Il était une fois un petit Mayennais dont l’état de santé préoccupait ses parents. Sur les conseils d’un bienveillant médecin, ils prirent l’initiative de lui faire changer d’air.
C’est ainsi qu’il débarqua chez son oncle et sa tante Serveille dans le Sud de la France. Au N° 7 de la rue du Collège à Mèze… petite ville située sur le bassin de Thau.
Là où justement étaient nés ses « géniteurs ».
« Le climat lui fera du bien » disaient-ils tous en choeur.
Et notre campagnard découvrit le "Midi", son accent, ses odeurs, sa faconde…
Il y resta un an, fréquenta l’école "Clemenceau" aux bâtiments austères.
Le Pitchoune a grandi, est devenu adulte… et a ressenti le besoin périodique de « redescendre » dans l’Hérault.
Hé oui… en ce début septembre 2018, une fois encore, je suis retourné à Mèze.
Même si la ville a beaucoup changé, j’y ai retrouvé mille sensations.
Dans les rues étroites du centre, par les fenêtres ouvertes s’échappent les merveilleuses odeurs de la cuisine provençale.
Le bassin de Thau dégage toujours une présence olfactive puissante.
Sur les quais du port, on ne voit plus les wagons pinardiers. Et les entrepôts des marchands de vin ont été remplacés par d’innombrables restaurants que fréquentent des touristes cosmopolites.
Les fameuses barques de pêcheurs nommées « pointus », ont été remplacées par des bateaux de plaisance… Seul le port des barques sous les remparts de la chapelle des Pénitents en conserve quelques-unes… mais avec de puissants moteurs hors-bord.
Je voudrais toutefois revenir sur une image qui me poursuit.
Lorsque j’avais cinq ans, mon oncle et ma tante sacrifiaient à la tradition locale.
On sortait le soir à la fraîche.
Faire les cent pas sur l’esplanade… maintenant envahie par des places de parkings dédiées aux bagnoles. Qui s’éclipsent le jeudi et le dimanche pour laisser place à un marché fort animé.
On allait vers le port et la « plagette », pour s’asseoir sur un banc, afin d’admirer juste en face la ville de Sète et le mont Saint-Clair.
Sur sa gauche, la torchère d’une raffinerie de pétrole à Frontignan, aujourd’hui disparue.
Sur la droite, l’étroit et fragile cordon littoral qui relie Sète à Marseillan puis Agde. Le Lido... Avec sa route et sa voie de chemin de fer...
Par vent de mer, je pouvais entendre le grondement des trains sur la voie ferrée… Et lorsqu’il s’agissait de trains pour voyageurs, on pouvait suivre le cheminement lumineux de cette longue luciole…
Souvenirs, souvenirs, disais-je !
Quelques décennies plus tard, je ne peux m’empêcher de m’asseoir sur un banc de « la plagette »,
De préférence quand la nuit est tombée.
Et là…
Mille images, mille odeurs, mille bruits me reviennent.