Empirisme, spiritisme et Spitfire
Cela fait déjà longtemps que mon ami Félix connaît ma dévotion pour cet avion mythique qu'est le Spitfire. Et à chaque escapade que nous effectuions en Angleterre, il en profitait pour raviver cette passion; il faut dire que nous allions à Hendon. Ou encore à la Shuttleworth Collection. Ou bien nous visitions l'Imperial War Museum à Duxford, et nous assistions au traditionnel meeting de juillet! Qui a déjà vu voler un vrai Spitfire me comprendra. Et que dire du doux ronron offert par le Rolls Royce !
Il y a quelques années donc, le beau Félix m'avait apporté le plan d'un Spit Mk 1A, comme ça, sans penser à rien (MON OEIL !). Mon ami fit tant et si bien que je me mis un jour à la construction. Mais devant les difficultés qui surgissaient, je laissai tomber... Félix revenait à la charge, savait trouver les mots, et je repartais... Le manège dura... trois ans ! Quand il ne me resta plus qu'à effectuer le choix du moteur, là encore, Félix trouva la solution . "Je te prête le Saïto 65 quatre temps qui équipe mon Seamaster..."
On greffa donc le groupe motopropulseur complet sur le Spit; y compris l'hélice... mais attendez la suite.
Inquiet quand même au sujet de l'adéquation entre mon modèle et ce mote

ur, je m'introduisis chez Félix pour peser à son insu le Seamaster. (Félix ne pèse jamais ses modèles !). J'obtins 3,600 kg. Mon Spit terminé ne pesait que 3,400 kg; ça devait faire ! Pour le vol d'essai, on attendit Félix... qui ne vint pas. On filma l'événement, que mon héros visionna et revisionna le lendemain. Il jubilait !
Toutefois, les plus sceptiques, ceux qui posent toujours des questions (saugrenues), se demandaient comment cette hélice... mais attendez la suite. J'avais consulté d'éminents spécialistes qui m'avaient dit qu'une bipale pouvait être remplacée par une tripale de même pas, en diminuant d'un pouce le diamètre. Mais là, on en était à un pouce DE PLUS en pas, et trois DE MOINS en diamètre. Et ça marchait.
Lors, l'un des témoins du vol inaugural interrogea quand même Félix : "Comment avais-tu effectué le choix de cette hélice ?"
Et mon Félix, sans faire d'histoires, calmement répondit : "Sur mon hydravion, le moteur est en pylône; mais quand j'ai eu fini la construction, il était évident que je ne pouvais pas mettre n'importe quelle hélice. Avec un diamètre trop grand, elle m'aurait découpé le fuselage en rondelles de saucisson! Et cela aurait fait désordre ! Eh puis cette hélice m'a plu, voilà tout !"
Vous remarquerez au passage l'aspect très scientifique du raisonnement. Et irréfutable !
Difficile à croire, n'est-ce pas? Pourtant, tout ce qui précède, ça ne s'invente pas !
Ce qui n'empêche pas mon Spitfire de voler, très correctement, mais sans le doux ronron du Rolls Royce !
Cependant, il effectue le tonneau barriqué très typique du modèle grandeur. Avec le même déhanchement!
Et ça, c'est magique !
P. S: Félix, en cette année 2006, celle du 70ème anniversaire du Spit, tu pourrais pas m'offrir un Rolls Royce Merlin échelle 1/6,6 ?