« Je suis un banc de pierre que grise l’Océan… »
« Je suis un banc de pierre que grise l’Océan… »
Si j’étais un peu poète, j’écrirais des alexandrins, comme la phrase qui précède : douze pieds, hémistiche, rimes…
J’ai « vaguement » entendu parler d’un certain Victor Hugo.
Mais je ne suis pas poète. Je ne suis qu’un banc de pierre, installé sur la falaise de la Grande Côte, à Saint Palais sur Mer.
Vers ma gauche, les pittoresques cabanes sur pilotis avec leurs carrelets.
Devant moi, le spectacle des vagues qui viennent se briser sur les rochers, et qui arrosent les quelques pêcheurs de bars installés en contrebas.
Tout au loin se dresse le majestueux phare de Cordouan qui monte la garde à l’entrée de la Gironde.
Cela fait plusieurs années que je réside à cet endroit, mais je suis toujours aussi sensible au charme des cargos et autres méthaniers qui empruntent le chenal à quelques encablures.
Très souvent, des promeneurs viennent me tenir compagnie, et c’est pourquoi je suis au courant de nombreuses confidences. Mais ne comptez pas sur moi pour les divulguer : motus et bouche cousue !
Vous me direz que j’ai bien de la chance de me trouver dans un endroit aussi idyllique…
Ce serait donc la vie rêvée…
Mais il faut pourtant que je vous fasse part de quelques désagréments.
Juste à ma gauche se tient un bosquet, que les nombreux toutous naviguant sur le chemin réservé aux piétons ont pris l’habitude d’arroser fort copieusement.
Ah, les toutous ! Des grands, des petits; des gros des maigres; des à poils, des tondus,
Qui batifolent souvent au bout d’une longue laisse que leurs maîtres dévident à loisir.
Et que je te lève la patte pour une petite pissette !
Et que je m’accroupisse pour un petit caca.
Tout ce petit monde semblant confondre avec allégresse les trottoirs et les… crottoirs !
Faut dire que pendant les opérations de délestage, les « maîtres » semblent curieusement avoir le regard qui s’évade vers le ciel, comme s’ils ne souhaitaient pas voir…
« Loin des yeux, loin du cœur », dit-on chez vous, les humains. Pas vrai ?
Ben moi, tout ça me donne des hauts de cœur, des nausées.
Parce qu’entre les crottes et l’urine… J’vous dis pas l’odeur.
Et si encore les pépères ou les mémères à leurs toutous ramassaient les déjections ? Que nenni !
Est-il besoin d’ajouter que le long de cette magnifique promenade, mes collègues bancs sont tout aussi incommodés que moi ?
Nous avons toutefois un avantage sur vous, les bipèdes: nos pieds étant rivés au sol, nous ne risquons pas d'écraser un étron.... Même du pied gauche!!!.... (Vous dites pourtant que ça porte bonheur, non?)
Je vais quand même vous faire une confidence : j’attends avec impatience que tout ce petit monde rentre dans ses foyers. Et j’aspire à ce qu’un gros coup de vent me balance des embruns bien salés afin de purifier les environs.
Et puis je passerai l’hiver tranquille…
Mais dès que la saison estivale pointera son nez…
Comme je sais que vous êtes sensibles à la poésie, avant de vous quitter, je voudrais vous faire part d’un texte qu’un de mes « locataires » d'un soir semblait ravi de réciter en pareilles circonstances. Ecrit par un poète belge nommé Pierre Coran disait-il.
C’est vrai, vaut mieux prendre tout ça avec humour, n’est-ce pas ?
Au plaisir !
Crottin canin
Sur les trottoirs,
Les cabots trottent,
Les cabots trottent,
Trottent les chiens.
Sur les trottoirs,
Les cabots crottent ,
Les cabots crottent ,
Crottent les chiens
Et je slalome
Suivez le guide !
Entre boudins et pyramides.
Pierre Coran
Le puzzle
Qui n’a jamais passé du temps à essayer de mettre côte à côte les minuscules pièces cartonnées issues d’une image qu’un esprit sadique s’est plu à morceler avec des formes tarabiscotées?
Dès l’école maternelle, on entraîne d’ailleurs les enfants à reconstituer des créations graphiques à l’esthétique indéniable… Mais si !!!
Il arrive aussi que cette passion de la reconstitution demeure chez des adultes…
J’en veux pour preuve la scène à laquelle j’ai eu le plaisir d’assister dernièrement.
J’avais installé ma caravane sur la ravissante Ile de Ré, cosmopolite en cette fin d’été.
Sur ma droite, des Belges non-francophones. Ce qui ne facilite pas les échanges.
Sur ma gauche, des Allemands possédant un chien noir très joueur.
Derrière moi, des Français de Haute-Savoie, avec leur cage à serins.
Et devant mon installation, un charmant couple de Britanniques, dont le mari s’exprime dans un français impeccable, et qui à l’approche de chaque repas souhaite invariablement « bon appétit » à ses plus proches voisins. A partir de 19heures, ils participent également à la rituelle séquence horaire dite du «tire-bouchon », celle au cours de laquelle leurs compatriotes agrémentent le camping de nombreux « plocs » caractéristiques d’une bouteille qu’on débouche.
Souvent, ils sortent un jeu de société et s’attablent pour de longues parties.
Quelquefois restant seule au camping, la dame sort précautionneusement une immense
plaque sur laquelle sont déjà assemblées des îlots de carton. Et elle continue avec ravissement et minutie de juxtaposer d’innombrables autres éléments dans cet archipel.
J’observe, admiratif, et je me dis toutefois qu’emporter un puzzle géant dans une caravane semble pour le moins risqué, la moindre fausse manœuvre risquant d’anéantir des heures de dur labeur.
Aujourd’hui, comme à l’accoutumée, ma voisine britannique a sorti son passe-temps favori hors de son auvent.
Mais elle a un invité de marque, inhabituel : un vent coquin venu du noroît, qui la taquine en soulevant les rebords de la nappe agrémentant la table sur laquelle est s’est installée.
Et moi, malicieusement, je me prends à rêver qu’une subite rafale… un peu plus appuyée que les autres…
Vous aussi je suppose ?
Car je vous vois sourire. Vous aimeriez bien que…
C’est alors que, exauçant mes vœux, Eole se montre tout à coup un peu trop caressant, et… ???
Non, il n’a pas tout renversé. Faut tout de même pas être méchant à ce point !
Mais apparemment, il a soufflé un seul élément du puzzle. (Qui a dit « Souffler n’est pas jouer », hein ?)
La dame se met alors en devoir d’arpenter sa place de camping, bientôt rejointe par son époux.
Le couple explore, en long, en large, en travers… et tente de débusquer le cartonnet fugueur.
Mais c’est la fin de l’été, et le sol est déjà recouvert d’une multitude de feuilles aux couleurs variées.
Pas facile de retrouver un bidule de taille modeste dans ces conditions.
Après de longues minutes stériles, mes voisins abandonnent la partie…
Apparemment, ils n’ont pas retrouvé la pièce manquante.
Et c’est là que je me dis :
« Les pauvres, ils avaient peut-être l’intention d’exposer le tableau fini dans leur living-room. Une splendide reproduction de « L’angélus de Millet » … ou « Le clown » de Buffet… ou encore le sourire béat de « la Joconde »…
Mais imaginez un seul instant que la pièce manquante soit celle qui se trouve juste au milieu de la toile… Là où le regard de vos invités va immanquablement se poser lorsque vous les convierez au rituel « five o’ clock tea »…
My God !!!
Putain de vélo!
Promenade sympa, où nous côtoyons des couples de cygnes avec leurs petits, des rameurs à l'entraînement (huit barré, quatre sans barreur...), des canards traînent derrière eux leurs canetons. Nous croisons d'autres cyclistes, et des marcheurs.
Sur la rive d'en face, de magnifiques demeures.
Puis tout à coup, j'entends un grand "Pschitttt" suivi immédiatement d'un doux "Pfffffffff..." et puis... plus rien! (Comme dans la célèbre séquence de « la Grande Vadrouille » où Bourvil imite ce bruit au passage de 2 cyclistes allemands...)
J'ai juste eu le temps de parcourir quelques mètres pour retrouver ma roue avant complètement sur la jante. Inutile d'appliquer la méthode "bombe de regonflage" car le trou doit être conséquent. J'incrimine d'ailleurs la valve d'avoir lâché à son embase (voir plus loin)
Je laisse donc Annie à l'endroit du "crash", (lieu-dit les Vollauds, et pas les vélos!) et j'enfourche son coursier afin aller récupérer la bagnole au camping...
J'embarque alors le porte-vélos dans le coffre, et je repars en voiture vers les Vollauds.
De retour au camping, je démonte ma roue, et là, à 5 cm de la valve, apparaît une longue plaie de 8mm riant sur la chambre.
Je suppose que cette dernière devait posséder un point faible, car depuis quelques jours je voyais suinter du liquide bleu destiné à parer les crevaisons dues aux épines.
Eclatement complet!!!! Et pas d'éclats de rire...
J'ai nettoyé, j'ai réparé avec une grosse rustine qui se trouvait dans ma boîte à outil.
Ce matin, le pneu a l'air en pleine forme!
Alors cet après-midi, on repart au bord de la Charente, dans l'autre sens.
Dois-je emporter une chambre de rechange????
Toujours est-il qu'avec mon nouveau vélo j'ai accumulé en quelques mois bien davantage d'ennuis qu'avec ma vieille bécane qui m'a accompagné plus de 15 ans!
Demain, nous pensons partir en direction de l'île de Ré, le Bois Plage sans doute...
Voilà pour les nouvelles "fraîches"! Car il est vrai que le matin, ça caille un max!!!
Un coup de Pineau ou de Cognac seraient sans doute une bonne thérapie.
A +
J’veux l’mêm… !!!
Curieux titre il est vrai ; mais vous comprendrez aisément au fil de ce témoignage.
Plantons le décor.
Je séjourne en bord de mer, et le soir, avec mon petit-fils Maxence, nous investissons la plage désertée de ses baigneurs pour faire évoluer nos modèles.
Nous nous
installons à l’écart du camping, lui, avec son fidèle Polyclub, qu’il maîtrise de mieux en mieux.
Moi, avec un MiniMag survitaminé.
Les deux modèles attirent souvent l’attention des promeneurs, qui viennent jusqu’à nous pour questionner.
Mais le matériau intrigue. « C’est fait en quoi ? Du polystyrène expansé ? »
Et moi de répondre que si cela ressemble furieusement à de la « caisse à poisson », c’est quand même plus résistant, puisqu’il s’agit de polypropylène expansé. Incassable (ou presque), recollable instantanément… bref, offrant de nombreux avantages lorsqu’on fait du camping.
Maxence s’amuse à faire du vol stationnaire face à la brise, et pose le modèle quasiment à l’arrêt.
Avec le MiniMag, changement de registre, puisque la puissance est au rendez-vous. Grimpée à la verticale, tonneaux, vol dos, loopings…
« Et ça fait pas de bruit ! » commentent les gens avec ravissement.
Il faut alors expliquer que nos moteurs sont électriques, sans charbons, et que nos accus sont hérités de l’avancée technologique impulsée pour les téléphones et autres ordinateurs portables.
« C’est difficile à piloter ? ça peut voler longtemps ? ça porte loin ?...»
Discussions sympathiques avec les spectateurs dont certains se renseignent de savoir où l’on peut acquérir ces modèles, comment il convient d’aborder la
discipline... A chaque fois, je m'empresse d'ajouter que l’on peut trouver sur Internet un simulateur gratuit (FMS).
Puis l’on retourne à la caravane, le cœur léger.
L’autre matin, alors que je descends chercher ma baguette de pain à l’accueil tout en rêvassant, je suis abordé par un type déjà fort bien réveillé.
Qui me dit tout de go (j’attends encore son bonjour): « C’est vous qui faites évoluer des modèles réduits le soir sur la plage ?
- Euh, oui… pourquoi ?
- Ousk’on peut acheter ça ?
- Ben, dans tout bon magasin de modélisme.
- OK ! »
Puis évoquant mon MiniMag, le gars me dit :
« J’veux l’mêm… !!! »
C’est alors que je cherche à lui expliquer qu’il serait préférable de commencer par un Polyclub….
« Non, non, celui-là, il a pas assez de punch ; celui que je veux, c’est le vôtre. J’veux l’mêm… !!! »
Puis il ajoute : « Au fait, combien ça coûte ? Parce que, avec ma femme, on pense qu’avec 75 Euros…
- Euh, non, il faudra y mettre un peu plus…
- Ah bon ? Ben tant pis, j’irai chercher sur EBay, j’en trouverai bien un que j'achèterai à pas cher ! »
Le type a tourné les talons. Pas de merci, pas d’au revoir… Il a disparu aussi vite qu’il était arrivé.
Un peu abasourdi, je suis descendu acheter mon pain…
Acheter ? Ah, oui, acheter…
Ce verbe s’est soudain mis à trottiner dans ma cervelle. Et au milieu de mes pensées encore brumeuses, revenait cette question : acheter ! Mais pour quoi faire?
Ainsi donc j’achète pour me nourrir... mais j'achète aussi pour me vêtir, me divertir, me guérir.
Je peux aussi acheter du plaisir.
J’achète parfois de quoi épater la galerie. J’achète de quoi frimer... J’achète.
Vive le Pouvoir d’achat !
(C'est sans doute vrai que l'argent donne du Pouvoir!)
....
Curieuse société, qui « fabrique » des acheteurs stéréotypés, tout aussi consommables que les produits qu’ils achètent. Qui caresse dans le sens du poil tous ses « gentils »
consommateurs, élevant même au rang d’icônes des rigolos dont le credo est :
« J’achète, donc je suis ! »
Bof...
Qu'ils continuent donc d'acheter, instantanément, selon leurs désirs compulsifs.
Tels des gamins capricieux…
Mais concernant le comportement de mon interlocuteur, en aucun cas je n'aurai envie de crier:
J’veux l’mêm… !!!
Les roses trémières
Etes-vous parfois allé vous promener dans les ruelles de l'île de Ré?
Si ce n'est pas le cas, vous êtes passé à côté d'un plaisir subtil.
En effet, dès la fin du printemps, on peut admirer les nombreuses roses trémières qui ornent les murs ensoleillés.
Avec des nuances dans les couleurs allant du blanc au rouge vif, en
passant par le jaune, le pourpre, le violet, l'orange ou le rose.
A ce propos, saviez-vous que la rose trémière est aussi appelée passe-rose, ou bien primerose ou encore bâton de Jacob?
Rapportée d'Orient par les croisés du Moyen-Age, aux XIIème et XIIIème siècles, elle devrait son nom à une altération de « rose d'Outremer ».
Allez savoir pourquoi, mais j'adore cette plante!
C'est la raison pour laquelle, il y a de cela quelques lustres, j'avais chiné des graines à mon amie Françoise, et je les avais disséminées le long des murs ensoleillés de ma maison.
Et un beau jour, j'eus la grande surprise de voir sortir de terre des petites feuilles qui grandirent bien vite. Coincées entre des cailloux, les tiges poussèrent avec vigueur, et je vis fleurir «mes » premières roses trémières!
Tous les ans, elles sont fidèles au rendez-vous. (voir photo ci-contre)
Celles-ci ont pourtant quelques ennemis.
Le vent, qui finit par coucher les hampes atteignant parfois 2 à 3 mètres de haut; il est bon de tuteurer avant qu'elles ne cassent.
La rouille et les pucerons, qui attaquent également les feuilles, et je n'ai guère trouvé de moyen naturel pour les combattre.
Oserais-je vous faire un aveu?
Cela fait bien longtemps que, au cours de mes marches quasi quotidiennes, je longe certains murs de ma commune, en regrettant qu'ils ne soient pas ornés de roses trémières.
Et parfois, à l'automne, quand mes roses ont défleuri et qu'elles ont produit de la graine, j'en mets dans mes poches, et appliquant au pied de la lettre la
devise du dictionnaire Petit Larousse, je « sème à tous vents »!
C'est ainsi que pendant plusieurs années, j'ai ventilé des graines de trémières, en particulier le long du mur de pierre longeant la rue de Oy Mittelberg.
Et jamais je ne vis rien pousser...
Jusqu'à ce printemps 2009, où enfin, je vis sortir quelques pieds. (voir photo ci-dessous)
Pourquoi mes efforts sont-ils restés vains pendant si longtemps?
Je pense plutôt que "mes" roses ont eu la permission de pousser parce que la municipalité actuelle
applique une politique « bio ». Les rues ne sont plus désherbées avec des bidules du genre Round-Up...
Et quand on sait qu'un trémière peut pousser dans la plus petite anfractuosité qui soit, mes roses ont saisi l'occasion de se montrer. (Du moins, je me plais à croire naïvement que ce sont
"mes" roses...)
Chaque matin, quand je passe devant les quelques pieds qui restent debout, je me félicite d'avoir été tenace.
Mais lorsque je vois
quelques tiges qui gisent sur le sol, je regrette qu'elles n'aient pas été davantage respectées.
C'est pourquoi j'ai décidé de fonder le CoDéRosTre.
J'en suis actuellement le seul et unique membre.
Pas de président, pas de trésorier, pas de secrétaire, pas de cotisation. L'adhésion est tacite, et peut se manifester par la promotion des roses trémières.
Ah! J'ai simplement omis de traduire le curieux nom de mon association CoDéRosTre: Comité de Défense des Roses Trémières. Banal, et pas bien joli! (Je veux bien accepter des propositions plus poétiques...)
Mais si vous voulez adhérer...
Il suffit de suivre ma démarche.
http://picasaweb.google.fr/Bernardino53/RosesTremieres
http://fr.wikipedia.org/wiki/Rose_tr%C3%A9mi%C3%A8re
La cigale et les moineaux
Qui ne connaît la célébrissime fable de La Fontaine
intitulée "La Cigale et la Fourmi"?
Mais qui a déjà vu "pour de vrai" une cigale?
Il faut dire que cette fichue bestiole n'a pas son pareil pour se "fondre" avec l'écorce des arbres sur laquelle elle se pose. Il faut presque un oeil de lynx pour la discerner.
Toujours est-il que, en cette fin juin 2009, je me trouvais dans le Midi.
Traversant les pinèdes avec mon VTT, j'étais à chaque fois comme "saoûlé" par le concert tonitruant de ces orchestres à cordes caractérisés par une mélodie
très répétitive.
Un jour, alors que je roulais dans une descente, l'une d'elles vint me percuter le bras!
Je freine instantanément, et je la retrouve groggy sur le petit chemin. Elle a l'aile droite un poil vrillée, sans doute l'effet du choc!
Je la ramasse, et je l'emmène au camping, où elle va faire la joie de mes nombreux voisins qui ont entendu, mais jamais vu de cigales.
Ravis par ma trouvaille, ils vont alors détailler la bestiole, et me faire remarquer que de face, une cigale ce n'est pas très élégant! On dirait un chevalier en armure, avec un masque de
samouraï!
Après qu'ils aient pris des photos sous tous les angles, je rends la liberté à mon insecte en le déposant dans un arbre... et en lui souhaitant bonne chance...
Mais j'ai des doutes sur ses aptitudes à re-voler!
Quelques matins plus tard, le crincrin d'une cigale se fait tout proche de ma caravane...
A pas de Sioux, je me dirige vers le tronc, mais lorsque je suis un peu trop près, ma chanteuse cesse de manier son archet. Je note qu'elle se tait aussi à chaque fois
qu'un moineau vient se poser sur une branche de l'arbuste qu'elle occcupe... bizarre, non?
Mais à force de patience, je finis par trouver MA "chanteuse"...
Je sors alors l'appareil photo, et je mitraille.
Je préviens mes voisins, qui en font autant... Puis on discute.
Je reviens quelques instants plus tard, et là, j'ai
une magnifique surprise!
Car au même endroit, je découvre MA chanteuse, en plein accouplement!!!
Attiré par le chant de la belle, un mâle a dû "succomber"... et arrivé sans doute trop tard, un autre semble attendre sur la branche juste au-dessus!!!
A nouveau, je sors l'appareil photo...
J'aimerais cependant pouvoir prendre des clichés sous un angle différent...
C'est pourquoi, me munissant d'une branchette, je viens déranger le couple afin qu'il bouge un peu.
Mais cette fois, je ne vais malheureusement pas parvenir à mes fins. Jugez plutôt!
Car uni dans le même vol nuptial, le couple va soudain s'envoler, avec un froufroutement d'ailes qui s'entrechoquent.
Et c'est alors que va se produire l'imprévisible.
Sur ma gauche, je vois brusquement débouler un "gentil" moineau, qui descend du ciel à une vitesse prodigieuse. Il percute violemment de son bec les deux
amoureux. (J'en ai encore le bruit sec dans les oreilles.)
Puis, bien qu'emporté par son élan, il parvient à changer de cap afin d'éviter la caravane qui se trouve juste devant lui, et il repart en sens inverse, avec au moins une cigale dans son
bec. (Il me semble toutefois que l'un des deux insectes a pu s'enfuir.)
Mais tout s'est passé tellement vite!
Je reste là, complètement abasourdi par le spectacle auquel je viens d'assister.
Regrettant profondément mon geste idiot....
Je m'en vais alors au devant de mes voisins, et je leur explique la scène étonnante à laquelle je viens d'assister...
"Alors les moineaux se nourrissent de cigales?
- Sans doute... Ne sont-ils pas insectivores"
Le lendemain matin, je vois se précipiter vers moi la dame anglaise installée sur l'emplacement d'en face. Puis, dans un subtil mélange de français et de british, elle me
dit que, se rendant aux sanitaires, elle a vu un "little bird" en train de manger une cigale sous un petit pin.
Elle semble presque choquée de la situation.
Au fil des jours, nous avons entendu de moins en moins de cigales sur le camping.... et puis... le concert a fini par s'arrêter.
Totalement.
Etait-ce la fin de la saison dédiée aux amours?
Pourtant, me promenant à vélo dans les pinèdes, j'avais nettement l'impression que le volume sonore des concertistes n'avait pas baissé d'intensité. Loin de là!!!!
J'ai donc continué à entendre la symphonie des cigales.
Mais pas sur le camping.
Dès lors, quelle explication pouvions-nous apporter au silence de notre terrain?
Nous avons beaucoup bavardé... et nous avons fini par supposer, à tort peut-être, que les résidentes de notre camping avaient toutes servi de repas aux
moineaux...
Drôle de fable!
Dont j'emprunterai volontiers la "morale", à mon Anglaise, qui me fit comprendre:
"Le monde est cruel... Monsieur, n'est-il pas?"
Et avec un grand soupir, elle s'empressa d'ajouter:
"...mais pas simplement chez les animaux!"
ça tourne pas rond!
Après mes crevaisons mulitiples (voir texte précédent...)Le lendemain samedi 27 juin, vélo réparé, nous nous rendons du côté de Portiragnes afin d'effectuer une sortie le long du « Canal à Riquet »... L'endroit s'avère sympa...
Mais j'ai à peine le temps de parcourir un petit kilomètre que, pour franchir un raidillon, je change de vitesse; j'entends alors un bruit de ferraille, et mon pédalier se bloque!
Chaîne sautée, et coincée. Impossible de remédier sur place.
Retour en « patinette » à la voiture, l'oeil mauvais contre le sort qui semble s'acharner.
Je sors les outils « kivontbien », et je finis par remettre en place la chaîne, mais le plateau ne peut plus utiliser que les 2 rapports du bas. « Tant pis, on affinera ça au camping! »
On repart en direction de Béziers sur les bords du canal... Tout va bien.
Sur le retour, nous avisons une guinguette, qui se trouve en contrebas du halage. Une halte bienvenue afin de « faire boire les chevaux ». Au comptoir, nous engageons la conversation avec un couple... et nous apprenons que le mari est originaire du Buret, sud-Mayenne.
Au moment de repartir, je fais escalader mon vélo pour rattraper le dénivelé vers le halage.
Je vois Annie empêtrée avec le sien. Je redescends, j'empoigne son guidon, je prends mon élan... et je rate une marche.
Quelle gamelle! J'ai le tibia gauche raboté sur 10cm, le côté du mollet bigrement endolori, et comme je suis retombé sur la hanche gauche... tout ça fonctionne avec difficulté. Retour à la voiture, vitesse réduite.
Au camping, Meurtripan pour moi et clés anglaises pour le réglage du plateau.
Dimanche, juste une sortie dans Mèze, autour du port, la jambe gauche pas très valide...
Lundi, direction les écluses de Fonsérannes. Beaucoup de touristes pour admirer cet escalier de 9 écluses.
Puis, nous retournons vers un site que nous avions repéré le long du canal.
Chouette, une place à l'ombre attend notre voiture.
Je commence à « dételer » les vélos... mais le mien refuse obstinément de rouler!!!
Ah, ce sont les patins qui frottent. Sortie des clés allen, tentative de réglage... Rien à faire, la roue arrière frotte ailleurs...
Tout ça pour constater -enfin- que la roue est complètement voilée!!! Et méchamment!!!
Impossible de rouler comme ça.
Je râle un bon coup (Bernard, ta tension!!!) Remise des vélos sur leur socle, et on cherche en banlieue de Béziers un magasin où je pourrai demander de l'assistance. Par bonheur, je trouve Sports 2000.
Je m'adresse alors au vendeur qui me propose d'apporter seulement la roue. Il la pose sur son appareil à « dévoiler », et après un sifflement qui en dit long sur son étonnement, il me balance:
« Non seulement votre roue est voilée, mais elle n'est même plus ronde! Comment avez-vous pu la martyriser de la sorte? »
Une explication?
La seule que je puisse avancer tient au fait que cette roue arrière ne se trouve qu'à 19 cm du sol lorsqu'elle est sur le porte-vélo... et que les « sauvages du coin » ont mis en travers des routes des ralentisseurs de « ouf », propres à dissuader le plus coriace des fous du volant.
Lorsque la roue arrière de la voiture est déjà « redescendue » du dos
d'âne, je suis persuadé que la roue du vélo se trouve encore sur la bosse, et de ce fait, elle peut taper sur cette excroissance de la route...
Je ne vois que ça!
Bilan des courses: il m'a fallu changer de roue arrière. A cette occasion, le réparateur m'a demandé où j'avais roulé pour avoir plein d'épines incrustées dans le pneu (rappelez-vous « manque pas d'air! »)
Il en a profité pour extraire toutes celles qu'il voyait, et m'a conseillé les chambres increvables. J'ai opté pour!
Il n'était plus temps de pédaler, mais bien plus sage de rentrer vers le camping.
Pour ce faire, j'ai mis Tomtom en route, qui, ne connaissant pas ces zones commerciales récentes, m'a envoyé dans des chemins qui auraient fait la joie d'un amateur de 4x4! Perdus en pleine cambrousse, les Munoz, avec l'autoroute juste de l'autre côté du grillage, et la nana Tomtom de me dire avec insistance: « Prenez la prochaine à gauche! Prenez la prochaine à gauche!»
Et comment je fais pour sauter par dessus le grillage??? Hein????
Après quelques longs km de tout terrain, nous avons réussi à récupérer une voie carrossable... Tomtom a retrouvé un itinéraire acceptable, et nous avons rejoint le camping, où nous nous sommes consolés avec une bonne bière bien fraîche.
« Les prochaines aventures, c'est pour quand? » me direz-vous.
Ah! Je peux admettre que vous trouviez mes péripéties fort distrayantes, mais j'avoue ne pas les goûter avec le même plaisir que vous!
A la prochaine quand même!
Manque pas d'air!
La magie d'un moulin à vent
Consultant mon quotidien favori ce dimanche 14 juin 2009, j'apprends que la
FFAM organise une manifestation.Face à ce sigle auquel j'attribue habituellement une certaine significiation, je détaille un peu l'article. Pour apprendre qu'il ne s'agissait pas de la Fédération Française d'Aéro-Modélisme à laquelle je suis licencié, mais de la Fédération Française des Amis des Moulins!
Même sigle, pour deux fédérations également "éoliennes".
Et j'apprends par la suite que, dans le Sud-Mayenne, on pourra visiter le moulin des Gués, situé sur la commune de Fontaine Couverte.
Poussé par un petit vent de nordouet, ma femme et moi nous mettons cap au Sud.
Sur le site, le parking est déjà occupé par de nombreux véhicules.
Au pied du moulin, un bonhomme à l'oeil pétillant de malice nous accueille. Il s'agit de Louis Lemoine, descendant des maîtres meuniers ayant exploité ce moulin.
A l'aide d'une longue perche métallique il pousse sur l'une des ailes afin de mettre la voilure en marche... aide nécessaire uniquement lorsque le vent est faible.
Et il nous explique que ce moulin-tour est de type angevin, qu'il fut construit en 1824.
Remanié en 1870, il fut rehaussé, et doté d’une astucieuse voilure faite de planches orientables, un peu à la manière d'un store vénitien. Ce dispositif permet d’augmenter ou de fermer la surface au vent depuis l’intérieur-même du moulin.
Puis il raconte que ce moulin a cessé de faire entendre son tic-tac en 1954.
Jusqu'à ce qu'il soit classé monument historique en 1992, et qu'il reprenne du service pour moudre du blé noir en 1993.
Pour le plus grand bonheur des amateurs de moulins!
Sous la houlette de maître Lemoine, on découvre les ingénieux systèmes permettant à ce moulin de fonctionner et de rendre la vie du meunier aussi douce que possible. Le hérisson, l’arbre et le rouet, les meules que l'on "rhabille", ou encore la charpente pivotante pour mettre les ailes au vent.
Sorte de capitaine au long cours, Maître Louis est intarisable et explique avec passion; agrémentant son commentaire d'anecdotes savoureuses, prenant son public à témoin, lançant une petite blague, ou encore tel un malicieux maître d'école, se mettant à questionner son auditoire afin de vérifier que tout le monde s'est montré attentif.

Et puis au second étage, il surprend le visiteur en expliquant que les dents des grandes roues sont en cormier, bois dur qui va tout de même s'éroder contre les dents de fonte des autres rouages. Ainsi donc le bois s'usera, mais il préservera le métal... et il sera nettement plus facile au meunier de changer individellement les dents de bois qui seront défaillantes. Juste une cheville à dégoupiller.
Là haut, sur le troisième étage, se trouve un jeune homme, tout aussi passionné. Il est membre de l'association qui fait revivre ce moulin. Sous nos yeux, il manoeuvre le système qui fait pivoter le toit, ou encore celui qui ouvre et ferme les voiles. il embraie le système de treuil qui permet de monter les sacs de blé, avec ces amusantes trappes qui se referment sitôt leur passage.
Et tous ces cordages qui agissent du haut en bas... comme dans la marine à voile.
Un meunier ne serait-il d'ailleurs pas une sorte de matelot jouant sur le gréement d'un "trois mâts"?
Puis il explique aussi pourquoi l'arbre principal pointe son nez vers le ciel de quelques degrés: afin de plaquer le toit sur les murs; sinon, au moindre coup de tabac, le "chapeau" pourrait décoller.
Et le jeune meunier d'ajouter que de cette façon, le rendement des ailes est aussi bien meilleur...
Nostalgique, il dit combien il aimerait que ce moulin puisse à nouveau moudre du blé, afin de produire aussi de la farine "blanche"... mais la législation...
Puis, la tête un peu dans les étoiles, on redescend par les marches étroites et grinçantes d'un escalier bois en colimaçon...
A propos de tête, attention aux poutres...
Et en fin de visite, on retouve au bas du moulin les trémies de la bluterie, là où le meunier remplissait ses sacs de farine.
On passe ensuite par la boutique attenante où sont exposées des photos d'autres types de moulins. Une jeune femme crée une ambiance musicale en actionnant le soufflet d'un accordéon diatonique. Histoire de vent, là encore!
On vous propose de déguster une galette, une crêpe, le tout accompagné d'une bolée de cidre pétillant.
Et chacun peut repartir avec son petit sac de farine de blé noir produit sur place !
Ah, la magie des moulins à vent...
Merci Louis... et bon vent à votre moulin!
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Un petit reportage photo visible
ici: http://ohfr-redir.com/3050 et sa vidéo:
http://www.youtube.com/watch?v=5JJnOsetKiI
Le site "officiel" dédié à ce moulin des Gués:
http://pagesperso-orange.fr/moulindesgues/accueil_022.htm
Autre moulin fort intéressant en Mayenne:
http://www.moulin-de-thevalles.com/
Petits plaisirs en Mayenne
Nous avons installé nos deux vélos à l'arrière de la voiture, et nous sommes partis vers la rivière Mayenne.
Arrêt au pont de Montgiroux, où se trouvaient déjà quelques autres véhicules.
Débute alors une petit virée à vélo le long du halage.
Occasion propice pour faire des rencontres sympathiques. Et enregistrer des images sonores, olfactives, visuelles,...
Comme celle de cette famille cycliste: papa, maman et les enfants, dont le plus jeune avait trouvé place dans une remorque artisanale, fort à l'étroit dans sa "caisse"... car la glacière occupait quasiment toute la place.
Ou cette autre famille alanguie au bord de la rivière, avec les cannes à pêche au fil de l'eau... mais pour laquelle le poisson semblait davantage un prétexte qu'une finalité...
Ou ce couple, avec chacun un panier à l'avant du vélo... et un tout petit chien à l'intérieur.
Ou ce héron, raide comme un piquet au bord d'une frayère, mais qui finit par décoller lourdement lorsqu'il nous sent trop proches.Ou ces deux randonneurs britanniques, sortant d'une maison éclusière, l'air béat... un sac transparent au bout de chaque bras. Et à l'intérieur? De nombreux produits du terroir labellisés bio...
Ou encore ces camping-caristes de la Manche arrêtés près de l'écluse de La Roche... elle et lui dans une chaise longue, abrités sous un parasol multicolore, chacun un bouquin à la main.
Ou encore ces deux petits bateaux bleus à moteur électrique; ils naviguent bord à bord, puis s'arrêtent sur la rive droite opposée au halage. Tout le monde en descend... et sur la partie plane d'un herbage commence alors une partie de boules; pas sous les platanes comme dans le Midi; mais sous la haute protection des grands peupliers dont les feuilles bruissent sous la brise.
Ou ce paisible goëland posé sur un piquet signalant l'approche de l'écluse.
Ou encore la causette avec l'éclusière de Montgiroux, qui tient la halte fluviale, parlant avec amour de ses bacs à fleurs, de ses jardins de rocaille...
Ou le coucou lointain, qui égrène lentement sa mélopée à deux notes...
Ou la paisible Mayenne, tapissée des innombrables chatons que lui confient les arbres alentour.
Ou encore ces septuagénaires s'arrêtant à la maison éclusière de Grenoux. Sirotant un cidre doux, et apparemment ravis de leurs vélos électriques... Quand les jambes ne sont plus assez agiles... et qu'on trouve un moyen de se faire encore plaisir.
Et ces odeurs exacerbées par la chaleur: ici, le crottin de cheval; un peu plus loin, c'est la lourde senteur des vaches surprises par cette canicule précoce, et qui tentent de se mettre à l'abri d'une haie. Plus loin, du côté de la frayère, l'âcreté de la vase nous prend à la gorge...
Et partout, cette "lenteur" propre aux voies d'eau navigables.
Un bonjour, ou un signe de main à chaque rencontre...
Le temps qui coule, paisible...
Petits plaisirs...
Loin du bling-bling...
http://www.tourisme-mayenne.com/AddOns/cdt53_afdle/AFDLE.html
http://www.tourisme-mayenne.com/uploadfiles/publications/6461/guide_halage.pdf.V2.aspx
"A pied le long de la Mayenne, par son chemin de halage" Raymond POIRRIER, auteur mayennais.
Préface Jean-Loup Trassard, Editions Opéra. Juillet 2001