deux côtés. Cet immense attelage venu de Grande-Bretagne n’avait pu pénétrer que sur la première place du terrain, avec les branches des arbres qui le caressaient à la moindre brise… j’imagine les nuits de grand vent, toutes ces feuilles frottant sur la carrosserie… « Faites de beaux rêves » qu’ils disaient !
Et quand on connaît un petit peu les routes de l’île d’Oléron…on se demande comment cet engin avait pu arriver sans escorte de motards jusqu’aux portes de la Cotinière !!!
Tout aussi étonnants sont ces autres camping-cars qui traînent en remorque une mini voiture… ou qui emportent une Smart dans leur soute !!!
Mais on peut fort heureusement pratiquer le camping avec un budget moins conséquent…
La preuve : lorsqu’on a la joie de voir débouler des gens pleins d’énergie, qui au soir d’une journée bien remplie « jettent » leur toile pliable au sol en se félicitant de l’aspect « fonctionnel » du déploiement… mais au matin, c’est aussi le délice de les voir pester- jurer-râler lorsqu’il faut remballer la toile dans son sac !!! Moments cocasses.
Le camping, c’est donc la possibilité de vivre proche des gens… d’écouter la télé gratuitement, de vivre le Tour de France en direct. Et le JT du 20 heures… Et la météo d’Evelyne Dehliat… Ouais, c’est chouette la télé.
Le camping, c’est aussi l’immense « joie » d’être tiré de sa sieste par la sonnerie du téléphone de l’aimable voisine un peu dure de la feuille. C’est fou ce que j’aime « l’Ouverture de Guillaume Tell » agrémentée à la sauce GSM !!! Et ce, plusieurs fois par jour… Mais il faut que je vous rassure tout de suite : le chat que la dame a laissé en pension se porte bien, ses plantes sont quotidiennement arrosées, la voisine du cinquième est toujours trompée par son mari… celle du troisième… le petit boucher du coin… Bref, la routine.
J’avoue avec nostalgie que le téléphone mobile a révolutionné le camping. Le soir venu, on ne voit plus ces files d’attente devant la cabine qui jouxtait chaque terrain…. Maintenant, chaque campeur est relié à la Planète entière, même lorsqu’il se trouve dans les toilettes. « Ah, c’est toi, Germaine ? Est-ce que tu peux me rappeler dans 5 minutes, parce que là, je suis au petit coin… »
J’imagine le gus qui va remettre précipitamment son portable dans la poche de sa chemisette, qui va négligemment hâter la fin des opérations… finir par se tourner afin de tirer la chasse, et qui, en se baissant, va voir son joujou plonger dans la cuvette… à moins que ce ne soit des WC « à la turque »… glou. glou, glou...
Cette merveilleuse invention qu’est le « portable » donne parfois naissance à d’autres scènes tout aussi cocasses.
Je revois encore cette femme qui à chaque appel sortait de sa tente, et se dandinait béatement d’un pied sur l’autre pendant toute la communication. Un métronome battant la seconde!
Je revois cette adolescente dont le sac à dos se met à sonner, qui fournigote fébrilement dans son fouillis pour en extirper un téléphone, puis un deuxième, puis un troisième… et enfin pester parce que c’était en fait le dernier sur lequel appelait son correspondant ! Son petit ami sans doute !
Ou encore ces deux femmes voisines de camping qui se ruaient en même temps chacune vers sa caravane lorsqu’une vache meuglait ! N’avaient-elles pas toutes les deux choisi la même sonnerie ?
Ou encore cette autre scène où l’on voit arriver une bande de joyeux lurons apparemment invités à l’apéro, l’un d’eux avec le téléphone collé à l’oreille, et qui braille : « Mais, Bon Dieu, ou qu’c’est qu’vous êtes sur ce fichu camping ?
- Ben là, juste en face de vous ! »
Hé oui, les deux parties se trouvaient à vue distantes d’une vingtaine de mètres seulement !!!
Je viens d’évoquer l’apéro… LE rite du camping. Aux heures propices, n’avez-vous jamais vu soudain passer des groupes où chaque personnage porte un siège, soit pliant, soit en plastique blanc ? Il s'agit sans doute d'une procession dédiée à St Pastis ou Ste Anisette? Une sorte de Troménie comme en Bretagne... Tout comme moi, vous aurez pu constater qu’à l’aller le volume sonore est encore supportable. L'atmosphère est encore empreinte de recueillement. Mais au retour, on constate que tout ce petit monde a dû s’imbiber d’une dose de décibels fort toniques. Et les rires aux modulations diverses fusent de partout.
Faut dire que ces échanges apéritifs viennent souvent « arroser » une partie de pétanque acharnée. J’aime la pétanque, ses palabres, ses coups de gueule, ses jeux de rôles ponctués par l’impatient tac-tac des boules entrechoquées avant d’aller rouler sur le terrain.
« Tu tires, ou tu pointes ? »
Le camping, c’est aussi l’opportunité offerte aux chanteurs de faire leurs vocalises dans les douches. Je suggère d’ailleurs aux recruteurs de la Star’Ac de faire un tour sur les terrains afin de sélectionner les futurs participants. Il y a là bien des talents ignorés !
Vous aurez remarqué que je n'ai pas du tout abordé le sujet du barbecue, avec ses odeurs de viande grillée ou de sardines fumantes qui viennent vous agresser alors que vous en êtes au dessert? Il faudrait consacrer un chapitre entier à cet autre objet de culte camping'istique. (Mais vous avez la liberté d'y apporter votre contribution en cliquant sur l'onglet Commentaires au bas de cet article!)
Comme vous l’aurez compris, j’aime le camping… D’ailleurs, si je n’y prenais pas plaisir, je ne piafferais pas tous les ans en attendant d’accrocher ma caravane, afin de partir gaiement sur les routes pendant de longues semaines.
C’est pourquoi je le dis haut et fort, avant, pendant, et après l’apéro :
Vive le camping.
Mais là, il faut que je vous quitte, mon téléphone portable vient de sonner !
Rencontre(s)...
Je repense à ce jour où je reçus un appel téléphonique d’un monsieur qui me dit : «Je voudrais pratiquer le modèle réduit…»
Nous échangeons quelques mots ; puis je lui propose de le rencontrer chez lui, afin de paramétrer le logiciel de simulation qu’il a déjà acheté.
Rencontre étonnante, avec un homme qui pourrait être mon père puisqu’il a une trentaine d’années de plus que moi.
Etonnante, car le bonhomme a dépassé allègrement la soixantaine, l’heptaine, l’octaine… mais qu’il a l’esprit étonnamment jeune.
J’ai déjà raconté l’histoire de cette rencontre dans un texte intitulé « Hymne à la joie.» (Voir sur ce blog)
Depuis cette date, nous avions pris l’habitude de nous revoir.
Pour parler,
De tout, et de rien.
Du temps qui passe…
Du modèle réduit bien sûr, pour lequel il s’était trouvé une tardive passion. Une de plus…
De l’informatique, pour laquelle il me disait : « Je sais bien qu’on doit tous mourir un jour, mais tant qu’à faire, autant pas mourir idiot ! »
Et malgré son âge avancé, mon ami Julien s’était équipé d’un ordinateur ; il s’était mis à surfer sur Internet, échangeait du courrier électronique…
De temps en temps, il faisait appel au SAV que je semblais être pour lui, afin de reparamétrer son logiciel de simulation…
Un jour, comme un gosse fier de son nouveau « jouet », il me sortit un appareil photo numérique. Ce fut encore l’occasion d’échanges fructueux.
Il avait plaisir à descendre dans son atelier, où il me parlait longuement de son ancien métier. Et comme j’ai toujours été fasciné par les horloges, je restais admiratif devant les comtoises sur lesquelles il continuait parfois à exercer son talent. Tel un chirurgien équipé d’outils spécifiques, il redonnait vie aux mécanismes, aux engrenages du temps…
Ainsi donc, mon ami Julien pouvait maîtriser le temps…
Autre facette du bonhomme, la peinture, mais pas n’importe laquelle. N’avait-il pas poussé la coquetterie jusqu’à placer sous la sonnette de sa demeure une carte de visite sur laquelle il avait mis son nom, ça va de soi, mais bien en évidence cette étonnante mention : « Aquarelliste ».
Et l’aquarelle à laquelle je n’y connaissais rien suscitait en lui des envolées lyriques. Il suffisait d’ailleurs de faire le tour des pièces de sa demeure pour admirer les innombrables tableaux qu’il avait réalisés.
Ce sujet débouchait traditionnellement vers son amour des « marines » qu’il traduisait magnifiquement. Avec un soin méticuleux pour les nuages. Presque obsessionnel.
Un Noël, ce fut d’ailleurs une marine au ciel « travaillé » qu’il décida d’offrir à mon épouse.
Autre sujet d’inspiration : l’Alsace, qu’il évoquait toujours avec émotion. « Ah ! Riquewihr… »
L’évocation de cette région très typée avec ses cigognes, ses maisons à colombages et ses vins particuliers, déclenchait parfois une petite soif, que nous étanchions selon notre humeur avec un thé, une bière, un jus de fruit… Mais quand c’était l’heure de l’apéritif, Julien dénichait dans son frigo quelque mini bouteille de Crémant bien frais que nous sirotions à petites gorgées.
En prenant notre temps…
C’était dans ces moments-là qu’il me parlait de son projet : organiser une exposition de ses toiles, afin de les mettre en vente au profit de la lutte contre la mucoviscidose…
« En aurais-je le temps ? » s’inquiétait-il parfois.
Tout au long de ma visite, j’étais fêté par la petite chienne Toscane qui semblait m’avoir adopté.
Tout comme elle avait adopté mon petit-fils qui m’accompagna chez Julien quelques rares fois.
Le vieil homme et l’enfant avaient rapidement sympathisé…
C’est sans doute la raison pour laquelle mon ami ne manquait jamais de me demander : « Comment va votre petit-fils ? Parlez-moi de votre petit-fils !»
Alors je me mettais à parler ; je lui donnais des nouvelles, qu’il semblait savourer.
Tout comme je savourais ses commentaires lorsque nous entrions dans les serres chauffées jouxtant sa maison…
C’était l’occasion de découvrir une autre facette du personnage, qui entretenait avec amour des plantes « exotiques ».
Qui prit un jour le temps pour venir spécialement à Bais afin d’en apporter une dont il fit cadeau à mon épouse, en lui disant avec malice: « Cette plante est particulièrement coquette : elle ne fleurit qu’une fois par an, ne donne qu’une seule fleur, et je crois que la floraison est imminente… »
Elle prit son temps…
Et lorsqu’elle fut enfin épanouie, je lui envoyai par courrier électronique des photos de la coquette.
Autre souvenir d’une rencontre étonnante, un jour où je me trouvais à Thouars sur le terrain d’aviation.
Je venais d’y faire évoluer un modèle réduit, et passant devant le bar de l’aérodrome, je suis hélé par une bande de jeunes exubérants qui me disent : « On a de la bière au frais, vous savez ! »
Pourquoi pas ? Je gare la voiture, je commande un demi. Et la discussion s’engage.
D’où il ressort que j’ai devant moi des adeptes du parachutisme, dont le club se trouve juste à côté. Des cascadeurs de nuages !
Dans la conversation, une jeune fille trouve le temps de me dire :
« Vous venez de la Mayenne… je connais quelqu’un qui, en Mayenne, pratique aussi le modèle réduit…
- Ah bon ? Et il habite où ? - A Mayenne… - Je le connais peut-être, comment s’appelle-t-il ?
- Julien !
- Julien… Julien… Ne me dites pas qu’il s’agit de… Julien D...t?
- Mais si ! C’est bien lui… C’est mon grand-père. »
J’en tombe des nues. En chute libre!!!
Tournée générale pour arroser la nouvelle ! Et prendre le temps d’évoquer le personnage !
Voici, glanés au fil de mes rencontres, quelques souvenirs de l’artiste…
Un « artiste » ! Tel était bien le personnage que familièrement j’appelais Papy Julien.*
Le Temps lui a fait un croche-pied.
Julien vient d’emporter ses pinceaux et ses couleurs.
Il s’en est allé peindre… les nuages.
Salut l’artiste !