Je suis d’la mauvaise herbe, braves gens…
Tiens, le vent a tourné ce matin !
C’est la réflexion que je me fais en allant récupérer mon journal dans la boîte aux lettres.
Tout ça parce que je renifle les effluves prodiguées par l’élevage de volailles situé vers l’Est de ma noble demeure.
Mais comme la météo semble nous avoir accordé une trêve, je me dis qu’une virée dans mes chemins creux sera opportune.
C’est ainsi qu’après avoir avalé les nouvelles fraîches, je m’en vais emprunter le petit chemin qui passe derrière « les Lilas ».
Remontant en direction des Batailles, je tombe nez à nez avec un arbre qui s’est littéralement affalé dans le chemin creux, et qui en obstrue le passage.
Je suis encore assez souple pour me faufiler entre les branches et poursuivre mon périple.
Mais je commence à sentir l’humidité au niveau de mes ripatons.
En effet, j’ai sous-estimé l’efficacité des gouttes de pluie enrobant encore les grosses touffes d’herbes… et je décide alors de marcher en relevant les pattes de mon pantalon !
Mais j’ai déjà remarqué les nombreuses digitales qui fleurissent les talus.
Admiratif devant cette "mauvaise herbe"… pourtant si élégante.
Je me remémore avec plaisir ces fameux « péteriaux », jolies corolles mauves avec lesquelles le gamin que j’étais prenait un malin plaisir en les faisant claquer (péter…péteriaux ?) d’un brusque mouvement des mains.
Mauvaises herbes…
Curieusement, c’est l’ami Georges Brassens qui vient d’entonner cette chanson dans mon baladeur !
« Je suis d’la mauvaise herbe, braves gens, braves gens… » (Voir extrait des paroles dans quelques lignes)
www.musikiwi.com/paroles/georges-brassens-mauvaise,herbe,32612.html
Et dès lors, tout au long de mon parcours, je vais repenser à ces mauvaises herbes.
Pour m’arrêter un long moment, et enfiler sur le bout de mes doigts… les élégantes digitales! Que l'on surnomme parfois "les doigts de gants de la vierge"
Pour admirer longuement les innombrables coquelicots qui osent partir à l’assaut des champs de céréales…
Et aussi pour me remémorer l’entretien que j’ai eu dernièrement avec des randonneurs, des vrais, habillés avec la tenue
« kivabien »… et qui s’étaient perdus lors de la labellisation d’un sentier de randonnée, parce que leur chef d’équipe avait dû les abandonner précipitamment. Lui seul était doté d’une carte et d’un GPS !
Et à l’issue de la discussion, j’avais cru comprendre qu’ils marchaient, marchaient, papotaient… apparemment sans autre but que… marcher !
Pauvres gens…
Les hommes sont faits, nous dit-on
Pour vivre en bande, comm' les moutons
Moi, j'vis seul, et c'est pas demain
Que je suivrai leur droit chemin
Je suis d'la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
C'est pas moi qu'on rumine
Et c'est pas moi qu'on met en gerbes
Je suis d'la mauvaise herbe
Braves gens, braves gens
Je pousse en liberté
Dans les jardins mal fréquentés
La la la la la la la la
La la la la la la la la
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Que j'vive un peu
Et je m'demande
Pourquoi, Bon Dieu
Ça vous dérange
Que j'vive un peu
Moi, je suis la « mauvaise herbe » des randonneurs, celui qui marche seul, celui qui s’arrête pour contempler longuement un talus tapissé de marguerites, une fleur de chardon, une ombellifère sur laquelle butinent des nuées d’insectes.
Tiens, le héron qui trône habituellement dans la prairie située sous le château d’eau n’est pas là ce matin…
Un bruit de machine lancinant… on doit couper de l’herbe pas très loin…
J’adore l’odeur d’herbe fraîchement coupée. Que ce soit de la bonne herbe, ou bien de la mauvaise herbe.
A ma droite, des coquelicots rutilent sous les rayons du soleil qui filtrent au travers d’un ciel parfois laiteux.
D’autres armées de digitales brandissent leurs hampes vers les nuages.
Elles acceptent toutefois de façon très pacifique la visite des abeilles qui viennent chatouiller le tréfonds de leurs corolles.
Aboiements. C’est le gros chien de la Noë Fèvre du Haut qui m’accueille en effectuant une ronde fougueuse autour de moi, annonçant ainsi de façon bruyante mon passage auprès de ses maîtres.
Un peu plus loin, je m’arrête pour humer et admirer quelques jolies roses au bord du jardin.
Quelques mètres encore, et je passe sous un cerisier, sec, sec, sec…
Pas de fruits cette année. Les conditions climatiques ont joué un vilain tour aux arbres « à noyaux », et aux autres aussi sans doute.
Petit à petit, je suis envahi pour les lourdes senteurs des vaches autour desquelles paissent tranquillement de jeunes veaux. Nourris à la "bonne herbe" de notre bocage.
Long meuglement…
Une troupe de corbeaux criards… Ils se chamaillent en effectuant des figures de voltige mal coordonnées.
C’est alors que je vois sortir d’un bosquet une élégante buse.
Patiemment, méthodiquement, à coups d’ailes bien dosés, elle va finir par trouver ce qu’elle cherche : une masse d’air, réchauffée par le soleil pourtant encore peu vigoureux, qui va « décoller » telle une montgolfière.
Le rapace s’inscrit parfaitement en son centre, se mettant à décrire dans le ciel de magnifiques orbes.
Et il grimpe, tout en douceur, ajustant au mieux la position des ailes avec des mouvements imperceptibles.
La buse, ne serait-ce pas le compas du ciel?.
Gentiment, elle va prendre de l’altitude… pour ensuite replier légèrement ses ailes et filer tout droit… puis disparaître définitivement derrière une haute rangée de chênes.
Descente du chemin de la Chauvière.
Je m’arrête longuement pour contempler de frêles églantines…
« Je suis d’la mauvaise herbe, braves gens, braves gens… »
Les hommes sont faits, nous dit-on
Pour vivre en bande, comm' les moutons
Moi, j'vis seul, et c'est pas demain
Que je suivrai leur droit chemin
Georges Brassens
L'album photographique complet sur Picasa Google:
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