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Le piquet

23 Février 2009 , Rédigé par Bernardino Publié dans #Humour et modélisme

Je  suis sûr que vous n'avez pas eu la chance de voler dans un environnement aussi bucolique que le mien.

 Il y a de cela quelques "bonnes années", la piste de notre club était tracée au beau milieu d'un herbage. Ainsi n'était-il  pas rare de jouer les cow-boys avant ou pendant une séance de vol, car les gentils ruminants qui partageaient le pré que nous louions semblaient irrésistiblement attirés par nos modèles réduits.

Vous me direz que pendant la semaine, afin de protéger une zone à peu près respectable, nous posions une clôture électrique pour délimiter notre territoire. Mais les "sales" bêtes finissaient parfois par abattre les piquets... et laissaient de "grassieux" souvenirs de leur passage. Ces épisodes, nous les rencontroins bien évidemment à l'époque où les bovidés vont paître.


Mais je connais quelques enragés humains qui sont capables de braver les intempéries afin d'ingurgiter leur dose de vol... sinon, c'est l'état de manque assuré.


Je veux vous entretenir d'une de ces fois où... il y a quelques lustres...

C'est l'hiver, il gèle à pierre fendre.

Je rumine dans mon atelier, n'osant braver la froidure.

La sonnette... un homme encagoulé vient me proposer une sortie "vol". Vraiment, je ne suis pas "chaud" ! Il réussit pourtant à me convaincre, et nous voilà partis chacun avec un modèle vers la lieu de nos exploits aéromodélistiques. Rituellement, notre premier boulot est de sortir les piquets de terre, afin de "coucher" la clôture électrique.

Chacun par un bout, nous procédons méthodiquement à l'arrachage des fichus piquets... et pas même une vache pour nous regarder.

Arrivés comme par hasard en même temps à l'angle de la piste, nous nous faisons des politesses, mon compagnon et moi, pour savoir qui aurait l'honneur de s'occuper de l'ultime et dernier piquet. LE piquet "majeur", LE symbolique, celui que nous avons fabriqué en tube de 4 cm de diamètre, inséré dans une cornière, elle-même plantée dans le sol.

Pourquoi tant de précautions ? Nous avions remarqué qu'à l'angle de la piste, les bestioles venaient souvent se frotter, et qu'elles finissaient par mettre par terre notre réseau de fil; et une fois les fils par terre,  à elles la liberté,:et une bouse par-ci, et une bouse par-là. .. notre piste était devenue un "bousodrome". Avec LE piquet nous avions trouvé LA parade !


Michel, le plus costaud des deux, essaie de retirer le piquet "majeur". En vain. J'essaie : pas mieux !

Eh oui ! Le sol gelé a emprisonné LE fameux piquet. Comment dégeler la terre? En la réchauffant bien sûr! L'homme est décidément plein de ressources naturelles ! Lequel des deux souffla à l'autre: "Y'a qu'à uriner* dessus ! A 37°, ça devrait faire fondre la glace !"

*(je ne suis pas sûr que ce verbe ait été celui que.. . mais la bienséance m'oblige à surveiller mon langage...)

Il fallait être fou, ou particulièrement courageux, pour sortir son appendice par un froid pareil. Chacun notre tour, et de façon pudique, nous abreuvons donc notre piquet majeur... deux doses... En vain ! Même quelques ultimes gouttes ne parvinrent pas à débloquer la situation. 


"On a du carburant !" tonna l'un des comparses. Ce n'était plus d'urine que l'on parlait!


Et une grande rasade de méthanol + huile fut versée  au pied du piquet. On y craqua une allumette, avec la satisfaction béate de celui qui se dit : "Rira bien qui rira le dernier!"

Quelques litres de carburant furent ainsi consommés. Toujours en vain !

L'un des deux propose même, dans un ultime effort, de satisfaire à des besoins (sur)naturels. En vain à nouveau.

LE piquet nous narguait, là, au bout de notre piste.

Mais la sagesse nous enjoignit de ne pas tenter un vol. Chacun sait que, s'il n'y a qu'un obstacle, aussi minime soit-il, c'est là qu'on se le paye !


Nous décidâmes sagement de remettre:

    - notre partie de vol à un autre jour

    - et les autres piquets dans leurs trous respectifs, non sans mal d'ailleurs.


C'est ainsi que nous rentrâmes, fort marris, "la queue entre les pattes'... mais avec une grande satisfaction : celle de n'avoir rien cassé ce jour-là !

On se console comme on peut, non ?

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