humour et modelisme
J’veux l’mêm… !!!
Curieux titre il est vrai ; mais vous comprendrez aisément au fil de ce témoignage.
Plantons le décor.
Je séjourne en bord de mer, et le soir, avec mon petit-fils Maxence, nous investissons la plage désertée de ses baigneurs pour faire évoluer nos modèles.
Nous nous
installons à l’écart du camping, lui, avec son fidèle Polyclub, qu’il maîtrise de mieux en mieux.
Moi, avec un MiniMag survitaminé.
Les deux modèles attirent souvent l’attention des promeneurs, qui viennent jusqu’à nous pour questionner.
Mais le matériau intrigue. « C’est fait en quoi ? Du polystyrène expansé ? »
Et moi de répondre que si cela ressemble furieusement à de la « caisse à poisson », c’est quand même plus résistant, puisqu’il s’agit de polypropylène expansé. Incassable (ou presque), recollable instantanément… bref, offrant de nombreux avantages lorsqu’on fait du camping.
Maxence s’amuse à faire du vol stationnaire face à la brise, et pose le modèle quasiment à l’arrêt.
Avec le MiniMag, changement de registre, puisque la puissance est au rendez-vous. Grimpée à la verticale, tonneaux, vol dos, loopings…
« Et ça fait pas de bruit ! » commentent les gens avec ravissement.
Il faut alors expliquer que nos moteurs sont électriques, sans charbons, et que nos accus sont hérités de l’avancée technologique impulsée pour les téléphones et autres ordinateurs portables.
« C’est difficile à piloter ? ça peut voler longtemps ? ça porte loin ?...»
Discussions sympathiques avec les spectateurs dont certains se renseignent de savoir où l’on peut acquérir ces modèles, comment il convient d’aborder la
discipline... A chaque fois, je m'empresse d'ajouter que l’on peut trouver sur Internet un simulateur gratuit (FMS).
Puis l’on retourne à la caravane, le cœur léger.
L’autre matin, alors que je descends chercher ma baguette de pain à l’accueil tout en rêvassant, je suis abordé par un type déjà fort bien réveillé.
Qui me dit tout de go (j’attends encore son bonjour): « C’est vous qui faites évoluer des modèles réduits le soir sur la plage ?
- Euh, oui… pourquoi ?
- Ousk’on peut acheter ça ?
- Ben, dans tout bon magasin de modélisme.
- OK ! »
Puis évoquant mon MiniMag, le gars me dit :
« J’veux l’mêm… !!! »
C’est alors que je cherche à lui expliquer qu’il serait préférable de commencer par un Polyclub….
« Non, non, celui-là, il a pas assez de punch ; celui que je veux, c’est le vôtre. J’veux l’mêm… !!! »
Puis il ajoute : « Au fait, combien ça coûte ? Parce que, avec ma femme, on pense qu’avec 75 Euros…
- Euh, non, il faudra y mettre un peu plus…
- Ah bon ? Ben tant pis, j’irai chercher sur EBay, j’en trouverai bien un que j'achèterai à pas cher ! »
Le type a tourné les talons. Pas de merci, pas d’au revoir… Il a disparu aussi vite qu’il était arrivé.
Un peu abasourdi, je suis descendu acheter mon pain…
Acheter ? Ah, oui, acheter…
Ce verbe s’est soudain mis à trottiner dans ma cervelle. Et au milieu de mes pensées encore brumeuses, revenait cette question : acheter ! Mais pour quoi faire?
Ainsi donc j’achète pour me nourrir... mais j'achète aussi pour me vêtir, me divertir, me guérir.
Je peux aussi acheter du plaisir.
J’achète parfois de quoi épater la galerie. J’achète de quoi frimer... J’achète.
Vive le Pouvoir d’achat !
(C'est sans doute vrai que l'argent donne du Pouvoir!)
....
Curieuse société, qui « fabrique » des acheteurs stéréotypés, tout aussi consommables que les produits qu’ils achètent. Qui caresse dans le sens du poil tous ses « gentils »
consommateurs, élevant même au rang d’icônes des rigolos dont le credo est :
« J’achète, donc je suis ! »
Bof...
Qu'ils continuent donc d'acheter, instantanément, selon leurs désirs compulsifs.
Tels des gamins capricieux…
Mais concernant le comportement de mon interlocuteur, en aucun cas je n'aurai envie de crier:
J’veux l’mêm… !!!
DROLE DE MANIF...
Ouf ! Tout un programme, n'est-ce pas ? Débouchant d'une magnifique avenue, je fus soudain abasourdi : une foule considérable avait envahi le bitume. A perte de
vue, un long flot humain bariolé, avec banderoles, drapeaux, oriflammes.
A un agent de police qui se trouvait là, je demandai combien ils pouvaient être, tant cette masse m'impressionnait. 100 000 ! d'après les comptages officiels...
Je me décidai à aller voir de plus près ce cortège, et je me retrouvai entouré d'une grosse majorité de "mâles" - tiens, presque pas de femmes, c'est dommage... - Ce qui me frappa tout d'abord, c'était leur tenue : casquettes en général de couleur vive, lunettes de soleil bien calées sur le nez, et petit chiffon dépassant de la poche gauche. Serait-ce des boulistes ? Car un détail m'intriguait toutefois : leur couvre-chef arborait des badges en métal représentant des avions (on appelle ça des pin's paraît-il). De même, sur les blousons fleurissaient des macarons "Patrouille de France, Tomcat, MM Pilote, US Air Force...
Je ne comprenais toujours pas. Je lus alors quelques slogans :
- Aéro, t'es foutu, tes élèves sont dans la rue ! - Non aux monopoles, non aux vedettes, non au pouvoir d'achat qui baisse.
- Halte aux abus.
- Détaxation du méthanol.
- Pour une revalorisation substantielle de notre loisir.
-Application totale des accords de la Ferté Allais et de Cergy - Pontoise.
- Augmentation du nombre de licenciés.
- Négociations immédiates avec nos représentants.
Au fait, ils étaient où, les représentants ?
Me déplaçant difficilement vers la tête du cortège, je reconnus différents élus des Fédérations Régionales. En fin de cortège, des manifestants fraternisaient.
C'est vers ceux-là que je dirigeai mes pas. "Pourquoi manifestez-vous" ?
- "Nous sommes là pour demander que les apprentis-pilotes de modèles réduits soient AUTONOMES le plus rapidement possible " Enfin je venais de comprendre !
Entre deux slogans repris en choeur, l'un des manifestants me jeta alors:
"Moi, j'en ai marre, j'ai un modèle réduit que j'ai acheté tout construit, je me suis adressé à un club, j'y vais une fois par mois, et depuis six mois que je fais ça, eh ben j'sais pas encore me débrouiller tout seul !"
"Aéro, t'es foutu, tes élèves sont dans la rue !" Beugla-t-il soudain.
"Expliquez-vous, cher monsieur; je remplis souvent le rôle de moniteur dans mon club, et je suis prêt à vous dire que moi aussi je rencontre des difficultés pour apprendre aux élèves. Je m'efforce effectivement de les rendre autonomes le plus rapidement possible.
Pour y parvenir, un certain nombre de conditions me semblent incontournables et restent à remplir.
L'élève-pilote doit être capable de : -s'astreindre à un entraînement régulier dont la durée sera variable selon les individus (plus il est jeune, mieux cela vaut en général) ;
- présenter un modèle aussi sain que possible.
- démarrer et régler seul son moteur ;
- effectuer un décollage sans assistance, même orale.
- ET SURTOUT ATTERRIR SANS CASSE. "
Je lui donnais ainsi ma façon de voir les choses, lui exposant les stages de formation des moniteurs qu'organise le CLAP, ceux proposés dans les stations de vacances en direction des élèves, et puis ceux de la FFAM destinés aux pilotes de démonstrations ou aux remorqueurs...
Quand il reprit un tonitruant :
"Aéro, t'es foutu, tes élèves sont dans la rue !" II m'avait complètement oublié. Je pensai alors à la chanson d'Edith Piaf : "Emporté par la foule qui m'entraîne, se déchaîne..." Incommunicabilité totale entre deux "partisans".
Au fait, j'étais "descendu" dans la capitale pour quoi faire ?
Juste à ce moment, venant à peine de m'extirper de la manifestation des aéromodélistes, je me retrouvai face à un autre défilé. C'était celui des producteurs de balsa qui réclamaient... je ne sais quoi d'ailleurs, car ils parlaient dans une langue provenant apparemment d'Amérique du Sud. Comment avaient-ils fait la traversée ?
Sans doute sur un radeau comme le Kon-tikki, mais ils n'étaient que trois... eux ! Et je crois bien qu'ils demandaient l'appui des Pouvoirs Publics.
Mais qui pourrait les entendre, et les faire accéder à une certaine autonomie ?
Une main s'abattit sur mon épaule : "Arrête de gigoter comme ça, tu m'empêches de dormir !"
C'était ma charmante épouse qui venait de me sortir d'un rêve dantesque ! ·
En avant la musique
"Je vous parle d'un temps
Que les moins de vingt ans
Ne peuvent pas connaître.."
Pardonne-moi, Charles(*), d'avoir emprunté quelques-unes de tes paroles. C'est pour la bonne cause !
Car je connais au moins un modéliste qui apprécie; parce qu'en plus de connaître le pilotage, il connaît également la musique. Etonnant, non ?
Mais
il est d'abord modéliste.
"Je vous parle d'un temps... "
Tout ça pour évoquer ses débuts de pilote.
On ne sait d'ailleurs plus lequel des deux, du père ou du fils, fut tenté par l'aéromodélisme. Mais on sait que leur projet débuta par la construction d'un Prima. Une fois construit ce petit avion ne demandait qu'à prendre l'air, bien sûr!
Mais on a beau être enthousiaste, on n'en demeure pas moins prudent ! On contacta donc un modéliste chevronné, un ténor du pilotage, avec lequel on prit rendez-vous. Lui, il "connaissait la musique."
Le jour dit, à l'heure dite, Michel et son fils se retrouvèrent à l'endroit convenu.
On attendit le pilote "moustachu"... qui se fit attendre. Il avait dû bouffer la partition et avait de ce fait oublié le rendez-vous.
Mais le petit Alain piaffait d'impatience : il voulait voir voler son avion. "Dis, P'pa, on l'essaye quand même ?
- Non c'est pas raisonnable, répondit le père ; on ne sait pas piloter, et on va tout casser du premier coup."
Le temps passant, le petit Alain se fit plus pressant.
"Dis, P'pa, j'voudrais voir voler l'avion…"
Et le "P'pa" qui ne voulait pas déplaire à son fils, décide de tenter un essai. On ne serait pas venu pour rien !
Un coup de baguette sur l'hélice, et le moteur fut mis en route; il égrena ses notes claires pour la plus grande joie de nos deux compères (Etait-ce en clef de sol ?)
On accéléra, et le petit oiseau de balsa entame son premier vol, que l'on pourrait hélas comparer... au chant du cygne. Ce fut en effet une envolée lyrique, qui se termina par une fausse note en un énorme "couac".
Car le petit avion épris de liberté disparut soudain à la vue de nos compères, pour qui ce premier bout d'essai s'achevait sur un joli désastre. On a beau connaître la musique, on n'en est pas pour autant capable de mener un modèle réduit tel un chef d'orchestre, à la baguette...
Il fallut tenter de récupérer l'oiseau, qui ne se trouvait plus à leur portée. Peine perdue.
Le lendemain, Michel revint sur le terrain de ses exploits. Bien décidé à mettre la main sur son modèle.
Après avoir arpenté quelques hectares, il tomba nez à nez avec son joujou posé... en bordure d'un étang. Lac des cygnes?
C'est alors que "P'pa" commença par injurier son modèle, pour avoir pris la clef des champs sans autorisation. Mais il se ravisa bien vite. "Il ne faut pas brusquer les modèles réduits... ils risquent de s'en souvenir... "
"P'pa" Michel, lui, se souvient fort bien de cette mésaventure, qu'il me raconta avec forces détails un jour de pique-nique avec les modélistes du Menez Hom début juillet 2001.
Le tout ponctué par de grands éclats de rire.
Et il s'empressait d'ajouter: "C'est une histoire vraie, celle-là ! Au bémol près !"
Mais on n'en doute pas mon cher Michel. Comme toutes tes histoires.
Et pour mettre de l'entrain, Michel avait apporté dans le pré qui nous accueillait ce jour-là une petite batterie (en 12 volts, il ne donne pas encore dans les percussions... quoique... ). Tout ça pour alimenter son clavier, son ampli... Et il y allait d'une chanson à boire par-ci, d'un tango par-là, ou bien d'une valse de Vienne. Eh oui ! On a le droit d'avoir des goûts éclectiques !
Tiens, ça me rappelle un autre souvenir.
Imaginez quelques modélistes présents sur la pente. Un petit planeur bleu du nom de Panda virevolte, fait des cabrioles, monte, descend, tourne, semble danser comme une valse chaloupée.
Et qui se trouve aux manches ?
Notre ami Michel, bien sûr ! Qui chante à pleins poumons une valse de Vienne! Le Beau Danube Bleu, je crois. (En hommage à la couleur de son planeur ?)
"Pom'pom, pompompom, pom pom, pompom.
Pom, pom, pompompom, pom pom, pom pom..."
Et le Panda décrit dans le ciel de bien jolies courbes.
Quand je vous avais dit que notre ami connaissait la musique.
Et comme maintenant il connaît aussi le pilotage, dont il maîtrise parfaitement les partitions, ses planeurs prennent l'air, et lui il s'occupe de la chanson...
(*) Aznavour
Le piquet
Il y a de cela quelques "bonnes années", la piste de notre club était tracée au beau milieu d'un herbage. Ainsi n'était-il pas rare de jouer les cow-boys avant ou pendant une séance de vol, car les gentils ruminants qui partageaient le pré que nous louions semblaient irrésistiblement attirés par nos modèles réduits.
Vous me direz que pendant la semaine, afin de protéger une zone à peu près respectable, nous posions une clôture électrique pour délimiter notre territoire. Mais les "sales" bêtes finissaient parfois par abattre les piquets... et laissaient de "grassieux" souvenirs de leur passage. Ces épisodes, nous les rencontroins bien évidemment à l'époque où les bovidés vont paître.
Mais je connais quelques enragés humains qui sont capables de braver les intempéries afin d'ingurgiter leur dose de vol... sinon, c'est l'état de manque assuré.
Je veux vous entretenir d'une de ces fois où... il y a quelques lustres...
C'est l'hiver, il gèle à pierre fendre.
Je rumine dans mon atelier, n'osant braver la froidure.
La sonnette... un homme encagoulé vient me proposer une sortie "vol". Vraiment, je ne suis pas "chaud" ! Il réussit pourtant à me convaincre, et nous voilà partis chacun avec un modèle vers la lieu de nos exploits aéromodélistiques. Rituellement, notre premier boulot est de sortir les piquets de terre, afin de "coucher" la clôture électrique.
Chacun par un bout, nous procédons méthodiquement à l'arrachage des fichus piquets... et pas même une vache pour nous regarder.
Arrivés comme par hasard en même temps à l'angle de la piste, nous nous faisons des politesses, mon compagnon et moi, pour savoir qui aurait l'honneur de s'occuper de l'ultime et dernier piquet. LE piquet "majeur", LE symbolique, celui que nous avons fabriqué en tube de 4 cm de diamètre, inséré dans une cornière, elle-même plantée dans le sol.
Pourquoi tant de précautions ? Nous avions remarqué qu'à l'angle de la piste, les bestioles venaient souvent se frotter, et qu'elles finissaient par mettre par terre notre réseau de fil; et une fois les fils par terre, à elles la liberté,:et une bouse par-ci, et une bouse par-là. .. notre piste était devenue un "bousodrome". Avec LE piquet nous avions trouvé LA parade !
Michel, le plus costaud des deux, essaie de retirer le piquet "majeur". En vain. J'essaie : pas mieux !
Eh oui ! Le sol gelé a emprisonné LE fameux piquet. Comment dégeler la terre? En la réchauffant bien sûr! L'homme est décidément plein de ressources naturelles ! Lequel des deux souffla à l'autre: "Y'a qu'à uriner* dessus ! A 37°, ça devrait faire fondre la glace !"
*(je ne suis pas sûr que ce verbe ait été celui que.. . mais la bienséance m'oblige à surveiller mon langage...)
Il fallait être fou, ou particulièrement courageux, pour sortir son appendice par un froid pareil. Chacun notre tour, et de façon pudique, nous abreuvons donc notre piquet majeur... deux doses... En vain ! Même quelques ultimes gouttes ne parvinrent pas à débloquer la situation.
"On a du carburant !" tonna l'un des comparses. Ce n'était plus d'urine que l'on parlait!
Et une grande rasade de méthanol + huile fut versée au pied du piquet. On y craqua une allumette, avec la satisfaction béate de celui qui se dit : "Rira bien qui rira le dernier!"
Quelques litres de carburant furent ainsi consommés. Toujours en vain !
L'un des deux propose même, dans un ultime effort, de satisfaire à des besoins (sur)naturels. En vain à nouveau.
LE piquet nous narguait, là, au bout de notre piste.
Mais la sagesse nous enjoignit de ne pas tenter un vol. Chacun sait que, s'il n'y a qu'un obstacle, aussi minime soit-il, c'est là qu'on se le paye !
Nous décidâmes sagement de remettre:
- notre partie de vol à un autre jour
- et les autres piquets dans leurs trous respectifs, non sans mal d'ailleurs.
C'est ainsi que nous rentrâmes, fort marris, "la queue entre les pattes'... mais avec une grande satisfaction : celle de n'avoir rien cassé ce jour-là !
On se console comme on peut, non ?
Tel est pris...
II est des télépilotes qui suscitent un certain engouement par leur pilotage, leurs constructions, leurs facéties... la liste pourrait être bien longue.
Parfois, sur les pentes, ne connaissant même pas le nom des bonshommes, on les définit en faisant appel à la description de leur planeur, à la "qualité" de leur pilotage, voire à leur aspect physique. C'était sur le Ménez, en 1983, je crois. Nous vîmes arriver un jour un Roitelet acro, suivi de son propriétaire. Mais le dernier nommé fit l'unanimité de par sa froideur et son apparent refus de communiquer avec la bande des habituels fêlés fréquentant le site. Disons plus abruptement qu'il ne nous sembla pas sympathique - très subjectif tout ça ! - Et dans ces cas-là, on ne peut pas dire que le groupe auquel le personnage est confronté soit enclin à la générosité.
Ce Roitelet, pourtant, il ne volait pas mal du tout, ma foi. Quant à son propriétaire, il faisait preuve d'une régularité de métronome : il arrivait tous les jours à la même heure, vérifiait que sa fréquence était libre, volait, posait, puis repartait sans avoir prononcé le moindre mot. Certains de mes collègues avaient même avancé l'hypothèse que notre homme était forcément étranger puisqu'il ne parlait pas : il ignorait le fançais, évident, non? Les plus affreux affirmaient qu'il était assurément muet !
Ah ! Mais j'ai oublié un détail : notre héros possédait un magnifique pupitre en plexiglas, de forme très aérodynamique, avec quelques autocollants par-ci par-là. Ah ! ce pupitre à l'intérieur duquel était douillettement entreposé l'émetteur, le tout suspendu au cou de son heureux propriétaire par une splendide bretelle ! Qu'est-ce qu'il a pu nous faire causer ! Et c'est ainsi que nous avions baptisé son possesseur comme étant "l'Homme au Pupitre"... Mais je me demande si ce n'était pas là une marque évidente de notre jalousie.
Au 15 août tous les ans, là-haut, c'était la fête folklorique, avec des milliers de
visiteurs, et on ne peut pas prendre sa dose de drogue védépiste. Alors, au camping, en état de manque, on s'ennuie ; le désoeuvrement aidant, les langues fonctionnent admirablement. Je ne sais
plus dans la tête de quel infâme germa soudain une idée "géniale". Et si on en fabriquait un, de pupitre ? Mais pas n'importe lequel... Et il faudrait qu'il ait ceci, qu'on lui mette cela... De
fil en aiguille, nous mîmes notre projet à exécution. Quelqu'un jeta son dévolu sur une caisse ayant contenu des bouteilles de Perrier. Une magnifique ficelle bien dégoûtante servit de bretelle.
Un autre apporta un trèfle à quatre feuilles que l'on colla sur notre pupitre avec cette mention écrite juste au-dessus : ANTI-CRASH. On découpa un trou sur le dessus de la caisse pour y
déposer un verre avec sa paille. Le tout se trouva affublé d'une manche à air montée sur un tube télescopique (le tissu provenait d'un rideau subtilisé dans une caravane, pardon Colette
!).
Enfin, ce pupitre, il avait fière allure ! C'est alors qu'un idiot de service suggéra ce qui suit : "Demain, nous montons à la pente, l'un d'entre nous se colle le bidule au cou et se place pour piloter juste à côté de l'Autre !".
Approuvé à l'unanimité !
Le lendemain donc, notre cohorte arrive au Ménez, fébrile. Chouette, notre "victime" est déjà là. Les appareils photos sont vérifiés une dernière fois, car il conviendra d'immortaliser cet instant, fleuron de l'humour gaulois. Notre pupitre va bientôt faire son apparition... Quand le Roitelet se présente à l'atterrissage, glisse sur le sol, et s'arrête, impeccablement posé.
Notre homme va nonchalamment récupérer son oiseau... et remonte dans sa voiture !!!
Ce fut la dernière fois qu'il vint faire du vol de pente au Ménez, car jamais nous ne le revîmes.
Bien involontairement, sans doute, il ne nous permit pas de mener notre blague à son terme.
Y aurait-il eu un traître, parmi nous, qui l'aurait mis au courant de nos manigances ?
Tel fut pris qui croyait prendre.
L’ivresse des cimes
L’ivresse des cimes
Toute la semaine, le temps a été exécrable. Brouillard, bruine, froid…
Quand au milieu de cette grisaille, la météo annonce une fenêtre favorable : éclairicies, vent de Nord-Ouest.
Je contacte mon compère Noël, et nous convenons d’une sortie en vol de pente.
Nous voici donc tous les deux dans l’herbage en pente. Le ciel est parsemé de petits cumulus, et malgré la température à peine supérieure à zéro, la sensation de froid est tempérée par les rayons du soleil.
Nous savourons tous les deux la griserie de pouvoir respirer au grand air et de faire « mumuse » avec nos planeurs.
Le nez pointé vers l’azur, nous échangeons des propos anodins…
Dialogue, extraits :
« On est bien, hein, là, tous les deux ?
- Ouais !
- C’est mieux que de rester enfermé à la maison !
- Ouais !
- Et au moins, on ne fait pas de conneries!
- Ouais… »
Le « au moins, on ne fait pas de conneries» c’est Noël qui vient de le dire…
Et moi, naïvement, d’ajouter : « Du moins pour le moment ! »
J’ai à peine prononcé cette phrase que j’entends un bruit auquel je ne m’attends pas, comme un froufrou dans les branchages.
Je demande alors:
"C'est quoi ce bruit?"
Et Noël de répondre:
"J'sais pas..."
J'en profite pour scruter rapidement le ciel… et je trouve... un seul modèle en vol.
Je questionne alors :
« Dis-moi, Noël, mais où est ton planeur ? »
Et lui, posément, avec une superbe assurance, de pointer son index vers le seul planeur qui reste dans le ciel, et d’affirmer :
« Là ! Voyons !!! »
« Euh…Ben non, Noël ; celui-là, c’est le mien !!! »
Et afin d’en être vraiment sûr, j’imprime illico-presto un mouvement de roulis à ma machine.
Mon compagnon comprend immédiatement sa bévue : il « pilote » mon planeur !
Mais au fait, où est le sien ?
Je lui signale alors que, juste avant d’entendre le froufrou, j’ai aperçu du coin de l’œil un bidule blanc qui semblait se trouver au-dessus de la haie située sur notre droite.
Noël se met rapidement en devoir de marcher dans cette direction, cherche quelque temps… et finit par retrouver son planeur, le nez un peu rétréci à la manière d’un museau de bouledogue.
Fort soulagé, mon acolyte revient alors avec son modèle à la main, contemplant la terre qui orne l’avant du fuselage.
Mais comment expliquer cette perte de contrôle visuel ? Mon modèle est plus grand et possède un empennage en "T", alors que le sien est équipé d'un empennage classique...
Il tente vainement d’apporter une explication, aussi scientifique que possible… ponctuée par cette question qui revient comme un leitmotiv : « Mais où avais-je donc la tête ? ».
Je ne saurais répondre...
J’oserais toutefois émettre une hypothèse, qu’il nous faudra bien évidemment vérifier :
Malgré le faible dénivelé de nos pentes mayennaises, serions-nous donc victimes d’un mal appelé ivresse des cimes !!!
Arsenic et vieilles dentelles….
Arsenic et vieilles dentelles….
Le modélisme mène à tout, dit-on…
Y compris aux échanges culturels.
Il fut un temps où, grâce à nos amis Monique et Félix, notre club entra en relation avec un club britannique.
Nous avions pris l’habitude de traverser le Channel afin de nous rendre chez nos correspondants… Et ils en faisaient autant l’année suivante.
C’est au travers de ces échanges que nos sens s’affinèrent.
J’ai encore sur la langue la douce saveur des embruns de la traversée.
Mes yeux gardent encore le souvenir ébloui
du premier Spitfire que j’eus le plaisir de voir évoluer, le fameux D-NN. C’était à la Shuttleworth Collection.
Mes oreilles conservent encore la musique de son Moteur Rolls Royce. Mes narines se souviennent des odeurs d’échappement…
Mon corps ressent encore les vibrations des « warbirds » lors des meetings de Duxford…
Vous aurez pu remarquer que les différents sens dont le corps humain est équipé se montrèrent sollicités par ces échanges.
Et il est un autre sens, celui de l’humour, auquel nous fîmes souvent référence… sachant que l’humour britannique est paraît-il fort particulier.
C’était un soir de fête, nous étions plusieurs couples de modélistes autour d’une grande table. Sur ma droite, se trouve Agnès. Elle est Suisse d’origine, venue en Angleterre lors de ses études afin de parfaire la pratique de la langue ; elle y a rencontré un beau jeune homme, sans doute déjà aéromodéliste. Ils convolèrent en justes noces.
Ils vivent dans un authentique cottage du 16ème siècle au toit de chaume. Monument historique !
Agnès est une femme très stylée, toujours bien mise, s’exprimant dans un français très « haut de gamme », un peu 18ème siècle. Et c’est à ses talents de traductrice que nous faisons souvent appel lorsque nous sommes en panne.
Ce soir-là, au moment de porter un toast à l’amitié franco-britannique, je m’apprête à dire quelques mots, que je pense conclure par un banal « bon appétit ». Mais plutôt que de baragouiner dans mon anglais de cuisine une traduction littérale, je me demande s’il n’y aurait pas une expression « bien sentie ».
Je me penche alors vers ma voisine, et je lui demande : « Ma chère Agnès,
comment dit-on "bon appétit" en anglais, please ? »
Cette question sembla soudain mettre mon hôtesse dans l’embarras…
Puis après quelques secondes de flottement, cette femme élégante et raffinée, qui vivait
en Angleterre depuis quelques décennies et avait donc eu le temps de parfaire sa connaissance des « British », elle se pencha à son tour afin de me chuchoter
cette réponse, pour le moins perfide, à l'encontre de la… perfide Albion:
"Je crois que cela ne se traduit pas...
On ne peut guère souhaiter bon appétit à un britannique..."
Sens de l’humour suisse, mâtiné sauce anglaise!!!
Ah, ma chère Agnès ! Redoutable touche assassine trempée dans l’arsenic à l’égard du peuple qui vous avait accueillie… Vous qui disiez mettre en exergue la neutralité du peuple qui vous vit naître !!!
Je ne sais plus aujourd’hui comment il me fut donné de conclure mon laïus.
Mais tout pendant le repas, je ne pus m’empêcher de penser aux deux personnages féminins de la pièce « Arsenic et vieilles dentelles ! »
Les yeux exorbités...

Pour aujourd'hui, Météo-France prévoyait que le temps allait changer.
Et de fait: depuis le matin, on se trouvait avec une épaisse grisaille plombant le ciel... mais il était prévu que cela devrait se lever en cours de journée... avec vent forcissant et virant au Sud-Ouest.... précédant la traditionnelle arrivée de la pluie en pareil cas.
Mais l'info "vent de Sud-ouest" était tout de même intéressante. Suffisait de guetter la fenêtre.
C'est pas à un vieux singe...
Je me mets donc en devoir de guetter le ciel, mais les nuages bas tardent à foutre le camp...
Lorsque vers 15 heures, le soleil finit par transpercer le voile de brume, et voilà que tout se dégage presque instantanément.
Vite, je "jette" de quoi faire voler dans le coffre de la voiture, et je pars vers ma pente nommée La Roche. Après avoir garé la voiture, j'emprunte le petit chemin creux qui me conduira vers mes futurs exploits.
Cependant, j'entends le vent qui hurle dans les branchages... Hum... N'ai-je pas été un peu présomptueux?

C'est pas à un vieux singe...
Après 800 mètres de marche, je débouche dans la prairie, et il faut reconnaître que ça ventile un max.
Le petit HD 01 étant tout monté, j'allume la radio et je le lance.
Je ne tarde pas à comprendre: les quelques 300 grammes de mon moustique se font chahuter un maximum. D'une aile sur l'autre, et presque en vol tranche, et que je te prenne 20 mètres d'un coup... pour les reperdre tout aussi brutalement quelques secondes plus tard.
Bof, vaut mieux poser.
L'atterro est sportif... mais sans anicroches. Durée du vol: 2 minutes 18 secondes...
Je passe à l'autre modèle, un Vény plus "costaud" appelé à se défendre dans le vent.
C'est pas à un vieux singe...
J'assemble, vérification des gouvernes, et je lance.
Malgré la masse plus importante, ce Vény se fait pareillement bousculer, tel un fétu de paille.
Et le pilotage ne m'est pas agréable du tout.
Pourquoi alors s'entêter?
D'autant que le vent souffle de plus en plus fort, qu'il s'engouffre derrière mes lunettes, que cela me sort des larmes qui tourbillonnent derrière les carreaux, et que j'y vois de moins en moins clair.
J'ai beau me positionner la tête de travers afin de provoquer un courant d'air qui assècherait mes pleurs, rien à faire. Et pour "arranger" le tout, j'ai le soleil juste dans l'axe de vol: il est de plus en plus bas sur l'horizon, et il s'amuse à me faire coucou pour bien m'enquiquiner...
Et c'est ainsi que j'ai l'impression d'avoir les yeux qui me sortent de la tête...
Ce qui me fait faire la grimace...
C'est pourtant pas à un vieux singe...

Mais intérieurement je me marre quand même, en pensant au dessin qui figure sur la dérive de mon planeur.
Jamais il n'avait collé à la situation avec autant d'acuité!!!
De guerre lasse, j'ai entrepris de poser.
C'est là que les aérofreins "crocodiles" très efficaces m'ont rendu un grand service.
Durée du vol: 6 minutes 20 secondes.
Si vous faites le calcul, j'ai piloté moins de dix minutes.
Et ça, c'est plutôt surprenant en ce qui me concerne...
Exorbitant, non?
Car en général, quand je sors, j'en prends pour une heure environ...
Mais, là, franchement, j'ai trouvé que la situation était in-te-na-ble!!!
"On fera mieux la prochaine fois..."
Dixit le vieux singe!!!!
Partageons l'ascendance
Je vous ai fait part tout dernièrement du spectacle que m’avaient offert quelques buses
lors d’une séance vol de pente. (voir sur le blog : « Ballet aérien »)Je suis sorti à nouveau hier, sur un autre
site.
J’ai pu, là aussi, observer des buses, mais dont le comportement
était tout autre. Ici, pas de chasse, pas de dog-fight. Rien que du vol à voile au cours de cette
séance.
Et puis j’ai pu observer aussi quelques corvidés qui, lorsqu’ils délaissent leur vol battu un peu lourdaud, se montrent également très fins
voiliers.
Et puis… une situation que j’avais déjà pu remarquer : à certains moments, pas un seul nuage dans le ciel… ce qui ne facilite pas le repérage des
ascendances. Mais mon planeur en touche une, je le centre… et ça grimpe… sur fond de ciel tout bleu.
C’est alors qu’apparaissent très furtivement de nombreux « éclairs » blancs, visibles pendant
toute la durée où j’ai pu exploiter ce thermique « bleu ». Des étoiles filantes en plein jour!
Me
tromperais-je énormément en pensant qu’il s’agit du ventre blanc des hirondelles ?
Un véritable
« nuage » beaucoup plus haut que mon planeur!Je suppose qu’elles étaient là au moins pour deux raisons,
(voire une troisième: la paresse!)
- 1- économie d’énergie: puisque ça « plane » tout seul sans trop se fatiguer!
-
2- réservoir de
nourriture providentiel, puisque les moucherons doivent se trouver « absorbés » par l’ascendance : suffit de les
gober !
Et puis un peu plus tard, ma découverte du jour, plus surprenante sous nos latitudes mayennaises.
Alors que mon planeur grimpe gentiment, j’aperçois au-dessus de lui un bel oiseau qui tournoie.
Majestueux.
A la taille, on pourrait penser à un héron, devenu très
commun dans nos contrées…
Mais je suis persuadé que ce n’était pas un héron; pour les raisons suivantes:
- le plumage de l’animal comportait des zones blanches très nettement
visibles ;
- et le cou! Chez le héron en vol, le cou prend la forme caractéristique d’un « Z » replié
vers le corps, si bien que le « fuselage » semble un peu plus trapu. Ici, le cou était longuement étiré avec le bec en prolongement. Et
les pattes finissaient de profiler agréablement la longue silhouette.
Mon hypothèse ? Il pourrait s’agir d’une cigogne, d’autant plus que la presse locale en a signalé une il y a quelques
jours, posée dans le champ d’un agriculteur mayennais, à quelques dizaines de km d’ici…
" Ma" cigogne a pris un max d’altitude puis, après avoir consulté
son ordinateur de bord, son GPS et son altimètre, elle a jugé qu'elle pouvait rejoindre une autre ascendance lui permettant de progresser vers les pays chauds. Elle a donc mis le cap
au Sud, vent arrière pour aller plus vite, et je ne l’ai pas revue.
Dans le domaine du vol à voile, certains oiseaux sont de véritables champions dont l'Homme s'est inspiré!
Grandes manoeuvres des hirondelles...
Un cigogne qui file vers le Sud...
Tout cela venait soudain de me faire prendre conscience que nous étions en pleine période migratoire.
Avec des techniques fort différentes.
Les hirondelles se déplacent en voyage collectif, et ravitaillement en vol...
La cigogne quant à elle adoptant plutôt la philosophie du routard, avec obligation de se poser périodiquement pour effectuer des escales techniques afin de se procurer
l'indispensable nourriture.
Mais plutôt que de tomber dans la morosité au constat de cet été qui se meurt lentement, j'ai pensé qu'il était préférable de savourer mon plaisir.
Le partage de l'ascendance permet en effet de bien jolies découvertes, et procure d'immenses joies.
On peut (parfois) avoir de la chance
La veine, le bol, le pot, le « cul », l’aubaine, la baraka, la bonne étoile, l’heur…
Autant de termes pour évoquer le bon heur, face au mal heur…La déveine ?
C’est quand nous descendons sur le sable à marée basse un soir où la mer est calme, le Polyclub « sous le bras » afin de le faire évoluer dans la quiétude du soleil
couchant… avec l’espoir de réaliser quelques photos… et quand, sortant l’appareil photo numérique (APN)
de sa sacoche, mon petit-fils Maxence me dit :
« Regarde, Papy, l’appareil, il est bizarre… il était pas comme ça hier… »
Ben non… l’écran à cristaux liquides est envahi par des taches noires, et il n’affiche plus d’image. Il est brisé... Totalement hors
service!
Pas de bol…
Dans la mesure où cet APN ne dispose pas de viseur optique, j’ai tout de même pris
quelques clichés, au jugé, pour voir… et nous sommes remontés lentement au camping, un peu dépités.
Vérification à partir de l’ordinateur : mon Kodak prend encore des clichés…
Quelle aubaine…
Faire réparer l’appareil ?
C’est presque le prix d’un neuf !
Pas de
pot !
Mais je ne suis pas du style à balancer vite fait vers la déchetterie,
n’est-ce pas Vincent ? Toi qui dis en me raillant quelque peu : « Tu es comme ma mère, tu fais durer ! »
J’ai donc décidé de donner une seconde vie à mon APN en l’installant sur un motoplaneur électrique afin de faire de la photo
aérienne. L’écran ne renvoie plus d’image ? Ce n’est pas très gênant,
puisque tout là-haut, je ne peux pas coller mon œil derrière l’appareil afin d’opérer le cadrage…
C’est une
chance, non ?
Mon petit Kodak a ainsi vaillamment repris du service, installé sur un Easy Glider
en Polypropylène Expansé que propulse un moteur électrique.
Six millions de pixels… c’est quasiment du luxe…
m’enfin.
Profitant du beau temps, cela fait deux jours que je mitraille, et la carte mémoire de 1 Go permet de
mitrailler énormément. De retour au sol, on « décharge » les photos vers l’ordinateur, et là commence un long travail de tri, car il
y a énormément de déchet.
Hier, le vent était Sud-Ouest : je suis sorti avec deux modèles en direction de la pente nommée « La Roche ». Un
coup d’Easy Glider et prise de clichés. Puis un coup de Vény, planeur « antique » puisque sorti de mes ateliers en décembre 1998.
Voyez que je « fais durer… »
Lorsque grisé par les bonnes conditions météorologiques, je lance mon
« Vény » dans une série d’acrobaties frénétiques ; et au cours d’un tonneau… je vois le planeur qui « abandonne » un truc noir. Vite, je tâte les commandes… et le modèle
répond encore.C’est une chance, non ?
Parce que, en un éclair, m’est revenue cette
anecdote :
C’était au temps où l’on utilisait la piste de Boyère. En fin de journée, mon copain Noël me
dit : « Tiens, le remorqueur Bison a encore du carburant, amuse-toi avec… »
Je fais décoller les 5 kg de l’engin, et j’entame une série de tonneaux, puis des loopings très grands, bien ronds… Quand au cours d’un loop,
alors que le modèle arrive en haut de la boucle et qu’il est sur le dos, je vois un bidule se détacher du Bison. Vite, je coupe les gaz… pas de réaction… je tire à la profondeur, pas de réaction…
je balance un coup d’aileron, pas de réaction…
Manque de bol !
Le diagnostic est facile à faire : on vient de « larguer » l’accu de réception !!! La liaison radio ne répond plus.
C’est alors que je crie à Noël : « Mais
t'’as pas mis un accu de secours ?
- Heu... ben.. si... bredouille le pauvre Noël qui voit déjà se profiler la catastrophe... y’en avait un… mais... mais, j’en ai eu
besoin pour équiper un autre modèle… »
Quel mal-heur…
C’est ainsi qu’après avoir effectué un nombre impressionnant de boucles au cours desquelles le moteur se mettait à hurler dans la descente, le
Bison a fini par emplafonner la planète, avec les dégâts que l’on imagine. Mais en ne heurtant ni maison, ni véhicule, ni être humain.
C’est une chance, n’est-ce
pas ?
Revenons-en à mon planeur Vény. J’ai vite compris qu’il venait simplement de perdre le capot avant.
Elément passif qui n’entrave pas la liaison radio.
Alternativement je jette un coup d’oeil sur le planeur, un
coup d’œil sur le capot qui virevolte en descendant. Mais le Vény privé de quelques grammes à l’avant est devenu centré arrière, et son pilotage est plus pointu.
Malgré tout, je parviens à le poser impeccable grâce aux aérofreins crocodiles très efficaces. J’entame alors la descente dans le pré vers la direction où je présume pouvoir retrouver mon
capot-fugueur.
Et au bout de 100 mètres, pile poil devant mon pied gauche, qu’est-ce que je vois ?
Le bidule noir que je cherchais ! Pensez que s’il était tombé deux mètres avant, il aurait été absorbé par une végétation luxuriante qui ne m’aurait pas permis de le retrouver.
Ou
bien j’aurais pu partir un poil plus à gauche, ou un poil plus à droite…
Le bol, le coup de « cul ».
J’ai remis le capot en place. J’ai fouiné dans mon sac, et j’ai trouvé un rouleau d’adhésif. Curieusement, c’est un accessoire que je
n’emporte jamais…
Quelle chance !
J’ai donc assuré la fixation du capot avec un brin d’adhésif, et j’ai relancé mon planeur vers les ascendances.
Il m’a procuré une heure de vol…
Comme quoi, on peut avoir aussi de la chance !!!
Et éprouver quelque bon-heur….
PS: un lien vers l'album photos, avec des vues qui
m'intriguent...
http://picasaweb.google.fr/Bernardino53/EasyGliderEtPhotoARienne