billet d'humeur
Qui brouille l'écoute de mon GPS?
A savoir qu'il se promenait pacifiquement dans les rues de Brest, pas très loin de... l'arsenal et des installations militaires; son GPS Medion le guidait fidèlement... jusqu'au moment où son précieux guide a brusquement pâli... l'écran est devenu tout blanc, et le bidule s'est planté de chez planté... au point qu'il a fallu recourir au hard reset. Avec bien évidemment perte de toutes ses données personnelles... Il lui a même fallu retourner chez Medion afin qu'on lui ré-installe son logiciel de navigation qui refusait de se remettre en place!!!
Mais lorsque j'ai entendu Michel me raconter son histoire, cela a fait tilt dans ma petite tête.
Hé oui:!!!
Car, le plus "drôle" dans tout ça, c'est qu'il y a 2 ou 3 ans, il m'est arrivé exactement la même aventure dans cette même ville de Brest... avec le même type d'appareil... et même obligation aussi de procéder à un "hard-reset".
Sur le coup, j'avais émis tout un tas d'hypothèses, soupçonnant peut-être les gentils militaires de nous brouiller l'écoute... (amis du contrepet, à vous de jouer!)
Mais maintenant, la suspicion se fait de plus en plus forte, et je me demande de plus en plus si...
Faut-il alors envisager que les militaires possèdent des systèmes de brouillages qui pourraient déstabiliser les navigateurs GPS?
Ou bien est-ce une fabuleuse et curieuse coïncidence???
Mais un petit tour sur Internet m'a convaincu du fait que l'on vend pour quelques broutilles des appareils justement destinés à brouiller la réception des navigateurs GPS. Que certains employés les utilisent dans leurs véhicules pour éviter de se faire pister par leur patron...
J'ai également appris que les Irakiens auraient acquis en Chine des brouilleurs afin de dérouter les éventuels missiles américains.
Rappelez-vous, la 1ère guerre du Golfe, avec ses "frappes chirurgicales" effectuées grâce à des missiles de croisière qui pénétraient par l'orifice d'une fenêtre, avant de tout faire exploser: d'une épatante précision diabolique!!!
N'oublions pas que le Global Positionnement par Satellite, (GPS) a été mis au point par, et pour les militaires, donc à usage prioritairement guerrier. Que les gentils soldats ont bien voulu nous en transférer l'usage, avec une précision peut-être moindre, mais qu'à tout moment les Etats Majors peuvent être tentés de couper l'alimentation des systèmes de navigation civils quand ils sentent une menace...
On comprend dès lors nettement mieux que certains stratèges aient grande envie de brouiller tout appareil qui pourrait s'approcher d'un endroit sensible.
Alors, que s'est-il réellement passé pour nos deux pauvres petits navigateurs inoffensifs?
L'un de mes correspondants expose l'idée d'un "flashage" de l'électronique qui serait dû à un faisceau radar un peu (trop) fort...
Un autre me dit que nos navigateurs auraient pu prendre comme un coup de foudre comparable à ce que "ramassent " les appareils électro-ménagers lors d'un orage... Référence à l'expression "Tonnerre de Brest"?
Quoi qu'il en soit... Amis brestois, si vous avez des infos... ou si d'autres personnes possèdent des témoignages... près d'autres sites stratégiques... Je suis très curieux de savoir, quitte à pénétrer le secret défense!!!
Mais une chose est certaine: je vais dorénavant me montrer très prudent s'il m'arrive d'utiliser mon navigateur GPS dans des zones dites "sensibles"... on ne sait jamais!
J'ai en effet horreur qu'on me brouille l'écoute!!!
J'ai rencontré le Petit Prince
En cette période où le Monde ne sait plus très bien où il va…
Où les économistes s’arrachent les cheveux…
Où notre planète Terre ne tourne plus très rond…
Il est des petits plaisirs bien loin des préoccupations bassement matérielles.
Que je vous raconte :
Je me trouve dans un grand magasin, symbole de notre société de consommation ; ma femme est à la recherche d’un objet décoratif… Moi, essayant de tuer le temps, je déambule dans les allées…et tel le « grand » gamin que je suis resté, j’arrive fatalement au rayon des jouets.
Il faut dire que nous sommes mi-octobre. Des vendeuses s’affairent à déballer des cartons, disposer les boîtes de jouets sur les étagères, poser les étiquettes.
L’effervescence qui précède Noël.
Dans cette caverne d’Ali Baba, des gens vont « craquer »
des sommes rondelettes(1) afin d'acquérir un affreux King-Kong en peluche, ou le dernier gadget à la mode...
Et je suis quelque peu effrayé par la laideur des monstres et autres
robots qui peuplent abondamment cet astéroïde desjoujoux.
Le nez en l'air vers les boites situées tout en haut, je me plais cependant à penser malicieusement que le carton d'emballage servira peut-être plus longtemps de jouet que le contenu
lui-même.
Quand, sur cette planète où le plastique est roi, j’entends, sortie de nulle part, une petite voix qui m’apostrophe :
« Dis, Monsieur, tu sais
où sont les billes ? »
Je baisse le nez, et là, je découvre à mes côtés, un charmant bambin, haut comme trois crêpes, qui s’adresse à moi avec la candeur du Petit-Prince.
M’aurait-il pris pour un vendeur ? Ou peut-être pour le père Noël ???
Il est vrai que je possède en ce moment une barbe blanche très fournie.
Emu et enchanté par cette demande fort amène, je réponds sur un ton rieur:
« Ben non, mon bonhomme,
je ne sais pas où sont les billes...
Mais regarde là, à quelques mètres devant nous : il y a une vendeuse. Demande-lui, elle doit
savoir. »
Tout en se précipitant vers la jeune dame, le gamin me lance :
« Merci M’sieur ! »
Puis s'adressant à l'employée du magasin:
« Dis, Madame, tu sais où sont les billes ?
- Oui, bien sûr, tu avances un petit peu, et tu tournes juste après les pères Noël escaladeurs. Tu vas trouver les billes à cet endroit.
- Merci Madame. »
Tel du vif-argent, le gamin a disparu au coin du rayonnage, et je ne l’ai pas revu.
Apparition furtive d'un petit renard, que je n'ai pas eu le
temps d'apprivoiser(1)...
« Dis Monsieur… »
A chacun son Petit Prince, n’est-ce pas ?
(1) Le Petit Prince, chapitre XXI intitulé "Le
renard":
"Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître.
Ils achètent des choses toutes faites chez des marchands..."
Oxymore
Qui n'a jamais entendu cette expression, couramment utilisée dans le Midi?
"Il est grand, ce petit!'
Méridionnal bon teint, mon père en était friand...
Tout comme il était friand des pièces de Pagnol, dont il citait des tirades ou des répliques, à la manière de Raimu qu'il essayait d'imiter...
"Mais tout le monde le sait bien que c'est dans la Marine française qu'il y a le plus de cocus... quarante!"
Ainsi donc, tel Monsieur Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, mon géniteur ne savait pas, le bougre, qu'il utilisait une tournure de style que l'on
nomme "un oxymore".
Bigre!!!!
Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne le savais pas non plus, jusqu'à ce matin!
En effet, écoutant avec attention ma chaîne de radio favorite, j'entends prononcer "oxymore" dans la bouche de deux journalistes différents, à quelques minutes d'intervalle. Tout
ça pour évoquer la parole de madame notre ministre de l'Economie, à propos d'une "croissance négative".
Une croissance, c'est dans le sens positif, non?
J'imagine mal une croissance négative...
Il faut cependant avouer que mes talents d'économiste sont asymptotiques à... zéro! (Ne serait-ce pas là un pléonasme? Tout comme le serait sans doute une "croissance positive"!)
Mais quelle élégance dans le style...S'exprimer par oxymore...
Dans le clair-obsur...
Il faut dire que certains "grands" de la littérature ont apporté leur contribution à la chose:
« Ne l'entendez-vous pas, cette cruelle joie, » (Racine, Berenice)
« La clarté sombre des réverbères » (Charles Baudelaire, Les Paradis artificiels)
« Un affreux soleil noir d'où rayonne la nuit » (Victor Hugo)
Citations extraites de Wikipédia (adresse URL en fin de page)
"Croissance négative..." Tout ça pour ne pas prononcer le mot "récession" à propos de l'économie!
(Puis-je vous faire une confidence? Il paraîtrait que le mot récession aurait tendance à épouvanter le Monde).
Plagiant alors notre Ministre (j'aime bien m'inspirer des "grands" de ce Monde*), je me plais à imaginer ce que pourrait être une... décroissance positive.
Madame le Ministre, je tiens à vous remercier de m'avoir enrichi. D'autant plus que cela ne vous a pas coûté un centime... Plus exactement, je vous remercie d'avoir indirectement
enrichi mon vocabulaire par le truchement de journalistes amoureux de la langue française.
J'espère tout simplement que je ne serai pas taxé sur cette plus-value!
En attendant, je crois au moins avoir compris une chose: pour "communiquer" savamment en ce début de XXIème siècle, il faut maintenant posséder une vocabulaire que sort de
l'ordinaire...
Un vocabulaire ordinairement littéraire et recherché!
Vive l'oxymore!
Qui permet d'enfumer les abeilles que nous sommes.
Et sur ces bonnes paroles... je me casse*!
*toute référence à "Kivousavé" ne serait que pure coïncidence! Ou une fortuite certitude!!!
http://fr.wikipedia.org/wiki/Oxymore
Ballet aérien
Je reviens tout juste de la pente dite « La Roche ».
Le vent annoncé de
SSO était bien présent, donc un poil travers gauche, et à mon avis nettement plus fort que prévu par la
météo.
Dans ces conditions, ce ne fut pas un plaisir que de piloter ! Les arbres sur la gauche au bas du pré généraient de
« joyeuses » turbulences qui se répercutaient très haut en altitude !
J’ai abandonné au bout de 25 minutes, le planeur roulant d’une aile sur l’autre, prenant 20 mètres d’un coup vers le haut, ou encore chutant d’une hauteur équivalente, le nez en l’air...
Curieuses sensations.
Je ne me souviens pas avoir connu de telles conditions sur
cette pente…
Mais j’ai eu droit à un spectacle fort intéressant : des petits oiseaux de proie se sont livrés à des « danses »
étonnantes, mêlées de cris stridents. (Des piaulements?) Tels des pilotes de chasse, ces voltigeurs semblaient foncer l’un vers l’autre, puis l’un d’eux esquivait, l’autre
revenait à la charge, effectuant des manoeuvres très vives. Ils étaient parfois trois à « danser » ainsi.
A d’autres moments, ils
partaient seuls, et s’immobilisaient au-dessus du pré… puis repliant brusquement la voilure, ils se laissaient tomber comme un caillou… et
repartaient tout aussi spontanément vers les airs. (*)
Peu après son "touch and go", un rapace a laissé échapper quelque chose… un mulot ???
J’ai beaucoup regretté de ne
pouvoir filmer…
Toujours est-il que si je n’ai pas totalisé beaucoup au niveau du vol… j’ai pris un intense plaisir à voir évoluer ces acrobates !
Sur le chemin du retour, mon sac à planeurs en bandoulière et mon émetteur dans le sac à dos, j’ai baguenaudé,
m’arrêtant de-ci de-là pour glaner quelques noisettes, picorer de jolies mûres …
Mes doigts se sont teintés en violet…
Et comme par enchantement sont revenues les douces senteurs de la rentrée scolaire;
l'encre, la craie, le parquet au brou de noix...
Les noix? mais oui...
Au creux de ce même petit chemin, dans quelque temps, les noix seront au rendez-vous…
Mais auparavant, ce sera les châtaignes....
Ce petit chemin, qui sent la noisette…
(*) A partir de ce site, (http://rjmonneret.free.fr/Rapaces/Buse/PageBuse.html)
il m'a suffi de cliquer sur "piaulant", afin d'obtenir exactement le cri que j'ai entendu ce jour-là!
Lien direct:
http://rjmonneret.free.fr/Rapaces/Buse/PhotosBuses/buse_var.mp3
Autre site:
http://www.oiseaux.net/oiseaux/buse.variable.html
Le canal du Nivernais à vélo
Je répondrais aisément avec ces quelques mots: pour le simple plaisir de prendre son temps! Et de façon futile...
Ici, on vit au rythme de l'eau et à la vitesse des bateaux, qui ne dépassent pas 8 km/h.
On taquine les pêcheurs, pour lesquels le temps prend une dimension différente.
On prend son temps pour admirer le paysage, la faune, la flore...
On prend son temps pour échanger quelques mots avec l'éclusier; qui vous apprend les subtilités de son écluse, dont la vantelle "amont" est difficile à remonter... la porte aval lourde à mettre en marche...
On bavarde avec les plaisanciers, qui vous demandent un coup de main pour passer la corde autour du bollard, cette grosse bitte d'écluse, afin de retenir leur embarcation pendant la manoeuvre.
On échange des souvenirs avec les autres pédaleurs ou bateliers, qui évoquent d'autres canaux... et très fréquemment revient le célèbre site de Fonsérannes près de Béziers... un escalier d'écluses impressionnant, tout autant que celui de Port-Brûlé.
Je tire ma révérence devant ceux qui ont imaginé le système de l'écluse: faire "remonter" un bateau, en utilisant de l'eau qui "descend" par nature... Tout comme pour l'oeuf de Colomb, il fallait y penser.
Je reste admiratif face au travail réalisé par les bâtisseurs de canaux, qui avec des moyens "rustiques", ont élaboré ce que j'appelle des chefs d'oeuvres. (Le canal du Midi n'est-il d'ailleurs pas classé au patrimoine Mondial?) Ces "terrassiers" n'avaient pas de pelles mécaniques, pas de laser pour contrôler les niveaux, et le GPS leur était inconnu.
Et je me plais à constater qu'un canal s'insère parfaitement dans son environnement: il lui a parfois simplement suffi de détourner ou suivre un cours d'eau, mais jamais il n'a provoqué des plaies béantes telles que le font autoroutes ou voies TGV.
Jamais un canal n'est passé en force: il ignore les longs viaducs ou les profondes tranchées que se permettent les hommes contemporains, poussés qu'ils sont par l'impérieuse nécessité de développer les transports "à grande vitesse". Si l'on compare à David et Goliath, un canal, c'est David, tout en finesse et en subtilité.
Se promener le long d'un canal? Plaisir nostalgique à un âge où la nature m'oblige à "courir" moins vite?
Mais je ne suis sans doute pas le seul à aimer.
Si j'en juge par la fréquentation apparemment croissante de ce canal... et des autres voies navigables de France.
De très nombreux Britanniques le sillonnent sur leur propre bateau. D'autres louent des pénichettes, et enfin les plus fortunés s'offrent des croisières de luxe afin de savourer la gastronomie de la Bourgogne.
Des familles entières enfourchent des vélos surchagés, s'arrêtant le soir dans un camping pour repartir le lendemain. C'est ainsi que nous avons croisé ou suivi des gens qui avaient "fait" plusieurs canaux de France.
Sur des vélos "allongés", sur des vélos "normaux", sur des tandems tractant remorque...
Et tous avec le même sourire de satisfaction.
Et puis un canal permet de comprendre la géographie ainsi que l'économie locale. Du camping de Coulanges sur Saône où j'ai séjourné quelque temps, je pouvais voir simultanément trois voies de communication étroitement liées: le canal, la voie ferrée et la route. Empruntant tous les trois la même vallée.
Sur le premier, les pénichettes des vacanciers avançaient paisiblement. Le rail véhiculait des passagers avec le TER très coloré de la région Bourgogne, et des motrices tractaient de longs convois avec des billes de bois ou bien des wagons à l'enseigne de "Transcéréales". Les camions quant à eux se chargeaient de transporter les autres produits de cette Bourgogne dont je pourrais résumer la richesse par ces mots: vignobles, bois et forêts, céréales, production bovine et... tourisme. Le tout observable depuis les rives du canal selon l'endroit où l'on se trouve.
A propos de tourisme, vous pourrez trouver ci-dessous un petit reportage photographique réalisé lors de notre séjour en juillet/août 2008
http://picasaweb.google.fr/Bernardino53/CanalDuNivernais
Et puis pour conclure, oserais-je écrire que la fréquentation d'un canal constitue une excellente cure de sagesse? Une sorte de "canalothérapie" tout aussi bénéfique que la thalassothérapie!
Un possesseur de péniche ne me disait-il pas un jour: "Séjourner aux abords d'un canal, c'est un art de vivre."
Notre humeur change plus souvent que notre fortune
« Notre humeur change plus souvent que notre fortune »
Pourquoi emprunter à Jules Renard le titre de cette nouvelle rubrique? Tout d’abord parce que c’est un compatriote puisqu’il est né en Mayenne. Et ensuite parce que notre ami Jules est parti pour la Nièvre à l’âge de deux ans… Département dans lequel je séjournais à ce moment-là, non loin du village de Chitry les Mines, dont il fut d’ailleurs le Maire…
Un beau matin donc, je pose le pied droit par terre au moment du lever, et je prends cela comme un signe de « bonne fortune »: je me dis alors que la journée s’annonce agréable.
En milieu de matinée, ma femme me demande de faire quelques courses: aller récupérer la boîte de médicaments commandée la veille à la pharmacie du village, et prendre du pain à la boulangerie.
L’humeur vagabonde et lutine, je pars donc vers la première de mes destinations.
J’entre dans la pharmacie… et mon « Bonjour » croise celui de la jeune préparatrice.
« Je viens pour… »
Je n’ai pas le temps de finir ma phrase que je vois émerger une tête dans l’arrière boutique. Avec un large sourire, la patronne de la pharmacie m’adresse un gracieux bonjour et tend la boîte à son employée:
« Nous l’avons bien reçue ce matin… Bonne journée à vous, Monsieur!» Et elle s’en retourne mettre de l’ordre dans ses tiroirs.
Je fais l’appoint en monnaie… La préparatrice me rend quelques billets, et je quitte la pharmacie, après avoir adressé à ses occupantes quelques mots que je pense être empreints de civilité…
Puis, le cœur léger, j’entame la descente de la rue principale pour effectuer ma seconde mission.
A la porte de la boulangerie, je croise une dame, que je salue, qui me répond, et qui tient la porte pour me permettre d’entrer; je la remercie, et me voilà au milieu des pains, des boules et des miches.
« Bonjour Madame… »
Pas de réponse.
Derrière le comptoir se trouve un femme dont je n’aperçois alors que le buste et les cheveux au sommet du crâne. Penchée sur son tiroir-caisse elle fournigote afin de ranger ses piécettes.
Elle est boudinée dans un tablier de plastique transparent… qui lui sied tel un préservatif difforme.
Ayant mis fin à son rangement, elle se redresse soudain et découvre son visage, qui laisse alors échapper cette succincte apostrophe: « Monsieur?»
Dois-je comprendre que cette avarice de mots signifie tout à la fois:
« Bonjour Monsieur, que désirez-vous? »
J’ai toutefois eu le temps de jeter un rapide coup d’oeil sur les étagères… mais je pense ne pas avoir aperçu ce que je suis venu chercher…
C’est pourquoi, je glisse timidement: « Vous n’auriez pas une baguette aux céréales?
- Non, pas aujourd’hui! »
Réponse sans appel!!!
« - Tant pis, dis-je alors, donnez-moi une baguette normale.»
C’est alors que se ravisant, la commerçante me lance: « Ah, mais si vous voulez, j’ai de la baguette campagnarde… »
Et elle pointe vaillamment avec son index une bannette où se trouvent rangés quelques pains, hors d‘accès pour sa main.
Je propose alors:
« Je me sers?
- Oui! C’est un Euro dix! »
Mais j’ai eu le temps de lire l’étiquette manuscrite où une main malhabile a tracé « 1.05€ »
Surpris, je dépose ma monnaie sur le comptoir; et allez donc savoir pourquoi, je me risque à dire, peut-être sur un ton laissant transparaître ma mauvaise humeur qui va crescendo: « Ben faudra changer votre étiquette…
- Ah bon, pourquoi? me lance le cerbère.
- Vous me réclamez 1.10 et c’est écrit 1.05... »
Je la sens prête à mordre.
Et sur un ton féroce, elle me rétorque:
« Oui, et alors? Je vous ai rendu 5 centimes… je vous ai donc fait payer le prix indiqué. »
Et moi, comme un couillon:
« D‘accord, mais je vous ai donné 1.20€…»
Elle a grommelé je ne sais quoi, mais considérant que l’échange était terminé, elle a nerveusement repoussé avec son abdomen le petit tiroir-caisse, qui s’est ainsi refermé bruyamment, tel une machine à sous qui vient d’avaler vos derniers jetons.
Infortuné jackpot…
Fort marri, j’ai tourné les talons.
Et je suis sorti de la boutique… sans le moindre mot de politesse, il me semble.
Depuis cet épisode malheureux, j’ai parfois eu l’humeur maussade, et j’ai eu largement le temps de consulter le Petit Robert à propos des « humeurs ». Ne donne-t-il pas dans ses différentes rubriques celle qui figure ci-dessous:
L'HUMEUR,
considérée dans ce qu'elle a de spontané, d'irréfléchi, et opposée à la raison, à la volonté…
Ah, si la boulangère avait répondu à mon « Bonjour madame »
Ah, si elle avait eu de la baguette aux céréales…
Ah, si je n’avais rien dit à propos du prix…
Ah…si l’aimable pharmacienne avait aussi vendu… du pain!
J’aurais peut-être dû justement retourner à la pharmacie, mais pour demander un médicament contre les mauvaises humeurs.
Je reviens cependant vers Jules Renard, qui écrivait:
Notre humeur change plus souvent que notre « fortune».
Je ne sais si ma boulangère aura vu sa « fortune » changer dans le bon sens; toujours est-il que la mienne a été amputée de 10centimes. Bof!
J’ai été contraint de faire contre mauvaise fortune bon cœur…
Mais le plus gênant dans tout ça, c’est que suite à mon passage dans la boulangerie, mon humeur avait effectivement changé, plus vite que ma « fortune » !
Et pas dans le bon sens!!!
La marie-salope
Fouiner dans le vocabulaire est pour moi une activité tout aussi naturelle que celle qui consisterait à aller aux
champignons.
J’ai pour les mots une certaine tendresse qui
consiste à les « sentir », les soupeser, les retourner, les déformer, les étirer…
Source de plaisir que certains qualifieront de futile… Peu importe !
Mais j’ai
comme l’impression d’avoir fait au moins un émule. C’est un petit bonhomme qui se nomme Maxence ; il m’accompagne fort souvent dans mes promenades à
pied ou à vélo.
Et qui
observe…souvent questionne, et parfois étonne...
Il avait dans les cinq ans. Nous nous trouvions à faire le
tour des remparts de Sainte Suzanne, cité médiévale proche d’Evron.
Lorsque, avisant un haut mur imbibé d’eau, le gamin se campe sur ses deux pieds, et déclare fort judicieusement :
« Ils auraient pu y mettre une gargouille, à cet
endroit ! »
Ma
femme étonnée l’interroge :
« Mais comment connais-tu
ce mot ? »
Et le gamin de
lui répondre le plus naturellement du monde :
« Ben… c’est
facile : un jour on passait devant l’église à Bais, et j’ai vu des drôles de
figures qui débordaient du toit… j’ai demandé à Papy ce que c’était, il m’a dit que ça s ‘appelait des gargouilles, et il m’a expliqué à
quoi ça servait… Après, on a fait tout le tour de l’église pour les observer, et c’était rigolo, parce qu’elles étaient toutes différentes… Des jolis
monstres ! »
Je m’imaginais que tout cela avait été oublié… que nenni ! Il avait enregistré très correctement.
Mais hier sur le halage de la Mayenne, la situation était différente.
Nous étions partis tous les trois effectuer une balade à vélo.
Promenade facile, car il
n’y a pas de côtes. Mais promenade réservant quelques surprises, au cours de laquelle on peut mettre en éveil autant les yeux que les oreilles ou le
nez…
Ici, une maman cane traînant derrière elle sa récente couvée. Là, un goéland fiché sur un plot rouge
balisant une écluse. Dans le lointain, un coucou semblant répondre en écho au clocher du village situé sur l’autre rive… et puis l’odeur tenace et un
peu âcre de la vase.
Vous ne tarderez pas à comprendre pourquoi.
Notre balade démarre donc
à l’écluse très fleurie de Saint Beaudelle, où nous découvrons une péniche portant sur
l’avant le nom de
« Florence » ; elle est à plein dans le sas, au maximum du gabarit.
Ses deux matelots discutent avec l’éclusière et un responsable des voies navigables… Nous
comprenons alors que cette péniche équipée d’une grue est chargée de curer le lit de la Mayenne.
Elle finit de franchir la porte amont et
remonte vers Mayenne : nous n’avons assisté qu’à la sortie de l’écluse… dommage !
La promenade commence alors réellement, et nous conduit en aval vers des méandres
aux rives escarpées.
A l’écluse de la Roche, nous effectuons une halte un peu prolongée car, à droite de l’ancien moulin, nous avons la surprise de voir émerger un homme-grenouille. Il s’affaire au pied d’un batardeau à l’intérieur duquel travaillent quelques ouvriers. Arrive alors un
petit bateau de plaisance. L’éclusier sort afin d’effectuer la manœuvre. Et nous engageons la conversation. Nous apprenons ainsi que les travaux sont
destinés à installer une micro-centrale électrique….
Le gamin n’en perd pas une miette, et assiste à toute
la manoeuvre. Nous descendons vers l’écluse de Boussard,
où nous découvrons une autre micro-centrale, avec son poste transformateur. Quelques explications nous sont fournies sur des panneaux documentaires.
C’est là que nous faisons demi-tour. Nous rattrapons assez rapidement le petit bateau… qui navigue à 8 km/h… et nous effectuons ainsi un bon bout de chemin en sa compagnie. Mais
Maxence, amusé par cette lenteur, décide finalement d’accélérer. Le compteur du vélo affiche maintenant
…16km/h. Nous allons deux fois plus vite que le bateau !
Quelques kilomètres encore, et nous voici maintenant revenus à notre point de
départ. L’éclusière tient une petite boutique avec du pain bio, de la pâtisserie, des boissons
fraîches…
Nous nous installons à une table, et pendant que nous
nous désaltérons… nous voyons redescendre la péniche « Florence », qui lance un coup de corne à l’intention
de l’éclusière.
Cette fois, nous aurons tout loisir d'observer la totalité de la manoeuvre.
A la sortie de
l’écluse, « Florence » marque un arrêt. Le godet de sa grue plonge dans la rivière, remontant des branches ou des alluvions vite déchargés dans ses soutes.
La scène mobilise quelques autres promeneurs, qui y vont de leurs commentaires…
Et pendant tout ce temps… je tends le dos à une question. Pourquoi le gamin ne me demande-t-il pas comment on appelle ce genre de bateau ?
La manoeuvre est maintenant terminée… « Florence » entame sa re-descente vers Laval ; le petit bateau blanc que nous avions rencontré
et que nous avions « semé » se présente alors devant l’écluse de Saint
Beaudelle.
Mais je n’ai pas eu la question… celle que j’attendais, et que je redoutais tout à la fois !
J’en suis
quand même presque ravi ! Parce que
Maxence sait lire maintenant : il
découvrira au travers de ce texte le nom peu flatteur donné aux chalands destinés à curer les ports ou les rivières.
Notre bateau est une… marie-salope.
J’imagine déjà la réaction du gamin...
Et le plaisir qui va avec.
http://picasaweb.google.fr/Bernardino53/LaMarieSalope
http://picasaweb.google.fr/Bernardino53/LaVallEDeLaMayenneEnAutomne
Le peu de la fourchette
Lorsque je me promène, que ce soit à pied ou à bicyclette, je ne manque pas de m’arrêter devant le moindre détail insolite.
A croire que je ne cherche que cela.
Et dans ce domaine, je dois dire que l’Ile de Ré offre au curieux que je suis tout ce dont il a besoin !
Pendant mon séjour, j’ai donc eu largement de quoi me divertir, aidé en cela par les villages fleuris de nombreuses roses trémières, dans un dédale des rues permettant de se perdre (in)volontairement... Ce qui procure une plaisir toujours renouvelé de rencontrer des plaques arborant des noms qui me réjouissent.
C’est ainsi que je suis arrivé un jour au Carrefour des bonnes femmes… (La Flotte en ré)
Ou bien dans la Rue des rentiers… (St Clément des Baleines)
Ou encore Rue des Culquoilés…
Mais apparemment, je ne suis pas le seul que ces noms intéressent.
J’en veux pour preuve l’article figurant dans le numéro 7 du magazine local gratuit, intitulé « Ré à la Hune »…
En page 13, est glissé un petit article faisant état de l’association maritaise Thélième (Théâtre et Lieux de Mémoire). Cette dernière propose l’idée de "travailler" sur les mots de la commune, en s’inspirant de noms empruntés à dix rues de Sainte-Marie.
Je vous en livre donc quelques-uns, parmi les plus « fleuris » :
Rue des Amourettes, rue des Beaucoups, rue des Belles, rue Chantecorps, rue du Coin Jaloux, rue du Paradis, venelle de la Paillarde…
Et l’article se poursuit : « Si vous en connaissez l’histoire, venez nous la raconter ; si quelqu’un l’a déjà écrite, venez la communiquer… Si vous ne la connaissez pas, inventez-la… et venez nous la lire le 27 juin à la médiathèque de Sainte Marie. »
Je ne serai pas sur l’Ile ce vendredi 27…
J’aurais bien voulu m’y trouver.
Cela m’aurait sans doute permis de décrypter l’énigme se trouvant derrière ce nom trouvé non pas à Sainte-Marie mais à Le Bois-Plage: « Chemin du peu de la fourchette. »
Lorsque je suis tombé sur ce panneau… j’ai commencé à gamberger et à tenter une traduction en langage continental.
Dans ce chemin, il y aurait donc peu à mettre au bout de la
fourchette...
Serait-ce que dans ce coin, on y mange chichement ?
J’ai cherché pour voir s’il n’y aurait pas au moins un restaurant ou autre lieu de bombance…
Et je n’ai rien trouvé.
Je suis resté sur ma faim!!!
C’est quelques jours plus tard que j’ai découvert la Maison du Fier située dans la réserve de LiIlleau des Niges. Un ouvrage proposait un petit lexique du vocabulaire local.
J’ai alors appris que le mot « peu » (à prononcer « pu »), désignait une élévation isolée ou une dune. Il serait issu du latin « podium »… Le point culminant de l’île se trouve donc au « peu des Aumonts » : 19 mètres d’altitude…
De nombreux lieux-dits tirent ainsi leur nom de ce « peu », écrit parfois avec un « X », et certains îliens portent également le nom de Dupeu, Dupeux, Dupuy…
Mais alors pourquoi ce « Chemin du peu de la fourchette » ?
C’est une dame née justement Dupeux qui m’a proposé sa solution :
« De la fourchette ? Ce mot a la même origine que le mot carrefour, fourchet… Chemin du peu de la fourchette ? Cela veut tout
simplement dire chemin de la butte du carrefour… »
J’avoue avoir été un peu déçu par cette explication très… terre à terre, fournie par une habitante native de l’île.
Mais le lendemain, je me trouvais du côté de Loix, où je découvris : « Rue de la Fantaisie ».
Cette fois, je n’eus pas besoin de traduction !
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PS: figurez-vous que quelques jours après publication du texte ci-dessus, je reçois un courriel d'une habitante de l'île avec laquelle j'avais échangé quelques propos badins, et qui m'écrit:
Bonjour,
Merci de vos Ré-flexions...
J'avais oublié de vous dire: "la fantaisie", ce n'est
peut-être pas ce que vous croyez... On appelait "fantaisie", le fil d'un cocon qu'on déroulait avant de le "filer"... (le mot date, je crois du XVe et cette acception fut abandonnée fin XIXe) Vu le climat de l'île, il y avait peut-être des vers à soie... Ou le
mince chemin sinueux appelait l'image de cette "fantaisie".
Cordialement,
Danielle
Ce qui a bien entendu titillé mon esprit. J'ai donc ouvert quelques gros livres... grâce auxquels j'ai pu répondre à ma correspondante:
Bonjour à vous
Voilà donc bien ce que je craignais : un faux ami, même dans
notre propre langue maternelle !
Comme quoi, il faut toujours se méfier!
Ce qui me fait penser aux passages à niveaux, où l’on prévient qu’un train peut en cacher un autre.
Dorénavant, je saurai que sur l’aimable île de Ré,
un mot peut en cacher un autre…
Il n’en reste cependant pas moins vrai que ma première perception de ce mot « fantaisie » me semble plus douce, plus propice
à la rêverie !
Considérons toutefois que j’ai fini par trouver dans le
dictionnaire encyclopédique Quillet une longue tirade concernant le mot fantaisie. Avec les sens les plus usuellement
connus, bien sûr.
Et où l’on
peut dénicher presque à la fin :
(TECH) fil de soie de qualité inférieure, qu’on tire des frisons et des
déchets.
(TYPO) Nom générique
de tous les caractères, autres que le
romain ou l’italique, dont on se sert pour orner
le titre des ouvrages. Nom générique de tous les objets destinés à l’enjolivement d‘un volume…
Et pour conclure (?), signalons que dans le village
voisin du mien, les habitants, pas forcément fantaisistes, viennent de poser une plaque arborant cette inscription : Rue des Loisirs. (Avec
un L majuscule, s’il vous plaît !!!)
Là, je pense quand même que je ne devrais pas commettre un énorme contre-sens !!!
Considérons enfin mon texte maintenant Ré-organisé; mais la mise en forme n’en étant pas enjolivée,
considérons-le comme étant vraiment sans fantaisie !!!
Serait-ce toutefois un argument ir...
Ré....futable ou
ir...Ré...vocable???
Coup de tonnerre
Il est des jours où on ne voit pas beaucoup plus loin que le bout de
son nez. Et qu’on ne soupçonne pas un seul instant ce qui va arriver.
Imaginez cinq ou six
personnes rassemblées dans la salle d’attente d’un cabinet commun à trois ophtalmos.
Pas un bruit…
Il est 8
heures du matin, les consultations ne sont pas encore commencées.
Tout ce petit monde s’éveille
gentiment à la vie dans une ambiance feutrée où l’on entendrait voler une mouche.
A ma gauche,
une petite dame vêtue de noir se penche doucement vers moi et, presque à voix basse, me demande timidement :
« Kiksè vot’ ophtalmo ? »
Et moi de répondre posément:
« C’était madame X… »
Mais je n’ai pas le temps d’aller
plus loin ; la simple audition du nom de « madame X » semble provoquer chez ma voisine comme une sorte d’orage imprévisible qui éclate
bruyamment.
« Ah, la salope ! » tonne-t-elle avec courroux.
Ce n’est plus la même
personne qui se trouve à côté de moi. Elle est devenue subitement hors d’elle !
Et d’enchaîner :
« C’est là aussi que j’allais… Mais quand j’lui disais qu’j’y voyais même plus pour conduire, elle me disait : « C’est normal à vot’ âge ! » Bon, ben… J’ai arrêté de conduire.
Pis après, j’y voyais mêm’ pus pour lire… Et elle me disait toujours : « C’est normal à vot’ âge ! »
Ben moi j’y disais qu’j’avais pourtant des copines de mon âge, qu’étaient allées chez d’aut’s ophtalmos, et qu’elles avaient été opérées de la cataracte, et que maintenant elles voyaient bien… Quand j’y disais ça, vous savez ce qu’elle faisait, hein ? Elle me rigolait au nez !
La dernière fois que j’ai été la voir, j’y ai dit que j’en avais marre, et que je voulais me faire opérer : elle a point voulu ! Ben j’ai fini par y jeter mes lunettes à la goule ! Et j’y ai dit que j’allais changer de crèmerie !
C’est comme ça que je suis venue voir le docteur G…. ça a point été facile pour avoir un
rendez-vous.
Mais il a pas hésité, y m’a dit : faut qu’on vous
opère !
Ben ça y est, maintenant me v’là opérée des deux yeux. Et à c’t’heure, je lis mon journal !
Depuis le temps…
Si j’avais su… »
Et puis lentement, posément, la petite dame d’égrener :
Ah… la salope… »
La salle
d’attente s’est trouvée comme électrisée par cet orage d’une violence inouïe… et nous sommes tous restés médusés…
Mais comment aurais-je pu prévoir que j’allais déclencher une telle réaction de la part d’une petite femme qui me semblait plutôt
timorée…
Après ce tonitruant coup de tonnerre, la pièce est maintenant redevenue silencieuse… et je peux lire sur les yeux des personnes présentes comme une sorte d’ébahissement…
Quelques instants encore, et semblant soudain apaisée, ma voisine de soupirer :
« Ah… Si j’étais restée chez elle, hein, comment qu’je s’rais, à
c’t’heure ?
Ah…. »
Vous comprendrez pourquoi j’ai préféré taire
pudiquement le nom de la personne ayant déclenché l’ire de ma voisine…
Je me contenterai simplement d’ajouter que madame X ne trouvait pas
urgent non plus qu’on opère mes yeux… qui n’étaient sans doute pas encore aussi délabrés que ceux de ma petite dame en noir.
Nous étions donc au moins deux dans cette salle d’attente à avoir changé de crèmerie !!!
Mais je n’ai pas eu le loisir de le dire à ma voisine, qui a exprimé sans ambages, et beaucoup plus vertement que je n’aurais pu le faire, ce qu’elle pensait de cette praticienne pour le moins contestée.
Ah….
PS: une personne ayant lu cette anecdote me dit dernièrement: "Cette petite dame, quand elle s'est exprimée, c'était vraiment le cri du coeur. "
Pour ma part, je pense qu'il s'agit tout autant du cri de la rancoeur!!!
Contant content… ou pas comptant ?
Question de mode (la mode, bien sûr, celle de printemps…) on me raconte ces temps-ci que l’on va réformer les programmes de l’Ecole Primaire.
Voilà donc (re)venu le temps des réformes… pour « moderniser le système »… dit le Ministre qui trouve
sans doute l’actuel système imparfait (du subjonctif ?) et qui doit rendre des comptes à ses concitoyens.
C'est... impératif!!!
Encore un aménagement futur
(simple ?) qui viendra s’empiler par dessus toutes les réformes du passé (antérieur?), sans aucun dépoussiérage préalable…
A propos de cette nouvelle et énième réforme, j’entends présentement s’exprimer par-ci par-là des gens qui sont contents, d’autres mécontents… Chacun participe… présent !
Et toujours à propos de ces "Nouveaux Programmes de l'Ecole Primaire", question temps et mode de conjugaison (mais ici c’est LE mode !) cette phrase extraite de mon
quotidien, que je vous livre à titre... indicatif: "Le Ministre a décidé de repousser à plus tard l'apprentissage du... passé et du futur antérieur."
Un pas en avant, deux pas en arrière... valse hésitation pour le temps présent !
C'est donc ce qui s'appelle jongler avec la mode, le mode et le temps: remettre à plus tard le passé, et le
faire passer pour le futur!!!
Ah, la conjugaison! Son mode indicatif, son subjonctif, ses participes… avec ou sans conditions... et son conditionnel...
"Ben... Si j'aurais su, j'aurais pas venu!!!" disait Petit Gibus!
Naguère, quand j'abordais l'étude du passé simple avec mes élèves de CM2, je ne manquais jamais un jeu de mots
facile fleurant bon l'allitération: « Ce passé simple pas si simple que
ça!!! »
Et nous envisagions le futur joyeusement. Futur que nous trouvions plus-que-parfait !!!
Mais c'était "dans le temps"! Et pas forcément dans l'air du temps!!!
Nous semblions apparemment tous très contents de jouer avec les mots et les temps!
Ce qui me remet en mémoire un texte que je viens d’exhumer de ma boîte à souvenirs.
Ecrit, en son temps, par une élève de CM2 qui savait conter…
Conte que je livre à votre sagacité… pour votre contentement je l’espère !
Marie-Noëlle… j’espère que tu ne m’en voudras pas !
Contant content… ou pas comptant ?
Je vais vous conter un conte qui ne compte pas pour rien :
Il faut compter le nombre de contes pour savoir qu’il n’y a qu’un conteur qui puisse conter des contes. Ni un comptable, ni un compteur ne peuvent ni conter ni compter. Pour cela, il faut être un vrai conteur.
Un vrai conteur peut conter un conte de vicomte à comte. Le conteur, s’étant adossé au comptoir, conte des contes. Toujours en comptant, le conteur continue de conter, sauf si vous le contrariez. Car un conteur contrarié refuse de conter.
Le conteur s’étant arrêté, je vais abréger.
Même si on ne fréquente plus que les comptables et les comtes, les conteurs ne disparaîtront jamais. Car dans nos cœurs, les conteurs continueront toujours à… compter !
Marie-Noëlle (10 ans à l'époque)