Entre nous soit dit...
Le lion
Lorsque j'étais écolier, le Maître régnait sur un empire dont les bornes atteignaient tout juste l'enceinte de l'école… et un peu au-delà ! Ses jugements étaient indiscutables, tout comme devait l’être son savoir, car il ne semblait jamais consulter la bible qu'était l'unique dictionnaire Petit Larousse de cette classe. La sévérité du Maître se devait d’être à la hauteur de sa noble tâche; et lorsque nous avions fait quelque bêtise, il était inutile d'aller nous plaindre auprès de nos parents.
Pourtant, je me plaisais à imaginer qu'un autre personnage lui disputait son autorité. Ce personnage, ne l'avait-on pas enfermé dans une cage grillagée? De plus, il trônait bien en évidence au milieu de la pièce, son corps de fonte était prolongé par une queue qui montait vers le plafond, puis bifurquait à angle droit avant de disparaître dans le mur. Il reposait sur quatre pieds dont la forme rappelait les pattes d'un lion, Roi de l’Afrique ! Il était plutôt silencieux, et n’intervenait jamais au cours des leçons. Pourtant. il lui arrivait de ronronner bruyamment, lorsqu'on l'avait trop bien nourri. En effet, il faisait l'objet d'un culte assidu, dont les "vieux" de quatorze ans étaient les grands prêtres. Ces élèves, qui devaient passer le Certificat d'Etudes, lui préparaient ses repas quotidiens. Pour le petit déjeuner, il s'ouvrait l'appétit avec du papier froissé, du fagot, et enfin du bois coupé menu à la hachette par les grands, ceux du Certif. Ce cérémonial se déroulait dans le bûcher ; et à l'évocation du mot « bûcher » surgissait l'image de Jeanne d'Arc brûlée vive par la faute de l’infâme évêque Cauchon. En plat de résistance, mon fauve ingurgitait quelques seaux de charbon. On m'avait bien expliqué que des mineurs descendaient au fond de la terre pour extraire ce combustible. Mais comment la Nature avait-elle pu fabriquer de tels boulets, bien lisses, tous identiques, parfois ornés de deux au trois équateurs en leur milieu?
Toujours est-il que mon fauve avalait sans sourciller ses différentes rations. Mais lorsqu'on l'avait un peu trop gavé, il se mettait à ronfler: il en rougissait de plaisir, et rayonnait de bonheur. C'est alors qu'avait lieu le miracle. Son corps devenait translucide, et l'on pouvait distinguer tout ce que contenaient ses intestins. C'était comme quand le Maître, profitant du malheur des autres, saisissait l'opportunité d'un bras cassé pour récupérer les radiographies de la victime : nous pouvions ainsi "voir" l'humérus, le radius et le cubitus. Comme j'aimais ces leçons de sciences!
Mon fauve, c'était vraiment le Roi; en classe, il marquait son territoire à l'odeur; parfois à l'aide d'une fumée épaisse et irrespirable; parfois il lâchait jusque sur le parquet quelque braise incandescente; c'est peut-être pourquoi, nous autres, les « petits », nous ne pouvions pas l'approcher; nous devions, comme au zoo, rester derrière les grilles.
Inévitablement, je me prenais à rêver que le royaume de mon fauve figurait sur les cartes de géographie "Vidal-Lablache" qui ornaient les murs de la classe. Ses territoires, dont l'A.O.F. et l'A.E.F., m'apparaissaient en vert sale et marron délavé qui symbolisaient mal à mes yeux sa Toute-puissance sur le continent africain.
C'est grâce à Tintin, le célèbre compagnon du capitaine Haddock, que j'avais appris à connaître l'Afrique ainsi que l'existence du Congo… ( et aussi certains jolis jurons tels que Australopithèques, bachibouzouks, ou mille millions de mille sabords!) Mais cela, bien évidemment, à l'insu du Maître; car à cette époque, les albums n'étaient pas en odeur de sainteté dans les écoles ( on ne disait pas encore B.D.); nous faisions donc circuler discrètement "le sceptre d'Ottokar" ou "les 7 boules de cristal", sachant que nous prenions des risques délicieux... En matière de littérature, Victor Hugo était le Maître incontesté, mais son poème "Océano nox" demeurait bien mystérieux pour le jeune enfant que j'étais. J'y préférais le bon La Fontaine, ou les aventures de l'enfant d'éléphant, au bord du fleuve Limpopo.
Au printemps, avec le retour des hirondelles, mon fauve disparaissait de la classe. Tout comme les cloches partaient pour Rome à Pâques, je m'imaginais qu'il retournait en Afrique afin d'inspecter son royaume, et faire des réserves de chaleur qu'il nous distribuerait à son retour. Effectuait-il un voyage inverse à celui des oiseaux migrateurs? Hibernait-il, prenant la place des ours ou des marmottes ? Je n'ai jamais bien su...
Ce fauve n'était qu'un banal ... poêle à charbon!
Mais il avait pris dans mon imaginaire une place de choix.
Les chaussures
Mais quand je rentrais certains samedis, mes parents s’étonnaient de ne pas voir mes jolis après-skis! Et pour cause, ils étaient restés bien sagement rangés au fond de mon placard. Et comme je n’avais pas suffisamment d’argent de poche, je ne pouvais envisager de faire procéder à une réparation chez Ouin-ouin! Réclamer de l’argent à mes parents? Il aurait fallu expliquer pour quelles chaussures ils devaient payer.
Au détour du chemin
Le fait de ne plus être « aux affaires » modifie parfois profondément le comportement des êtres humains. Du moins en ce qui me concerne.
J’aime donc prendre mon temps. Surtout depuis que je suis « inactif » … vous l’aurez compris.
C’est ainsi qu’en voiture je ne cours plus après le temps à rattraper…
Mon carnet de rendez-vous est aussi aéré que possible…
Et ce « nouveau temps » qui est le mien m’offre l’opportunité d’effectuer des promenades à mon rythme, sans grand souci de l’heure d’arrivée.
Il faut dire que j’ai la chance d’habiter une région de bocage, et que le premier chemin creux se trouve à 50 mètres de mon domicile.
Dois-je vous dire également que j’ai fait un adepte ?
Dès qu’il a eu la capacité d’avaler quelques centaines de mètres à pied, mon petit-fils a emboîté le pas… ce qui me ravit profondément.
« Papy, on va faire une petite balade ? »
Combien de fois avons-nous posé nos fesses le long d’une haie pour embrasser du regard le paysage qui s’offre à nous ?
Combien de fois avons-nous arrêté notre marche pour observer un défilé de fourmis traversant le chemin creux ?
Combien de fois avons-nous modifié notre itinéraire afin de bifurquer vers une haie où l’on pourrait trouver des mûres, des noisettes, des prunes, des pommes… ? Et revenir les poches pleines de provisions.
Heureux moments !
Lorsque l’on se promène à pied, ou à vélo, l’œil a le temps de fixer des détails parfois inattendus.
J’en veux pour preuve certaines rencontres avec des pancartes qui ne manquent pas de surprendre.
Ainsi celle que je vis récemment pas très loin d’Etretat, à l’entrée d’une propriété entourée de hauts murs et bien à l’abri derrière un immense portail métallique.
En gros caractères et sur quelques mètres de long s’étalait ce message : « Interdit aux cons ! »
Voilà qui interroge sur les intentions du propriétaire et sa façon de vivre ! N’est-ce pas ?
Parmi les panonceaux qui m’amusent –parfois-, figurent ceux destinés à mettre en garde un éventuel intrus.
Vous avez tous rencontré le classique des classiques : « Attention, au chien ! »
Et le non moins classique « Je monte la garde… »
On franchit un degré lorsque l’avertissement devient « Attention chien méchant ». Ou encore "Chien vache!".
Avec quelquefois cette mention « Vous entrez ici à vos risques et périls… »
Grrrr, voilà qui ne me donne guère envie de rencontrer le maître des lieux.
Mais il arrive qu’on trouve nettement plus « folklorique ».
Ainsi celui que je vis dans une petite rue à Champeix en descendant du château…
« Chien lunatique »
Le jardin qui se trouvait derrière laissait supposer que l’on avait affaire à un propriétaire quelque peu fantasque. J’aurais volontiers poussé la porte…
Dans une domaine un peu semblable, il faut noter ce panneau, bien en évidence à l’entrée du château de Fougères sur Bièvre : « Attention ! Chien marrant ».
Je n’avais jamais vu…
Et dans le parc gambadaient des poules naines, des coqs chamarrés, des pigeons au jabot rebondi… Pas de chien!
Là encore, j’aurais volontiers poussé la porte…
Parmi les surprises figurent également les noms de rue. C’est ainsi que sur l’Île d’Oléron, je me trouvai face à un carrefour avec cette mention sur un mur : « Impasse de la Paix ». Il ne me serait jamais venu à l’idée d’associer la Paix à une impasse. Bien au contraire !
Autre exercice de style, cette pancarte à l’entrée d’un pré : sur la première ligne on pouvait lire « Attenti » et sur la seconde : « Taurea » Le « peintre » avait dû fort mal calculer la taille de ses lettres, et il avait été contraint d’abréger la fin de chaque mot. J’avais malgré tout compris le sens du message, surtout à la vue du monstre se trouvant derrière la clôture : il ne me serait jamais venu à l’idée d’aller tailler une bavette avec lui !!!
Mais je ne voudrais pas oublier de signaler la toute dernière de mes découvertes. Elle se trouvait dans la vallée de la Loire, à l’entrée d’un village qui baignait littéralement au milieu des vignes :
« Chemin des gosiers secs ! »
A croire que les vignerons du coin n’avaient pas de quoi se désaltérer.
En ce moment c’est le temps des vendanges.
Le soleil pointe le bout de son nez.
L’automne a incendié certains arbres dont les couleurs rutilent.
Les feuilles s’amoncellent dans le creux des chemins.
Au fond du vallon, je vais pouvoir trouver quelques noix.
J’abandonne sans regret mon clavier afin d’aller prendre un bain de Nature.
Et trouver au détour du chemin, qui sait, une pancarte inattendue !
Bluetooth et livebox
Que je vous entretienne de mes démêlés avec WanadOrange.
Je possède un Pocket PC, sur lequel est installé un logiciel de navigation GPS (TomTom) et plein d'autres trucs.
Cet appareil (aussi nommé PDA) est équipé d'une liaison bluetooth (pas Wifi) qui me permet de le faire communiquer avec mon téléphone portable, mon PC portable. Et tout marche nickel!
Mais en lisant la notice de ma livebox, j’apprends que cette dernière peut communiquer aussi via bluetooth. Essayons pour voir... Curieux le gars!!!
Mettant alors les mains dans le cambouis, je constate en effet que mon Pocket reconnaît parfaitement la livebox qui apparaît sur l'écran du mini-ordinateur avec son identifiant…
Je me mets donc en route afin de paramétrer tout le cinéma.
Mais je bute sur la façon d’appairer les deux appareils…
Je finis par téléphoner à l’assistance Orange, où je suis accueilli par un type au prénom très français, parlant avec un accent manifestement originaire d’une région nettement plus au Sud que Perpignan, Alicante... Guadalajara, voire même Gibraltar!
Pour les besoins de la conversation, nous l'appellerons Maurice.
J’expose mon problème… disant que tout fonctionne correctement sur le PC de bureau, sur le PC portable, que le Wifi est nickel ; mais que je voudrais paramétrer un pocket PC afin de surfer sur le Net en utilisant la liaison bluetooth de la livebox .
"Mais non, je vous dis que je ne suis pas en panne... je veux paramétrer..."
Ce qui semble provoquer chez mon correspondant comme une sorte d'inquiétude. Et lui de me questionner:
« Heu, que me dit Maurice… mais c’est quoi une poquette Pécé? (sic!)
- Ben c’est un petit ordinateur de poche !
- Ah, ça existe ça… ? Non, c’est un ordinateur portable, hein ?
- Oui et non ; c’est ce qu’on appelle aussi un assistant personnel équipé de Windows. Ou un PDA.
- Ah bon… (un temps de réflexion, puis…) Ben... (Sur un ton péremptoire) Vous pouvez pas le connecter à la livebox!!!.
- Et si moi je vous dis qu’on peut ? Je l’ai vu sur des forums. D'ailleurs, dans le paramétrage de la livebox figure un onglet bluetooth… et en plus, mon pocket reconnaît la livebox ; il me fournit son N° ! Alors ? Hein?»
Je sens le mec agacé au bout du fil, confronté à un problème que son logiciel de dépannage n’a apparemment pas pris en compte…
Il hésite, puis me dit, embarrassé:
« Une ‘tite minute, je me renseigne ! »
Pendant ce temps-là, le compteur tourne, mais contrairement au temps d'attente gratuit, on m'offre du 0.39Euros la minute, et on me diffuse une musique à la noix, le tout entrecoupé d’interventions faites d’une lancinante voix féminine qui me rappelle qu’on va bientôt reprendre contact avec moi.
Longues secondes de solitude…
Puis Maurice refait surface… pour me dire que, après consultation de gens fort compétents, il apparaissait que ce « dépannage » n’entrait pas dans le cadre des interventions liées à la livebox.
Ce que, entendant, j’ai pas bien digéré du tout.
Grrrrrrrrrrrrrr!
J’ai été fort peu aimable, j’en conviens, et j’ai raccroché sèchement au nez de Maurice.
Fort marri, je suis alors retourné sur des forums, où j’ai épluché des pages et des pages. Pour découvrir enfin un tutoriel qui expliquait assez clairement la démarche à suivre.
J’ai appliqué.
Et maintenant ?
Ben mon pocket se connecte à la livebox via bluetooth tout à fait normalement.
"C'est pas possible! qu'il avait le gars de l'assistance!"
Ah bon?
Je peux maintenant surfer sur Internet, lire mon courrier électronique… même à partir du Pocket PC.
Bon, j’en ai conscience : l’écran du pocket s'avère fort limité en taille, et la consultation des pages Internet n’est pas vraiment agréable: faudrait presque avoir une loupe ; c’est tout de même nettement mieux sur mon écran plat 19 pouces !!!! Avec un vrai clavier et une vraie souris… le confort bourgeois !!!…
Il n’en reste pas moins vrai que je suis très fier de moi (si, si !) d’avoir réussi à me dépatouiller tout seul.
Cette possibilité ne me sera pas vraiment utile, mais j'ai satisfait ma curiosité intellectuelle! C'est déjà pas si mal!
Moralité de l'histoire?
Je retiens le service assistance de chez WanadOrange, pour sa grande compétence sur ce coup-là.
Et comme dit le vieil adage : aide-toi, le Ciel t’aidera.
Parce que, si tu lui poses des questions sortant de celles posées par l'utilisateur lambda, WanadOrange te laissera dans la ….
Ah ! Les voix de l’Internet sont (parfois) impénétrables… Mais elles ne me laissent pas muet!
PS: la liberté d'expression ne s'use que quand on ne s'en sert pas! (Canard Enchaîné)
Mieulx est de ris que de larmes escrire
« Mieulx est de ris que de larmes escrire
Pource que rire est le propre de l’homme.
Vivez joyeux »
C’est ainsi que le bon François Rabelais termine la préface du « Livre Premier » qu’il a consacré à son géant Gargantua…
Mieulx est de ris…
Mais revenons à nos moutons… comme dirait Panurge !
Dans une récente rubrique intitulée « Vive le camping », je vous disais toute ma passion pour cette activité, qui permet de faire d’agréables rencontres.
Tout comme celle que je fis dernièrement.
Que je vous narre :
Profitant d’un calme soir d’été, je sors un ch’tiot modèle d’avion électrique que je m’amuse à faire voler au bout du camping. Un petit groupe de spectateurs se forme. Et parmi eux, un élégant Hollandais, qui commence à me poser tout un tas de questions.
La conversation allant bon train, elle déborde très vite de l’aspect purement aéromodélisme.
Et mon interlocuteur de me dire dans un français très correct tout l’amour qu’il porte à notre pays. Ajoutant avec joie qu’il séjourne en France tous les ans depuis 1985…
Plus de 20 ans de fidélité infaillible ! Et comme notre homme est à la retraite, il précise qu’il a bien l’intention de profiter le plus longtemps possible des délices que propose la France…
D’ailleurs, à l’entendre évoquer ses souvenirs « françois », je me dis qu’il a une solide connaissance de nos régions, de nos paysages, et aussi de nos produits locaux.
Ne me quitta-t-il pas sur ces mots : « Bon appétit ! Moi, je vais déguster une bonne choucroute d’Alsace ! »
Nous n’étions pourtant pas au pays des cigognes, mais bien sur les bords de Loire…
Par la suite, chaque fois que nous nous croiserons, nous échangerons quelques mots…
Lorsqu’un soir, je le vois s’approcher de mon campement. Il a l’air un peu « excité »… « fun »… Il a visiblement quelque chose à dire :
« Bonsoir. Avec ma femme, nous sommes allés à Chambord ! Que de monde ! Mais c’est merveilleux… je n’ai pas assez de mots pour expliquer… »
De mon côté, il se trouve que ce jour-là, je suis allé visiter le château de Cheverny, celui dont Hergé se serait inspiré pour dessiner Moulinsart, la demeure du capitaine Haddock. Là aussi, une queue impressionnante à l’entrée du château.
Mais revenons à nos moutons…
Chambord avez-vous dit ?
Voilà qui me rappelle quelques vieux souvenirs.
Que je m’empresse de raconter à mon ami hollandais :
« Il y a de cela quelques années, ma femme et moi, nous avons visité Chambord. Et nous avions été surpris par la rapidité avec laquelle les groupes de japonais effectuaient la visite. Puis clic-clac ! Ils prenaient rapidement une photo souvenir avec le château en arrière-plan échangeaient mutuellement leurs appareils, et remontaient précipitamment dans le bus qui les conduirait vers un autre haut lieu de notre patrimoine…
Nous en avons bien ri ! »
C’est alors que je vois le visage de mon interlocuteur faire la moue…
Un temps de flottement dans la conversation… Tel un alpiniste mal encordé, il semble avoir « dévissé ».
Puis se ravisant, il me demande : « Vous avez dîné à Chambord ?»
Cette fois, c’est moi qui « dévisse »…
« Non, non, nous n’avons pas dîné à Chambord… pourquoi ?
- Mais…les Japonais, le riz… »
Ah… bon sang, mais c’est bien sûr !
Traîtresse langue française… qui mêle les sonorités propres à faire trébucher une oreille pas tout à fait aguerrie. Face à des mots qu’elle juge incongrus, la pensée tente de s’accrocher à ce qu’elle peut, essayant de reconstituer un puzzle dont elle n’entrevoit pas l’image finale… ce qui l’amène à s’égarer parfois dans une errance fatale.
Mon compagnon avait fait l’amalgame entre les petits hommes jaunes et leur nourriture, à cause du « nous en avons bien ri ! »
Ce soir-là… Incompréhension réciproque… bien évidemment.
Lorsque j’eus moi aussi remis les pieds sur terre, je me mis à expliquer que mon ri n’avait rien à voir avec le riz tant apprécié des Japonais…
Et rassemblant mes souvenirs scolaires afin de bien assurer le coup, j’essayai de traduire « nous avons bien ri » par « we laughed well » ou « wir haben gut gelacht ».
Le visage de mon ami s’éclaira à nouveau.
Nous venions de lever le quiproquo.
Nous sommes alors partis tous les deux dans un grand éclat de rire.
Nous avons bien ri…
Suivant ainsi à la lettre l’ordonnance du bon docteur François Rabelais :
« Mieulx est de ris que de larmes escrire
Pource que rire est le propre de l’homme.
Vivez joyeux »
Ce que je vous souhaite à tous.
Heureux qui comme Ulysse
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d'usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge !
Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village
Fumer la cheminée, et en quelle saison
Reverrai-je le clos de ma pauvre maison,
Qui m'est une province, et beaucoup davantage ?
Vive le camping
Les « jolis » ( ?) mois d’été constituent une merveilleuse opportunité pour sortir de chez soi et découvrir un environnement à la richesse insoupçonnée !
J’en veux pour preuve « LE » choc éprouvé un matin de juillet sur un terrain à Saint Pierre d’Oléron, lorsque je me trouvai face à un « camping-car » à la taille démentielle. Pensez à une semi-remorque que l’on voit parfois lors des séances « collecte de sang ». Avec des extensions amovibles sur les deux côtés. Cet immense attelage venu de Grande-Bretagne n’avait pu pénétrer que sur la première place du terrain, avec les branches des arbres qui le caressaient à la moindre brise… j’imagine les nuits de grand vent, toutes ces feuilles frottant sur la carrosserie… « Faites de beaux rêves » qu’ils disaient !
Et quand on connaît un petit peu les routes de l’île d’Oléron…on se demande comment cet engin avait pu arriver sans escorte de motards jusqu’aux portes de la Cotinière !!!
Tout aussi étonnants sont ces autres camping-cars qui traînent en remorque une mini voiture… ou qui emportent une Smart dans leur soute !!!
Mais on peut fort heureusement pratiquer le camping avec un budget moins conséquent…
La preuve : lorsqu’on a la joie de voir débouler des gens pleins d’énergie, qui au soir d’une journée bien remplie « jettent » leur toile pliable au sol en se félicitant de l’aspect « fonctionnel » du déploiement… mais au matin, c’est aussi le délice de les voir pester- jurer-râler lorsqu’il faut remballer la toile dans son sac !!! Moments cocasses.
Le camping, c’est donc la possibilité de vivre proche des gens… d’écouter la télé gratuitement, de vivre le Tour de France en direct. Et le JT du 20 heures… Et la météo d’Evelyne Dehliat… Ouais, c’est chouette la télé.
Le camping, c’est aussi l’immense « joie » d’être tiré de sa sieste par la sonnerie du téléphone de l’aimable voisine un peu dure de la feuille. C’est fou ce que j’aime « l’Ouverture de Guillaume Tell » agrémentée à la sauce GSM !!! Et ce, plusieurs fois par jour… Mais il faut que je vous rassure tout de suite : le chat que la dame a laissé en pension se porte bien, ses plantes sont quotidiennement arrosées, la voisine du cinquième est toujours trompée par son mari… celle du troisième… le petit boucher du coin… Bref, la routine.
J’avoue avec nostalgie que le téléphone mobile a révolutionné le camping. Le soir venu, on ne voit plus ces files d’attente devant la cabine qui jouxtait chaque terrain…. Maintenant, chaque campeur est relié à la Planète entière, même lorsqu’il se trouve dans les toilettes. « Ah, c’est toi, Germaine ? Est-ce que tu peux me rappeler dans 5 minutes, parce que là, je suis au petit coin… »
J’imagine le gus qui va remettre précipitamment son portable dans la poche de sa chemisette, qui va négligemment hâter la fin des opérations… finir par se tourner afin de tirer la chasse, et qui, en se baissant, va voir son joujou plonger dans la cuvette… à moins que ce ne soit des WC « à la turque »… glou. glou, glou...
Cette merveilleuse invention qu’est le « portable » donne parfois naissance à d’autres scènes tout aussi cocasses.
Je revois encore cette femme qui à chaque appel sortait de sa tente, et se dandinait béatement d’un pied sur l’autre pendant toute la communication. Un métronome battant la seconde!
Je revois cette adolescente dont le sac à dos se met à sonner, qui fournigote fébrilement dans son fouillis pour en extirper un téléphone, puis un deuxième, puis un troisième… et enfin pester parce que c’était en fait le dernier sur lequel appelait son correspondant ! Son petit ami sans doute !
Ou encore ces deux femmes voisines de camping qui se ruaient en même temps chacune vers sa caravane lorsqu’une vache meuglait ! N’avaient-elles pas toutes les deux choisi la même sonnerie ?
Ou encore cette autre scène où l’on voit arriver une bande de joyeux lurons apparemment invités à l’apéro, l’un d’eux avec le téléphone collé à l’oreille, et qui braille : « Mais, Bon Dieu, ou qu’c’est qu’vous êtes sur ce fichu camping ?
- Ben là, juste en face de vous ! »
Hé oui, les deux parties se trouvaient à vue distantes d’une vingtaine de mètres seulement !!!
Je viens d’évoquer l’apéro… LE rite du camping. Aux heures propices, n’avez-vous jamais vu soudain passer des groupes où chaque personnage porte un siège, soit pliant, soit en plastique blanc ? Il s'agit sans doute d'une procession dédiée à St Pastis ou Ste Anisette? Une sorte de Troménie comme en Bretagne... Tout comme moi, vous aurez pu constater qu’à l’aller le volume sonore est encore supportable. L'atmosphère est encore empreinte de recueillement. Mais au retour, on constate que tout ce petit monde a dû s’imbiber d’une dose de décibels fort toniques. Et les rires aux modulations diverses fusent de partout.
Faut dire que ces échanges apéritifs viennent souvent « arroser » une partie de pétanque acharnée. J’aime la pétanque, ses palabres, ses coups de gueule, ses jeux de rôles ponctués par l’impatient tac-tac des boules entrechoquées avant d’aller rouler sur le terrain.
« Tu tires, ou tu pointes ? »
Le camping, c’est aussi l’opportunité offerte aux chanteurs de faire leurs vocalises dans les douches. Je suggère d’ailleurs aux recruteurs de la Star’Ac de faire un tour sur les terrains afin de sélectionner les futurs participants. Il y a là bien des talents ignorés !
Vous aurez remarqué que je n'ai pas du tout abordé le sujet du barbecue, avec ses odeurs de viande grillée ou de sardines fumantes qui viennent vous agresser alors que vous en êtes au dessert? Il faudrait consacrer un chapitre entier à cet autre objet de culte camping'istique. (Mais vous avez la liberté d'y apporter votre contribution en cliquant sur l'onglet Commentaires au bas de cet article!)
Comme vous l’aurez compris, j’aime le camping… D’ailleurs, si je n’y prenais pas plaisir, je ne piafferais pas tous les ans en attendant d’accrocher ma caravane, afin de partir gaiement sur les routes pendant de longues semaines.
C’est pourquoi je le dis haut et fort, avant, pendant, et après l’apéro :
Vive le camping.
Mais là, il faut que je vous quitte, mon téléphone portable vient de sonner !
Peine perdue (pas vraiment)
Faire voler son p’tit avion est généralement source de plaisir(s) intense(s).
Ainsi notre ami "Klaus Trophobe" s’en donnait-il à cœur joie ! Campé sur ses deux pieds, il savourait les évolutions de son petit avion, lui faisant décrire de nombreuses courbes dans l’azur du ciel. Les oiseaux chantaient en ce début de printemps. Quant à lui, il pouvait savourer les bienfaits de la campagne, lui qui se trouvait à plusieurs kilomètres de la ville et de ses nuisances. Et de plus, il se trouvait (forcément) en plein air ! ! !
Ah, j’ai oublié de vous dire que notre ami Klaus n’apprécie pas du tout le vol en salle (d’où son surnom, issu bien évidemment de sa claustrophobie !)
“ A moi les grands espaces, la liberté, l’air pur ! ”
Tout un programme, n’est-il pas ? Mais à force d’entendre Klaus le clamer à tous vents, l’avion lui-même n’avait-il pas enfin compris…
Toujours est-il qu’à un certain moment, le modèle semble rétif aux ordres impulsés… et il apparaît de plus en plus clairement que le petit avion a décidé de prendre la clé des champs !
Il est libre ! ! ! Il fait ce qu’il veut, et n’obéit plus du tout aux injonctions de son maître ! ! !
Klaus est atterré, il ne pourra plus le faire atterrir à sa guise! ! !
Le fugueur adopte ainsi une trajectoire quasiment rectiligne, et “ vent dans le cul ”, il file maintenant vers de nouvelles aventures… telle la chèvre de monsieur Seguin.
Rencontrera-t-il le Loup ? L’avenir nous le dira peut-être !
Vite, Klaus monte dans sa voiture et file dans la même direction que son avion….
Peine perdue. Aucune trace de l’appareil.
Il faut vous dire aussi que nous évoluons sur un terrain utilisé également pas des ULM. C’est pourquoi notre ami Klaus s’en alla tout naturellement trouver un “ Ulmiste ” de ses connaissances, à qui il demanda d’effectuer quelques vols de re-connaissance...!!!
Mais il fallut se rendre à l’évidence : le fugueur s’était évaporé dans la nature.
Notre Klaus Trophobe décida donc de faire paraître une petite annonce dans la presse locale, et il attendit…
Il attendit… et finit par recevoir un coup de téléphone. C’était un agriculteur voisin qui l’informait que….
Mais voyons plutôt comment le “ trouveur ” rapporta l’histoire.
“ Un soir, j’allais dans un champ pour voir comment poussait mon colza. (C’est beau le colza en fleurs, ça donne des champs tout jaunes !) Et là, qu’est-ce que je vois ? Un bidule étrange. Ben, j’prends un bâton, et je tape un peu dessus, pour voir comment qu’ça allait réagir… Vous savez, on voit tellement de choses à c’t’heure !
Et le bidule, y réagit pas. Ben, " laisse donc ça tranquille" que j’me dis, on verra ça demain !
Le lendemain, le bidule il était toujours là ; je tape dessus un p’tit coup avec mon bâton*… Y bouge toujours pas…
Ben j’vais le laisser là quand même, y gène point là où qu’il est ! ”
Se passe ainsi une semaine, où notre “ trouveur ” rend périodiquement visite à son objet insolite.
Jusqu’au jour où, se rendant au village afin d’y faire quelques emplettes, et en causant comme ça “ à bâtons rompus* ” ! il apprend qu’une petite annonce… récompense, N° de téléphone…. Vous devinez la suite.
Notre “ trouveur ” contacte donc Klaus Trophobe, et ils conviennent d’un rendez-vous.
Au cours de la conversation, le paysan dira : “ Ben j’croyais au début qu’cétait un sac en plastique distribué par les grandes surfaces et que le vent aurait emporté. On en récupère pas mal du côté d’chez nous. C’est pas croyable c’que ça pollue ces trucs-là ! ! ! ”
Klaus tenta de garder son sérieux, remercia vivement son hôte et récupéra ainsi son avion.
Ce dernier n’avait pas vraiment souffert de son séjour en plein air. Il avait heureusement bénéficié d’une période où il n’était pas tombé une seule goutte de pluie. Mais il fallait quand même bien trouver la raison de cette fugue ! C’était tout bêtement une soudure qui avait lâché sur l’interrupteur.
Cette histoire se déroula début avril… à l’époque où “ fleurissent ” les poissons du même nom.
Et pourtant je peux vous certifier qu’elle est parfaitement authentique.
Mais il n’empêche que depuis, je me pose la question de savoir si à force de voler dans un espace un peu trop réduit à leurs yeux, certains avions ne seraient pas devenus eux-mêmes claustrophobes ?
Avec l’impérieuse envie de conquérir les grands espaces ? ? ? ?