Allons enfants de la batterie.. i..e
Ca sarrose !

Les roulements à billes
Dans les années 50, nous consommions à moindre coût, et tout ce qui pouvait être utilisé en tant que jouet était invariablement détourné de l’utilisation première.
C’est ainsi que nous étions à l’affût des « dépotoirs » ou autres décharges sauvages que nous visitions avec une curiosité pleine de gourmandise.
Et parmi nos trésors, figuraient les dynamos de vélos dont nous étions très friands.
Les aimants qu’ils contenaient nous fournissaient des jeux attrayants, voire attractifs, et pas repoussants du tout !
Parmi les expériences les plus magiques, j’adorais celles réalisées avec la limaille de fer, que nous récupérions dans la forge sous les étaux du père Poché. Cette limaille qui s’agglutinait frénétiquement sur l’aimant, et qu’il était fort difficile d’arracher !
Si on étalait la limaille sur une feuille de papier, il suffisait de placer l’aimant dessous pour faire apparaître les belles courbures générées par les lignes de forces. On pouvait aussi faire circuler une pièce, une bille d’acier, ou un bout de métal sur un circuit tracé à même la feuille.
Ou bien faire tenir debout un clou posé sur sa pointe ! C’était encore plus rigolo quand on pouvait se procurer une caboche pour ferrer les chevaux. Qui prenait les allures d’une danseuse exécutant des pointes !!!
Parmi les autres jouets de récup’ dont nous raffolions, il y avait les fameux roulements à billes !
On les trouvait parfois complètement graisseux, et un petit nettoyage suffisait. Plus délicat lorsqu’ils étaient rouillés, et il fallait se procurer du gas-oil ou de l’essence afin de les dégripper.
Quand ils étaient presque neufs et bien brillants, ils devenaient objets de luxe.
J’avais un plaisir immense à faire tourner la couronnes externe qui émettait un léger bruit, et cela me faisait penser à une toupie. C’était pour moi une petite merveille de mécanique dont je ne me lassais pas.
Parfois, je m’amusais à démonter ces roulements afin de récupérer tout simplement… les billes. Et comme il y avait des roulement de tailles fort différentes, nous guettions ceux qui pourraient fournir des billes dont le diamètre dépasserait le centimètre ; billes qui étaient fort prisées pour jouer tout naturellement… aux billes ! Mais elles étaient lourdes dans la poche.
On les enveloppait dans nos mouchoirs, pour parer à toute défaillance… mais parfois elles s’échappaient subrepticement de nos pantalons au beau milieu d’une leçon… et même sur le plancher de la classe, leur bruit caractéristique attirait inévitablement l’oreille affûtée du Maître ; les rebondissements impromptus de la petite sphère déclenchaient quelques rires parmi les camarades. Il va sans dire que cette perturbation était sanctionnée par des tours de cours à la récré, voire un « verbe » qu’il fallait « conjuguer à tous les temps tous les modes », en soignant l’écriture, sinon, c’était à refaire….
C’est grâce à cela que j’ai appris le merveilleux subjonctif… il était nécessaire que les instituteurs me pardonnassent !!!
Mais le fin du fin, c’était les roulements à billes d’un diamètre important, ceux avec lesquels on pourrait fabriquer une « caisse à savon ».
Je me souviens d’une fois où nous avions récupéré quatre de ces roulements, et nous entreprîmes de réaliser une voiture.
Auprès de mon père nous nous procurons une caisse ayant contenu de la dynamite… une barre de bois clouée sous l’arrière, sur laquelle on emmanche deux roulements. Deux autres roulements à l’avant sur une barre de bois articulée par un gros boulon… une ficelle de lieuse en guise de « rênes »… Quelques inscriptions à la peinture sur les côtés de la caisse… et roule petit bolide.
La côte vers Pommerieux était alors une magnifique piste dont la descente était utilisée pour réaliser nos exploits.
A tour de rôle nous hissions notre « caisse », les plus téméraires se mettaient bien en haut, les plus timides se contentaient de la mi-pente.
C’est lors d’une de ces « compétitions » que ma soeur Marie-Jo vint nous rejoindre. Le petit bourg étant surtout peuplé de garçons, elle cherchait bien évidemment des compagnons de jeux.
Et devant nos mines réjouies, elle avait compris que nous avions un immense plaisir, qu’elle aurait bien voulu partager.
Elle fit tant et si bien que nous acceptâmes de lui prêter notre « caisse à roulettes »… pour une seule et unique descente ! On veut bien partager, mais quand même !!!
Rapidement, nous donnons les consignes :
« Pour tourner à droite, tu tires sur la ficelle à droite ; pour tourner à gauche…
- Et pour s’arrêter ? demande-t-elle timidement.
- Ben c’est pas difficile, tu tournes à droite en direction du bourg, ou à gauche en direction de Mée, ça devient plat, ça va forcément s’arrêter ! »
- D’accord ! »
Elle s’installe dans le baquet, nous la poussons un petit peu… et nous courons derrière pour suivre l’engin qui entame sa descente dans le bruit infernal des roulements à billes caressant directement le goudron…
Et petit à petit, la vitesse augmente, la caisse commence à zigzaguer… Marie-Jo semble ne plus trop maîtriser l’engin qui infléchit sa course sur la gauche….
En un instant, j’entrevois la catastrophe : un grillage disjoint, et juste au-dessous, la mare à canards de chez Bellanger.
Je n’ai le temps que de filer un coup de pied sur la barre de direction afin d’envoyer le bolide vers la droite où se trouve un fossé, puis de cramponner ma sœur par ses vêtements afin de stopper l’attelage.
Ma sœur me rappelait encore tout dernièrement cette aventure qui lui procura une belle frayeur, et m’avoua combien elle avait été dégoûtée des jeux de garçons…
Pour un temps, s’empressa-t-elle d’ajouter !!!Les cabinets
Lorsque j’étais écolier et que j'habitais Chérancé, je me souviens avec « délices » des cabinets.
L’édicule était relégué au fond du jardin, loin des narines, et son voisin était tout naturellement le tas de fumier sur lequel s’amoncelaient les déchets ménagers que l’on n’avait pas pu donner en nourriture aux animaux.
Ces adorables cabinets provoquaient chez moi une sorte de peur panique lorsqu’il fallait nécessairement les utiliser, et je ne suis pas loin de penser qu’ils sont à l’origine de la constipation chronique dont je souffrais à l’époque.
Je ne les trouvais guère accueillants.
Une simple planche de bois sur laquelle on s’asseyait, bien lisse à l’endroit où les fesses avaient l’habitude de se poser; un trou bien rond qui offrait une vue plongeante sur le contenu de la fosse, mais que l’on recouvrait avec un lourd couvercle de bois lorsqu’on avait terminé l’opération.
Souvent accrochées par un coin à un simple bout de fil de fer, des pages de journaux coupées en morceaux. Au milieu d’autres lourdes senteurs, ces périodiques puaient l’encre d’imprimerie; ils auraient pu à l’occasion meubler utilement le temps consacré à faire ses besoins. Mais pour ma part, je les survolais rapidement, n’ayant que fort peu envie de séjourner longuement dans l’endroit.
L’hiver, ces cabinets étaient agréablement ventilés par les nombreux courants d’air qui pouvaient s’engouffrer par tous les orifices.
L’été, la chaleur exacerbait les senteurs profondes de la nature.
Afin d’assurer à l’occupant un minimum d’intimité ou de confidentialité, la porte était maintenue fermée de l’intérieur par une pièce métallique recourbée, voire un simple bout de fil de fer.
Et l’on pouvait s’émerveiller de voir combien ces indispensables portes faisaient preuve de créativité. Le talent artistique des gens avait généré des ouvertures très décoratives, allant du petit cœur au simple carré, en passant par l’as de trèfle ou l’as de pique.
Chaque famille possédait ses propres cabinets, personnalisés!
Je me souviens d’une famille à qui mes parents rendaient visite, qui possédaient des cabinets à deux places côte à côte. Une place avec un grand trou pour les adultes, et une place avec un petit trou pour les enfants. Adorable… (Venaient-ils faire leurs besoins à deux?)
Mais cet aménagement luxueux ne m’encourageait pas davantage à utiliser leurs lieux d’aisance.
Les cabinets recevaient chaque matin la visite de la mère de famille qui venait vider le seau hygiénique émaillé que certains membres utilisaient durant la nuit.
Cela me remet en mémoire ma découverte de la « tinette ». Lorsque je fus contraint d’aller chez ma tante à Mèze dans l’Hérault, je fus surpris d’entendre chaque matin le bruit d’une charrette que tirait un petit cheval. Je découvris à l’occasion qu’un homme conduisant l’attelage passait ainsi quotidiennement dans les étroites rues pavées de la vieille ville, qu’il s’arrêtait devant chaque seau hygiénique placé devant la porte des maisons, et après s’être assuré qu’il y avait bien une pièce glissée sous le seau, il la mettait dans sa poche et déversait le seau dans sa citerne…
Métier suffisamment lucratif pour nourrir son homme et sa famille? Je n’en ai jamais rien su. Mais dans nos villages de l’Ouest, je n’avais jamais constaté une telle pratique.
En tout état de cause, chez nous en Mayenne, à force d’utiliser nos fameux cabinets… il était nécessaire de surveiller leur état de remplissage, afin d’empêcher leur débordement: il fallait donc songer à les vider.
Cette plaisante opération s’effectuait avec une « vouillette », sorte de seau métallique muni d’un long manche…
Les volontaires ne se bousculaient pas au portillon.
Mais l’Homme m’a toujours étonné par son génie créateur.
Au cours de mes années « 50 » les gens créaient donc de nombreuses entreprises. Et le faisaient savoir en affichant sur leur maison une plaque : « Entrepreneur de…. » tout comme mon père qui arbora le panonceau: « Entrepreneur de Travaux Publics »
C’est ainsi que l’on vit fleurir des « entreprises de vidange ».
On commença donc à voir arriver des petits camions dotés d’une citerne avec lesquels les vidangeurs entamèrent la tournée des cabinets de tous les villages du canton, offrant par la même occasion une séance aromatique gratuite à tous les habitants.
Un gros tuyau traversait parfois les pièces d’habitation pour relier la citerne aux cabinets, et rien qu’en voyant les soubresauts du caoutchouc on percevait très nettement les pulsations de la pompe mécanique.
Le soir, pour dormir… On avait beau aérer…
Son travail terminé, le vidangeur s’en allait; mais que faisait-il ensuite de son « précieux » chargement?
Mon père m’expliqua un jour que le vidangeur était un type plein d’astuce doublé d ‘un excellent commerçant: il se faisait payer une première fois pour débarrasser les gens de leurs déchets, mais il se faisait payer une seconde fois lorsqu’il répandait son chargement sur un champ afin de l’engraisser!
Ainsi donc le vidangeur « s’engraissait » doublement…
Il fallait y penser.
Et mon père d’ajouter avec malice : « On dit que l’argent n’a pas d’odeur…hein??? »
Mais le progrès se montre parfois cruel avec les travailleurs besogneux : petit à petit, les gens s’équipèrent en fosses septiques, les communes mirent en service des WC publics et firent creuser les rues afin d’installer le tout à l’égout… Supprimant par la même occasion une source de revenus à notre ami vidangeur.
Ainsi donc, face à une crise économique qu‘il n‘avait pas "senti" venir et qu‘il ne pouvait maîtriser, le « pauvre » vidangeur fut obligé de s’adjoindre des activités annexes, voire de changer carrément de métier : c’est ainsi qu’il investit dans d’autres types de camions pour devenir déménageur, transporteur, livreur de fuel...
Enfantillages

A la baguette !
Hymne à la joie
"Je suis retraité. J'aimerais m'inscrire à votre club de modélisme.
On convient d'un rendez-vous chez lui -ce sera plus facile pour “ tripoter son PC ”- ; et je me retrouve donc chez le monsieur.
Qui me glisse au cours de la conversation:
"Vous savez que j'ai dit un jour à mon fils mon intention d'acheter un ordinateur? Il m'a répondu : "Qu'est-ce tu vas faire d'un ordinateur à ton âge? Tu sauras même pas t'en servir!"
“ Hé ben j'ai acheté un ordinateur! (avec écran plat 21 pouces! NDR)
Maintenant, je bricole un peu avec Internet... Et je viens de passer à l'ADSL! Ah ! C'est vraiment bien!
Et puis j'ai acheté tout dernièrement un simulateur; Ikarus Pro!!! Voilà...
Le problème c'est que je sais pas calibrer la manette-boîtier..."
On a donc fini l'installation du programme, il a tâté du pilotage sur PC...
Je lui ai installé le logiciel gratuit FMS (téléchargeable sur le Net).
Il a trouvé que le Slowflyer (électrique!) était suffisant pour ses débuts.
Il m'a dit qu'il entamait incessamment la construction d'un Bizuth dans les jours à venir... A ce propos, il m'a confié: "Vous savez, j'aurais les moyens de m'acheter un Ready-To-Machin-chose comme on voit dans les pubs...
Mais quand on fait tout soi-même, ça occupe les mains, ça occupe l'esprit, et ça permet d'être autonome! Si on casse, on est capable de remettre les mains dans le cambouis!"
Il m'a fait savoir qu'il allait s'acheter une radio Multiplex (il avait toute la doc de chez MPX!) parce qu'il trouvait cette marque "au top"!
Il m'a largement fait comprendre que j'avais rendu un homme heureux! Qui risquait de se relever la nuit rien que pour le plaisir de jouer à piloter...
Puis il m'a fait partager sa galerie personnelle: c’est que notre homme peint, à ses "moments perdus", de magnifiques aquarelles.
La visite terminée, il m'a proposé un petit apéro... que nous avons dégusté à gorgées mesurées, lentement, pour bien profiter de l’instant.
Et avant que je ne le quitte, il m'a invité à visiter les deux serres qu'il entretient avec amour; serres dans lesquelles il fait vivre une multitude de curieuses plantes grasses... plus étranges les unes que les autres ; et il en a prélevé une "que vous offrirez de ma part à votre épouse!" Tout ça ne manque pas de “ piquant ”, n’est-ce pas ?
Et je suis rentré chez moi… béat, émerveillé, tout aussi heureux que le bon-homme.
Ah, j'ai omis de vous dire que ce "jeune" licencié à notre club trotte allègrement vers ses... 88 printemps!!! Et que ses "batteries" semblent loin d'être à plat!!!!
Le Chat le Chien et le Canard

