humour et modelisme
Arsenic et vieilles dentelles….
Arsenic et vieilles dentelles….
Le modélisme mène à tout, dit-on…
Y compris aux échanges culturels.
Il fut un temps où, grâce à nos amis Monique et Félix, notre club entra en relation avec un club britannique.
Nous avions pris l’habitude de traverser le Channel afin de nous rendre chez nos correspondants… Et ils en faisaient autant l’année suivante.
C’est au travers de ces échanges que nos sens s’affinèrent.
J’ai encore sur la langue la douce saveur des embruns de la traversée.
Mes yeux gardent encore le souvenir ébloui
du premier Spitfire que j’eus le plaisir de voir évoluer, le fameux D-NN. C’était à la Shuttleworth Collection.
Mes oreilles conservent encore la musique de son Moteur Rolls Royce. Mes narines se souviennent des odeurs d’échappement…
Mon corps ressent encore les vibrations des « warbirds » lors des meetings de Duxford…
Vous aurez pu remarquer que les différents sens dont le corps humain est équipé se montrèrent sollicités par ces échanges.
Et il est un autre sens, celui de l’humour, auquel nous fîmes souvent référence… sachant que l’humour britannique est paraît-il fort particulier.
C’était un soir de fête, nous étions plusieurs couples de modélistes autour d’une grande table. Sur ma droite, se trouve Agnès. Elle est Suisse d’origine, venue en Angleterre lors de ses études afin de parfaire la pratique de la langue ; elle y a rencontré un beau jeune homme, sans doute déjà aéromodéliste. Ils convolèrent en justes noces.
Ils vivent dans un authentique cottage du 16ème siècle au toit de chaume. Monument historique !
Agnès est une femme très stylée, toujours bien mise, s’exprimant dans un français très « haut de gamme », un peu 18ème siècle. Et c’est à ses talents de traductrice que nous faisons souvent appel lorsque nous sommes en panne.
Ce soir-là, au moment de porter un toast à l’amitié franco-britannique, je m’apprête à dire quelques mots, que je pense conclure par un banal « bon appétit ». Mais plutôt que de baragouiner dans mon anglais de cuisine une traduction littérale, je me demande s’il n’y aurait pas une expression « bien sentie ».
Je me penche alors vers ma voisine, et je lui demande : « Ma chère Agnès,
comment dit-on "bon appétit" en anglais, please ? »
Cette question sembla soudain mettre mon hôtesse dans l’embarras…
Puis après quelques secondes de flottement, cette femme élégante et raffinée, qui vivait
en Angleterre depuis quelques décennies et avait donc eu le temps de parfaire sa connaissance des « British », elle se pencha à son tour afin de me chuchoter
cette réponse, pour le moins perfide, à l'encontre de la… perfide Albion:
"Je crois que cela ne se traduit pas...
On ne peut guère souhaiter bon appétit à un britannique..."
Sens de l’humour suisse, mâtiné sauce anglaise!!!
Ah, ma chère Agnès ! Redoutable touche assassine trempée dans l’arsenic à l’égard du peuple qui vous avait accueillie… Vous qui disiez mettre en exergue la neutralité du peuple qui vous vit naître !!!
Je ne sais plus aujourd’hui comment il me fut donné de conclure mon laïus.
Mais tout pendant le repas, je ne pus m’empêcher de penser aux deux personnages féminins de la pièce « Arsenic et vieilles dentelles ! »
Les yeux exorbités...

Pour aujourd'hui, Météo-France prévoyait que le temps allait changer.
Et de fait: depuis le matin, on se trouvait avec une épaisse grisaille plombant le ciel... mais il était prévu que cela devrait se lever en cours de journée... avec vent forcissant et virant au Sud-Ouest.... précédant la traditionnelle arrivée de la pluie en pareil cas.
Mais l'info "vent de Sud-ouest" était tout de même intéressante. Suffisait de guetter la fenêtre.
C'est pas à un vieux singe...
Je me mets donc en devoir de guetter le ciel, mais les nuages bas tardent à foutre le camp...
Lorsque vers 15 heures, le soleil finit par transpercer le voile de brume, et voilà que tout se dégage presque instantanément.
Vite, je "jette" de quoi faire voler dans le coffre de la voiture, et je pars vers ma pente nommée La Roche. Après avoir garé la voiture, j'emprunte le petit chemin creux qui me conduira vers mes futurs exploits.
Cependant, j'entends le vent qui hurle dans les branchages... Hum... N'ai-je pas été un peu présomptueux?

C'est pas à un vieux singe...
Après 800 mètres de marche, je débouche dans la prairie, et il faut reconnaître que ça ventile un max.
Le petit HD 01 étant tout monté, j'allume la radio et je le lance.
Je ne tarde pas à comprendre: les quelques 300 grammes de mon moustique se font chahuter un maximum. D'une aile sur l'autre, et presque en vol tranche, et que je te prenne 20 mètres d'un coup... pour les reperdre tout aussi brutalement quelques secondes plus tard.
Bof, vaut mieux poser.
L'atterro est sportif... mais sans anicroches. Durée du vol: 2 minutes 18 secondes...
Je passe à l'autre modèle, un Vény plus "costaud" appelé à se défendre dans le vent.
C'est pas à un vieux singe...
J'assemble, vérification des gouvernes, et je lance.
Malgré la masse plus importante, ce Vény se fait pareillement bousculer, tel un fétu de paille.
Et le pilotage ne m'est pas agréable du tout.
Pourquoi alors s'entêter?
D'autant que le vent souffle de plus en plus fort, qu'il s'engouffre derrière mes lunettes, que cela me sort des larmes qui tourbillonnent derrière les carreaux, et que j'y vois de moins en moins clair.
J'ai beau me positionner la tête de travers afin de provoquer un courant d'air qui assècherait mes pleurs, rien à faire. Et pour "arranger" le tout, j'ai le soleil juste dans l'axe de vol: il est de plus en plus bas sur l'horizon, et il s'amuse à me faire coucou pour bien m'enquiquiner...
Et c'est ainsi que j'ai l'impression d'avoir les yeux qui me sortent de la tête...
Ce qui me fait faire la grimace...
C'est pourtant pas à un vieux singe...

Mais intérieurement je me marre quand même, en pensant au dessin qui figure sur la dérive de mon planeur.
Jamais il n'avait collé à la situation avec autant d'acuité!!!
De guerre lasse, j'ai entrepris de poser.
C'est là que les aérofreins "crocodiles" très efficaces m'ont rendu un grand service.
Durée du vol: 6 minutes 20 secondes.
Si vous faites le calcul, j'ai piloté moins de dix minutes.
Et ça, c'est plutôt surprenant en ce qui me concerne...
Exorbitant, non?
Car en général, quand je sors, j'en prends pour une heure environ...
Mais, là, franchement, j'ai trouvé que la situation était in-te-na-ble!!!
"On fera mieux la prochaine fois..."
Dixit le vieux singe!!!!
Partageons l'ascendance
Je vous ai fait part tout dernièrement du spectacle que m’avaient offert quelques buses
lors d’une séance vol de pente. (voir sur le blog : « Ballet aérien »)Je suis sorti à nouveau hier, sur un autre
site.
J’ai pu, là aussi, observer des buses, mais dont le comportement
était tout autre. Ici, pas de chasse, pas de dog-fight. Rien que du vol à voile au cours de cette
séance.
Et puis j’ai pu observer aussi quelques corvidés qui, lorsqu’ils délaissent leur vol battu un peu lourdaud, se montrent également très fins
voiliers.
Et puis… une situation que j’avais déjà pu remarquer : à certains moments, pas un seul nuage dans le ciel… ce qui ne facilite pas le repérage des
ascendances. Mais mon planeur en touche une, je le centre… et ça grimpe… sur fond de ciel tout bleu.
C’est alors qu’apparaissent très furtivement de nombreux « éclairs » blancs, visibles pendant
toute la durée où j’ai pu exploiter ce thermique « bleu ». Des étoiles filantes en plein jour!
Me
tromperais-je énormément en pensant qu’il s’agit du ventre blanc des hirondelles ?
Un véritable
« nuage » beaucoup plus haut que mon planeur!Je suppose qu’elles étaient là au moins pour deux raisons,
(voire une troisième: la paresse!)
- 1- économie d’énergie: puisque ça « plane » tout seul sans trop se fatiguer!
-
2- réservoir de
nourriture providentiel, puisque les moucherons doivent se trouver « absorbés » par l’ascendance : suffit de les
gober !
Et puis un peu plus tard, ma découverte du jour, plus surprenante sous nos latitudes mayennaises.
Alors que mon planeur grimpe gentiment, j’aperçois au-dessus de lui un bel oiseau qui tournoie.
Majestueux.
A la taille, on pourrait penser à un héron, devenu très
commun dans nos contrées…
Mais je suis persuadé que ce n’était pas un héron; pour les raisons suivantes:
- le plumage de l’animal comportait des zones blanches très nettement
visibles ;
- et le cou! Chez le héron en vol, le cou prend la forme caractéristique d’un « Z » replié
vers le corps, si bien que le « fuselage » semble un peu plus trapu. Ici, le cou était longuement étiré avec le bec en prolongement. Et
les pattes finissaient de profiler agréablement la longue silhouette.
Mon hypothèse ? Il pourrait s’agir d’une cigogne, d’autant plus que la presse locale en a signalé une il y a quelques
jours, posée dans le champ d’un agriculteur mayennais, à quelques dizaines de km d’ici…
" Ma" cigogne a pris un max d’altitude puis, après avoir consulté
son ordinateur de bord, son GPS et son altimètre, elle a jugé qu'elle pouvait rejoindre une autre ascendance lui permettant de progresser vers les pays chauds. Elle a donc mis le cap
au Sud, vent arrière pour aller plus vite, et je ne l’ai pas revue.
Dans le domaine du vol à voile, certains oiseaux sont de véritables champions dont l'Homme s'est inspiré!
Grandes manoeuvres des hirondelles...
Un cigogne qui file vers le Sud...
Tout cela venait soudain de me faire prendre conscience que nous étions en pleine période migratoire.
Avec des techniques fort différentes.
Les hirondelles se déplacent en voyage collectif, et ravitaillement en vol...
La cigogne quant à elle adoptant plutôt la philosophie du routard, avec obligation de se poser périodiquement pour effectuer des escales techniques afin de se procurer
l'indispensable nourriture.
Mais plutôt que de tomber dans la morosité au constat de cet été qui se meurt lentement, j'ai pensé qu'il était préférable de savourer mon plaisir.
Le partage de l'ascendance permet en effet de bien jolies découvertes, et procure d'immenses joies.
On peut (parfois) avoir de la chance
La veine, le bol, le pot, le « cul », l’aubaine, la baraka, la bonne étoile, l’heur…
Autant de termes pour évoquer le bon heur, face au mal heur…La déveine ?
C’est quand nous descendons sur le sable à marée basse un soir où la mer est calme, le Polyclub « sous le bras » afin de le faire évoluer dans la quiétude du soleil
couchant… avec l’espoir de réaliser quelques photos… et quand, sortant l’appareil photo numérique (APN)
de sa sacoche, mon petit-fils Maxence me dit :
« Regarde, Papy, l’appareil, il est bizarre… il était pas comme ça hier… »
Ben non… l’écran à cristaux liquides est envahi par des taches noires, et il n’affiche plus d’image. Il est brisé... Totalement hors
service!
Pas de bol…
Dans la mesure où cet APN ne dispose pas de viseur optique, j’ai tout de même pris
quelques clichés, au jugé, pour voir… et nous sommes remontés lentement au camping, un peu dépités.
Vérification à partir de l’ordinateur : mon Kodak prend encore des clichés…
Quelle aubaine…
Faire réparer l’appareil ?
C’est presque le prix d’un neuf !
Pas de
pot !
Mais je ne suis pas du style à balancer vite fait vers la déchetterie,
n’est-ce pas Vincent ? Toi qui dis en me raillant quelque peu : « Tu es comme ma mère, tu fais durer ! »
J’ai donc décidé de donner une seconde vie à mon APN en l’installant sur un motoplaneur électrique afin de faire de la photo
aérienne. L’écran ne renvoie plus d’image ? Ce n’est pas très gênant,
puisque tout là-haut, je ne peux pas coller mon œil derrière l’appareil afin d’opérer le cadrage…
C’est une
chance, non ?
Mon petit Kodak a ainsi vaillamment repris du service, installé sur un Easy Glider
en Polypropylène Expansé que propulse un moteur électrique.
Six millions de pixels… c’est quasiment du luxe…
m’enfin.
Profitant du beau temps, cela fait deux jours que je mitraille, et la carte mémoire de 1 Go permet de
mitrailler énormément. De retour au sol, on « décharge » les photos vers l’ordinateur, et là commence un long travail de tri, car il
y a énormément de déchet.
Hier, le vent était Sud-Ouest : je suis sorti avec deux modèles en direction de la pente nommée « La Roche ». Un
coup d’Easy Glider et prise de clichés. Puis un coup de Vény, planeur « antique » puisque sorti de mes ateliers en décembre 1998.
Voyez que je « fais durer… »
Lorsque grisé par les bonnes conditions météorologiques, je lance mon
« Vény » dans une série d’acrobaties frénétiques ; et au cours d’un tonneau… je vois le planeur qui « abandonne » un truc noir. Vite, je tâte les commandes… et le modèle
répond encore.C’est une chance, non ?
Parce que, en un éclair, m’est revenue cette
anecdote :
C’était au temps où l’on utilisait la piste de Boyère. En fin de journée, mon copain Noël me
dit : « Tiens, le remorqueur Bison a encore du carburant, amuse-toi avec… »
Je fais décoller les 5 kg de l’engin, et j’entame une série de tonneaux, puis des loopings très grands, bien ronds… Quand au cours d’un loop,
alors que le modèle arrive en haut de la boucle et qu’il est sur le dos, je vois un bidule se détacher du Bison. Vite, je coupe les gaz… pas de réaction… je tire à la profondeur, pas de réaction…
je balance un coup d’aileron, pas de réaction…
Manque de bol !
Le diagnostic est facile à faire : on vient de « larguer » l’accu de réception !!! La liaison radio ne répond plus.
C’est alors que je crie à Noël : « Mais
t'’as pas mis un accu de secours ?
- Heu... ben.. si... bredouille le pauvre Noël qui voit déjà se profiler la catastrophe... y’en avait un… mais... mais, j’en ai eu
besoin pour équiper un autre modèle… »
Quel mal-heur…
C’est ainsi qu’après avoir effectué un nombre impressionnant de boucles au cours desquelles le moteur se mettait à hurler dans la descente, le
Bison a fini par emplafonner la planète, avec les dégâts que l’on imagine. Mais en ne heurtant ni maison, ni véhicule, ni être humain.
C’est une chance, n’est-ce
pas ?
Revenons-en à mon planeur Vény. J’ai vite compris qu’il venait simplement de perdre le capot avant.
Elément passif qui n’entrave pas la liaison radio.
Alternativement je jette un coup d’oeil sur le planeur, un
coup d’œil sur le capot qui virevolte en descendant. Mais le Vény privé de quelques grammes à l’avant est devenu centré arrière, et son pilotage est plus pointu.
Malgré tout, je parviens à le poser impeccable grâce aux aérofreins crocodiles très efficaces. J’entame alors la descente dans le pré vers la direction où je présume pouvoir retrouver mon
capot-fugueur.
Et au bout de 100 mètres, pile poil devant mon pied gauche, qu’est-ce que je vois ?
Le bidule noir que je cherchais ! Pensez que s’il était tombé deux mètres avant, il aurait été absorbé par une végétation luxuriante qui ne m’aurait pas permis de le retrouver.
Ou
bien j’aurais pu partir un poil plus à gauche, ou un poil plus à droite…
Le bol, le coup de « cul ».
J’ai remis le capot en place. J’ai fouiné dans mon sac, et j’ai trouvé un rouleau d’adhésif. Curieusement, c’est un accessoire que je
n’emporte jamais…
Quelle chance !
J’ai donc assuré la fixation du capot avec un brin d’adhésif, et j’ai relancé mon planeur vers les ascendances.
Il m’a procuré une heure de vol…
Comme quoi, on peut avoir aussi de la chance !!!
Et éprouver quelque bon-heur….
PS: un lien vers l'album photos, avec des vues qui
m'intriguent...
http://picasaweb.google.fr/Bernardino53/EasyGliderEtPhotoARienne
Faut pas perdre le Nord Tchârlesssse
Dieu, fallait-il donc qu'il aime le maïs
sous toutes ses formes, notre ami Charles ! Enfin, ne me dites pas que vous ignorez tout des
habitudes alimentaires de nos amis britanniques... Vous savez bien que le petit déjeuner, chez eux,
c'est sacré. Et que j’te mette des flocons de ceci et des flocons de cela. Ils disent aussi que le popcorn, c'est extra pour la santé. Mais de là à pousser le vice comme notre ami Charles...
C'est vraiment exceptionnel. Car la gourmandise a ses limites.
Ah, mais j'ai oublié un petit détail : Charles est l'un des membres du club anglais de Hertford. Club avec lequel nous entretenons des échanges amicaux depuis 1988. Une année nous passons la
Manche; l'année suivante, ce sont les Britanniques qui viennent nous rendre visite et traversent le Channel.
Fin août 1994, le match se déroulait sur notre stade... Panneau d'affichage : 0 à 0. Balle au centre.
II faut dire qu'à chacune de leurs visites, nos amis déploient une débauche de créativité pour nous présenter des modèles différents, voire
exotiques...
Mais, là, non : un modèle banal décolle sous la houlette de notre ami Charles.
Un détail, pour recréer l'ambiance : dès à présent, il va vous falloir prononcer son prénom à l'anglaise. Ecoutez bien, il faut dire "Tchâaarlsse". Après moi, répétez
:
"- Tchâaarlsse ! "
OK, c'est parfait.
Mais pendant qu'on discute, notre pilote a déjà conduit son modèle
réduit bien au-delà du bout de la piste... Le moteur ratatouille, de son pot d'échappement émanent quelques hoquets... puis plus rien, silence total : il vient de caler.
Affolement, et manque d'habitude de piloter dans la campagne mayennaise, ou tout simplement réflexe conditionné : Tchâaarlsse vire à gauche. Le plané s'effectue normalement. Enfin, que je vous
dise : personnellement, en pareil cas, je vire à droite, vers le Nord, parce que sur la gauche, se trouve un magnifique champ de... un champ de ? Mais voyons ! un champ de ma... un champ de
maï... un champ de maïs, bien sûr ! (Heureusement que je vous l'ai soufflé, parce que je sens que vous n'auriez pas trouvé.) Le modèle s'en va donc joyeusement se poser dans des maïs dont la
hauteur me dépasse allègrement. Et comme, en plus, le
champ est en dévers, nous n'avons pas pu localiser avec certitude le point d'impact. Même les plus pessimistes pronostiquent pourtant un modèle réduit intact. Sympa, non ? C'est alors que les
plus grands (dont je ne fais pas partie) pénètrent à l'intérieur de la végétation. S'engage ensuite un dialogue surréaliste dont les protagonistes ont été entièrement avalés par le maïs. "J'te
dis qu'c'est à gauche ! Mais non, c'est tout droit !"
Au bout d'un certain temps, toujours pas de modèle réduit.
Alors différentes tactiques vont être utilisées. Jean-Pierre, un très grand, escalade un poteau téléphonique... Mais il ne voit rien. Christiane propose qu'on prenne un drapeau rouge fluo, qu'il
suffira de brandir à bout de bras, afin de localiser celui qui le portera. J'en passe, et des meilleures. Le temps passe, lui aussi, et le modèle n'est toujours pas
retrouvé.
Quand tout à coup, Michel, qui revient son drapeau à la main, crotté, griffé et découragé, Michel "tombe" par hasard sur l'avion fugueur. "Je l'ai trouvé !" crie-t-il avec joie.
Le champ de maïs commence alors à régurgiter un à un tous les modélistes qu’il avait avalés auparavant. Physiquement, ils sont dans le même état que Michel. Tous, sauf un ! Et oui, il manque... Tchâaarlsse ! On était parti chercher un avion ; c'est le bonhomme qu'il va falloir récupérer maintenant.
Ceux que la nature a dotés d'un organe vocal puissant se mettent à hurler : "Tchâaarlsse ! reviens !" (En secret, les plus sadiques, intoxiqués par la pub télé, murmurent : Léon, reviens, on a les mêmes à la maison !) Mais le temps passe, et on nous attend au restaurant.
II faut pourtant se rendre à l'évidence : Tchâaarlsse s'est perdu. Je ne sais si vous avez été confronté à un tel problème, mais un champ de maïs devient un vrai piège. On suit les sillons, jusqu'à ce que brusquement, ils changent d'orientation. Par temps couvert, en l'absence de soleil, aucun point de repère possible. Et quand en plus une légère brise fait bruire les feuilles, on n'entend même pas les appels des copains, et il est facile de perdre le Nord...
Ce n'est qu'après de longues minutes que Tchâaarlsse sortit à l'autre
bout du champ. Mais dans quel état ! Nous lui montrâmes son avion... intact, lui ! Et notre ami tint à se changer pour aller au restaurant, où nous
arrivâmes en retard, bien évidemment. Notre crainte à tous pendant le trajet, c'est qu'en entrée, on ne nous propose... du maïs. Ce qui ne fut heureusement pas le cas.
Et Tchâaarlsse se vengea, sur un steak ! Quant à la serveuse qui lui demandait ce qu'il voulait comme légume pour accompagner sa viande, il lui répondit, fort aimablement : "Des frites ! Please
!"
Comme quoi il n'avait pas tout à fait perdu le Nord !
On voit tellement de choses ces temps-ci…
Ce matin brille un soleil radieux qui m’invite à faire une petite séance de vol. Le vent
vient du Sud-Sud-Est…
Il s’avère cependant que notre région n’est pas réputée
pour détenir des collines permettant de pratiquer le vol de pente avec ce type de brise…
Mais, équipé d’un motoplaneur électrique, je pars quand même en quête d’une prairie afin de pouvoir
décoller.
C’est pourtant pas facile à dénicher en ce début de printemps !
Entre les champs qui viennent d’être labourés, ceux dans lesquels on a abondamment égaillé du fumier… Ceux destinés aux foins et où l’herbe commence
à être trop haute…
Mais le hasard fait parfois bien les choses ! Remontant le chemin touristique du Gros-Roc, j’avise
un oiseau qui semble profiter d’un courant ascendant. Il est juste au-dessus d’un herbage pentu occupé par quelques jeunes bêtes qui paissent paisiblement tout en bas.
Je gare mon véhicule, je sors le modèle du coffre, je passe sous la clôture, je branche les fils ; petite visite pré-vol pour essai moteur et gouvernes. Et je lance !
Mon planeur prend gentiment de l’altitude…
Passe alors très
lentement un véhicule utilitaire… qui monte la petite route…
Véhicule que je vois redescendre presque aussitôt, et qui se gare à côté de ma voiture…
J’en vois descendre un homme de taille moyenne, abrité sous une casquette à carreaux, vêtu d’une salopette bleue et muni d’un bâton de
vacher ; il enjambe la clôture, et se plante là…
Je pose alors prestement mon modèle : durée du vol : 2minutes
45 !
Puis je me dirige vers le nouveau venu.
C’est moi qui ai le redoutable honneur d’entamer la conversation.
« Bonjour Monsieur, je suis sans doute sur une de vos terres…
- Ouais… que me fait l’homme en mâchouillant un mégot de cigarette roulée qu’il a scotché sur sa lèvre inférieure. (Comme une sorte de Lucky Luke du Far West de la
France!)
- C’est la première fois que je viens ici, c’est pour un essai… dis-je timidement
- Ouais… »
Mon homme ne se montre
guère causant. Par opposition aux bavards que l’on nomme par chez nous les « causeux », celui-ci doit être un « taiseux »….

Long silence. Et avisant mon boîtier d’émetteur, il me jette :
« C’est quoi vot’ truc ? »
Je commence à lui expliquer…
Mais cela ne semble pas vraiment
l’intéresser.
Puis il reprend :
« Vous avez vu, y’a des bêtes ? »
A mon tour de causer à l’économie :
« Ouais ! »
« Et elles sont toutes folles de ce temps-là !
- Ah ? cela ne m’a pas semblé… mais si je m’étais rendu compte de leur énervement, je ne serais même pas entré dans cette prairie…
- Ouais, que me fait l’homme en mâchouillant toujours son mégot qu’il s’efforce de faire durer le plus longtemps possible.
- Mais c’est souvent que j’utilise un herbage pour faire décoller mes modèles. Dans le coin, les gens me connaissent… »
Pas de réaction…
J’enchaîne alors :
« Voyez, mon appareil, c’est du polystyrène, et quand je mets le moteur électrique en route, y’a pas de quoi affoler le monde avec le bruit… »
Long silence… Et laissant un vide après chaque phrase, il commence à
égrener :
« Ouais… mais les bêtes, elles sont toutes folles de ce
temps-là !
Et pis, on voit tellement de choses ces temps-ci…
Moi, faut que je vienne de Sainte-S…
Hein, si les bêtes elles foutent le camp du champ, hein ? »
Voilà mon taiseux devenu soudain bavard. Placide, mais bavard…
Je crois alors comprendre qu’il
me faut le rassurer.
Et moi d’expliquer alors que… et encore que… et puis encore que…
Et à chacun de mes arguments en vue de lui montrer que j’étais un type responsable, accueilli partout aux alentours sans problème… mon homme de
ponctuer systématiquement, sobrement, imperturbablement :
« Et pis… on voit
tellement de choses ces temps-ci… »
Long silence à nouveau… que je tente pourtant de rompre avec cette
invite :
« Bon, alors, quand les bêtes ne sont pas dans le pré, me donnez-vous l’autorisation de… »
Et là, il me coupe sèchement :
« Ouais, mais on voit tellement de choses ces temps-ci… »

Cela m’a rappelé un souvenir du même style : c’était il y a bien longtemps, à quelques dizaines de kilomètres de l’endroit d’aujourd’hui, où j’avais été accueilli par un paysan « taiseux » muni d’un sorte de hallebarde… et qui là aussi n’avait rien voulu entendre.
Le temps semble long, très long, dans ce genre de… dialogue…
Mon homme du jour s’est éloigné lentement, il est descendu voir ses bêtes… et le temps
que je remballe mon modèle dans le coffre, il était déjà revenu. Je lui fais alors remarquer qu’en l’absence de son consentement, j’avais rangé mes affaires…
Long silence… Lourd silence…
Je tente de renouer le contact, et j’ai l’audace de tenter timidement une nouvelle fois :
« Mais… s’il n’y a pas de bêtes dans
le champ… ??? »
Il ne me répond pas.
Lucky Luke continue de mâchouiller son mégot, et la tête baissée, il martèle très lentement le sol en cadence avec son bâton qui tinte douloureusement sur le goudron. Ce n'est pas le supplice de la goutte d'eau, mais en ce
qui me concerne, ça lui ressemble!
Puis il se décide à ouvrir la porte de sa voiture, et me lâche sur un ton monocorde,
empreint d'une sobriété dont il doit faire preuve quotidiennement : « Au revoir monsieur… »
Il ne m’a pas refusé l’accès de sa prairie.
Il ne m’a pas dit oui... il ne m’a pas dit non…
Un Normand égaré dans le Bas-Maine ?
Mais il est parti, me laissant là comme un péquenaud.
Ne vous l’avais-je pas dit ?
« On voit tellement de choses ces temps-ci… »
----------------------------------- En guise d'épilogue --------------------
Dans mon récit, j’ai omis volontairement un petit détail, le détail qui tue! Car il me suffira de
grimper d’une cinquantaine de mètres, me placer dans la prairie à gauche de la route, en face celle que j’ai voulu utiliser hier, pour balancer mon
motoplaneur de cet endroit, et ensuite aller exploiter la pentounette que je visais… car dans cet herbage côté gauche, qui permet déjà de balancer aussi en direction de l’OSO, l’agriculteur m’a donné son feu
vert !!!
J’irai ainsi survoler les « terres interdites » en toute
impunité…
Comme quoi, à malin, malin et demi !!!
Voyez, c’est presque un conte à la manière de Maupassant !!!
Attrape le manche!
Pendant mes vacances, j’adore me promener sans trop savoir où je vais, et cela débouche parfois sur des rencontres aussi cocasses
qu’inattendues.
C’est ainsi qu’un été, j’avais posé ma caravane sur le camping de Saint Jean de Maurienne, et
j’étais parti en direction de Saint Colomban des Villars. Lorsque petit à petit, la route commence à s’élever, on aperçoit tout en haut le
fameux col du Glandon. Au fur et à mesure que la voiture s’échine à grimper, je me rends compte que des moucherons sillonnent le ciel… Ne
s’agirait-il pas de modèles réduits pratiquant le vol de pente ?
Alors que mon radiateur indique des signes d’échauffement, je me gare sur le parking, et mes
« soupçons » se confirment. A quelques centaines de mètres, on peut apercevoir toute une troupe de joyeux modélistes, à laquelle je me joins bien évidemment avec une parfaite
curiosité.
Il y a là manifestement plusieurs nationalités, dont un bon groupe d’Anglais. Et en y regardant de plus près, nombreux sont
ceux qui arborent fièrement leur badge FITEM !
Ah bon!!! Je comprends alors que je
suis « tombé » par hasard sur ce fameux festival dont on parlait tant dans la presse spécialisée il y a de cela quelques
« lustres ».
Rien qu’en écoutant, je peux
apprendre aussi qu’il s’agit de la sortie « fin de stage », celle qui « couronne » la semaine
d’activités… par un vol de pente à 2000m
d’altitude!
Apparemment, chacun vole comme il l’entend : il suffit de s’inscrire auprès d’un responsable, qui note sur un
cahier les différentes données telles que nom, prénom, modèle… et surtout fréquence d’émission, dans le souci évident de ne pas provoquer d’interférences néfastes. Et on trouve en l’air toutes sortes de planeurs, pilotés plus ou moins habilement.
La portance est telle que les nombreux « deux axes » présents ne sont pas forcément à la fête dans la mesure où on pourrait presque faire voler des enclumes !!!

Lorsque me promenant mains dans les poches au milieu de ces pilotes qui me sont tous inconnus, j’avise l’un d’entre eux qui se tortille, jure, peste, rigole, se récrie, se contorsionne… et en suivant son regard, je finis par trouver quel est le modèle auquel il tente de fournir ses ordres. Et manifestement, le léger planeur « deux axes » n’en fait qu’à sa tête. Décrochage sur décrochage, marche arrière, demi boucle involontaire… et l’instant ne va pas tarder où le frêle oiseau sera parvenu presque derrière la crête.
C’est alors que, inconsciemment, j’avance avec prudence : « Vous
avez des problèmes ? »
Ce à quoi, sans même
réfléchir, mon interlocuteur répond : « Attrape !»
Et joignant le geste à la parole, il me refile son émetteur ! M’obligeant ainsi à retirer les mains de mes poches !
Imaginez la
scène :
Le type ne sait pas qui je suis, il ignore si je sais piloter, il ne sait pas si je dispose mes commandes sur mon émetteur de la
même manière que lui…
Faut être vraiment dans la m… pour
balancer sa radio comme ça vers un inconnu !!!
Et moi de tâter les manches aussi rapidement que possible afin de
savoir si je vais être en mesure de domestiquer la bestiole.
Heureusement, les manches correspondent à ma pratique du pilotage!
Mais le petit « deux axes » est déjà dans une position fort peu confortable, en
arrière de la crête, dans une zone très turbulée… et comme sa conception ne permet guère d’avancer pour remonter au vent, me voilà à mon tour dans la
m… (« T’avais qu’à fermer ta
gu… ! » me pensais-je, mais il était trop tard, il fallait assumer !)
Tant bien que mal, je finis par poser le planeur assez loin derrière, dans les
rabattants, mais apparemment sans casse.
Tout excité par l’aventure, le monsieur me remercia et partit prestement
récupérer son modèle.
J’attendis un peu ; puis de mon côté, je fis les quelques 300m me séparant de mon véhicule.
C’est alors que ma femme, qui était restée bien
« au chaud » dans la voiture, m’apostropha en ces termes : « Dis-moi,
tu es incorrigible ! Tu ne peux pas t’empêcher de piloter, même quand tu n’as pas pris de
modèle avec toi !!! »
Heu, comment savait-elle ? Aurait-elle un don de double vue ? M’avait-elle aperçu avec
l’émetteur entre les mains ?
Elle finit donc par m’avouer qu’elle venait de voir passer un petit groupe, dans lequel un des personnages se
montrait plus volubile que les autres (l’ivresse des montagnes ?) Et il affirmait :
« Ben les gars, j’étais dans une m... noire, j’arrivais plus à
mener mon engin… Quand j’entends derrière moi un type qui me dit : « « Vous
avez des problèmes ? »
Ben j’ai même pas
réfléchi, j’lui ai balancé mon émetteur! J'le connais même pas ! C’était un
p’tit barbu. Heureusement qu’il était là, il m’a ramené mon planeur, et le v’là intact !!! Il
fait pas partie du FITEM ? Si j’le retrouve, faudra que je lui dise merci ! »
Voilà donc ce que ma femme avait entendu… et elle n’avait eu aucun mal à
identifier son « p’tit barbu ».
Par la suite, je me
suis dirigé vers Le Corbier-La Toussuire, mais je n’ai pas eu le loisir de rencontrer mon
« naufragé ».
Pourtant, s’il me lit un jour,
qu’il sache combien j’ai eu plaisir à lui rendre ce petit service.
« Attrape le manche! » qu’il avait dit…
Pégase, pièce théâtrale en 4 actes

De : Marc Mottay
À : Bernard Munoz… et quelques autres membres du CAB…
Objet : Re: VéDéPé

Les acteurs, pas vraiment à cheval sur les principes, reviennent pour saluer le public...
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Pégase le cheval ailé:
http://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9gase_(mythologie)
Les travaux d'hercules


Vézède présente ses voeux (GPB)

Je viens de recevoir une carte en directe ligne du Midi...Arles... au dos de laquelle je pouvais lire cette maxime:
"Le véritable ami est celui qui pense encore à toi quand il croit que tu l'as oublié!"
Dixit GPB, qui ajoute que des pensées comme celles-là, il a de quoi en écrire un recueil, trouvable dans toutes les bonnes drogueries! Bien sûr.
Ou encore: "La nostalgie, c'est quand tu te retournes sur ton passé, et que tu vois ton avenir en face..."
Pour ceux qui ne connaîtraient pas Gérard Pierre-Bès, GPB pour les intimes, il est l'auteur d'une célèbre notice de planeur vol libre nommé D-Un... Il (s') 'illustra (dans) certaines revues en publiant des dessins ou des aventures "burlesques". C'est lui qui pendant de nombreuses années vint apporter une touche haute en couleurs en illustrant ma rubrique "Histoire du mois" dans la revue MRA.
Il continue de publier dans la revue "Vol libre", où il tient la rubrique "Céhyxe et Vézède"...
Nous échangeons épisodiquement des courrriers, par écrit (notre homme n'a pas de mail...)
Cette fois-ci, notre homme signait sa carte de voeux par un jeu de mots rappelant une aile volante Fauvel (à moins que ce ne soit un clin d'oeil aux années "Front Populaire", allez savoir avec ce farceur)
Avé.... 36!!!
Allez, GPB, même si les biroutes des années actuelles ne sont pas aussi vigoureuses que celles des années 60, garde ta verve pour pondre encore de magnifiques croquis dont tu as le secret.