humour et modelisme
Easy Glider... glandeur





Peine perdue (pas vraiment)
Faire voler son p’tit avion est généralement source de plaisir(s) intense(s).
Ainsi notre ami "Klaus Trophobe" s’en donnait-il à cœur joie ! Campé sur ses deux pieds, il savourait les évolutions de son petit avion, lui faisant décrire de nombreuses courbes dans l’azur du ciel. Les oiseaux chantaient en ce début de printemps. Quant à lui, il pouvait savourer les bienfaits de la campagne, lui qui se trouvait à plusieurs kilomètres de la ville et de ses nuisances. Et de plus, il se trouvait (forcément) en plein air ! ! !
Ah, j’ai oublié de vous dire que notre ami Klaus n’apprécie pas du tout le vol en salle (d’où son surnom, issu bien évidemment de sa claustrophobie !)
“ A moi les grands espaces, la liberté, l’air pur ! ”
Tout un programme, n’est-il pas ? Mais à force d’entendre Klaus le clamer à tous vents, l’avion lui-même n’avait-il pas enfin compris…
Toujours est-il qu’à un certain moment, le modèle semble rétif aux ordres impulsés… et il apparaît de plus en plus clairement que le petit avion a décidé de prendre la clé des champs !
Il est libre ! ! ! Il fait ce qu’il veut, et n’obéit plus du tout aux injonctions de son maître ! ! !
Klaus est atterré, il ne pourra plus le faire atterrir à sa guise! ! !
Le fugueur adopte ainsi une trajectoire quasiment rectiligne, et “ vent dans le cul ”, il file maintenant vers de nouvelles aventures… telle la chèvre de monsieur Seguin.
Rencontrera-t-il le Loup ? L’avenir nous le dira peut-être !
Vite, Klaus monte dans sa voiture et file dans la même direction que son avion….
Peine perdue. Aucune trace de l’appareil.
Il faut vous dire aussi que nous évoluons sur un terrain utilisé également pas des ULM. C’est pourquoi notre ami Klaus s’en alla tout naturellement trouver un “ Ulmiste ” de ses connaissances, à qui il demanda d’effectuer quelques vols de re-connaissance...!!!
Mais il fallut se rendre à l’évidence : le fugueur s’était évaporé dans la nature.
Notre Klaus Trophobe décida donc de faire paraître une petite annonce dans la presse locale, et il attendit…
Il attendit… et finit par recevoir Mais voyons plutôt comment le “ trouveur ” rapporta l’histoire.
“ Un soir, j’allais dans un champ pour voir comment poussait mon colza. (C’est beau le colza en fleurs, ça donne des champs tout jaunes !) Et là, qu’est-ce que je vois ? Un bidule étrange. Ben, j’prends un bâton, et je tape un peu dessus, pour voir comment qu’ça allait réagir… Vous savez, on voit tellement de choses à c’t’heure !
Et le bidule, y réagit pas. Ben, " laisse donc ça tranquille" que j’me dis, on verra ça demain !un coup de téléphone. C’était un agriculteur voisin qui l’informait que….
Le lendemain, le bidule il était toujours là ; je tape dessus un p’tit coup avec mon bâton*… Y bouge toujours pas…
Ben j’vais le laisser là quand même, y gène point là où qu’il est ! ”
Se passe ainsi une semaine, où notre “ trouveur ” rend périodiquement visite à son objet insolite.
Jusqu’au jour où, se rendant au village afin d’y faire quelques emplettes, et en causant comme ça “ à bâtons rompus* ” ! il apprend qu’une petite annonce… récompense, N° de téléphone…. Vous devinez la suite.
Notre “ trouveur ” contacte donc Klaus Trophobe, et ils conviennent d’un rendez-vous.
Au cours de la conversation, le paysan dira : “ Ben j’croyais au début qu’cétait un sac en plastique distribué par les grandes surfaces et que le vent aurait emporté. On en récupère pas mal du côté d’chez nous. C’est pas croyable c’que ça pollue ces trucs-là ! ! ! ”
Klaus tenta de garder son sérieux, remercia vivement son hôte et récupéra ainsi son avion.
Ce dernier n’avait pas vraiment souffert de son séjour en plein air. Il avait heureusement bénéficié d’une période où il n’était pas tombé une seule goutte de pluie. Mais il fallait quand même bien trouver la raison de cette fugue ! C’était tout bêtement une soudure qui avait lâché sur l’interrupteur.
Cette histoire se déroula début avril… à l’époque où “ fleurissent ” les poissons du même nom.
Et pourtant je peux vous certifier qu’elle est parfaitement authentique.
Mais il n’empêche que depuis, je me pose la question de savoir si à force de voler dans un espace un peu trop réduit à leurs yeux, certains avions ne seraient pas devenus eux-mêmes claustrophobes ?
Avec l’impérieuse envie de conquérir les grands espaces ? ? ? ?
Je hais les mouches !



Sciences expérimentales
Mon copain Marc est de ceux que la nouveauté technologique attire. « Il faut vivre avec son temps », dit-il fréquemment, le visage illuminé par un large sourire qu'enjolive une barbe f
Pensez également que nous avons procédé à des atterrissages entièrement automatiques sur un trainer (Aéro 40). Mise dans l'axe du vent, passage au ralenti (pas complètement baissé), et on pose l'émetteur par terre: l'Aéro 40 a toujours rejoint le sol sans problème. Moi qui suis "un vieux de la vieille", j'avais du mal à admettre qu'un "cerveau" fait de composants électroniques et de fils de cuivre puisse ainsi détrôner l'Homme ! Enfin "Faut vivre avec son temps !" n'est-il pas ? Convaincu depuis longtemps que l'informatique est une technologie incontournable, notre ami Marc fait transiter nombre de ses travaux par le clavier de son PC. Internaute averti, il signale tout bon site que chaque modéliste se doit d'aller visiter. Sevré de vol par moments, il n'hésite pas à recourir aux simulateurs RC que l'on a vu fleurir ces derniers temps.
Un as du joystick, notre ami Marc. Et il n'hésite pas à nous le prouver fréquemment.
C'est ainsi qu'un bel après-midi ensoleillé, il fit décoller son Aéro 40. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Le moteur ronronnait sagement. Et Marc prenait son pied! Quand tout à coup: "Merde, j'le vois plus !'
C'était Marc ! Il venait de perdre le contact visuel avec son modèle. A quelques centaines de mètres de notre piste se trouve une ferme entourée de conifères. L'Aéro 40 passa derrière les arbres... et on attendit qu'il réapparaisse de l'autre côté..."No problem, i have my FIight Controller ! `
Nippe ! Rien ne réapparut !
C'est alors que commença une longue recherche. Tous les copains présents arpentèrent les environs de la fermette, regardant en haut, regardant en bas. Point d'Aéro 40. Le triangle des Bermudes commençait à nous hanter.
Nous prîmes des échelles pour aller explorer le toit des maisons ou des hangars. Toujours point d'Aéro 40.
Une petite mare se trouve non loin... exploration... Toujours point d'Aéro 40. C'est alors que, se reculant dans son champ, le fermier nous dit, pointant du doigt : "Vous êtes mirauds, les gars, r'gardez-donc ! Il est là vot' machin !" Tout perché au sommet d'un conifère !
Commença alors la séquence récupération : échelles, cordes, tournevis pour démonter le bidule. Descente précautionneuse de l'aile, puis du fuselage, comme pour des alpinistes au bout d'un filin. Ah que nous étions contents !
Et Marc aussi ! Examinant les menus dégâts infligés à son modèle, il lâcha très satisfait: "Cette fichue biellette commandant la roue avant, ça fait longtemps qu'elle m'emm... à se déboîter, à casser. Eh ben là, elle a tenu le choc ! J'crois bien avoir enfin trouvé LA solution !"
C'est sur ces douces paroles d'un partisan convaincu des mondes virtuels que nous restâmes pantois, et sans voix. Afin de rompre le silence, Marc se contenta d'ajouter:
« Rien ne vaut un bon test pour de vrai, non ? On fait bien des crash tests avec des voitures ou des avions... »
C'est peut-être ça les sciences expérimentales... Mais j'en conclus tout de même que, à l’époque ou survint cette histoire, notre ami Marc avait dû regarder avec trop d'insistance à la TV les spots publicitaires avec la belle Claudia Schiffer: elle y vantait les mérites et les charmes... des coussins gonflables utilisés chez Citroën ! ournie.
Dantesque




Les guignes ou la guigne?

Micro planeur Virus
Virus, le micro-planeur
Ah! il est des fantaisies qui paraissent anodines lorsqu'on les concrétise, et qui reviennent périodiquement, telles le rhume des foins !
Infection virale ? allez savoir !
Je veux parler d'un tout petit modèle de planeur sorti de ma cervelle vers 1985.
Je me souviens fort bien d'un dimanche pluvieux, le nez collé au carreau, privé de vol depuis un certain temps; et dans la tête, des idées qui trottent; et soudain un morceau de papier, un crayon, un micro-servo.
Je me rappelle avoir dessiné le fuselage autour de cet unique servo qui coûtait la peau des fesses, de son homologue en balsa ! (Je n'en possédais qu'un seul exemplaire)
Ben oui, j'avais décidé de réaliser un planeur le plus petit possible. C'était l'époque où certains avaient embringué le chemin du « petit gros », et moi, j'avais pris le contre-pied. Tout comme d'autres d'ailleurs ! Ils avaient pour nom Patrick Nicolas qui publiait dans Modèle Magazine; ou encore Didier Cervera avec son Jazz (l'actuel complice de Jean-Louis Coussot dans Fly)... ou encore Philippe Mathiot et son micro ASK 21...
C'était l'époque où Guy Revel étalait des articles sur les profils et les polaires dans des revues. Je me souviens d'ailleurs d'une rencontre au Salon du modélisme où nous avions échangé nos points de vue. J'avais déjà commis quelques « microbes », et lorsque Guy m'avait demandé où j'en étais au niveau taille de mes planeurs, je lui avais répondu que j'envisageais un modèle encore plus petit que le précédent, compatible avec les éléments des radiocommandes de l'époque !
Et il m'avait asséné : «Ben mon vieux, à ces dimensions de corde-là, ton profil ne peut plus porter ! Les calculs le prouvent ! »
Et moi d'ajouter calmement. « Bof! Tu connais le camarade Sikorsky, l'homme des hélicos ? Ne disait-il pas que les calculs mathématiques débouchent sur le fait que le bourdon ne peut
pas
voler. Mais comme le bourdon ne le sait pas, lui, il s'en moque, et il vole !!! »
C'est sur cette « galipette » aérodynamique que je m'en étais tiré! Jusqu'à ce jour où je mis sur du papier d'autres coups de crayon. Avec objectif que le plan tienne encarté dans la revue MRA, et à échelle 1 ... Fallait être un peu fou !
Le modèle fut fini dans la soirée, fit ses premiers essais quelques jours plus tard après que j'aie eu cassé ma tirelire pour un second servo. Mais l'un des atterrissages se solda par un nez à la « bouledogue »! Il y avait donc quelques « détails » à reprendre !!!
Détails qui furent repris, et la bestiole se mit à voleter, puis à voler, à la grande surprise de mes camarades de club.
Je me mis en devoir de rédiger un « papier », tirer quelques photos, et j'envoyai le tout à Pierre Rousselot, alors directeur de la revue MRA dans laquelle j'avais déjà commis plusieurs articles. Je reçus quelques jours plus tard une carte de visite à la sobriété coutumière : « Bien reçu vos documents. Amitiés. Pierre »
Et puis ce fut le silence radio.
Jusqu'au jour où je reçus une autre carte de visite, un peu plus « bavarde » celle-là. Dans laquelle mon rédacteur en chef me disait : « Lorsque j'ai vu votre plan, j'ai cru à un poisson d'avril. Ce Munoz est suffisamment facétieux pour se permettre de telles fantaisies. Son modèle ne volera jamais. Mais j'ai voulu en avoir le coeur net. J'ai envoyé un plan vers un modéliste du Nord de la France, et un autre plan vers le Sud, demandant à ces bêta-testeurs de construire, et de me retourner le résultat de leurs investigations. Les deux ont été unanimes pour dire qu'ils n'en croyaient pas leurs yeux, et que la bestiole les avait séduits ! Le Nordiste ayant même perdu son modèle absorbé par une ascendance !!!
J'ai donc décidé de publier .»
C'est ainsi que ce planeur à la taille de confetti parut dans MRA en novembre 1986.
C'était l'époque où je possédais un ASK21 Roedel de presque 4 mètres d'envergure : je pouvais loger facilement mon Virus dans l'habitacle de ce « monstre ». Je me souviens également être arrivé un jour sur une pente du Pays Basque, mon émetteur en bandoulière. Et les copains de me dire : «Ben t'es malade ! T'arrive avec ton émetteur... mais t'as même pas de planeur ! » Et moi de leur sortir malicieusement mon Virus qui était tapi dans la poche intérieure de mon blouson !!!
Quelques années ont passé.. Mais ce micro-planeur me vaut encore bien des courriers. J'en reçois périodiquement, émanant de pays divers tels que l'Italie, l'Espagne, le Portugal... et bien sûr la France.
Jamais je n'aurais cru qu'une si petite bestiole puisse avoir la vie dure au point de revenir presque un quart de siècle après sa création. Me fournissant encore quelques anecdotes parfois savoureuses, dont celle-ci :
Un Internaute un jour m'envoie un courrier papier. M'expliquant qu'Il avait tenté vainement de me contacter via le Net pour ce fameux "microbe"... mais comme il avait mis en objet de mail "Virus", son FAI ou son logiciel de navigation, ou que sais-je encore... bref, les anti-tout-ce-ce-qu'on-veut-chargés-de-protéger-le-PC avaient d'office considéré que le message était potentiellement dangereux... Virus ! Ben voyons !!! Hop, indésirable... et mon malheureux correspondant ne put échanger par mail qu'après en avoir modifié l'objet !!! Faut dire qu'à l'époque où mon planeur fut créé, le mot "virus" ne
résonnait pas du tout de la même façon: Internet n'avait pas encore débarqué!!! Avec ses spams et ses bugs et ses ...virus...
Une chose est toutefois certaine : qu'ils soient d'origine médicale informatique ou modéliste, les Virus ont la vie dure ! Non ?
Et concernant mon mignon petit planeur, je n'ai surtout pas l'intention de m'en plaindre !
En cliquant sur le lien ci-dessous, vous aurez accès à d'autres photos, et vous pourrez télécharger le plan (en accord avec la revue MRA, par l'intermédiaire de Roger Kaci )
https://share.orange.fr/#oBVzRRSUaM73eb9308b
Merci à Pascal, Sylvain, Eric, Serge, Michel, Jean... Bref, à tous ceux qui m'ont fait parvenir des clichés ou des commentaires.
Mise en boîte
MISE EN BOITE...
Le ciel est bleu, à peine troublé par quelques petits cumulus qui germent. Je viens de remorquer le Kilt de Jean-Pierre qui m'avait dit : "Grouille-toi, Michel vient de redescendre, et il lui a fallu pousser comme un malade pour rentrer, tellement il était dans une bulle musclée." Et en effet, le Super Bison a ramassé une claque sous l'aile gauche, indiquant que l'ascenseur est bien là. Largage sans histoires, puis un cri :
"M...., j'le vois plus !"
C'est Jean-Pierre qui nous fait comprendre son désarroi. Le Kilt a tellement bien profité de la bulle qu'il n'est plus visible.
"Mets tout dans les coins", dis-je alors.
En virevoltant dans le soleil, le planeur devrait lancer un flash à chaque tour de vrille... peine perdue. Au bout de… 10 minutes, il faut bien constater que nous ne le reverrons plus...
Trois jours plus tard, le pilote recevra un coup de téléphone lui annonçant que son planeur a été retrouvé... quelques centaines de mètres plus loin... mais plus vraiment neuf.
La perte de ce modèle me remet en mémoire une anecdote qui date du joli temps où je pratiquais encore le vol libre ; vous savez, cette forme d'aéromodélisme qui n’utilise pas la radiocommande...
En fin de journée, après une séance d'entraînement au treuillage, un magnifique planeur de 2,10 m d'envergure est prêt à se poser dans un coin du champ. La masse d'air en équilibre instable, perturbée par l'intrusion du modèle, décolle du sol, emportant avec elle mon oiseau de balsa, qui saute la haie... et disparaît derrière elle.
Recherche, quadrillage du champ de blé en long et en large avec l'aide de mes camarades. Rien n'y fait. Je ne retrouve pas mon fugueur. Je préviens le fermier de ma mésaventure. Je pose des papillons chez les commerçants avec la mention : Récompense à celui qui me le retrouvera (mon planeur, bien sûr). Puis les vacances arrivent. Et j'oublie... Jusqu’au jour où, rentrant de mes congés, je rencontre Monsieur D...., l'agriculteur chez qui mon planeur s'est envolé.
Je ne peux résister au plaisir de vous rapporter ses paroles, dommage que je ne puisse vous faire chanter le savoureux accent mayennais de cet homme de la terre. Témoignage de ce que devait être la langue française il y a quelques siècles. "Dites-donc, l'maît' d'école, vot' planeur. hé ben y n'était pas si loin qu'ça. On l'a r'trouvé. II est chez nous. V'nez donc un d'ces soirs, avant qu'on aille tirer les vaches ; on a tout ramarré les morciaux." Sympathique, le bonhomme, mais s'il parle de morceaux, c'est que mon planeur n'est plus tout à fait entier.
Le soir suivant, impatient de retrouver mon engin, je monte à la ferme.
En me voyant arriver dans la cour, "le Patron" s'adresse à sa femme :
"Hé, la patronne, va chercher l'avion du monsieur !" En attendant, vous prendrez ben un p'tit coup de cidre, n'ce-pas ? "me jette-t-il. Quand du fond d'une pièce obscure, la dame lui demande :
"Où qu'c'est qu'tu l'as mis ?"
- "Mais si, tu sais ben, dans le bas d'l'armoire, la boîte à godasses..."
Et je vois revenir la fermière, portant, tel le Saint Sacrement, l'objet de mon culte. Non c'est pas vrai ? il n'est pas la dedans... Mon modèle de plus de 2mètres d'envergure est entré, sans chausse-pied, dans une boîte à chaussures de pointure 36 ! Et en gros sur le couvercle. avec une couronne, cette marque "DELUXE" ! "Quand qu'on l'a vu, la nuit, dans les phares de la moiss'batt, on a freiné ben vite, mais savez c'que c'est, ça s'arrète point comme ça ces grous engins là... Vot' machin, il a commencé à être moissonné. Mais vous r’collerez ben les morciaux !"
Le plus gros, de ces morceaux, il n'avait même pas la taille d'une de mes menottes.
J'avale vite une gorgée de cidre, avant que je ne m'étouffe. C'est ainsi que mon modèle fut mis en bière, et on lui fit des funérailles... en grande pompe, après l'avoir incinéré.
Renaissance d'une "gueule cassée"
Dans le texte intitulé "La galère", je racontais comment mon planeur avait fait naufrage en se fracassant au pied des falaises de Carolles. Le fuselage avait été englouti par la mer. Disparu à jamais sans doute.
Tel un pilleur d'épaves, j'avais réussi à récupérer seulement l'aile...
Fortement commotionnée,
(pas autant que moi peut-être!), elle était du style "Gueule cassée"... cette expression me rappelant d'ailleurs mon époque "culottes courtes", où mon grand-oncle Jean m'envoyait
acheter des billets au dixième de la Loterie Nationale... "une main innocente", disait-il!l
Mais face à cette aile esseulée et un peu "destroy", je ne pouvais rester insensible. J'ai donc entrepris de "restaurer" l'épave.
Petit à petit... un peu de colle époxy par-ci, un peu de colle polyuréthane par-là...
La voilure semblait reprendre goût à la vie.
Puis, avisant un fuselage qui traînait sur une étagère, j'ai tenté une greffe. Il s'agissait d'un motoplaneur nommé Diamant, qui possède encore sa voilure en parfait état de marche, elle!
L'adaptation n'a pas été trop difficile: l'intrados de l'aile du Prodij épousant parfaitement le fuselage du Diamant... Il a juste fallu insérer deux servos dans la voilure... (Sur le Prodij, ils étaient dans le fuselage...)
J'avais toujours envisagé de motoriser le Prodij, mais la place étant plutôt chichement comptée dans ce fuselage suppositoire... j'avais toujours remis au lendemin ce projet récurrent.
Je viens de procéder aux essais en vol de ma "nouvelle" machine: cela dépasse presque mes espérances les plus osées!!!!...
Le "nouveau" modèle nommé
ProDiaJ (Contraction de Prodij et de Diamant...) pèse 876 grammes. (Contre 785 pour le planeur Prodij avant sa chute à la mer.)
ProDiaJ est équipé d'un moteur électrique bruhless X-Power 2820/12, d'un accu Lipo 1700mAh en 2S, et d'une hélice 10x8.
La machine possède un taux de grimpée fort intéressant: ça déménage!
Par temps neutre de ce jour, j'ai utilisé le moteur 3 mn 34, et le vol a duré 20 minutes. Apparemment, l'accu n'était pas vide puisque son voltage était encore de 7.56V à la fin du vol... (Vérification après recharge, l'accu a repris 1.2A pour 1.7A de capacité nominale.)
Ce qui maintenant m'encourage à refaire la peinture de l'aile... long ponçage en perspective... certes!
Mais je crois vraiment que le jeu en vaut la chandelle.
J'ajouterai plus tard des winglets en bout d'aile... comme ceux que j'avais confectionnés, mais qui sont partis à la mer... (voir photo ci-contre)
Et mon Prodij va revivre, sous une autre forme...
Qui a dit qu'il fallait jeter les épaves à la poubelle?
La galère
Hier au soir, mon fils Olivier me dit: "P'pa, demain samedi, entre deux passages dépressionnaires, la météo annonce une fenêtre sympa : un vent impec pour Carolles!" (site en bord de mer, dans la Manche, au pied du Cotentin, face au Mont Saint Michel)
Lui, il pratique le parapente après avoir longtemps tâté les manches d’un émetteur. Moi, je suis resté sur le plancher des vaches à piloter mes planeurs radiocommandés..
Nous nous retrouvons donc ce samedi vers midi au parking de La Croix Paqueray. Il a déjà volé une bonne heure.
Puis dans l'après-midi, le vent vire lentement à l’ouest et monte en puissance: tous les parapentistes posent les uns après les autres. Y compris les delta-planes, pourtant moins mal à l'aise dans le vent... Moi je continue de faire évoluer mon Ippon en compagnie de 4 autres modélistes. Restau...
Après plus d'une bonne heure de vol, je décide de changer de modèle: je passe au Prodij, mieux adapté au vent du moment... Vingt minutes d'un vol tonique... Puis ma femme me dit qu'elle a froid, et elle décide de retourner à la voiture en compagnie d'Olivier et de sa copine Sophie..
"OK, dis-je, je pose..."
Mais avant, offrons-nous un dernier petit passage à donf pente à gauche, remontée fantastique (faut dire que la dynamique est joufflue !), léger virage à droite... Le planeur a presque effectué un 180° sans que je touche à grand chose… puis le modèle étant maintenant très haut, je le laisse plonger afin qu’il prenne un maximum de badin … mais ... que se passe-t-il... . merde, il ne répond plus !!!
Accélérant comme un dingue et maintenant vent dans le cul, le Prodij continue son léger virage en descendant, très stable sur trajectoire. Longues… et courtes secondes à la fois, où j'ai tout le temps de mesurer mon désarroi, incapable d'imprimer le moindre mouvement à mon modèle. Il va où il veut!!!! J'essaie d'évaluer le point d'impact futur, et je me dis qu'avec un peu de bol, il va emplafonner la planète vent arrière à mi-hauteur du talus... entre la crête et les rochers battus par la mer montante. Ce qui me permettrait au moins de récupérer quelque chose. Même en mauvais état...
Ben nippe, j'ai entendu un grand boum, mais j'ai pas vu où il a tapé... A pied de la falaise sans doute: dans l'eau, sur les rochers, sur le sable????
Aussi vite que possible, Olivier et moi nous descendons pour aller voir, mais la progression vers le bas est très difficile... http://www.francevuesurmer.com/grand.php?id_photo=2206
Car la putain de végétation nous bouffe les genoux, les cuisses, les mollets...
Je suis tombé je ne sais combien de fois... J'en ai perdu ma casquette favorite, que je n'ai pas retrouvée...
Et puis nous avons fini par apercevoir l'aile ballottée par les flots, surfant magnifiquement à la crête des vagues et galopant vers le petit bout de sable qui restait à découvert. Puis après quelques courts moment d ‘hésitation, elle semblait vouloir repartir comme à regret vers la mer sous l'effet du ressac. Etait-elle attirée par le chant des sirènes lui ayant promis de jouer avec les gentils dauphins ?
Olivier a fini par récupérer l'aile... mais aucune trace du fuselage dans la petite crique que l'on ne pouvait voir d'en haut.
Je suis remonté de mon côté, totalement épuisé...
Tentant une autre voie qu'il pensait moins épineuse, mon fils m'a remonté l'épave de l'aile... qui est bonne à jeter. C’est sûr! Et quand je dis qu'elle est bonne à jeter, ceux qui me connaissent savent qu'elle a dû vraiment morfler pour que je dise une chose pareille!!!! Même sous l'effet du dépit!!!! J'ai souvent réparé des trucs que d'éminents spécialistes de la résine et du tissu de verre n'auraient jamais tenté de réparer!!! Cette fois, je jette l'éponge.
L'origine de ce crash? Je pointe très fort du doigt l’accu réception qui a pu tomber en rade, une prise qui a lâché, la réception radio... ???
Jamais je ne saurai.
Mais les gouvernes n'ont esquissé aucun mouvement durant la descente aux enfers... dans le cas d’un brouillage, les symptômes auraient été très différents.
Je perds donc presque "corps et biens" un très bon modèle... avec tout son équipement radio.
Malgré la grosse toile de mon jeans (fichu lui aussi !) j'ai les jambes en feu, lacérées par les épines et les ajoncs. Les mains pleines de piquants. La tête dans le sac.
Et comme le disait mon ami Pierre, qui a connu une mésaventure un peu similaire avec son aile volante Fauvel : «Il persiste après coup, comme une rage, que rappelleront sans cesse les griffures et autres épines qui vont mettre des mois à bien vouloir sortir de la couenne. »
Sûr que je vais passer une très mauvaise nuit!
PS1: Ceci dit, faut quand même relativiser; ce qui m'arrive n'est que perte matérielle. Un incident portant sur le physique est nettement plus "douloureux"! Plaie d'argent n'est pas mortelle, dit-on!
PS2: Si je peux me permettre d'ajouter ce commentaire à propos de mon Prodij: