¿ Cómo te llaman ?
21 Juillet 2012 , Rédigé par Bernardino Publié dans #Billet d'humeur
¿ Cómo te llamas ?
Allez savoir pourquoi, mais l'autre nuit, alors que je traverse une coutumière et relativement courte insomnie, me reviennent quelques images de mon grand-père maternel, le célébrissime José-Bernardino Duarté, l'immigré espagnol peu scolarisé, devenu casseur de cailloux afin de gagner sa vie en France.
Images illustrées par une courte anecdote extraite des nombreuses histoires qu'il se plaisait à nous raconter, nous autres, ses petits enfants.
Et pourquoi celle-là plus qu'une autre ? Mystère !
Mais elle fait partie des innombrables « fables » qu'il nous narrait au fond du jardin, lui assis sur une chaise hors d'âge, pendant les pauses qu'il s'accordait pour griller une petite cigarette.
Et nous, sur une botte de foin, ou une bassine retournée.
Tels des oisillons affamés, nous n'en perdions pas une miette.
Mais il est temps que je vous fasse partager cette « fable ».
Je ne sais plus quel âge je pouvais bien avoir, mais je me souviens fort bien de l'anecdote.
Elle met en scène deux personnages espagnols, dont la tenue vestimentaire laisse supposer qu'ils ne fréquentent pas le même monde.
Et mon grand-père raconte...
S'adressant au rustre qui se trouve devant lui et qu'il ne connaît pas, le mieux vêtu demande :
« Cómo te llaman ? »
Et l'autre tout naturellement de répondre :
« Me llaman El Tonto ! »
(Que l'on pourrait traduire par : « On m'appelle l'idiot, le simplet...)
C'est alors que le « noble » se rebiffe, cherchant presque à faire la leçon à son interlocuteur .
Cependant, pour les besoins de la bonne compréhension de cette histoire, permettez que je la fournisse maintenant entièrement en français.
« Mais, El Tonto, ce n'est pas ton nom !
- Assurément, réplique alors le rustique malicieux, mais vous ne m'avez pas demandé mon nom, vous m'avez demandé comment ON m'appelle. C'est pourquoi je vous ai fourni mon surnom, et pas mon nom !
Tout au long de ce dialogue, mon grand-père me fit remarquer au moins deux choses :
-
le tutoiement utilisé par «le Noble » envers une personne qu'il semble toiser du haut de sa magnificence.
-
Et le vouvoiement poli du rustique, qui manifestement prend ses distances, semblant vouloir faire comprendre à son interlocuteur : «Nous n'avons pas gardé les vaches ensemble, même si c'est mon lot quotidien ! »
Mais est-il nécessaire que je pointe le plus « Tonto » des personnages de cette histoire...
Je me souviens fort bien des questionnements auxquels me soumit mon grand-père... m'incitant à réfléchir, à observer les nuances, les comportements des personnages mis en scène... sans jamais trancher de façon abrupte, me laissant évoluer au fil de nos échanges,
Tout en nuances... à petites touches.
Pas de discours péremptoire.
Ce grand-père qui aurait tant voulu que je devienne interprète, afin de pouvoir rendre la communication des gens plus facile.
Lui qui s'était mis à étudier l'Esperanto...
Ce grand-père fort malicieux, qui m'avait fait comprendre de façon très amusante une subtilité du langage espagnol, et la différence ô combien pertinente entre « Comment on t'appelle » ( Cómo te llaman ?) Et « comment tu t'appelles ? (Cómo te llamas ? = Quel est ton nom ? »
Est-il par ailleurs nécessaire que je disserte sur la valeur d'un nom par rapport à un sobriquet ?
Quant à la pertinence de la réponse fournie à une question plus ou moins humiliante... je vous laisse juge !
Tout au long de cette histoire, mon aïeul semblait avoir eu un énorme plaisir à savourer la leçon donnée par l'homme du Peuple à celui qui se croyait d'une essence supérieure.
Et ravi de m'avoir fait partager l'une de ses fables morales dont il avait le secret.
Dois-je vous dire que j'attends maintenant ma prochaine insomnie...
Imaginez que me revienne une autre histoire racontée par mon grand-père !
Ah, je ne saurai terminer cette anecdote sans vous avoir dit comment le surnommaient ses collègues entrepreneurs de carrières, autres casseurs de cailloux ?
¿ Cómo lo llamaban? (Comment l'appelaient-ils ?)
Parlant de lui, ils l'appelaient... le philosophe.
Sobriquet peut-être, mais dont je suis très fier!
PS: sur le cliché joint, mon grand-père José Bernardino et l'un de mes cousins, qui adorait faire des grimaces. Mais vous le connaissez déjà; il se prénomme Pascal!
Newsletter
Abonnez-vous pour être averti des nouveaux articles publiés.
Pages
- Album - Baron-a-skis
- Album - Easy-Glider
- Album - Electro-Junior-Graupner
- Album - Electro-Trainer-Graupner
- Album - Eoliennes-soleil-couchant
- Album - Minimag-a-skis
- Album - Module-Assan-2.4GHz--MPX3010
- Album - onyx-moon
- Album - Pittoresque
- Album - Pocket-PC-Medion
- Album - Pupitre-MPX-3030-et-4000
- Album - Reparation-par-lamelles-de-contreplaque
- Coucher de soleil à Cancale
- Croisement d'une buse en vol
- Eolienne Champgenêteux Arrivée des pales Photos
- La chapelle Saint Michel au Montaigu
- Première Montée Historique du Montaigu voitures photos
Catégories
- 595 Billet d'humeur
- 239 Scènes de la vie rurale
- 205 Photo et poésie
- 148 Tranches de vie
- 139 Modélisme
- 132 Humour et modélisme
- 98 photos
- 91 geocaching
- 82 VTT
- 80 Bidouilles en tout genre
- 51 Eoliennes
- 35 Chroniques d'un instituteur original
- 29 Bidouille informatique
- 24 Impression 3D
- 23 Chroniques des années 50
- 12 Poésie
- 11 Confinement
- 4 album
- 2 MHM
- 1 pho