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PapySolex

13 Août 2006 , Rédigé par Bernardino Publié dans #Humour et modélisme

Papy Solex

Plantons le décor:

Je me trouve sur le Menez Hom, célèbre site breton du « Bout du Monde » que tous les adeptes du vol de pente connaissent.

C’est là qu‘en été on peut rencontrer de nombreux planeuristes, échanger des techniques, envisager des projets… faire voler aussi parfois un peu, passionnément, à la folie; et papoter également, beaucoup!

Face à moi se tient un modéliste à barbichette, une sorte de vieux loup de mer « extra-terrestre», à qui je finis par demander : « Pourriez-vous m’accorder une faveur? »

Et le bonhomme me balance du tac au tac: « Accordé! »

Et moi de balbutier:

« Ben, mais… vous ne savez même pas ce que je vais vous demander….

- Oh, rien qu’à votre tête, je me rends compte que cela ne va pas être la mer à boire! »

Voilà donc un premier trait de caractère du personnage.

Mais un peu surpris tout de même par cette « carrure d‘esprit», je me lance dans une explication à propos de ma requête.

Suite à quoi le monsieur ajoute:

« Voyez, je le savais! C’était pas la mer à boire, hein? »

La mer à boire!

Mais que faisait donc cet étonnant Papy loup de mer sur les pentes du Ménez Hom?

Hé! Bien évidemment, il était là tout comme moi pour pratiquer… le vol de pente. Mais en quoi ceci mérite-t-il une rubrique?

Quand je vous aurai dit que notre bonhomme arrive chaque jour sur la pente avec un « Solex », que ses sacoches sont chargées de fuselages et que son sac à dos brinqueballe avec des ailes… voilà qui devient un peu plus extra-ordinaire, n’est-ce pas?

Quand je vous aurai dit que notre bonhomme vient de Morgat ainsi harnaché, et que pour faire ses 26 km notre homme met presque une heure et demie… faut être passionné, n‘est-il pas?

Mais pourquoi diable utiliser un Solex, alors que d’autres investissent le site avec de confortables  fourgons pleins de planeurs? N’est-ce pas JPP?

C’est que notre bonhomme est aussi un adepte du voilier, bateau dont le port d’attache est  La Rochelle, qu’il est venu en Bretagne avec ledit bateau, qu’il pratique aussi la plongée sous-marine, qu’il tâte un peu de la mécanique…

Il suffit de l’entendre parler du moteur de son embarcation, un gros engin qu’il a reconditionné lui-même…

Et comme il en avait marre de faire de longues marches ne serait-ce que pour avitailler, il a eu l’idée d’acheter, non pas un, mais deux Solex!

Pour 150 Euros… et en cannibalisant les « trottinettes noires», il a réussi à remettre en état de marche un antique vélocipède motorisé… qu’il entrepose sur le pont de son bateau!

Pas banal n’est-ce pas?

Il y a quelques lustres, j’avais déjà rencontré sur le site du Ménez un autre passionné, un certain Pierre Rondel, qui, à l’époque adolescent, faisait du stop pour monter à la pente, son sac à dos bourré de petits planeurs « Epsilon ».

Mais là, je me trouvais face à un adolescent-Papy, extraordinaire!

Qui m’avoua que se promener ainsi à Solex avec ses planeurs constituait une sorte de « trip », le vent se prenant dans ses ailes et causant parfois des écarts imprévisibles.

C’est alors que je lui suggérai prudemment: « Ne serait-ce pas plus judicieux d‘utiliser une… une remorque?  Par contre, sur le bateau où la place est comptée…»

« Oh mais cher ami, c’est à l’étude, j’ai d’ailleurs déjà quelques croquis! Elle sera pliante et tout à la fois légère… si possible profilée!!! Opérationnelle pour la saison prochaine! »

Il se dirigea alors vers une des sacoches. Tel un marin adepte de la course en solitaire tapant dans sa cambuse, il en extirpa un boite métallique dont il retira la capsule, et muni d’une petite cuillère, il se mit en devoir de déguster le contenu… Puis ayant ainsi lesté son estomac et repris des forces pour affronter la route, il ligota les fuselages sur l’arrière du Solex, enfila les bretelles de son sac à dos, positionna son casque sur la tête…

Ainsi paré pour la « course au large », il salua alors l’entourage, avec un puissant: « A demain tous, et bons vols! »

Il empoigna le guidon, fit basculer la béquille; et un petit coup de « poussette » plus tard, le vénérable monocylindre lâchait quelques hoquets caractéristiques.

Sur le chemin caillouteux du Ménez Hom, notre homme enfourcha alors sa monture afin de rejoindre son port d’attache. Qu’il atteindrait après avoir lutté contre le vent une bonne heure et demie plus tard.

I’m  a poor lonesome  cow-boy!

 

 

 

 

 

Ce personnage ne méritait-il pas une rubrique, qu’il m’autorisa à rédiger…

Souvenez-vous du tonitruant: « Accordé! »

Car vous le savez maintenant; là se trouvait le but de ma requête.

Et je pense qu’il il aurait été dommage de ne pas vous en faire profiter.

 

 

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