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Saloperie de tabac !

8 Mai 2010 , Rédigé par Bernardino Publié dans #Billet d'humeur

Hier, alors que j’effectue ma quasi quotidienne marche, sur le goudron du chemin vicinal  qui grimpe vers la Chauvière,  j’aperçois un  emballage bouchonné.

Je me baisse et je ramasse ce qu’apparemment un automobiliste a négligemment jeté par la vitre de son véhicule.

Il s’agit d’un paquet de cigarettes, vide bien sûr !

Je le mets dans ma poche, en me promettant de le déposer dans la première poubelle qui croisera mon chemin... ou de le réduire en cendres dans ma cheminée...

Encore quelques centaines de mètres sur ce même chemin vicinal… et… que vois-je ?

Un autre paquet de cigarettes, vide lui aussi, tout aussi bouchonné.

Et de la même marque que le premier.

Tiens, il doit y avoir un fumeur  habitué de ce trajet.

Qui,  non content de se polluer lui-même les poumons avec l’herbe à Nicot,  "s’amuse" à polluer  la campagne avec des bidules dont on pourrait aisément se passer.

Fumer-tue-caviarde.jpgJe déplie alors l’emballage, pour lire les encadrés… façon avis mortuaire, surlignés d’un noir macabre, et  qui informent :

« Fumer tue », clame le premier en caractères gras.

Sur le côté, un autre avertissement : 

« Goudrons 10mg, Nicotine 0.8mg, Monoxyde de carbone 10mg»

Rien que ça !!!!

 

Mais le summum de l’hypocrisie se trouve sur le troisième encart :

« Faites-vous aider pour arrêter de fumer : téléphonez au 0 825 309 310   (0.15 euro/min)"

Voilà qui ne manque pas de saveur !

Et qui me fait « tousser » !

La loi impose donc que les marchands de tabac apposent ce genre de slogan sur leurs emballages…

J’en rirais volontiers si je ne connaissais les funestes conséquences du tabagisme…

Tout en marchant, je médite… Et des visages autrefois familiers m’apparaissent soudain…

J’ai bien écrit AUTREFOIS… Car ils ne sont hélas plus là  pour témoigner.

 

Je termine cependant mon escapade champêtre, ravi de m’être oxygéné.

 

Et puis, ironie du sort, la nuit dernière, le sommeil déficient  m’offre une bouffée d’insomnie.

Comme je le fais souvent en pareil cas, et afin de ne pas gêner mon épouse, je pose sur mes  oreilles les écouteurs de  mon poste radio.

Je zappe un peu. France Inter, France Musiques, Radio Classique… puis France Culture…

Et j’entends alors une voix persuasive…captivante… envoûtante…  celle d’une femme sachant admirablement conter.

Avec de nombreux  silences pleins de mystères.

Et aussi avec des mots qui chantent, qui évoquent, qui embrument, qui parlent de plaisir…

Plaisir d’écrire…

Et aussi plaisir de … fumer !

Cette femme explique que dans sa jeunesse, sa main droite était naturellement portée sur le stylo…

Et la main gauche ? La senestre… la sinistre main gauche ?

Tout naturellement faite pour tenir une cigarette en même temps, explique-t-elle. Avec une voix étonnamment jeune, sauf lorsqu'un rire éraillé trahit les nombreuses agressions de la cigarette.

Elle évoquait  au micro  son dernier livre, intitulé « Mes cendriers ».

Cette conteuse, c’est  Florence Delay… « dame ô combien verte », puisqu’elle est entrée à l’Académie Française en  décembre 2000.

Mais qui se cache derrière cet écran de fumée.  Ange ou démon?

Chantant  merveilleusement son amour pour la langue espagnole. Avouant  sa fascination pour la corrida, là où l'homme flirte avec la mort. La griserie du danger... Le passage de la vie à trépas...

Mais  qu'y a-t-il de l'autre côté du miroir?

D'ailleurs, lorsqu'elle évoque les cendres, ne seraient-ce pas les siennes qu'elle voudrait exorciser? 

 

J’ai continué de boire ses paroles, fasciné par ses multiples  talents.

 Autopsie-d-un-meurtrier.jpg

L'émission terminée, j’ai fini par me rendormir…

Peu après mon réveil, j’étais encore comme une abeille enfumée par une apicultrice de charme.

Je n’ai pas voulu que ma curiosité se consume.

Et j’ai voulu en savoir davantage, sur cette femme, sur son œuvre, sur ce roman « Mes cendriers »…

J’ai navigué sur Internet, où j’ai trouvé  ceci : 

« Mes cendriers est un livre inclassable, catalogue provocant de vertus et de vices, autoportrait où les cendriers servent de miroir. Ode à la tabagie ou élégie aux cendres ? Portrait du temps qui fuit, qui part en fumée ? »

 

Je suis resté perplexe…

 

Avec pourtant cette  seule étouffante  ritournelle :

Saloperie de tabac !

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