humour et modelisme
Mise en boîte
MISE EN BOITE...
Le ciel est bleu, à peine troublé par quelques petits cumulus qui germent. Je viens de remorquer le Kilt de Jean-Pierre qui m'avait dit : "Grouille-toi, Michel vient de redescendre, et il lui a fallu pousser comme un malade pour rentrer, tellement il était dans une bulle musclée." Et en effet, le Super Bison a ramassé une claque sous l'aile gauche, indiquant que l'ascenseur est bien là. Largage sans histoires, puis un cri :
"M...., j'le vois plus !"
C'est Jean-Pierre qui nous fait comprendre son désarroi. Le Kilt a tellement bien profité de la bulle qu'il n'est plus visible.
"Mets tout dans les coins", dis-je alors.
En virevoltant dans le soleil, le planeur devrait lancer un flash à chaque tour de vrille... peine perdue. Au bout de… 10 minutes, il faut bien constater que nous ne le reverrons plus...
Trois jours plus tard, le pilote recevra un coup de téléphone lui annonçant que son planeur a été retrouvé... quelques centaines de mètres plus loin... mais plus vraiment neuf.
La perte de ce modèle me remet en mémoire une anecdote qui date du joli temps où je pratiquais encore le vol libre ; vous savez, cette forme d'aéromodélisme qui n’utilise pas la radiocommande...
En fin de journée, après une séance d'entraînement au treuillage, un magnifique planeur de 2,10 m d'envergure est prêt à se poser dans un coin du champ. La masse d'air en équilibre instable, perturbée par l'intrusion du modèle, décolle du sol, emportant avec elle mon oiseau de balsa, qui saute la haie... et disparaît derrière elle.
Recherche, quadrillage du champ de blé en long et en large avec l'aide de mes camarades. Rien n'y fait. Je ne retrouve pas mon fugueur. Je préviens le fermier de ma mésaventure. Je pose des papillons chez les commerçants avec la mention : Récompense à celui qui me le retrouvera (mon planeur, bien sûr). Puis les vacances arrivent. Et j'oublie... Jusqu’au jour où, rentrant de mes congés, je rencontre Monsieur D...., l'agriculteur chez qui mon planeur s'est envolé.
Je ne peux résister au plaisir de vous rapporter ses paroles, dommage que je ne puisse vous faire chanter le savoureux accent mayennais de cet homme de la terre. Témoignage de ce que devait être la langue française il y a quelques siècles. "Dites-donc, l'maît' d'école, vot' planeur. hé ben y n'était pas si loin qu'ça. On l'a r'trouvé. II est chez nous. V'nez donc un d'ces soirs, avant qu'on aille tirer les vaches ; on a tout ramarré les morciaux." Sympathique, le bonhomme, mais s'il parle de morceaux, c'est que mon planeur n'est plus tout à fait entier.
Le soir suivant, impatient de retrouver mon engin, je monte à la ferme.
En me voyant arriver dans la cour, "le Patron" s'adresse à sa femme :
"Hé, la patronne, va chercher l'avion du monsieur !"
En attendant, vous prendrez ben un p'tit coup de cidre, n'ce-pas ? "me jette-t-il. Quand du fond d'une pièce obscure, la dame lui demande :
"Où qu'c'est qu'tu l'as mis ?"
- "Mais si, tu sais ben, dans le bas d'l'armoire, la boîte à godasses..."
Et je vois revenir la fermière, portant, tel le Saint Sacrement, l'objet de mon culte. Non c'est pas vrai ? il n'est pas la dedans... Mon modèle de plus de 2mètres d'envergure est entré, sans chausse-pied, dans une boîte à chaussures de pointure 36 ! Et en gros sur le couvercle. avec une couronne, cette marque "DELUXE" ! "Quand qu'on l'a vu, la nuit, dans les phares de la moiss'batt, on a freiné ben vite, mais savez c'que c'est, ça s'arrète point comme ça ces grous engins là... Vot' machin, il a commencé à être moissonné. Mais vous r’collerez ben les morciaux !"
Le plus gros, de ces morceaux, il n'avait même pas la taille d'une de mes menottes.
J'avale vite une gorgée de cidre, avant que je ne m'étouffe. C'est ainsi que mon modèle fut mis en bière, et on lui fit des funérailles... en grande pompe, après l'avoir incinéré.
Renaissance d'une "gueule cassée"
Dans le texte intitulé "La galère", je racontais comment mon planeur avait fait naufrage en se fracassant au pied des falaises de Carolles. Le fuselage avait été englouti par la mer. Disparu à jamais sans doute.
Tel un pilleur d'épaves, j'avais réussi à récupérer seulement l'aile...
Fortement commotionnée, (pas autant que moi peut-être!), elle était du style "Gueule cassée"... cette expression me rappelant d'ailleurs mon époque "culottes courtes", où mon grand-oncle Jean m'envoyait acheter des billets au dixième de la Loterie Nationale... "une main innocente", disait-il!l
Mais face à cette aile esseulée et un peu "destroy", je ne pouvais rester insensible. J'ai donc entrepris de "restaurer" l'épave.
Petit à petit... un peu de colle époxy par-ci, un peu de colle polyuréthane par-là...
La voilure semblait reprendre goût à la vie.
Puis, avisant un fuselage qui traînait sur une étagère, j'ai tenté une greffe. Il s'agissait d'un motoplaneur nommé Diamant, qui possède encore sa voilure en parfait état de marche, elle!
L'adaptation n'a pas été trop difficile: l'intrados de l'aile du Prodij épousant parfaitement le fuselage du Diamant... Il a juste fallu insérer deux servos dans la voilure... (Sur le Prodij, ils étaient dans le fuselage...)
J'avais toujours envisagé de motoriser le Prodij, mais la place étant plutôt chichement comptée dans ce fuselage suppositoire... j'avais toujours remis au lendemin ce projet récurrent.
Je viens de procéder aux essais en vol de ma "nouvelle" machine: cela dépasse presque mes espérances les plus osées!!!!...
Le "nouveau" modèle nommé ProDiaJ (Contraction de Prodij et de Diamant...) pèse 876 grammes. (Contre 785 pour le planeur Prodij avant sa chute à la mer.)
ProDiaJ est équipé d'un moteur électrique bruhless X-Power 2820/12, d'un accu Lipo 1700mAh en 2S, et d'une hélice 10x8.
La machine possède un taux de grimpée fort intéressant: ça déménage!
Par temps neutre de ce jour, j'ai utilisé le moteur 3 mn 34, et le vol a duré 20 minutes. Apparemment, l'accu n'était pas vide puisque son voltage était encore de 7.56V à la fin du vol... (Vérification après recharge, l'accu a repris 1.2A pour 1.7A de capacité nominale.)
Ce qui maintenant m'encourage à refaire la peinture de l'aile... long ponçage en perspective... certes!
Mais je crois vraiment que le jeu en vaut la chandelle.
J'ajouterai plus tard des winglets en bout d'aile... comme ceux que j'avais confectionnés, mais qui sont partis à la mer... (voir photo ci-contre)
Et mon Prodij va revivre, sous une autre forme...
Qui a dit qu'il fallait jeter les épaves à la poubelle?
La galère
Hier au soir, mon fils Olivier me dit: "P'pa, demain samedi, entre deux passages dépressionnaires, la météo annonce une fenêtre sympa : un vent impec pour Carolles!" (site en bord de mer, dans la Manche, au pied du Cotentin, face au Mont Saint Michel)
Lui, il pratique le parapente après avoir longtemps tâté les manches d’un émetteur. Moi, je suis resté sur le plancher des vaches à piloter mes planeurs radiocommandés..
Nous nous retrouvons donc ce samedi vers midi au parking de La Croix Paqueray. Il a déjà volé une bonne heure.
Restau...
Puis dans l'après-midi, le vent vire lentement à l’ouest et monte en puissance: tous les parapentistes posent les uns après les autres. Y compris les delta-planes, pourtant moins mal à l'aise dans le vent... Moi je continue de faire évoluer mon Ippon en compagnie de 4 autres modélistes.
Après plus d'une bonne heure de vol, je décide de changer de modèle: je passe au Prodij, mieux adapté au vent du moment... Vingt minutes d'un vol tonique... Puis ma femme me dit qu'elle a froid, et elle décide de retourner à la voiture en compagnie d'Olivier et de sa copine Sophie..
"OK, dis-je, je pose..."
Mais avant, offrons-nous un dernier petit passage à donf pente à gauche, remontée fantastique (faut dire que la dynamique est joufflue !), léger virage à droite... Le planeur a presque effectué un 180° sans que je touche à grand chose… puis le modèle étant maintenant très haut, je le laisse plonger afin qu’il prenne un maximum de badin … mais ... que se passe-t-il... . merde, il ne répond plus !!!
Accélérant comme un dingue et maintenant vent dans le cul, le Prodij continue son léger virage en descendant, très stable sur trajectoire. Longues… et courtes secondes à la fois, où j'ai tout le temps de mesurer mon désarroi, incapable d'imprimer le moindre mouvement à mon modèle. Il va où il veut!!!! J'essaie d'évaluer le point d'impact futur, et je me dis qu'avec un peu de bol, il va emplafonner la planète vent arrière à mi-hauteur du talus... entre la crête et les rochers battus par la mer montante. Ce qui me permettrait au moins de récupérer quelque chose. Même en mauvais état...
Ben nippe, j'ai entendu un grand boum, mais j'ai pas vu où il a tapé... A pied de la falaise sans doute: dans l'eau, sur les rochers, sur le sable????
Aussi vite que possible, Olivier et moi nous descendons pour aller voir, mais la progression vers le bas est très difficile... http://www.francevuesurmer.com/grand.php?id_photo=2206
Car la putain de végétation nous bouffe les genoux, les cuisses, les mollets...
Je suis tombé je ne sais combien de fois... J'en ai perdu ma casquette favorite, que je n'ai pas retrouvée...
Et puis nous avons fini par apercevoir l'aile ballottée par les flots, surfant magnifiquement à la crête des vagues et galopant vers le petit bout de sable qui restait à découvert. Puis après quelques courts moment d ‘hésitation, elle semblait vouloir repartir comme à regret vers la mer sous l'effet du ressac. Etait-elle attirée par le chant des sirènes lui ayant promis de jouer avec les gentils dauphins ?
Olivier a fini par récupérer l'aile... mais aucune trace du fuselage dans la petite crique que l'on ne pouvait voir d'en haut.
Je suis remonté de mon côté, totalement épuisé...
Tentant une autre voie qu'il pensait moins épineuse, mon fils m'a remonté l'épave de l'aile... qui est bonne à jeter. C’est sûr! Et quand je dis qu'elle est bonne à jeter, ceux qui me connaissent savent qu'elle a dû vraiment morfler pour que je dise une chose pareille!!!! Même sous l'effet du dépit!!!!
J'ai souvent réparé des trucs que d'éminents spécialistes de la résine et du tissu de verre n'auraient jamais tenté de réparer!!! Cette fois, je jette l'éponge.
L'origine de ce crash? Je pointe très fort du doigt l’accu réception qui a pu tomber en rade, une prise qui a lâché, la réception radio... ???
Jamais je ne saurai.
Mais les gouvernes n'ont esquissé aucun mouvement durant la descente aux enfers... dans le cas d’un brouillage, les symptômes auraient été très différents.
Je perds donc presque "corps et biens" un très bon modèle... avec tout son équipement radio.
Malgré la grosse toile de mon jeans (fichu lui aussi !) j'ai les jambes en feu, lacérées par les épines et les ajoncs. Les mains pleines de piquants. La tête dans le sac.
Et comme le disait mon ami Pierre, qui a connu une mésaventure un peu similaire avec son aile volante Fauvel : «Il persiste après coup, comme une rage, que rappelleront sans cesse les griffures et autres épines qui vont mettre des mois à bien vouloir sortir de la couenne. »
Sûr que je vais passer une très mauvaise nuit!
PS1: Ceci dit, faut quand même relativiser; ce qui m'arrive n'est que perte matérielle. Un incident portant sur le physique est nettement plus "douloureux"! Plaie d'argent n'est pas mortelle, dit-on!
PS2: Si je peux me permettre d'ajouter ce commentaire à propos de mon Prodij:
Y a-t-il un pilote dans lavion ?
Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Question banale il est vrai, surtout en ce qui concerne nos modèles réduits, puisque par nature, ils sont pilotés du sol ! ! !
Mais cette simple interrogation est à la base d’un bon nombre de blagues mises sur pied par les grands gamins que nous sommes.
Déjà au temps des hélices, les aviateurs de “ grand papa ” agrémentaient les meetings en campagne avec la séance d’Adémaï aviateur. Le speaker captait soudain l’attention des spectateurs en annonçant qu’un type inconnu, ne sachant sans doute pas piloter, venait de “ dérober ” un avion… Et il s‘évertuait dans le micro à donner des conseils que le type se trouvant dans l’avion ne pouvait forcément pas entendre. La supercherie marchait à tous les coups ! ! ! Un “ vrai ” pilote se trouvait dans l’avion, un bon comme on dit ! Il était le plus souvent aux commandes d’un Stampe ou d’un Piper Cub, auquel il faisait subir tout un tas de pitreries du style décollage sur une roue, glissade très prolongée, ratatouillage de moteur… et le commentateur complice en rajoutait une louche afin de faire frissonner la foule des spectateurs. Succès garanti à chaque fois.
Ce numéro, combien de fois l’avons-nous repris à notre compte lors de nos “ démos ” d’aéromodélisme. Un émetteur bidon était tendu à un spectateur “ innocent ”, mais un vrai néophyte à qui on faisait croire que c’était facile, et qu’il n’aurait qu’à suivre nos conseils… Il va de soi qu’un pilote chevronné s’occupait en cachette du modèle réduit auquel il imprimait des cabrioles propres à émoustiller le public complaisant. Et là encore, succès garanti…
Cette aventure se décline sous d’autres versions, dont celle que je vais vous narrer, mais dont je n’ai pas été témoin ! Dommage…
Et c’est un modéliste, un vrai, qui cette fois en fit les frais.
Imaginez une bonne dizaine de galopins réunis pour une séance de vol de pente. L’un d’eux subtilise le quartz émetteur avant le vol de la victime … Au moment du lancer, c’est bien évidemment un autre pilote qui, bien planqué, gère le vol du planeur. Mais “ bizarrement ”, notre piégé semble troublé. Les complices scrutent ses faits et gestes, attendant quelque commentaire. Quand il finit par lâcher : “C’est curieux, mais ce planeur, je ne le sens pas comme d’habitude ; il a un comportement étrange ! ! ! ”
Son propre fils, complice, se voit confier l’émetteur “ inactif ” et clame bien fort (à l’intention du “ vrai ” pilote qui se montrera obéissant pour sûr !) : “ Ben non, regarde, il va très bien ce planeur. Ordre à piquer, il pique, ordre à cabrer, il cabre. Pour un looping et hop ! Tu vois bien, il va tout seul, ton planeur ! ”
Fort étonné, le père reprend les manettes…tâte les commandes… mais il est bien évident que son scepticisme ne peut s’améliorer. Car il constate que « ça fait pas comme d’habitude ! »
« Je vais poser, » confie-t-il.
Et le planeur se pose.
Je ne vous décris pas la magouille à laquelle il avait fallu se livrer afin que la blague réussisse.
Il paraît même que trois vols furent ainsi réalisés dans ces conditions.
Le soir, tout ce petit monde se retrouva à la crêperie. Et notre héros ne cessait de dire : « C’est bizarre, mais mon planeur, aujourd’hui, je ne le sentais vraiment pas. Il doit être complètement déréglé ! »
Et les autres de lui affirmer que non, ce planeur était fort correct…
Mais la plaisanterie ne pouvait durer qu’un temps… La cruauté a ses limites!!!
Et on finit par lui avouer la blague.
Dès lors, notre piégé, pas rancunier pour deux sous, se contenta d’ajouter :
« Ah... Je me doutais quand même bien qu’il y avait un truc ! »
Aux pieds!
Aux pieds !
Le modèle réduit, c'est le pied, à condition bien sûr de maîtriser son modèle, et de ne pas piloter comme un pied. Et bon an mal an, nous accumulons ainsi bon nombre de souvenirs au fil des années.
Chacun de nos modèles, par exemple, nous marque plus ou moins. N'avez-vous jamais dit de l'un d'eux qu'il était gentil, lorsqu'il pardonnait généreusement vos erreurs de pilotage ?
Dans votre panoplie, vous avez dû également rencontrer des trucs bizarres avec des réactions pas toujours très saines et que vous n'arriviez pas forcément à comprendre. Ceux-là étaient assurément affublés de qualificatifs comme vicieux... (il en existe bien d'autres, mais la décence m'oblige à ne pas les citer) indomptables, capricieux, que sais-je encore ?
Cela ne vous est jamais arrivé ? Je vous vois sourire... Oseriez-vous cacher que certains sentiments vous lient, vous et vos "petits avions" ?
En ce qui me concerne, j'ai des modèles avec lesquels le courant passe bien, et d'autres que j'affectionne nettement moins, pour les raisons invoquées un peu plus haut. S'il m'arrive de casser l'un d'eux, j'en éprouve moins de regrets. En août 1981, j'avais un planeur tout jaune, de 2 mètres d'envergure, équipé 3 axes, planeur avec lequel mon fils avait fait toutes les pitreries possibles (lorsque je n'étais pas présent sur la pente... ! A savoir jeu de quilles avec des maxi bouteilles d'eau minérale, atterrissage volontaire en vol dos, percussion (involontaire) en vol...
Et dans un grand élan de générosité, mon rejeton m'avait dit cet après-midi là : "Tiens, P'pa, j'te l'prête !" Il pouvait bien le bougre, c'est moi qui l'avais construit ce planeur !
Après quelques minutes de vol, je me mis à préparer l'atterrissage. Quand j'entendis soudain derrière moi quelqu'un crier : "Aux pieds !" (vous voyez que les pieds jouent un rôle important en modèle réduit ! A qui s'adressait cet ordre ?
A moi ? Peut-être, après tout ? C'est vrai qu'on est très fier de l'effet produit sur la galerie quand on pose le modèle pas très loin de ses pieds : cela prouve en tout cas qu'on maîtrise suffisamment le pilotage si on réussit fréquemment ce genre d'exercice.
Au planeur ? Pourquoi pas ! Je vous ai déjà parlé d'un prototype à commande vocale, mais le dit planeur n'en était pas équipé. II est possible aussi que le galopin ayant donné cet ordre se soit adressé à son chien. Ou bien qu'il ait compris que entre le planeur et moi, s'étaient noués des liens d'amitié comparables à ceux qu'échangent un chien et son maître. Le "aux pieds" n'est-il pas utilisé par l'homme qui veut montrer sa domination sur l'animal ?
Et puis après tout, si j'essayais de me l'amener effectivement "aux pieds". Vous n'avez sûrement jamais succombé à ce genre de défi ; vous êtes de marbre, vous ?
Je me campai donc sur mes deux pieds, dos au vent et à la pente, le planeur revenant face à moi. La brise étant assez soutenue, il me fallait garder au modèle un peu plus de vitesse qu'à l'accoutumée. Pas mécontent du tout de mon approche ; à dix mètres de moi, le planeur se présentait bien dans l'axe, les ailes à plat. J'étais même obligé de pousser un peu à la profondeur afin de ne pas le voir repartir au trou. Cinq mètres : c'est tout bon, je pique encore un peu. Ça y est, le fuselage caresse la bruyère, glisse un peu, puis sous l'effet d'une rafale (si, c'est plus glorieux que d'avouer qu'il s'agit d'une fausse manoeuvre de ma part) le planeur redécolle. Ah, M...! Je pousse alors à fond le manche de profondeur et... Clac ! Imaginez la scène : mon gentil planeur se posant sèchement, l'avant du fuselage coincé entre mes deux jambes, et les ailes s'arrêtant au contact de mes chers tibias, après avoir exprimé leur satisfaction dans un craquement joyeux.
Les deux bords d'attaque étaient enfoncés jusqu'au longeron ; et je garde le douloureux souvenir d'un atterrissage "aux pieds".
Ce planeur, qu'est-ce qu'il était docile, et bien dressé.
Ne venait-il pas de se blottir contre moi, afin de me montrer toute son affection ? Touchant, n'est-ce pas ?
Texte rédigé en 1987
Illustration de Gérard Pierre-Bès
Argument choc
Argument choc
Une brave Mamie assise au bord du trou Que fréquentent aux vacances une bande de fous, Tricotait, à l'abri du vent et des rafales, Tout près de sa voiture, un gilet, ou un châle.
Et pendant ce temps-là, ses trois petits-enfants Prenaient un grand plaisir dans cet air vivifiant A faire évoluer des planeurs bien gentils, Tels le bel Amigo, ou le joli Dandy.
Tout ce monde était pente ouest installé, Sur ce très fameux site qu'est l'imposant Ménez. Dans l'air sifflaient Akro, Griffon, ou quatre mètres, Chacun étant très fier de s'en montrer le maître.
Quand un delta soudain son atterro rata, Percutant la voiture, abri de la "mama". Lors, l'un des chers mignons lança tout guilleret : "Depuis l'temps qu'tu voulais en voir un de tout près !"
Quelques commentaires:
Cet épisode est survenu au Ménez-Hom, il y a bien longtemps (1990 ?) ! La famille Dandy était ainsi surnommée parce que les garçons et le père évoluaient avec ce mythique planeur... Mais elle était souvent au complet sur la pente : la mère, la grand-mère, le père et les fils. Tout ce monde arrivait à bord d’une grosse Peugeot… l’immense aile volante Griffon parfois arrimée sur le toit !!! La Mamie passait le temps à tricoter, les enfants et le père passaient le temps à s’engueuler… parce qu’ils envoyaient leurs « Dandys » presque systématiquement « au trou » ; la mère, quant à elle, passait le temps à... ne rien dire.
Jusqu’au jour où un pilote de deltaplane passa vent arrière, rata son atterrisage, et se mettant à hurler « Attention », vint percuter brutalement l’avant de la voiture, alors que la brave Mamie était adossée contre la carrosserie, affairée à croiser les aiguilles à l'abri du vent.
C’est donc à cette occasion, à la fois « percutante » et cocasse, et dans la mesure où l’infortuné pilote s’en tira simplement avec de belles contusions et des tubes tordus sur son appareil, que l’un des petits-fils s’adressa à la Mamie apparemment peu décontenancée : « Ben… depuis le temps qu’tu voulais en voir un de tout près ! »
Inutile de dire que si le pilote se tenait les côtes de douleur, nous autres, nous nous tordions les côtes… de rire.
Mais il me faut ajouter que j’avais complètement occulté cette histoire. C’est parce que mon compère Gérard Pierre-Bès m’a envoyé tout dernièrement quelques planches de ses dessins que, fort intrigué, j’ai repris ma collection de MRA… pour y retrouver le poème et ses illustrations ! (parution juillet 1991)
Merci à GéPéBé d’avoir ainsi rafraîchi ma mémoire, et surtout de nous avoir fait profiter de son talent !
Céhixe et Vézède
Plouf
Plouf
Comment ça? Vous ne connaissez pas le Plouf?
Mais il s'agit d'un adorable petit planeur conçu par Antoine Lomberty et publié par Laurent Berlivet dans la revue Looping (N° 49 Février-Mars 1998… comme le temps passe!). Notons au passage que l’article était sous-titré « le poison volant » … Avec un "s" supplémentaire, cela deviendrait le poisson volant... Curieux, non ? Ses concepteurs n’avaient pas prévu le coup… Mais n’anticipons pas !
…
Ce Plouf, une bouille d’enfer avec un élégant empennage papillon…. Une masse de 120 à 200grammes selon finition et 72 cm d’envergure ! Ridicule !!! Je connais pourtant des adeptes de « grands » planeurs qui ont fait joujou avec cet amusant petit oiseau
Parmi ces « grands garçons », Olivier Segouin est de ceux qui ont craqué pour un Plouf
Et voyez donc la suite.
Tous les soirs, notre Olivier fait voler sa bestiole au-dessus de la plage de Lestrevet.
Et tous les soirs, les mêmes commentaires de ses copains (jaloux ?).
« Ton Plouf, à force de faire le pitre avec, tu finiras un jour par l'envoyer à la baille où il fera… plouf! »
Et un soir, allez savoir pourquoi, le petit oiseau se met à entamer une joyeuse sarabande, monte descend, virevolte, se cabre, puis se met à plonger tel un macareux qui vient d'apercevoir un poisson à portée de bec.
Mais, et là réside la principale différence avec l'oiseau au gros bec coloré, le Plouf attaque sauvagement la surface de l’eau, mais il ne s'enfonce pas, lui… trop léger ! Il flotte: insubmersible!!!
Jamais on n'avait vu la grande stature d'Olivier courir aussi vite pour descendre sur la plage.
Et d'entrer dans l'eau en courant, dégageant de grandes gerbes d'eau étincelant sous le soleil couchant.
Retour au camping... plaisanteries, mise en boîte... Bien évidemment.
Mais le bougre n’avait pas dit son dernier mot.
Je n’ai pas assisté à la scène… J’aurais bien aimé pourtant !
J'ai rencontré Olivier l'année d'après... A qui les copains n'ont eu aucun mal à faire raconter ses déboires.
Mais lui, très malicieux d'ajouter:
« Hé les gars, vous avez rien compris. Vous étiez les premiers à dire que mes clés d'aile avaient un poil de jeu. Ben maintenant, grâce à la thalassothérapie et au bénéfique traitement par eau de mer, l'acier des clés a un poil pris de la rouille, et les quelques dixièmes d'expansion me permettent maintenant d'avoir un ajustage pile poil! »
Ce plongeon sur la plage de Lestrevet, c'était entièrement programmé »
Ben voyons !!! Faut pas s'empoisonner l'existence!!!!
Mais ne vous avais-je pas prévenu que l’article sur le Plouf était sous-titré… « le pois(s)on volant » ???
Joyeux Noël Meilleurs voeux
Et en cliquant sur les adresses ci-dessous, vous aurez droit à une gentille animation!
http://www.icq.com/specials/christmas_2006/
http://www.icq.com/specials/newyear_2007/
Quand une connerie doit être faite .
Quand une connerie doit être faite….
Dimanche: Ce dimanche matin donc, j'avais zieuté sur le Net la météo qui annonçait vent du SO pour cet après-midi, avant l'arrivée de la pluie. Et les prévisionnistes ne se sont pas trompés, puisque actuellement il pleut. (21h30) Mon copain Noël que je rencontre ce matin me dit que s'il y a séance de VDP, il est partant. Il vient donc me chercher vers 14h. Nous enfournons le matériel dans sa voiture. Et nous voilà partis gaillardement vers le site en question nommé La Roche. Il lance son Bella V : ça tient nickel. Ouateux, sans secousses... et ça porte partout. Je commence à assembler mon Dragonfly, mais ça se présente mal car les prises ne veulent plus rentrer dans l'emplanture de l'aile... auraient-elles "gonflé"? Je parviens enfin à enquiller le tout, vérification des gouvernes, du moteur… et je lance. Ouais, ça porte impeccable... partout! Un petit essai moteur pour voir si ça frétille (parce que la deuxième sortie de mon modèle n’a pu se conclure par un vol tant les servos frétillaient dès la mise en route du moteur ! mais aujourd’hui au sol ça frétillait pas...) Ben non, tout va bien… sauf que le frein moteur n'est pas en fonction, et la grosse batteuse mouline en permanence... J'atterris, je bricole la programmation; pensant avoir réussi, je relance: nippe, ça mouline toujours.
Bon, je pose, on verra ça à l'atelier (sage, le mec, hein?)
Je décide alors de sortir mon Solution électro... je lance et c'est parti pour presque une heure de rêve.
Noël, fatigué de voler (une heure à la pendule quand même) décide de poser, mais ratant son approche il pose... dans un chêne.
Il récupère son modèle assez facilement ( Le Bella couleur lilas pendouillait fort heureusement dans des branches basses)
A mon tour, j'atterris... heu-reux!
Mais tout pendant le vol, cette lancinante question me taraude la cervelle: "Pourquoi diable est-ce que je n'arrive pas à programmer ce contrôleur?"
Et, mes deux modèles posés au sol, je décide de me repencher sur le problème avec l'aide de Noël, qui me lit la notice que j'avais emportée, et moi j'obéis. « Allumer l’émetteur, mettre le manche de gaz plein pot, allumer sur le planeur attendre les bips… baisser le manche… »
Quand enfin, après plein de bips et de mélodies agaçantes, le frein semble enfin programmé. (Ah, si j'avais acheté la carte de programmation qui va avec le contrôleur... mais elle était en rupture de stock lorsque j'ai passé commande...)
Et moi tout content, d’annoncer : « Ah, puisqu'on a enfin réussi, faut voir ce que ça donne en vol maintenant ! » J’empoigne le fuselage du Dragonfly, et je jette... il amorce une très légère descente, je tire sur le manche de profondeur, et boum: le nez dans la terre molle... Fin du vol !!!!
Totalement dépité, je pointe mon nez sur l'émetteur, qui m'affiche... Solution!!!
Quel con, trop préoccupé par ce contrôleur que je n'arrivais pas à programmer, j'ai oublié de changer de mémoire!!!! Le fuselage est cassé là où il l'avait déjà été, mais cette fois carrément en deux, ; dans mon souci de réparer « léger », j’avais dû un peu trop lésiner sur la camelote. Seules les deux cordes à piano glissant dans les gaines de commande profondeur/direction m'empêcheront de désolidariser les deux bouts dans le champ, faudra attendre sagement d'être revenu à l'atelier... Afin de ne pas endommager davantage ce fuselage endolori, je le scotche le long de celui du brave Solution qui servira ainsi d’attelle (et les attelles, ça me connaît !)... je range ça dans mon sac à dos, et nous rentrons par le petit chemin creux.
.../...
Il est 21h30: J'ai eu le temps de réparer les gaines direction et profondeur dont le plastique était brisé en trois endroits différents.
J'ai recollé les deux morceaux du fuselage avec de la résine époxy+ tissu de verre... c'est en train gentiment de durcir. Un servo a encore vomi ses dents... Sur ces fichus volets de taille démesurée, il va me falloir songer à mettre des servos avec des pignons métalliques...
Mais ce Dragonfly en est à sa troisième sortie. Première séance : cassé Deuxième séance : pas de vol pour cause de frétillements… Sombre histoire de pattes sur un accu lipo… je vous raconterai !
Troisième séance : cassé ! Mais aujourd'hui mon Dragonfly a cependant battu deux records: celui du vol le plus long de sa naissante carrière, avec près de dix minutes... et celui du vol le plus court, avec un planté dès le lancer!
Ne vous ai-je pas confié que j'avais acquis une certitude: certains modèles naissent sous une mauvaise étoile!!! Et mon Dragonfly est de ceux-là!
Ah, j'ai oublié de vous dire: ce matin, je m’en vais chercher le journal dans la boîte aux lettres, et lorsque j'étale la gazette sur la table, en sort une gentille araignée, que je me fais un devoir d'écrabouiller...
Mais ne dit-on pas: "Araignée du matin, chagrin"?
Ouais, je sais, faut pas être superstitieux, ça porte malheur!!!
Bon, il se fait tard. Mes enfants ne m'ont pas accordé ce gentil surnom pour rien: Commandant "Couche-tôt", Je m'en vais donc me coucher: demain m'attend une longue séance de ponçage, enduit, peinture... et un travail dentaire sur le servo endommagé. Et si des fois je voyais une araignée avant de tomber dans les bras de Morphée: "Araignée du soir, espoir..."
Mais, revenant sur les causes de mon planté de fuselage lors de ma sortie du jour, je serai un bon moment avant de m’endormir, devisant sur cette étonnante pensée : « Quand une connerie est à faire… tôt ou tard, elle sera fatalement faite ! »
Lundi: ponçage, collage, ré-entoilage sont les trois mamelles du "casseur"!
Mardi: : Pour sa quatrième sortie, mon Dragonfly Strong réparé a enfin vaincu le signe indien qui semblait le poursuivre.Il vient d'effectuer une heure de vol en pente, sans vent... le tout ponctué par quelques atterros afin de faire bip-bip par-ci par-là sur l'émetteur. Il y a encore quelques peaufinages à apporter sur le dosage des gouvernes... M'enfin, on continuera un autre jour. Très gentil modèle. On dirait piloter un Amigo II échelle 1.75. Je me suis tout de même offert une boucle et un tonneau... C'est sans doute pas son domaine de prédilection. Dérive hyper efficace qui permet de craber le modèle à l'atterro pile poil comme on le souhaite. Crocos sympathiques et atterro confortable. Moteur tonique... Bref... ce soir, je me coucherai heureux!
PS: la photo ci-dessus a été réalisée avec un appareil numérique sans zoom tout en pilotant!