Aux pieds!
1 Mars 2007 , Rédigé par Bernardino Publié dans #Humour et modélisme
Aux pieds !
Le modèle réduit, c'est le pied, à condition bien sûr de maîtriser son modèle, et de ne pas piloter comme un pied. Et bon an mal an, nous accumulons ainsi bon nombre de souvenirs au fil des années.
Chacun de nos modèles, par exemple, nous marque plus ou moins. N'avez-vous jamais dit de l'un d'eux qu'il était gentil, lorsqu'il pardonnait généreusement vos erreurs de pilotage ?
Dans votre panoplie, vous avez dû également rencontrer des trucs bizarres avec des réactions pas toujours très saines et que vous n'arriviez pas forcément à comprendre. Ceux-là étaient assurément affublés de qualificatifs comme vicieux... (il en existe bien d'autres, mais la décence m'oblige à ne pas les citer) indomptables, capricieux, que sais-je encore ?
Cela ne vous est jamais arrivé ? Je vous vois sourire... Oseriez-vous cacher que certains sentiments vous lient, vous et vos "petits avions" ?
En ce qui me concerne, j'ai des modèles avec lesquels le courant passe bien, et d'autres que j'affectionne nettement moins, pour les raisons invoquées un peu plus haut. S'il m'arrive de casser l'un d'eux, j'en éprouve moins de regrets. En août 1981, j'avais un planeur tout jaune, de 2 mètres d'envergure, équipé 3 axes, planeur avec lequel mon fils avait fait toutes les pitreries possibles (lorsque je n'étais pas présent sur la pente... ! A savoir jeu de quilles avec des maxi bouteilles d'eau minérale, atterrissage volontaire en vol dos, percussion (involontaire) en vol...
Et dans un grand élan de générosité, mon rejeton m'avait dit cet après-midi là : "Tiens, P'pa, j'te l'prête !" Il pouvait bien le bougre, c'est moi qui l'avais construit ce planeur !
Après quelques minutes de vol, je me mis à préparer l'atterrissage. Quand j'entendis soudain derrière moi quelqu'un crier : "Aux pieds !" (vous voyez que les pieds jouent un rôle important en modèle réduit ! A qui s'adressait cet ordre ?
A moi ? Peut-être, après tout ? C'est vrai qu'on est très fier de l'effet produit sur la galerie quand on pose le modèle pas très loin de ses pieds : cela prouve en tout cas qu'on maîtrise suffisamment le pilotage si on réussit fréquemment ce genre d'exercice.
Au planeur ? Pourquoi pas ! Je vous ai déjà parlé d'un prototype à commande vocale, mais le dit planeur n'en était pas équipé. II est possible aussi que le galopin ayant donné cet ordre se soit adressé à son chien. Ou bien qu'il ait compris que entre le planeur et moi, s'étaient noués des liens d'amitié comparables à ceux qu'échangent un chien et son maître. Le "aux pieds" n'est-il pas utilisé par l'homme qui veut montrer sa domination sur l'animal ?
Et puis après tout, si j'essayais de me l'amener effectivement "aux pieds". Vous n'avez sûrement jamais succombé à ce genre de défi ; vous êtes de marbre, vous ?
Je me campai donc sur mes deux pieds, dos au vent et à la pente, le planeur revenant face à moi. La brise étant assez soutenue, il me fallait garder au modèle un peu plus de vitesse qu'à l'accoutumée. Pas mécontent du tout de mon approche ; à dix mètres de moi, le planeur se présentait bien dans l'axe, les ailes à plat. J'étais même obligé de pousser un peu à la profondeur afin de ne pas le voir repartir au trou. Cinq mètres : c'est tout bon, je pique encore un peu. Ça y est, le fuselage caresse la bruyère, glisse un peu, puis sous l'effet d'une rafale (si, c'est plus glorieux que d'avouer qu'il s'agit d'une fausse manoeuvre de ma part) le planeur redécolle. Ah, M...! Je pousse alors à fond le manche de profondeur et... Clac ! Imaginez la scène : mon gentil planeur se posant sèchement, l'avant du fuselage coincé entre mes deux jambes, et les ailes s'arrêtant au contact de mes chers tibias, après avoir exprimé leur satisfaction dans Les deux bords d'attaque étaient enfoncés jusqu'au longeron ; et je garde le douloureux souvenir d'un atterrissage "aux pieds".
Ce planeur, qu'est-ce qu'il était docile, et bien dressé.
Ne venait-il pas de se blottir contre moi, afin de me montrer toute son affection ? Touchant, n'est-ce pas ? un craquement joyeux.
Texte rédigé en 1987
Illustration de Gérard Pierre-Bès
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